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EAN : 9782072948800
1216 pages
Gallimard (01/09/2022)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Tout au long de sa carrière, Michel Winock, éminent historien de la république, s’est interrogé sur un mal endémique qui secoue la société française depuis les débuts du régime républicain : le retour continuel des crises. Cette discorde séculaire – qu’il nomme « la fièvre hexagonale » – ne cesse de régner entre gauches et droites, entre courants de pensées et idéologies, et traduit l’extrême difficulté du peuple français à s’entendre, à vivre ensemble et à sentir c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'aurais aimé pouvoir faire la lecture de Gouverner la France lorsque j'ai enfin admis mes lacunes en Histoire de France.
Il s'agit d'un recueil d'ouvrages de Michel Winock qui "ont pour point commun cette discorde nationale séculaire qui enfante des crises politiques récurrentes, ainsi que leur résolutions par l'accession au pouvoir d'une personnalité exceptionnelle". Par "crises politiques" l'auteur entend "les grandes perturbations qui ont mis en danger le système de gouvernement républicain".
Le recueil est constitué de quatre ouvrages :
- La fièvre hexagonale. Les grandes crises politiques , 1871-1968 (écrit en 1985)
- L'agonie de la IVème République, 13 mai 1958 (2006)
- Charles de Gaulle, un rebelle habité par L Histoire (2019)
- François Mitterrand 300 pages (2015)
Le tout est enrichi d'intéressants appendices et constitue un ensemble très riche mais quelque peu foisonnant.
A l'origine des crises politiques, Michel Winock voit un "triple clivage" portant sur la nature du régime politique, sur la place de la religion et sur le degré d'inégalité qui peut être accepté entre les conditions individuelles (la question sociale). "Ces trois démons de la discordance n'ont cessé de fragiliser la république représentative, favorisant le multipartisme, cassant les majorités, provoquant les colères de la rue."
Il souligne en particulier que "depuis la Révolution, la vie politique française a suivi le balancier entre deux extrêmes, la primauté de l'exécutif et la prépondérance du législatif. L'idéologie républicaine a favorisé le régime d'assemblée, au préjudice de l'autorité et de la continuité des gouvernements. L'idéologie bonapartiste ou néobonapartiste a fait passer le pouvoir du Parlement aux mains du chef de la nation, au détriment de la démocratie parlementaire - et de la démocratie tout court. La France du XXIème siècle reste en quête d'un régime plus harmonieux que son histoire lui a constamment interdit."
Michel Winock, très scrupuleux, soulignant "l'ingénuité de l'explication unicausale", est bien plus attaché à rendre compte des analyses des autres qu'à mettre en avant les siennes, ce que néanmoins, à l'occasion, il n'hésite pas non plus à faire. Il s'attache également à faire la part du hasard dans le déclenchement des crises. Il est résulte pour le lecteur un éclairage très complet qui le met à l'abri de jugements hâtifs ou trop tranchés mais qui, en même temps, le pousse à un grand scepticisme vis-à-vis des analyses des commentateurs quels qu'ils soient.
Au-delà de tout ce que ce recueil m'a appris de l'évolution des opinions politiques en France au travers des crises que le pays a traversées depuis 150 ans, il m'a permis de bien mieux comprendre la vie politique faite d'alliances sans cesse tentées entre des partis qui, pour obtenir la majorité, veulent oublier leur divergences mais qui, bien souvent, échouent à les faire taire durablement. On comprend bien aussi comment les acteurs du jeu politique, tout à leurs ambitions et accaparés par leurs conflits, en viennent à perdre de vue les préoccupations de leurs concitoyens, voire même les périls extérieurs.
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critiques presse (2)
LeSoir
04 janvier 2023
Dans une société fracturée, le recours au « sauveur » a souvent été une nécessité. Selon l’historien Michel Winock, en France, certains en rêvent de nouveau…
Lire la critique sur le site : LeSoir
LaCroix
09 septembre 2022
Au fil de décennies d’enseignement, de recherches et de publications, l’historien Michel Winock a composé une œuvre sur l’histoire de la France contemporaine unanimement saluée.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Depuis l’élection présidentielle de 2017, l’opposition, morcelée, incertaine, malmenée par les extrêmes, n’apparaît plus comme une solution de rechange. Il est clair que le néobonapartisme, qu’on a baptisé « monarchie républicaine », a perdu de son charme. Nous ne sommes plus au temps de la guerre d’Algérie. La société française a sensiblement muté. La ­verticalité du pouvoir a été assumée par Emmanuel ­Macron, en 2017 ; il doit en rabattre. Le désir de participation à l’élaboration de la loi se manifeste par l’intermédiaire de maintes associations, par le canal des réseaux sociaux, par les constantes mobilisations. Plus éduqué qu’il y a soixante ans, le peuple veut prendre la parole, et pas seulement glisser un bulletin de vote dans l’urne tous les cinq ans. 
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On peut rêver d'un autre système, celui qui allierait le goût de la liberté et l'acceptation d'une discipline collective. Pour nos habitudes de pensée, c'est une façon de marier l'eau et le feu. Car le sens le plus répandu du mot « liberté», c'est de « faire ce qu'on veut », ce qui aboutit à la présence nécessaire du gendarme. Une société autodisciplinée n'en a pas besoin. Évidemment, un pareil état de civilisation n'a jamais été atteint. Du moins existe-t-il des degrés dans l'incapacité des groupes et des nations à respecter la loi qui permet de vivre ensemble. Je me faisais cette réflexion, il y a quelques jours, en revenant de Londres. Les piétons y sont toujours aussi bien respectés que, de loin, les automobilistes freinent et s'arrêtent pour les laisser traverser. De retour à Paris, n'ayant pas repris l'habitude, je me suis engagé sur un passage zébré d'une avenue paisible sans prendre garde. Un crissement de pneus me rappela à l'ordre, je veux dire au désordre établi. Scène banale, symbole quotidien d'une guerre sans fin que les Français mènent contre les Français.
César devra-t-il être toujours l'arbitre permanent des tribus gauloises ?
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On peut contester l'expression de « classe politique», mais on ne peut nier la formation d'un groupe dominant qui se prolonge par la professionnalisation de la politique. Sans limitation des mandats, les parlementaires peuvent faire carrière. Élus, ils s'évertuent à être réélus, soignent leur clientèle avec plus d'attention que l'intérêt général.
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C'est un grand art que celui de gouverner car il exige tout à la fois la démonstration de la force et l'usage de la ruse : l'excès de l'une au détriment de l'autre est toujours dangereux. Pour parodier Pascal, disons qu'il faut à la force suffisamment de ruse pour qu'elle ne se présente point de façon tyrannique; et que la ruse ne soit pas l'envers de la force, pour qu'elle ne provoque pas cette demande d'autorité qui résulte de toutes les situations où les attributs de la puissance gouvernementale sont devenus invisibles. Mais ce ne sont là que des principes généraux et les meilleurs gouvernements, dans les moments de tension, ne sont jamais à l'abri soit d'un abus de puissance publique, soit d'une erreur de routine, soit de toute autre faute dont il n'a pas été possible de mesurer la portée. Il leur appartient donc de ne jamais laisser s'envenimer une situation critique; de savoir faire les concessions nécessaires aux oppositions sans perdre la face ; de savoir lâcher l'ombre pour mieux tenir la proie...
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Au-delà des péripéties électorales, les citoyens français se sentent frustrés de démocratie directe. La question n'est pas nouvelle. La démocratie représentative est souvent synonyme de « démocratie gouvernée» (…). Le peuple règne mais ne gouverne pas. Le peuple souverain est appelé de manière régulière à choisir ses représentants, toutefois on ne lui demande pas ce qu'il veut, mais qui il veut. Son devoir accompli, le citoyen n'a plus qu'à attendre les élections suivantes. Il y a bien démocratie en ce sens que les électeurs peuvent désigner au suffrage universel ceux qui vont gouverner, quitte à leur refuser de renouveler leur mandat. Mais, une fois élus, députés et sénateurs ne se sentent nullement tenus d'exécuter les vœux de leurs mandants, quand ces vœux-là existent, et généralement ils n'existent pas, car les candidats ne les leur ont pas demandés.
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Videos de Michel Winock (31) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Winock
Par Annette WIEVIORKA, directrice de recherche émérite au CNRS
Tout historien, et même préhistorien, établit un lien avec "ses" morts dont il tente de restituer l'histoire, de la Lucy d'Yves Coppens aux morts qui sont ses contemporains. L'opération historiographique a souvent été décrite, de Jules Michelet à Michel de Certeau, comme opération de résurrection des morts et oeuvre de sépulture de ces morts qui hantent notre présent. Il y a aussi d'autres morts. Ceux des siens qui sont autant de dibbouk pour l'historien parce qu'ils ont orienté sa vie. Ce sont des morts fauchés avant d'avoir été au bout de leur vie, des morts scandaleuses. "Je suis le fils de la morte". Ce sont les premiers mots de l'essai d'égo-histoire de Pierre Chaunu. Ces morts nourrissent les récits familiaux, devenu un nouveau genre historique, de Jeanne et les siens de Michel Winock (2003)("La mort était chez nous comme chez elle") à mes Tombeaux (2023). Les morts de la Shoah occupent une place tout à la fois semblable et autre. C'est la tentative d'éradiquer un peuple, la disparition du monde yiddish dont ceux qui en furent victimes prirent conscience alors même que le génocide était mis en oeuvre. Ecrits des ghettos, archives des ghettos, rédaction de livres du souvenir, ces mémoriaux juifs de Pologne écrits collectivement pour décrire la vie d'avant, recherche des noms des morts, plaques, murs des noms, bases de données.... Toute une construction mémorielle. Vint ensuite le temps du "je"(qui n'est pas spécifique à cette histoire) , celui des descendants des victimes, deuxième, troisième génération, restituant l'histoire des leurs. Chaque année, plusieurs récits paraissent, oeuvres d'historiens ou d'écrivains, qui usent désormais des mêmes sources, témoignages et archives, causant un trouble dans les genres.
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