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Roald Amundsen (Autre)Dominique Lanni (Autre)Charles Rabot (Traducteur)
EAN : 9782081474130
240 pages
Editions Arthaud (03/04/2019)
4.07/5   14 notes
Résumé :
"24 août. Un nouveau chapitre s'ouvre dans notre existence. Les régions que nous avions visitées jusqu'ici ont été auparavant parcourues par de nombreuses expéditions, mais, à partir de l'île Beechey, nous entrons dans une partie de l'archipel polaire américain où quelques navires seulement se sont hasardés avant nous, et un peu plus loin nous pénétrerons dans une mer qu'aucune étrave n'a encore sillonnée."

Depuis le XVe siècle, les navigateurs europé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Voilà un récit que je trouve particulièrement intéressant : Roald Amundsen — est-il besoin de le présenter ? — futur premier vainqueur du pôle sud, en est encore à faire son apprentissage des subtilités de la vie (survie ?) en milieu polaire après une expérience d'hivernage en Antarctique à bord de la Belgica en 1898 sous les ordres d'Adrien de Gerlache de Gomery.

Roald Amundsen, en bon Norvégien qui se respecte, en connaît déjà un rayon en matière de froid, mais également en matière de locomotion dans la neige, notamment au moyen de raquettes et — ce qui est plus rare pour l'époque — de skis, s'inscrivant de facto dans la lignée de son brillant devancier, le scientifique explorateur Fridtjof Nansen, déjà élevé au rang de héros national dans son pays.

Amundsen, contrairement à Nansen, est moins animé d'une soif primaire de savoir scientifique que d'une volonté de laisser son nom à la postérité. Vanité, penseront certains, peut-être, mais une vanité que je qualifierais de « bien placée », car, pour atteindre son objectif, Amundsen n'en est pas moins un excellent allié de la science. Ce n'est pas parce qu'il veut décrocher un record qu'il laissera tomber la science et les fastidieux relevés physiques et météorologiques qu'elle exige, ni qu'il ménagera sa peine dans le seul but d'accroître le savoir universel. C'est vrai qu'il est ambitieux cet Amundsen, mais il est également couillu comme un renne, car il n'hésite pas à prendre tous les risques pour arriver à ses fins.

Au travers de son récit, on sent une intelligence vive, doublée d'un sens aigu de l'observation et d'une bonne finesse d'interprétation psychologique pour mener les hommes. Il est ambitieux, certes, et on ne le soulignera jamais assez, mais il n'est absolument pas fier, au sens lamentable du terme. Il avoue sans ambages ses propres erreurs, notamment en ce qui concerne la navigation où une simple erreur de débutant a bien failli transpercer irrémédiablement la coque pourtant robuste du Gjøa, ce modeste petit bateau de pêche au hareng, plus tard reconverti pour la chasse à la baleine et qui, sous la direction d'Amundsen, s'avérera devenir le premier bateau de l'histoire de l'humanité à franchir le mythique passage du nord-ouest, faisceau de baies et de canaux peu profonds qui enchâssent les très nombreuses îles du nord du Canada, entre l'Atlantique et le Pacifique.

D'ailleurs, l'explorateur n'hésite jamais à faire l'éloge de ses compagnons d'expédition, vantant leurs qualités, qui à la chasse ou à la maîtrise des attelages de chiens, qui à l'endurance ou à l'ingéniosité, minorant au besoin ses propres mérites personnels pour mettre en avant son équipage. Il en va de même à propos des talents qu'il souligne chez divers membres des populations autochtones rencontrées lors de son périple. Cependant, toujours avec un souci d'honnêteté intellectuelle : s'il faut évoquer un défaut, il le fait également, sans emphase, sans esprit colonial.

À cet égard, Roald Amundsen se mue presque en ethnologue à propos des indiens natifs du grand nord qu'on regroupe par simplification sous les termes génériques et simplificateurs d'esquimaux ou d'Inuits. Roald Amundsen a la sagesse de prendre exemple sur ces tribus de peuples autochtones pour acquérir le savoir essentiel à la survie dans ce milieu effroyablement hostile et, à n'en pas douter, sa réussite ultérieure en Antarctique a très certainement débuté ici, au contact des tribus amérindiennes et de son remarquable sens interprétatif et logique des techniques employées par ces hommes parfaitement adaptés à cet environnement si particulier et si exigeant.

Le Norvégien ne s'appesantit pas sur ses douleurs et sur la rudesse des conditions : il utilise volontiers l'humour et l'ironie pour décrire ses propres déboires ce qui témoigne d'un certain sens de l'autodérision. On avance donc, à la voile le plus souvent car, par sa maladresse, il a abîmé son hélice assez tôt dans la traversée. Il nous décrit l'évolution des paysages selon les saisons, attire notre attention sur des petits détails cocasses et potentiellement insoupçonnés, tel le fait qu'au coeur de l'été, sous les très hautes latitudes arctiques, il est quasiment impossible de mettre le nez dehors pour un humain ordinaire car les nuages de moustiques vous en dissuade bien davantage que les - 50°C des mois d'hiver.

Bref, un récit que j'ai trouvé très intéressant, je n'irai pas jusqu'à captivant, car j'aurais aimé avoir d'autres descriptions, notamment sensitives, mais une lecture que je recommande très volontiers pour les personnes que ce type de sujet et d'aventure humaine motive.
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Il faut jeter un coup d'oeil à une photo de la "Gjoa", modeste bateau de pêche à voile de 21 m, équipé d'un moteur auxiliaire de 13 CV, pour mesurer la prouesse qu'accomplirent Amundsen et son équipage en ralliant San Francisco depuis Oslo en passant par le fameux passage du Nord-Ouest. Un périple de trois ans et autant d'hivernages, à travers un dédale de glaces dérivantes.
Au menu, des températures dégringolant à 60 °C sous zéro, du steak de renne, des safaris de lièvres et autres lagopèdes, des rencontres avec des Esquimaux - on les appelle encore ainsi à l'époque - chassant à l'arc et pêchant au harpon, certains recrutés à bord des baleinières américaines frayant aussi à haute latitude, quelques mesures magnétiques près du pôle Nord, des courses en traîneau, en raquettes et à ski, des lettres vieilles de plus d'un an échangées avec la famille restée en Norvège et récupérées dans quelque port du bout du monde. Bref, une sacrée escapade racontée sans affèterie et avec un regard plein d'humanité pour les Inuits, les seigneurs de ces immensités.
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En 1903 Roald Amundsen entreprit la traversé du pacifique par le mythique passage du Nord Ouest.
Une expédition hors-norme et un récit tout autant exceptionnel car surprise, Amundsen sait écrire ! C'est avec une simplicité et une modestie déconcertante, chose inhabituel, que les évènements marquants, nombreux sont décrits. Une traversé ponctué par 3 hivernages sur 2 prévus au départ.
Surtout ce qui surprend, c'est l'omniprésence des peuples autochtones sans qui rien n'aurait été possible. Amundsen et son équipe ont pour eux un grand respect là encore peu en phase avec les mentalités de l'époque. Aventurier total, à l'aise aussi bien sur les mers que sur terre (enfin plutôt glace) c'est aussi, cet ouvrage en est la preuve un anthropologue et humaniste.
L'ouvrage est illustré de photos incroyables prisent par des membres de l'expédition.
A lire impérativement pour tout amateurs de récits de voyages et d'aventures. 
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
La baleine est poursuivie dans ces parages, uniquement pour ses fanons ; des autres parties de ce monstre marin les Américains ne tirent aucun profit. Il est vrai que la valeur des fanons est telle que le produit de leur vente assure un bénéfice considérable ; une seule baleine en fournit parfois pour 50 000 F. La chasse de ces cétacés est naturellement difficile et périlleuse. […]
Depuis soixante ans cette industrie a rapporté des bénéfices énormes, mais au prix de quels dangers et de combien de vies humaines ! Et tout cela simplement pour procurer aux élégantes la matière nécessaire à la fabrication de leurs corsets et assurer ainsi la grâce de leur corps !

Chapitre 11.
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Avant de lever le camp, je fis défiler devant moi tout le beau sexe ; pour remercier les indigènes de leur hospitalité, je remis à chaque femme quatre aiguilles. Sous toutes les latitudes les filles d'Ève pratiquent la supercherie avec la plus joyeuse inconscience, les femmes esquimaudes aussi bien que les Européennes.
Après avoir reçu son cadeau, que fit, en effet, un des plus remarquables laiderons de la bande ? Elle se glissa prestement à la queue du groupe, espérant que je ne la reconnaîtrais pas. Lorsque je découvris la ruse, la première, elle éclata de rire, et toutes ses compagnes suivirent le mouvement. Ce fut pendant un instant un fou rire général. En vérité, ces Esquimaux sont les gens les plus gais que j'aie jamais rencontrés.

Chapitre 3 : Vers le pôle magnétique.
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À bord, point de règlement ni de hiérarchie : chacun garde son indépendance dans un régime de liberté et d'égalité absolues. Sur des hommes équilibrés et sages, cette confiance a les plus heureux résultats ; elle fait naître spontanément une discipline qui, étant librement consentie, est singulièrement plus puissante que celle imposée par des règlements. De plus, elle a l'avantage de développer la personnalité, l'initiative et le goût du travail. Jouissant de l'indépendance de son moi, l'homme n'est plus une machine, mais un être pensant, et, dans l'effort, son rendement devient double.

Chapitre 1.
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Les choses paraissent se gâter. Droit par l'avant, la vigie découvre une épaisse masse de glace. Sous le clair soleil qui brille pour le moment, elle semble barrer le détroit dans toute sa largeur. […] Heureusement, ce n'était qu'une de ces illusions d'optique si fréquentes dans l'Arctique. Lorsque le soleil éclaire une mer calme parsemée de petits glaçons, fréquemment toute sa surface prend une teinte blanche trompeuse, en même temps que par un effet de réfraction des blocs minuscules s'élèvent à la taille d'icebergs. Dans de pareilles circonstances atmosphériques, même à petite distance, quelques pauvres petites plaques prennent l'aspect d'un pack solide.

Chapitre 1.
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Le 24 juillet […], par exception, un clair soleil luit dans un ciel bleu, le premier jour d'été depuis le départ. Dans cette rayonnante clarté, la terre devient visible, un hérissement sauvage de pics et d'arêtes fantastiques, une terre morne et morte, et tout là-bas, au bout de l'horizon bleu de la mer, des taches blanches d'icebergs, vagues et indistinctes à travers des jeux de mirage.

Chapitre 1.
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Videos de Roald Amundsen (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Roald Amundsen
Entretien réalisé par Julia Cordonnier (montage : Agnès Touzeau)
Michel Jullien, « Au bout des comédies », Verdier, 2011. https://editions-verdier.fr/livre/au-bout-des-comedies/
Quatrième de couverture :
Qu'elle s'exalte dans la gloire ou se dissolve dans la déchéance, la dignité humaine ne va pas sans une part d'absurde, d'ironie saugrenue, de dérision subsidiaire. C'est ce que relève Bernanos lorsqu'il affirme que «le ridicule n'est jamais très éloigné du sublime». Dans une suite de tableaux aussi tendres que cruels, Michel Jullien décline cette loi en l'appliquant à une galerie de héros des siècles passés. Hommes, femmes, enfants, animaux se débattent sous nos yeux, en plein risible, lorsque vacille leur destin, quand s'interrompt pour eux l'agitation vaine du monde. Ovide chez les Barbares, Sarah Bernhardt amputée face à Roald Amundsen conquérant du pôle Sud, l'éléphant neurasthénique de Léon X enfermé au Vatican, un condamné devenu appât des sauvages sur la route des Indes, l'athlète Astylos de Crotone voué à l'anathème par ses concitoyens… toute une humanité qui, face à l'adversité du monde – guerre, racisme, ostracisme, exil, maladie – ou en quête de prodiges dérisoires ou admirables, tantôt s'effondre, s'efface ou enchérit, tantôt consent à sa condition.
Site : https://editions-verdier.fr/ Facebook : https://www.facebook.com/EditionsVerdier Twitter : https://twitter.com/EditionsVerdier
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