AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,1

sur 249 notes
5
53 avis
4
37 avis
3
5 avis
2
0 avis
1
0 avis
Édouard Bresson, humoriste, est une véritable star adulée de tous. Après des débuts difficiles, il a réussi à se faire un nom. Après une tournée de plusieurs mois dans toute la France, remplissant toutes les salles, il donne ce soir-là, en ce 31 mars 2017, son dernier spectacle... au Stade de France ! Plus de cinquante mille personnes l'acclament, des millions de gens sont postés devant leur télévision qui le diffuse en direct ... Et une fois sur scène, une fois le trac dissipé, Édouard est enfin à sa place. Une place convoitée, lui qui, depuis tout gamin, n'a eu de cesse de vouloir faire rire les gens. À commencer par son frère, évidemment présent au premier rang, puis son fils, Arthur, dont le siège réservé reste vide... Derrière les rires et les sourires se cachent des remords, des regrets, des fêlures, des manques, des incompréhensions, de la culpabilité... et une infinie solitude...

Tout petit, Édouard se ♫ voyait déjà en haut de l'affiche ♫ ... À force de persévérance et de ténacité, il aura réalisé son rêve. Oui, mais à quel prix ? Si le début du roman commence sous les applaudissements, Amélie Antoine déroule petit à petit le fil d'un passé chaotique, parfois dramatique. de son enfance auprès d'un père sarcastique au spectacle du Stade de France, Édouard aura fait front face au handicap, aux moqueries, au malheur, au désamour. Si aujourd'hui, tout semble lui réussir, il lui manque pourtant l'essentiel : les étoiles qui brillent dans les yeux de son fils, Arthur. Un fils que l'on retrouve dans une seconde partie distincte de la première. Un fils qui se lancera, bien malgré lui, sur les traces de son père à travers une chasse au trésor. Très émouvant et particulièrement bien ficelé, ce roman est d'une incroyable justesse. Aussi bien dans les personnages authentiques et touchants, que dans le déroulé qui nous émeut au fil des pages, la finesse des sentiments ou la plume intense et profonde. Ce roman, c'est avant tout l'histoire de deux hommes qui se sont perdus en route, d'une indéniable relation père/fils pourtant si fragile.
Bouleversant...
Commenter  J’apprécie          756
Je n'étais pas emballée plus que cela par le résumé et pourtant, en le refermant, je me suis dit que c'était un très beau livre et que j'étais ravie d'avoir fait la connaissance de cette auteure à travers lui.

Le récit se découpe en 2 parties en miroir qui se répondent à coups de flash-backs et de réponses que l'on attend avec un certain suspense :
- la première est centrée sur le père qui cache derrière sa carapace d'humoriste star de profondes fêlures héritées du passé et qui tente de les surmonter, un père qui ne sait pas montrer à son fils combien il l'aime malgré ses absences et ses silences, donc.
- la seconde sur le fils, en colère contre ce père qui semble l'avoir abandonné au profit de sa carrière et qui ne sait pas pardonner et mettre de côté ses souffrances d'enfant.

Deux êtres qui se rejoignent dans leur solitude et leur mal-être.
Si le thème du clown triste n'est pas neuf, Amélie Antoine s'en empare avec beaucoup de sensibilité. Tout est d'une grande justesse de sentiments et d'une simple évidence sur les non-dits dans les familles et sur le poids de ces passés qui vous encombrent à vie. Une multitude de détails qui tissent cette douloureuse relation père-fils m'a profondément touché. J'ai souvent eu les larmes aux yeux et pourtant jamais le propos ne se veut putassièrement larmoyant, ce qui montre la finesse de l'auteur. En fait, c'est surtout une aura mélancolique et tendre qui traverse et nimbe ce roman, celle d'une rencontre manquée entre un père et un fils.

Pour info, ce roman est paru en grand format sous un autre titre «  Tant qu'on a que l'humour ». le nouveau titre est sans doute plus cohérent avec le fil de cette relation père-fils, mais j'aimais bien le clin d'oeil à Brel du titre originel.
Commenter  J’apprécie          542
J'ai trouvé ce livre magnifique et bouleversant. J'aimerai tellement vous convaincre de lire ce roman qui ne vient pas de sortir en librairie et qui n'a pas une renommée internationale ni nationale d'ailleurs. Mais c'est l'un des romans qui m'a le plus séduit cette année. C'est fort comme propos mais c'est sincère.
Le récit de cette histoire se découpe en deux parties : la première est la vie d'Édouard Bresson, un grand humoriste français aimé de tous. Son enfance n'a pas été facile mais il a su devenir un personnage public. Sa vie de famille pâtit de son omniprésence sur scène. La seconde partie est la vie de son fils Arthur qui connaît à peine son père. Les chasses au trésor vont leur permettre de mieux se connaître. Je ne vous en dit pas plus car je ne voudrais pas dévoiler l'histoire.
Le rapport père /fils est bouleversant et profond.
C'est un roman émouvant et poignant.
Commenter  J’apprécie          452
On connaît l'image de l'artiste écorché vif, et seul au monde.
'Le chanteur abandonné' ♪♫ et autre 'Mal-aimé' ♪♫... Celui qui se voyait en haut de l'affiche ♪♫ mais qui, une fois au sommet, doute et souffre, réalisant qu'il a laissé pas mal de plumes pour conquérir ses paillettes.

Edouard Bresson, humoriste à la carrière fulgurante, est comme ça.
Au faîte de sa gloire, le bilan de sa vie privée n'est pas joyeux. C'est même carrément la misère affective - sentimentale, familiale...
Derrière l'artiste adulé se cache un homme très seul, derrière le boute-en-train, un dépressif, un être fragile en proie à des démons.
La question de la poule et de l'oeuf : si ce qu'il exprime rencontre autant de succès, c'est parce que le public se retrouve en lui. Et cette sensibilité particulière, la doit-il à ses souffrances passées et jamais cicatrisées ? Mais sa notoriété et son exposition ne rendent-elles pas l'artiste encore plus nombriliste, plus focalisé sur ses blessures ?

Cet ouvrage n'est pas vraiment un roman noir, même s'il est sombre, ni un thriller psychologique, malgré le suspense. Amélie Antoine nous raconte l'histoire triste d'un clown triste. Elle décrit l'état de cet homme fatigué, revient sur ses traumatismes de jeunesse, retrace son parcours, la genèse de sa vocation d'humoriste, et évoque la façon dont ses proches le perçoivent, notamment son fils.

Edouard Bresson rappelle évidemment quelques célébrités.
On peut trouver la première partie du roman longuette et la seconde partie un peu mièvre, même si les rebondissements sont souvent poignants. J'ai pensé à 'Effroyables jardins' (Michel Quint), dont le personnage principal me semblait aussi attachant que pathétique, où j'oscillais entre empathie, émotion et agacement.

Quoi qu'il en soit, les relations père-fils sur trois générations sont bien vues. On voit que les extrêmes se rejoignent : quand on veut faire exactement l'inverse de ses parents parce qu'on estime en avoir bavé à cause d'eux, on peut finir par rater, aussi...
___

• Le titre original de ce roman, 'Quand on n'a que l'humour', était plus adapté, plus représentatif de l'esprit du livre. Mais sans doute moins vendeur ? Un auteur m'avait expliqué sur un salon qu'il ne choisissait ni ses titres, ni ses couvertures ; son éditeur décidait. C'est bien dommage.
Commenter  J’apprécie          410
Dès les premières phrases, j'ai su. Dès les premier mots, j'ai compris. Ce livre allait me parler, me toucher, résonner en moi. C'est un peu magique que de ressentir les prémisses de telles émotions rien qu'en ne lisant que quelques mots.

Un terme résume le style d'Amélie Antoine : empathie. Ils se comptent sur les doigts d'une main les romans que j'ai lus avec autant d'empathie au cm². On a l'impression que l'auteure a déjà vécu mille vies pour ainsi décrire avec autant de justesse les émotions, pour ainsi façonner des personnages qui sonnent aussi vrai. Et pourtant, elle n'est que trentenaire…

Quand on n'a que l'humour est un roman rare, à la fois lumineux et empreint de mélancolie. Admirablement construite, la trame se met au service de personnages inoubliables. Formidablement bien trouvée, l'histoire est prenante de bout en bout, sur la base d'une belle idée de départ.

Une histoire d'un père et de son fils. Un récit d'une quête de soi, d'une quête de l'autre. En tant que lecteur attentif aux autres, comment ne pas s'identifier à ce duo, comment ne pas être profondément touché par la compassion et la sollicitude qui se dégage des mots de l'auteure…

C'est l'histoire d'un humoriste à qui tout réussit, et qui sait mieux que personne s'amuser des petits travers du quotidien (J'ai plusieurs fois pensé à des hommes comme Gad Elmaleh ou Robin Williams en lisant les passages concernant cet amuseur public). C'est le récit de son fils aussi, loin des paillettes.

Ce roman poignant, émouvant et saisissant aura su toucher mon âme. Par le charme de l'écriture d'Amélie Antoine, particulièrement expressive et joliment travaillée. Par le fait que tout sonne simple, juste, authentique. Des émotions en pagaille sans que jamais l'auteure ne tombe dans le piège de l'artificiellement larmoyant. Elle sait doser l'émotion à la perfection, avec une bienveillance de tous les instants, pour que le récit reste crédible et l'attachement aux personnages sincère.

Je n'imaginais pas être autant bouleversé en commençant ce roman. Je ne pensais pas entrer moi-même en telle empathie avec l'empathie d'Amélie Antoine. Il faut croire qu'elle est contagieuse. Quand on n'a que l'humour est une expérience de lecture singulière, grand public dans le sens le plus noble du terme. du genre qui réconcilie ce qu'il y a de meilleur en nous, même si le prix à payer peut être douloureux.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
Commenter  J’apprécie          384
Les artistes sont-ils des parents comme les autres  ?
Les enfants des artistes sont-ils des enfants comme les autres ?
Quand on n'a que l'humour...
L'Amour de la chanson du grand Jacques remplacé par L'Humour dans le titre de ce livre.. Deux mots qui, ici, ne font qu'un.
Edouard Bresson, célèbre humoriste, au faîte de sa gloire, qui remplit les salles et même le Stade de France, s'offre à son public à chaque spectacle, mais derrière le clown, qui n'est pas sans rappeler quelque comique trop tôt disparu,  il y a un homme, un père, qui,  dès le rideau tombé, retrouve avec mélancolie les souvenirs des jours heureux, ou moins.
Dès les premières pages, Amélie nous le fait comprendre, on est pas là pour rire.
Quand on n'a que l'humour, c'est l'histoire d'un père et d'un fils, deux hommes qui se sont perdus. L'un qui à sacrifié sa famille pour sa carrière,  l'autre qui renie ce père absent.
Et pourtant...
Dans un jeu de piste savamment orchestré par l'artiste,  Amélie Antoine entraine le lecteur dans les pas d'Arthur, un fils en colère.
La gloire ne fait pas le bonheur.  Au hasard de ses rencontres,  Arthur va découvrir ce père qu'il connaît si peu.
Voici un beau roman qui vient conclure une belle année de découvertes littéraires. Voici une belle histoire, un récit emprunt d'une certaine tristesse sans être larmoyant.
Merci Amélie Antoine pour ce merveilleux plaisir de lecture.
Quant à vous mes amis lecteurs, ne vous fiez pas au titre trompeur, tel l'enfant de la couverture accroché à son ballon rouge, laissez vous porter par la plume d'Amélie,  je vous l'assure, vous ne le regretterez pas.
Quand on n'a que l'humour... Un roman à s'offrir en partage...

Commenter  J’apprécie          310

Un  seul être vous manque et tout est dépeuplé.
C'est ce que doit ressentir Edouard Bresson, face aux cinquante mille personnes qui sont venues l'acclamer au stade de France.
Cinquante mille moins une. Son fils Arthur n'est pas venu l'applaudir, sans même daigner prévenir qu'il serait absent.

Humoriste surdoué de sa génération, Edouard semble né pour faire rire depuis qu'il est gamin. Ce soir, c'est l'apothéose avec ce spectacle diffusé en prime time sur TF1.
"On a passé la barre des dix millions de téléspectateurs."
Faire rire avec ses sketches, amuser la galerie avec des personnages caricaturaux devenus incontournables pour le public, c'est une véritable vocation.
Devenue une obligation.
Célébrité incontournable, il se doit d'être toujours à la hauteur pour ce public qui l'adule. L'échec ou la médiocrité ne sont pas envisageables.
"Savourer ce plaisir indicible de se savoir pleinement aimé."
Ne pas tomber de son piédestal, faire rire à tout prix. Au détriment de soi. Comme une mission à accomplir envers et contre tout.
Subir la pression médiatique, stresser soir après soir avant chaque représentation, être hanté par la peur de décevoir son public.
"Ca a toujours été à lui d'être le plus drôle."

Derrière ce personnage farceur aux mimiques et aux répliques hilarantes, derrière le masque de scène se cache pourtant un homme infiniment seul, infiniment triste.
Entre deux clowneries ce fameux soir de triomphe, il revient sur son passé et c'est une toute autre facette de son personnage qui émerge lorsque le vernis se craquelle.
"Edouard est le meilleur ami de tout le monde, lui qui n'en n'a aucun."
"Il est toujours, irrémédiablement seul."
Il raconte son enfance avec des parents distants, un père qui ne l'a jamais encouragé.
Il parle de son frère Jonathan qui a été victime enfant d'un grave accident, un frère devenu aujourd'hui son plus fervent supporter et à qui la vie a fini par sourire.
Sourire ... C'était devenu l'unique objectif d'Edouard, maintenir un éclat de jovialité sur le visage de son frère comme pour le soustraire à la tristesse, pour échapper aussi à sa propre culpabilité.
Et c'est comme ça que tout a commencé, que son talent a été révélé.
Il évoque sa rencontre avec Magda et la naissance de leur fils Arthur. Il parle de ses premières auditions, de ses premiers spectacles, de ses premiers fans. Une biographie en accéléré, en quelques flashs, qui cachent un étrange mal-être.
Comme s'il manquait quelque chose dans la vie qu'un humour de tous les instants ne pourrait jamais combler. Plus qu'une faille : un trou béant.
A force de protéger sa carrière, de tout faire pour continuer à vivre avec cette illusion d'être aimé de tous, Edouard va voir les liens avec sa famille se briser.
"Au fil du temps, la distance avec son fils s'était creusée, de déceptions en incompréhensions, de ressentiment en abdication."
A force de n'être présent qu'une moitié du temps au Havre ( une ville au nom si paisible qu'elle n'a pas pu être choisie au hasard ) et d'être monopolisé sur les planches parisiennes l'autre moitié, Edouard assistera presque passivement à son inéluctable séparation. Magda avait d'autres perspectives d'avenir.
La notoriété qui grandissait, l'angoisse de décevoir son public, le travail qu'exigeait son métier étaient en totale inadéquation avec ce que demandait son autre travail : Etre un mari et être un père.
"Même quand tu es là, tu es absent, tu le sais, ça ?"
Et de son rôle paternel - lui qui avait tout fait pour ne pas reproduire son propre schéma et toujours encourager son fils - il ne restera bientôt plus rien.

La construction est très bien pensée. Outre des transitions parfaites entre chaque partie, chaque petite anecdote qui nous est relatée n'est pas là par hasard. Tous les éléments vont trouver leur importance dans une seconde partie habilement amenée. Elle se déroulera sur plusieurs mois tandis que la première se déroulait sur une unique soirée. Et nous offrira un nouveau narrateur en la personne d'Arthur, le fils, qui nous offrira un second point de vue.
"Mon père a toujours eu le chic pour faire ressortir la part la plus mesquine, la plus mauvaise, de moi-même."
Est-ce qu'elle va nous refaire le même coup que dans Fidèle au poste ? Sans trop en dévoiler c'est l'une des questions que j'ai été amené à me poser, avec le même doute mais sans impression de redondance, au sein d'un roman dont les ressorts sont cette fois davantage dramatiques. Nous ne sommes plus dans un thriller, mais on retrouve des thèmes communs : le deuil, l'argent et la notoriété qui ne font pas le bonheur ...
En tout cas ce roman totalement indépendant est un nouvel exemple de l'intérêt qu'il peut y avoir à respecter la chronologie des parutions d'un même auteur. C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai retrouvé, le temps d'un chapitre, les personnages de Chloé et de Gabriel venus assister en 2010 à l'un des spectacles de l'humoriste. Merci Amélie Antoine pour ce clin d'oeil à vos lecteurs.

Malgré son titre, le livre n'a rien d'amusant. L'un des objectifs de ce roman est de montrer la douleur qui peut exister derrière ces comédiens dont on oublie qu'ils sont aussi des êtres humains à part entière, avec leurs blessures.
"J'ai envie d'éclater de rire, mais j'éclate en sanglots."
"La frontière entre le rire et les larmes est pourtant souvent bien mince, quasiment intangible."
J'aurais aimé m'amuser davantage avec le spectacle d'Edouard, pour croire à cette adulation du public, pour vivre davantage cette histoire et ce basculement constant entre humour et tragique, rire et larmes. Mais non, je n'ai personnellement pas pu visualiser un quelconque humoriste célèbre et je n'ai que peu adhéré aux blagues et aux imitations parfois lourdes. J'ai d'ailleurs eu un peu de mal avec les cent premières pages, qui se sont bien enchaînées mais sans me transporter. Mais même si cette partie "spectacle" est un peu bancale, amuser le lecteur n'était pas le but. le récit est juste poignant, y compris dans ce show qui se vit comme une condamnation à amuser le public une nouvelle fois, sans même rester maître du déroulé du spectacle.

Poignant, mais pas larmoyant. Amélie Antoine aurait pu franchir la frontière mais elle ne l'a pas fait. La petite larme prête à être versée m'est finalement restée dans l'oeil. Je ne sais pas s'il faut saluer l'auteure d'avoir réussi à rédiger un texte fort sans jamais céder à la facilité d'un pathos dégoulinant ou si, quitte à lire un roman émouvant, je n'aurais pas préféré que ma gorge se noue davantage encore. Mais ce drame est aussi un roman où subsiste une forme d'espoir, le ton donné se veut le plus juste possible.

Le vrai sujet, au-delà des paillettes, c'est donc cette relation entre un père et son fils.
La distance entre eux s'est creusée au fur et à mesure jusqu'à former un fossé infranchissable.
Son père, égoïste, n'a semble-t-il jamais pris la peine d'essayer de le comprendre.
Est-il encore temps de se retrouver ?
La séparation semble irréversible. Une rupture bien plus dévastatrice que ne le serait celle d'un couple.
Pour le fils, plus rien n'est à sauver. Il ne veut pas de ce nom, Bresson, trop difficile à porter. Il est en colère après son père de ne jamais avoir su s'intéresser à ses projets professionnels, plus conventionnels. Il lui en veut surtout de ne jamais avoir été là. Ni pour sa fracture du bras, ni même pour venir le chercher à l'école.
Mais s'il vit très bien cette séparation, ça n'est pas le cas pour son père, d'où ce sentiment d'être désespérément seul.
Tout le monde l'aime. Sauf l'unique personne dont l'émerveillement lui aurait apporté du baume au coeur.
"Voir dans les yeux émerveillés de son enfant la preuve qu'il vaut quelque chose."
Amélie Antoine arrive à très bien retranscrire la douleur et l'incompréhension de ce père et de ce fils qui se sont perdus, pas forcément pour les raisons qu'on croit.
Et si la mémoire faussait la réalité ?
"Tu sais, les souvenirs qu'on se forge sont toujours partiaux et partiels."
Est-il désormais trop tard ou, si chacun fait un pas vers l'autre, se retrouver est-il encore envisageable ?
"Est-ce qu'on peut en vouloir à quelqu'un tout en cherchant à se rapprocher ?"

L'accession au bonheur n'a rien d'inné et être un comique reconnu ne prédispose en rien à avoir une vie parfaite composée uniquement de rires et de joies. En grattant sous ces apparences, cette superficialité, Amélie Antoine privilégie comme angle d'attaque l'impossibilité d'avoir une relation familiale normale. Cette complexité de créer des liens père / fils sera décortiquée avec une plume sensible et juste. Certes, c'est romancé mais rien n'est grandiloquent, rien n'est manichéen, et de ce fait le roman résonne comme une histoire vraie, sincère, profonde.

Laissez-vous tenter par cette écriture douce, toute en émotions retenues.
Alors, tout ira bien.
Commenter  J’apprécie          302
C'est le deuxième roman de cette auteure que je lis et c'est encore un sans-faute.

Nous jonglons entre passé et futur auprès d'Édouard. "Le petit gars de Normandie qui était là risée de sa classe en primaire et sur lequel personne n'aurait jamais parié le moindre centime".

Enfant, il bégayait et était moqué par ses camarades et mit de côté par son père. Il grandit dans l'attente.

Adulte, il est devenu l'humoriste que tout le monde adore. le meilleur ami de tous, pendant que lui n'en a aucun. En pleine gloire, idolâtré, il ne passe pas incognito dans la rue. Il est rongé par la solitude et se juge "juste bon à débiter des répliques hilarantes". Son credo : faire plaisir aux autres.

Dès les premières pages, on devient nous-même le personnage. Nous ressentons et vivons ce que lui il vit.

La deuxième partie du roman se porte sur un autre personnage, dont vous ferez la connaissance si vous souhaitez lire ce roman.

Tout le monde pense connaître Édouard, mais personne ne le connaît vraiment...

C'est l'histoire d'un père et son fils.

Être parent, ce n'est pas une question d'être le ou la meilleur(e) pour son enfant. C'est essayer de faire du mieux que l'on peut...
Même avec des bagages du passé aussi difficiles qu'ils soient.

Amélie Antoine a le don de toucher de près la psychologie de ses personnages. Elle réussit à regrouper tout ce que j'aime dans la lecture.

Lire sa plume, c'est prendre le risque d'avoir le coeur qui se serre et qui picote... de devoir jouer avec la grande roue des émotions.

"Ça ne te protégera pas d'entretenir cette colère indéfiniment. Ça ne fait que repousser les choses, c'est comme un couvercle sur une casserole. À un moment où à un autre, ça débordera. Tu sais, les souvenirs qu'on se forge sont toujours partiaux et partiels."

Je me suis fortement attachée aux personnages qui vont me rester longtemps en mémoire.

Ce récit m'a beaucoup touché. Tout comme "Raisons obscures".

D'autres de ses romans m'attendent sagement. À voir si mon admiration pour sa plume tiendra.

"Alors tout ira bien..."
Commenter  J’apprécie          2814
Titre : Quand on a que l'humour…
Année : 2017
Auteur : Amélie Antoine
Editeur : Michel Lafon
Résumé : Edouard est le plus grand humoriste de son temps, une star adulée et choyée par des millions d'admirateurs. Terré dans sa loge, submergé par le trac, il entend la foule venu l'acclamer qui s'amasse dans les travées du stade de France. L'humoriste est pourtant un homme tourmenté par un passé douloureux, un homme qui doute et se raccroche au rire comme à une bouée de sauvetage. Dans la salle le siège réservé à son fils reste désespérément vide…
Mon humble avis : Comme tout un chacun, la vie d'un blogueur littéraire est faite de hauts et de bas, de découvertes enivrantes mais aussi d'échecs cuisants. Ce fut récemment le cas avec le pourtant très estimé Vilnius Poker de Ricardas Gavelis. Un bouquin considéré par beaucoup comme un chef d'oeuvre mais dont je dus arrêter la lecture au bout d'une centaine de pages. Trop confus, trop abscons, je me suis résigné à laisser ce bouquin de côté pour l'instant. Je sortais donc de cette demi lecture avec un sentiment de frustration et d'inachevé qui me donnait l'envie de me plonger dans un texte plus léger et abordable. Quand on n'a que l'humour, le dernier roman d'Amélie Antoine me parut être alors la lecture parfaite pour retrouver le plaisir de lire. J'abordais donc ce texte avec curiosité et envie mais aussi je dois bien l'avouer, une once de soulagement. Les premières pages me confirmèrent rapidement ce sentiment : l'écriture d'Antoine est simple et directe, l'auteur n'est pas une grande styliste mais quelques trouvailles d'écriture viennent agrémenter son oeuvre de manière efficace et originale (chaque phrase de fin de chapitre se retrouve au commencement du suivant par exemple). Les pages s'enchaînent sans que l'on s'en aperçoive et s'il m'arrive (trop?) souvent de parler de lecture addictive nous sommes ici devant l'un des exemples les plus marquants qu'il m'ait été donné de lire. En effet l'histoire de cet humoriste malheureux est tout simplement captivante, le ton juste et empathique. Tout le talent d'Antoine réside dans la description de ses personnages, dans l'acuité de sa description d'un homme perclus de doutes, d'espoir et de contradictions. Nous sommes ici dans l'humain, dans la réaction d'un homme face à la gloire mais aussi et surtout dans la relation d'un père avec son fils. C'est joli, émouvant, jamais mièvre et encore une fois addictif au possible. C'est populaire aussi, ce mot me revenait sans cesse en tête au cours de cette lecture, Oui Quand on n'a que l'humour est un roman populaire dans le sens noble du terme. Un livre qu'on voudrait offrir à ceux qui ne lisent pas, le roman que tout le monde devrait aimer… Oui j'aurais aimé plus de pathos, moins de retenue dans les sentiments mais aussi une fin plus surprenante (ceux qui l'ont lu sauront exactement de quoi je parle et ce n'est là que mon humble avis) mais malgré ces quelques regrets je garderais de cette lecture un souvenir ému et pour cela je ne peux que m'incliner devant le talent de l'auteur : Merci Amélie pour ces quelques heures de plaisir et pour cette histoire simple et passionnante.
J'achète ? : Evidemment que oui. Pour toutes les raisons évoquées plus haut mais aussi parce qu'il s'agit d'une belle histoire, d'un récit poignant et universel : un père et un fils qui n'auront pas eu assez d'une vie pour se retrouver.
Lien : http://francksbooks.wordpres..
Commenter  J’apprécie          252
[Chronique]
❤coup de coeur❤
Ne me demandez pas pourquoi je voulais absolument ce livre, non ! Je viens de vous le dire ne me le demandez pas car je ne sais pas pourquoi.
Je me baladais sur le site *dontonnedoitpasprononcerlenom* et le titre m'a happée, oui juste ça.
Hop panier, précommandé, reçu et lu directement.
En plongée totale, en apnée même, car je ne connaissais pas l'écriture de l'auteure (pardon Amélie je suis passée à côté de Fidèle au poste mais promis je vais me rattraper), j'ouvre mon livre et là en quelques pages, embarquée la souris, Edouard, tu es un personnage masculin, un être de papier et pourtant je t'aime, comme j'aimerais un ami. D'ailleurs je me permets de te tutoyer.
Arthur, toi le fils d'Edouard, j'espère que je serai une mère à la hauteur pour mes 3 enfants, je te le promets je fais du mieux que je peux et alors tout ira bien.
Amélie Antoine nous narre l'histoire d'un père et son fils, d'abord le père d'Edouard, ouvrier dans une raffinerie, révolté et en colère, peut-être juste trop fatigué, le silence il le réclame. Tout le temps.
Édouard il a un petit frère Jonathan, comme c'est l'aîné il doit le surveiller, logique il ne faut pas faire de bruit et jouer dehors.
Il n'est pas très heureux Édouard mais il décide suite à un événement de son enfance de devenir humoriste et il réussit. Même très bien puisqu'il fait le stade de France.
Première partie, alertance passé/présent.
La relation père fils en miroir : Édouard/Lucien et Édouard/Arthur.
Des fins de chapitres identiques aux débuts des chapitres suivant : chapeau l'artiste, j'ai aimé ce processus, ce tempo.
Première partie terminée et hop nous voilà avec un autre narrateur, et c'est encore plus addictif, il me fallait savoir.
Non je ne peux pas tout vous raconter, désolée. Il faut le lire.
J'ai été rarement prise d'autant d'empathie pour des personnages, masculins en plus, plus difficile pour moi de m'identifier à eux et ici la magie opère.
Un style d'écriture que tu as l'impression que l'auteure est assise à côté de toi et te chuchote son histoire. Elle te la chuchote son histoire mais toi tu prends les mots en plein coeur.
En résumé c'est un roman sur l'amour filiale, l'amour fraternel, l'amour simple mais fort, l'amour qu'on ne sait pas montrer et les mots qu'on n'ose/ne sait pas/plus prononcer.
Un livre sur la quête de l'amour, de l'infini à l'au-delà, le pardon, de buzz l'éclair, la culpabilité, une chasse au trésor...
...un sourire peut cacher tellement, ne vous fiez pas aux apparences.
Amélie Antoine vous mène pas le bout du nez jusqu'à la fin.
J'ai endossé les mots comme Édouard endosse son costume de clown triste tous les soirs. J'ai refermé mon livre et j'y ai déposé une partie enfouie de mon vécut, comme Édouard le fait chaque soir sur scène. C'est peut-être aussi pour ça qu'il a fait autant écho en moi.
Ce livre est parfait, dans son récit, dans son écriture, dans la force d'aimer, pour ses personnages devenus réels (Magda, Jonathan je ne vous ai pas oubliés).
Commenter  J’apprécie          171




Lecteurs (564) Voir plus



Quiz Voir plus

Raisons Obscures - Amélie Antoine

Quelles sont les deux familles impliquées ?

CHEESE et MACARONI
KESSLER et MARIANI
KESS et MARIA
KANGOO et MASTER

16 questions
16 lecteurs ont répondu
Thème : Raisons obscures de Amélie AntoineCréer un quiz sur ce livre

{* *}