« [P]our qu'on traite un fait grave, très répandu mais partagé par une majorité de personnes dominées (femmes, enfants, personnes racisées, etc.), il faut en parler beaucoup, et sans relâche, jusqu'à ce qu'un jour ce soit enfin entendu et qu'un processus de changement systémique s'enclenche. »
La libération de la parole est toujours en cours. Récemment a notamment émergé le mouvement #MonPostPartum, une de ses fondatrices,
Illana Weizman, ayant d'ailleurs abordé le post-partum dans son ouvrage d'utilité publique « Ceci est notre post-partum ». Cependant, il reste un tabou autour du corps biologiquement féminin et plus particulièrement autour de la grossesse : le premier trimestre.
J'ai eu un vrai coup de coeur pour ce livre de
Judith Aquien. Il y a beaucoup d'excellentes publications féministes mais certains ouvrages ont le pouvoir de changer notre manière de penser et «
Trois mois sous silence » en fait partie. Je n'avais en effet jamais réfléchi au silence qui entoure ces trois premiers mois de grossesse, j'avais intégré qu'il fallait garder pour soi le fait d'attendre un enfant à cause des risques encourus, je m'étonnais de certaines annonces précoces parmi mon entourage.
Je n'avais pas réalisé la charge mentale que cela représente de garder une grossesse et les maux qui l'accompagnent pour soi et de vivre dans la peur qu'elle s'arrête, ni réalisé les conséquences que cela implique dans le cas où la grossesse est interrompue et où un deuil pré-natal est à faire. Une note de vocabulaire est d'ailleurs très importante : on ne fait pas une fausse couche, on la subit. Je n'avais pas non plus pensé à la manière dont la société, encore une fois, est profondément inadaptée aux femmes.
Témoignages, chiffres, études,
Judith Aquien mobilise beaucoup de ressources pour offrir à ses lecteur•ice•s un ouvrage à la structure limpide et aux propos à la fois révoltants et réconfortants pour les concerné•e•s. Pour ma part, j'y ai trouvé une nouvelle pierre à ajouter à l'édifice de mon engagement féministe, ainsi que la volonté d'être présente pour toutes les personnes que je connais qui peuvent se retrouver silenciées durant une période délicate. À lire, à partager !