Les morts vieillissent mal.
Toujours la même antienne, que vais-je écrire sur ma lecture de ce quinzième opus ?
Certains étaient à Quai du Polar 2022 et ils auront eu la foule, peut-être le Covid en héritage, alors que moi, avec ce froid de gueux, bien au chaud, j'ai savouré ma lecture et me suis bien « bidonnée ».
Pour les afficionados de cette équipe de branquignols, sortie tout droit de l'imagination de
Claude Picq (mais où va-t-il chercher tout ça ?), vous n'avez pas été sans remarquer que le trio d'enquêteurs est devenu un duo :
Cicéron et Momo le manchot, bras droit de notre détective privé préféré.
René depuis qu'il vit avec Paulette forme avec sa moitié un couple haut en couleurs de Bidochon vitriots, et croyez-moi sur paroles les images suscitées sont à mourir de rire.
« La bonne femme acquiesce discrètement. Elle ne voudrait pas de représailles plus tard. Mais elle a les armes qu'il faut. Un petit passage en culotte « gros cargo », entre le canapé et la table basse, devant René qui regarde la télé et il devient fou. »
Cicéron coule toujours des jours heureux avec Vaness' qui a de multiples talents.
Le mort qui les occupe s'appelle Michel Terguil, il apprend qu'il est condamné par une maladie qui a évolué à bas bruit et le soir même il se suicide avec un produit qu'il est quasi impossible à se procurer pour un quidam. Son dernier message se résume en quelques mots destinés à sa femme et son fils. Et il laisse en évidence deux photos qui datent de son adolescence.
Intriguant ?
L'enquête commence, toujours officieuse, mais dont les ficelles sont tirées par Saint Antoine en personne.
Nos lascars vont ramer entre Vitry, Clairefontaine et Rungis.
Les réflexions et avancées se font toujours au rythme des déjeuners, car comme le disait si bien le boss (
Frédéric Dard) : « L'hypothèse la mieux élaborée ne saurait prévaloir sur la réalité la plus bancale. »
C'est bien là que réside l'art de
Claude Picq, dans cet équilibre qui fait que les lecteurs se délectent des détails décalés, de calembours savoureux, de photographies d'une banlieue qui survie coûte que coûte.
Vous serez même informé des dernières news.
Si la gaudriole et les jeux de mots sont un vivier pour l'auteur, ne vous y trompez pas, c'est du boulot.
Une littérature que l'on aurait tort de négliger, car elle est bâtie sur une fine observation de notre époque, et qui plus est, la mise en scène nous fait rire alors que souvent la situation nous ferait grincer des dents ou pire pleurer de dépit.
Je conclurais, en vous rapportant une brève de dédicaces diffusée par l'auteur sur sa page FB (que je vous invite à visiter et plus si affinités) : « Je ne lis pas mais je vous souhaite un bon dénouement. »
Et pour le dénouement
Claude Picq sait vous porter l'estocade.
J'attends déjà le numéro 16 et vous ?
©Chantal Lafon