L'auteur,
Philippe Aries, l'un des pionniers de l'histoire populaire, a réalisé, dans un style clair, précis et plein d'empathie pour les petites gens, un ouvrage à mon avis essentiel parce qu'il témoigne de l'évolution sociologique par province de 1830 a 1940.
Le travail de l'auteur, à partir d'éléments statistiques, de textes d'époque est imposant, et très actuel dans la forme !
On approche bien les mouvements de population, le rôle des us et coutumes, de l'économie d'une région, mais aussi de la psychologie de nos ancêtres, dans les mouvements migratoires, dans les choix de vie, la natalité, l'activité, la retraite et la mort.
C'est notre généalogie qui s'explique, nos patronymes également ; il est remarquable de constater que, malgré quelques prises de conscience à la fin du XVIIIème siècle, les comportements sociaux humains restent assez constant, et on retrouve les mêmes causes et les mêmes effets dans les grands mouvements de population en France, quelle que soient les époques. Les petites gens fuient une misère pour une autre, les générations suivantes limitent les naissances et montent progressivement dans l'ascenseur social. L'étanchéité entre les classes reste la règle.
Bien documenté, détaillé sans exagération, cet ouvrage se lit relativement facilement, tout en demandant une attention soutenue.
Et ce qui le rend doublement intéressant aujourd'hui c'est que l'"avant seconde guerre mondiale" fait maintenant partie de l'histoire.