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Coraline Jortay (Traducteur)
EAN : 9782360573868
Asiatheque (04/10/2023)
3.44/5   9 notes
Résumé :
Un récit féministe où politique, gastronomie et érotisme vont de concert

Comment digérer le passé ? Tantôt doux-amer, tantôt piquant, le roman de Li Ang, figure majeure de la littérature taïwanaise contemporaine, donne chair à une histoire politique sensible du vingtième siècle taïwanais. De l’humble riz au curry de la période coloniale japonaise au thé aux perles de la démocratisation de l’île, en passant par les nouilles au bœuf des prisons de la Te... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Désormais écrivaine, Wang Chi-fang entreprend de raconter son enfance à Lucheng, une ville taïwanaise. Fille d'un fin gourmet, ses premiers émois sont gastronomiques. Aves ses amies, elle joue à la dînette, avec son père, elle goûte les mets les plus extraordinaires, parfois cuisinés secrètement dans le jardin familial. Au gré des soubresauts de l'Histoire, la cuisine de l'île se diversifie. Les Chinois continentaux, les Japonais, les Américains, tous viennent ajouter leurs spécialités culinaires et enrichissent ce patrimoine gustatif cher à Chi-fang qui décrypte les rapports entre les mythes, la politique et la cuisine.

C'est sous l'angle gastronomique que l'autrice Li Ang a choisi de nous faire découvrir l'histoire mouvementée de son île. En trois services, -entrée, plat, dessert-, elle brosse le portrait d'un pays qui a connu la guerre, la colonisation, la dictature et bien d'autres déboires. Mais Taïwan a de la ressource et a su se construire en s'appuyant sur ses traditions et en restant ouvertes aux influences extérieures. du pangolin cuisiné en cachette, en passant par le curry japonais, les nouilles au boeuf offertes aux prisonniers politiques et jusqu'au moderne bubble tea, Li Ang décrit par le menu les habitudes culinaires de ses concitoyens en les associant à un moment de l'histoire de son pays. de quoi en apprendre un peu plus sur cette île assez méconnue sous nos latitudes.
Si l'écriture de l'autrice ne s'encombre pas d'un style particulier, son concept historico-gastronomique est une façon originale de raconter Taïwan. Certains chapitres sont plus intéressants que d'autres, celui consacré aux mets aphrodisiaques est un peu long et très sexualisé. Mais il entre parfaitement dans le cadre d'un roman qui fait appel à tous les sens.
Pas forcément littéraire mais très instructif, le banquet aphrodisiaque se révèle surprenant, original et très intéressant. A découvrir.

Je remercie Pascaline et L'Asiathèque.
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Dans ce roman décliné en trois grandes parties (Entrées, Plats et desserts) puis en chapitres, comme s'il s'agissait d'un véritable repas, Wang Chi-fang, une personne fictive devenue écrivain_ et qui semble très proche de l'auteur_ nous raconte ses souvenirs et l'histoire de sa famille.
Dans la petite ville imaginaire de Lucheng, Wang Chi-fang se remémore ses jeux et le bunker où elle passait la plupart de ses journées à jouer à la dînette, un abri construit par sa famille sur leur terrain pour se protéger des bombardements américains durant la Seconde Guerre mondiale.
Son père cuisine des plats inconnus et elle les goûte avec curiosité par respect pour cet homme qu'elle admire et qu'elle ne veut surtout pas décevoir. Elle goûte ainsi à la chair de pangolins et de civettes, comme le titre du chapitre, "La civette et le pangolin" l'indique, mais aussi de serpents, de grenouilles, de singes et autres denrées dont elle comprendra beaucoup plus tard la symbolique et pourquoi ils étaient concoctés en cachette, et contre l'assentiment de sa mère.
Son enfance heureuse et insouciante est également bercée par les contes que ses parents lui racontent comme celui de la "tigrogresse" qui croque les doigts des enfants qui ne veulent pas dormir et les récits de son père, comme celui de cet écrivain japonais, d'une grande modestie, qui préfèrera déguster du riz au curry, alors qu'il laissera ses convives choisir des mets plus élaborés. Elle sera également marquée par son oncle qui ne veut jamais rien manger comme tout le monde mais tombera en extase devant le coca cola, une boisson nouvelle dont il ne pourra plus se passer.
Je ne vais pas vous raconter en détails chacun des chapitres. Chacun décrit en effet un plat connu ou pas, un repas domestique ou dans un grand restaurant, un banquet ou un mets simple, tout en évoquant un pan de l'histoire du pays.
Tour à tour seront ainsi prétextes à des développements amusants ou surprenants pour nous occidentaux, l'humble "riz au curry" de la période coloniale japonaise précédemment cité, "les nouilles aux boeufs" que les détenus politiques pouvaient commander alors qu'ils étaient au fin fond de leur prison, le lien étonnant entre l'amour inconsidéré pour les piments et les idées communistes, "le thé aux perles" consommé aujourd'hui partout dans le monde, qui aurait été inventé aux dires de la narratrice par Chien-hui, sa cousine, une jeune femme volontaire et indépendante...
(Suite du résumé sur mon blog, et chronique complète sur lien ci-dessous)

Mon avis
Voici un auteur d'origine taiwanaise que je découvre cette année grâce à ce roman envoyé en Service de Presse par Pascaline et les Editions l'Asiathèque que j'en profite pour remercier chaleureusement ici pour leur confiance. Ce roman a été traduit du chinois (Taïwan) par Coraline Jortay. Il se termine par un prologue de Gwennaël Gaffric et une bibliographie.
J'ai été conquise par son écriture simple et directe, sans fioriture. L'auteur s'exprime librement et écrit ce qu'elle a envie d'écrire sans se plier à ce qui va plaire ou pas à son public. Son ton souvent teinté d'humour et d'autodérision, et son analyse poussée de l'histoire de son pays, dont je ne savais pas tout, mais qu'elle m'a donné envie d'approfondir, nous prouvent à quel point elle y est attachée.
J'ai aimé le fait de trouver entre parenthèse des réflexions de l'auteur, ses doutes, son avis sur la question évoquée, parfois une phrase répétée plusieurs fois dans le chapitre, comme un regard extérieur aux propos de la narratrice, rompant le fil de sa pensée, nous invitant à réagir.
Elle sait de quoi elle parle que ce soit de sexualité, de l'histoire de son pays ou de gastronomie. Elle s'appuie sur ses recherches personnelles, qu'elle enrichit d'anecdotes, de souvenirs et de réflexions pour les partager avec nous et faire évoluer nos connaissances et, comme elle le dit aussi, dans une de ses interviews trouvée sur le net, créer une histoire taïwanaise.
Elle pose donc entre les lignes le problème de l'authenticité de ce que l'on attribue ou pas à Taïwan, de l'origine des mets dégustés, certes mais aussi de sa littérature, de sa culture, de son histoire. La gastronomie ne peut entrer dans l'histoire de l'île que si elle appartient bien à ses habitants qui ont subi les influences de nombreux pays pendant l'occupation japonaise, puis chinoise et s'est maintenant ouverte avec la mondialisation et la démocratisation vers tous les pays du monde.
Il est intéressant de noter que les régimes s'allègent au fur et à mesure que l'île devient plus libre, que la démocratie s'installe et laisse derrière elle les vieilles traditions et les tabous imposés pendant des décennies. Des mets inconnus ou des boissons font leur apparition, comme le champagne avec ses bulles, symbole de luxe, de liberté et de légèreté.
Ce roman dense mais passionnant est avant tout un écrit profondément féministe dans lequel la narratrice cherche à relier entre elles l'histoire de son pays, qui ne se résume pas à celle de la Chine, de la politique et de son pouvoir, de la gastronomie et de la sexualité empreintes elles-aussi de la domination masculine. La nourriture est une métaphore, et n'est que le prétexte à entrer dans les coutumes du pays, à étudier de près l'évolution et l'histoire mouvementée de l'île. Les différentes gastronomies évoquées, chinoises, japonaises, occidentales ou orientales, constituent sa richesse.
Un livre que j'ai eu du plaisir à découvrir et qu'il faut prendre le temps de déguster, car il nous invite à mélanger toutes les cuisines du monde pour un gigantesque banquet !
Lien : https://www.bulledemanou.com..
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Je ressors très mitigée de cette lecture qui comprend des parties à l'intérêt inégal selon moi.

Je me suis dans l'ensemble assez ennuyée, trop de gastronomie mais surtout beaucoup trop de de descriptions qui m'ont écoeurée, notamment dans le premier chapitre où l'auteure nous explique la mort de certains animaux.

Je n'ai pas accorché non plus avec le chapitre "mets aphrodisiaques" qui nous narre des scènes érotiques, autant vous dire que ce n'est pas ma tasse de thé.
C'était néanmoins osé, ntriguant et bien fait de lier le sexe, la gastronomie et la politique ensemble.

C'est donc dommage parce que j'avais trouvé la trame narrative originale. En effet, l'auteure a présenté son roman sous forme d'un repas complet, avec entrées, plats et desserts. Mais j'ai eu l'impression que l'ensemble était assez décousu, sans réel autre fil conducteur, hormis la personnage principale, et encore.

Il y a néanmoins des choses qui m'ont plu : J'ai lu avec intérêt les passages traitant de l'évolution politique de Taîwan et de la place de l'île sur le plan international

*livre lu en VO*
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Li Ang parle de son pays, de ses traditions, de ses coutumes, de son histoire à travers sa protagoniste, d'abord petite fille, Wang Chi-fang, et sa famille, sa mère et la cuisinière Mandarine et son père devenu fin gastronome qui ne trouve rien meilleur que la cuisine traditionnelle de son pays. "Si les ingrédients d'un plat -le riz, les légumes, le porc, le poulet proviennent du même terroir, le goût sera comme il faut puisque c'est le terroir qui depuis des siècles travaille à harmoniser leurs saveurs." (p.68) Un retour à cette simplicité serait sûrement souhaitable de nos jours, même si la cuisine métissée me manquerait terriblement et notamment le curry dont je suis un adepte bien que j'aie connu ce mélange tardivement : "Comme sa famille en consommait peu, Wang Chi-fang avait longtemps cru que le curry était une plante dont on récoltait les feuilles ou les racines qu'on faisait sécher avant de les réduire en poudre." (p.67)

Ce roman construit comme un menu avec ses entrées, ses plats et ses desserts pourra mettre mal à l'aise les végétariens ou végans notamment dans ses premières parties consacrées à des animaux que l'on n'a pas l'habitude de consommer par ici, et notamment certain devenu célèbre malgré lui pour son origine soupçonnée dans la COVID, le pangolin. Ces préparations culinaires sont un biais pour parler de l'histoire du pays, de la colonisation japonaise jusqu'à nos jours. Li Ang semble faire allusion à des personnages connus et la postface de Gwennael Gaffric, le directeur de la collection Taïwan fiction chez L'Asiathèque permet de mettre des noms sur des personnages esquissés et de préciser certaines notions évoquées qui pourraient faire défaut au lecteur -qui m'ont fait défaut- donc merci M. le postfacier pour vos éclairages.

J'ai bien aimé également le fait que, en fonction des chapitres et du thème abordé, le champ lexical change, parfois imperceptiblement comme notamment dans le chapitre Gourmandises aphrodisiaques, où les mots ou expressions choisis jouent sur leur double sens -ou alors, c'est moi qui suis un obsédé, mais je préfère croire que c'est l'autrice qui a su user des bons vocables et la traductrice, Coraline Jortay qui a su retranscrire l'atmosphère, les jeux de mots.

Bref, tout cela pour dire que ce roman, très original, non dénué d'humour, de sarcasmes est une jolie découverte. Aisé à lire, il ne faudra pas néanmoins négliger de lire la postface pour en augmenter la saveur.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Ce roman m'a été envoyé suite à un tirage au sort sur masse critique. J'avais choisi ce titre car je voulais découvrir la dimension érotique annoncée dans le résumé. J'ai été déçue de ce côté là. le titre était prometteur mais je n'ai guère trouvé qu'un chapitre sur les mets aphrodisiaques, qui m'a d'ailleurs dégoûtée.
Ce roman a été écrit par une autrice taïwanaise en 2007. Elle aborde l'histoire de Taïwan à travers sa gastronomie et toutes les influences étrangères. La nourriture est bien sûr un prétexte pour passer en revue toutes les époques et grands évènements. On y découvre également la richesse de la culture taïwanaise. le personnage du père de la narratrice est un fil conducteur tout au long du roman. Leur relation et son admiration pour lui sont touchantes.
Pour ma part j'ai vraiment eu du mal à le terminer car j'ai été très vite écoeurée par la profusion des descriptions des plats et leur conception. le livre est découpé en chapitre comme un menu. J'ai également eu l'impression de ne pas tout comprendre car je ne connaissais pas du tout l'histoire de Taïwan. Je suis certainement passée à côté de plein de références. D'ailleurs, c'est peut-être pour cela que l'éditeur a inséré une postface où il explique beaucoup de choses. Pour que les lecteurs qui, comme moi, n'auraient pas tout saisi puissent en tirer la substentifique moëlle (pour rester dans la thématique !).
Pour finir sur une bonne note, j'ai apprécié les apartés fréquents de la narratrice entre parenthèses. Elle partage ses réflexions, points de vue, doutes, etc. Ca rend la lecture plus vivante.

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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Elle les aimait par morceau : une paire d'yeux, un sourire, une haute silhouette, une paire de mains fines, un regard, une phrase, un mouvement, l'enivraient d'infini, de passion, l'espace d'un instant. Elle ne voulait en aucun cas d'un homme entier. Elle ne pouvait les aimer qu'ainsi démembrés, partie par partie. Car elle savait, elle avait toujours su qu'une fois recomposés, il n'en existerait pas un seul qu'elle serait capable d'aimer...
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Jadis, la connaissance de "la chose" n'était transmise aux jeunes filles qu'à la veille de leurs noces, soit par leur mère, soit par une parente plus âgée, généralement une vieille surnommée la "bien bénie". Avant leur mariage, les jeunes filles n'avaient pas le moyen d'en apprendre davantage sur le sexe. L'enseignement était extrêmement rudimentaire : se coucher, fermer les yeux, laisser l'homme besogner, endurer la douleur...
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La benjamine n'avait jamais oublié ce conte paternel de l'écrivain japonais et de son bol de riz, comme on retient les histoires des "Mille et Une nuits", des "Mines du Roi Salomon" ou de la "Petite Fille aux allumettes". Plus tard, quand elle se lança dans l'écriture et qu'elle mit en récit son père, sa famille, le voisinage et toute sa ville natale de Lucheng, quand enfin on se mis à l'appeler elle aussi "écrivain", cette histoire du Japonais et de son bol de riz prit une portée toute particulière.
"C'est juste une histoire ou c'est pour de vrai ? demanda la petite."
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Elle souffrait que leur pays ait oublié jusqu'à son estime pour cet homme dont le corps avait été ravagé pour ses idéaux, qu'il ne reçoive plus d'égards qu'ici, au sein de cette foule cosmopolite en costumes deux-pièces ou en habit traditionnel.
Elle savait depuis longtemps que les trente années de prison purgées par Nelson Mandela et par le dissident taïwanais n'avaient pas le même poids aux yeux de la communauté internationale.
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Les années, pour les femmes comme pour les arômes, ne possèdent-elles pas toutes une ultile beauté fugitive ? Tel un vieux champagne métamorphosé en vin blanc de premier ordre. Chen-hui ne pouvait-elle pas triompher du terrifiant passage graduel des années et bénéficier d'un deuxième souffle ?
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Toujours en Chine, dans la ville de Tongli, Province de Jlangsu , Olivier BARROT nous présente le livre de Li ANG , romancière de Taïwan , "Tuer son mari" . Il nous en raconte l'histoire et nous lit quelques lignes de ce roman .
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