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Le mal des ruines est un chant d'amour à la Corse, à sa beauté.
C'est la nostalgie de l'enfance et des vacances en toute liberté dans la nature.
C'est un immense chant de vie, de cette vie de sensations, de bonheurs simples, odeurs du maquis , goût des fruits cueillis dans les arbres, la vie ici et maintenant qui s'offre à la contemplation par la diversité de ses paysages.
C'est aussi l'histoire d'une terre rude avec la violence de son climat, de ses habitants, de ses sentiments.
C'est un retour aux racines, à ces ancêtres qui se rappellent à nous à travers leurs villages, leurs maisons, les objets préservés.
J'ai été très sensible à ce livre qui n'est pas sans me rappeler « le soleil des Scorta » de Laurent Gaudé à propos de ces pays où l'on pense beaucoup moins que l'on ne ressent. C'est l'histoire d'une famille avec ses joies, ses peines, ses deuils, Claude Arnaud n'a pas été épargné. Une histoire qui rappellera à beaucoup ces vacances où l'on abandonnait la morosité de la ville et les livres pour devenir vivants l'espace d'un été la campagne.
Une bien belle vision de la Corse.
Merci aux éditions Grasset
#Le mal des ruines#NetGalleyFrance
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Comment vivre avec la Corse dans le coeur et rester libre ? C'est la question redoutable que pose Claude Arnaud. Loin d'un plaidoyer pour l'esprit corse ou d'une sorte de guide littéraire de l'île, ce livre est une quête d'identité.

Il raille le réflexe corse qui consiste à magnifie son île pour mieux ancrer sa singularité face au reste du monte. Mais cette allégeance symbolique a son prix.

« L'identité est un feuilleté. »

L'auteur est Corse parce qu'il y a vécu ses étés d'enfance, parce que sa famille est celle des Zuccarelli et que cette famille est ancrée ici à double titre : maudite par un prêtre assassiné et engagée politiquement dans la vie de l'île. L'île lui a aussi pris l'un de ses frères en l'embarquant mystérieusement dans les flots.

On le voit : l'ombre des morts planent sur Claude Arnaud. le granit des montagnes porte les vivants et la mémoire de ceux qui sont passés. Quand il est continental, il habite le chic et ennuyeux 16ème arrondissement, et quand il foule les sentiers du maquis et retrouve la casa Zuccarelli, il est le dernier représentant d'une lignée qui sera sans descendance. Il ne reste alors que les mots de ce livre dont le lecteur sera l'héritier pour porter cette mémoire.

Le livre emprunte de nombreuses pistes. L'enfance d'abord, où la chaleur et la beauté du village Sainte Lucie font facilement renoncer aux étés du pays de Bresse. Ces vieux qui semblent déjà appartenir à l'éternité, loin d'un monde qui se modernise, leurs silhouettes aussi antiques que les ponts de pierre et les châtaigniers. Ces taureaux qui ont défié les Étrusques. Ces hameaux abandonnés comme une préférence du passé au présent, que les défunts pourraient retrouver sans difficulté. La nature est ce livre ouvert qui parle si bien du passé, mieux que n'importe quel art.

L'île n'est pas anodine. Elle n'est pas d'une parcelle coupée du monde et du temps, condamnée à l'immobilisme. Elle est une jeteuse de sorts.

Mais un malaise plus grand s'installe chez Claude Arnaud lorsque face au décrochage trop violent par rapport à un monde qui se modernise, naissent des mouvements activistes qui font couler le sang, divisent, sèment la graine de la guerre civile et, en référence au FLN algérien, basculent dans le terrorisme.

Longtemps pétrifiée dans un passé trop lourd, la Corse sort de sa gangue trop brutalement. La spirale de violence attire immanquablement ces gangsters qui prospèrent sur les ruines de l'ordre pour leurs petits trafics, causant 15.000 attentats en trente ans ! La famille Zuccarelli ne restera pas indemne et l'attentat contre la maison de Sainte Lucie provoquera une décision sans retour.

L'âme corse finit par trop ressembler à un mythe moderne où la violence serait inscrite dans l'ADN de ses natifs. Claude Arnaud qui la nomme « l'île des morts » finit par tourner les talons et rejette par dégoût son lien avec elle.

« Une origine ne peut tenir lieu d'identité, même si elle y contribue. »

Claude Arnaud s'affranchit son origine, son appartenance corse. Après tant d'années de ce « tango existentiel« , le futur devient un chemin qu'il décide de se choisir. L'amour pour cette terre ne prend son sens à ce moment.

Car l'homme ne peut rien pour cette terre insulaire ; il est de passage, son souvenir passera sous l'oeil hautain des lézards.
T. Sandorf

Merci à #netgalley et #grasset pour cette lecture #lemaldesruines.
Lien : https://thomassandorf.wordpr..
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Dans ce roman très contemplatif, Claude Arnaud revient de manière plus ou moins chronologique sur son rapport à la Corse, au gré d'une déambulation en voiture qui le ramène sur les lieux qu'il a connu. Il y évoque son amour d'abord inconditionnel pour cette terre, lié à la fascination de l'enfance, le remise en question ensuite avec la montée des violences indépendantistes et puis l'acceptation aujourd'hui de cette part de lui-même, qui restera à jamais liée à la Corse. Pour moi qui ne suis encore jamais allée en Corse, c'était l'occasion de découvrir les jolis paysages de l'île et de m'initier, en me détachant des stéréotypes, aux moeurs de la population locale, tout en profitant de l'écriture délicieusement poétique et mélancolique de l'auteur.

On sent qu'en racontant la Corse au lecteur, Claude Arnaud cherche à comprendre cette terre si complexe dans sa simplicité, unique dans son rapport au continent dont elle fait désormais partie. Il examine ses traditions ancestrales, le sentiment d'appartenance qu'elle suscite, son ambivalence entre son appartenance à la France et ses racines méditerranéennes assumées. Il cherche dans les maquis et les maisons écroulées des explications sur la mort de ses frères, sur son propre destin, sur son identité même. C'est une chronique à la fois personnelle et historique qu'il nous propose, assortie d'anecdotes tirées de l'enfance et de faits politiques bien connus, qui offre un autre regard sur la Corse.

Si j'ai apprécié d'en apprendre plus sur cette île, son caractère et son histoire, je dois dire que j'ai parfois eu du mal à suivre le fil, tant l'auteur digresse, saute du coq à l'âne, et surtout de ses souvenirs de petit garçon aux descriptions terribles des attentats du FLNc. On ne peut s'empêcher de refermer le livre en se demandant si l'auteur a réussi à trouver les réponses qu'il cherchait – en tout cas, moi je ne suis pas sûre d'avoir tout suivi.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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A tous les Corses éloignés de l'ïle de Beauté, ce livre apportera une bouffée d'air pleine des parfums du maquis. A ceux qui y vivent, un doux hommage et l'explication aussi de cette dualité complexe d'être corse à Paris et parisien en Corse... Pour les enfants aussi qui ne viennent que durant les vacances, la question de l'identité relève souvent d'une souffrance mêlée de douceur. Et tout le monde a dans le coeur un endroit qu'il reconnait instantanément comme celui de ses racines, de ses plus beaux souvenirs d'enfance.
Petit bémol concernant les détails, trop longs à mon goût, dans l'exposé des "vengeances", actes violents et "attentats" des dernières décennies. le risque est de perdre le lecteur peu averti de ces sujets...
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Si Proust avait la nostalgie de Combray, l'auteur évoque dans ce récit gorgé de soleil et d'amours – perdus – son île de beauté. Sa madeleine personnelle a seulement des dimensions un peu plus imposantes que le gâteau de Proust puisqu'il s'agit de la demeure familiale, le toit qui réunit autrefois toutes les branches de sa famille maternelle. C'est un musée dont les pièces sont soigneusement conservées par le socle de la mémoire de Claude Arnaud. Il y d'abord une vision idyllique et bucolique du pays corse, quasiment antique, et sûrement paradisiaque de ses paysages, de ses perspectives, de ses ruines, de ses vestiges, une île d'une beauté à couper le souffle, avec des descriptions qui sont à la hauteur.


Ce n'est pas seulement cette Corse de carte postale du touriste lambda qui se dévoile, ce n'est pas non celle de la vie quotidienne de l'habitant à temps plein, c'est l'Île de celui qui vient rafraîchir ses racines, chaque année, dont l'esprit, la personnalité sont fortement ancrées là-bas. Je n'ai jamais mis le pied en Corse mais j'en ai visité une autre, j'y ai passé du temps en famille, dont l'âme insulaire est aussi vivace et tenace qu'elle, la Sicile. J'ai ainsi laissé mes aprioris de côté pour profiter pleinement de cette méthodique exploration aussi personnelle qu'historique et me suis laissée guidée par le regard plein de tendresse et d'affection de son hôte à demi-pension mais aussi critique et parfois, sans concession envers les comportements des insulaires.

Ce récit mélange ainsi les souvenirs personnels aux constatations plus prosaïques sur l'état et l'évolution de l'ile au fil du temps, il en profite pour démonter certaines idées préconçues, d'ailleurs il y a ce passage sur la Vendetta qui m'a beaucoup parlé, puisque c'est par la nouvelle éponyme De Maupassant sur la Vendetta que j'ai eu une première vision de la Corse. En parlant de clan, l'une des choses qui est particulièrement frappante, et qui ne fait pas mentir le cliché consacré, c'est cette vision du clan profondément ancrée dans l'identité de l'île, qui de par sa nature, favorise ce mode de fonctionnement. C'est aussi cet esprit de famille de la Casa Zucarelli à Sainte-Lucie, chaleureux, d'une convivialité effrénée, ou règne un esprit de fête, de partage et d'entraide, dans lequel s'est longtemps couvert l'auteur, qui fait toute l'âme de ce récit.

Ce qui m'a plu, c'est le caractère de cet auteur qui vogue entre anonymat parisien, que lui confère également la neutralité de ce nom de famille qui lui vient donc de son père, le calme neurasthénique de son quartier face à l'animation enjouée de la vie clanique en Corse. C'est une ambivalence, cette double-nationalité, qui peut-être permet à l'auteur de prendre le recul nécessaire pour parler de son île à travers ses attaches à Paris. Ce mélange d'influences qui est le sien, et qui ne fait donc pas de lui un Corse à part entière, lui permet d'écrire ce récit qui n'aurait eu aucun sens et sans doute aucun caractère sans cette dualité, qui est la sienne.

S'agissant d'un récit à tendance autobiographique, c'est la vie ponctuée de drames d'un homme à la sensibilité exacerbée que nous entrevoyons aussi à travers ses souvenirs bien souvent heureux, mais quelquefois profondément tragiques et désespérés. Chaque famille a ses drames, et ceux de Claude Arnaud sont indissolublement liés à cette île, qui a vécu à certains moments de son histoire la tragédie comme un quotidien et porte son deuil en étendard. C'est un homme que l'on a bien envie de découvrir plus avant à travers ses récits autobiographiques Qu'as-tu fait de tes frères ?, Je ne voulais pas être moi ou encore Brèves saisons au paradis, tous publiés par la maison d'édition Grasset.

C'est en définitive un beau moment que l'on passe qui s'apparente à la fois à un album de photos que l'on feuillette, à un livre d'histoire que l'on bouquine, un journal que l'on compulse, un journal intime que l'on déchiffre, à un guide du routard chevronné dont on s'est équipé pour découvrir le pays corse. L'auteur donne les clefs à ceux, beaucoup d'entre nous j'imagine, qui ne les ont pas forcément pour comprendre cette ile dotée d'un fort esprit traditionaliste, qui ne s'ouvre pas forcément facilement aux continentaux. En tout cas, cela m'a permis de comprendre un peu mieux les traits de cette île au caractère indomptable et de ses habitants.







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Comment dire du mal d'un écrivain plusieurs fois primé et ayant résidé dans la prestigieuse Villa Médicis ? Pourtant, ayant achevé la lecture du "Mal des ruines", j'ai l'impression de me sortir à grand peine d'un empilement nauséabond de linge sale. La corsitude de l'auteur, côté maternel, qui est le sujet principal de ce roman autobiographique, lui pose problème. Claude Arnaud est partagé entre les souvenirs d'une enfance heureuse, à gambader dans la splendeur d'un maquis encore largement préservé, et une actualité faite d'attentats, notamment vis-à-vis des possessions ancestrales de sa famille, considérée comme traître à la "patrie" corse, de trahisons entre militants, de compromissions avec des autorités jouant sur l'appât du gain. Mais loin de chercher à intéresser ses lecteurs et lectrices à son point de vue sur le pays de ses origines, l'auteur ratiocine, dans un style manquant de fluidité, fait d'incessants va-et-vient, nécessitant parfois de s'y reprendre à plusieurs fois pour comprendre le sens de ses phrases. le résultat est que l'on se désintéresse vite de ce vague schéma policier, dans la seconde partie de l'ouvrage, associant vengeance personnelle et attentat politique. La Corse n'en sort pas grandie, et c'est bien dommage…
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Le mal des ruines est un livre personnel, très personnel, voir trop. Et quelle place accorde t il au lecteur ?

Claude Arnaud, puisque c'est de lui dont il s'agit atterri à Bastia puis s'en va de part les routes retrouver les lieux de son enfance.

C'est une énième recherche d'identité, comment devient on ce que l'on est, ce que l'on sera, l'influence ilienne est elle déterminante au même titre que cette emprise familiale qui vous enferme dans un carcan chaleureux d'us et coutumes d'un autre temps ? En contre partie, quelle est sa part d'autonomie et de liberté ?

Tout au long de son périple routier, Arnaud nous décrit des paysages idylliques, de cartes postales pour le touriste lambda, ou avec le plaisir du déjà vu pour les habitués de l'itinéraire. Des digressions multiples agrémentent et étoffent le récit. Histoires familiales, celles des Zuccarrelli, sensibles lorsqu'elles touchent à la fratrie, d'un intérêt limité lorsqu'elles concernent le cousin du mari de la petite fille d'une arrière grand tante.
Histoire de clans, histoires de crimes, de vendettas, de jeux politiques, d'indépendantistes et autres oublis de ma part.
On se laissera prendre ou pas.

Comme son nom l'indique, Claude Arnaud n'est qu'à demi corse. le père dont je ne sais plus s'il est normand ou jurassien n'a droit qu'à une dizaine de lignes. S'il y a une vérité à rechercher elle en est déjà tronquée par cette réduction. Bref

Et la fin du périple prend allure de pirouette littéraire. Chacun ses choix.

Le mal des ruines est un livre personnel, trop peut être, où l'on recherche le partage

A contrario, lors d'un voyage en Corse, dans un bus à Ajaccio, une vieille dame corse réprimanda durement une bande de jeunes auxquels ne venait pas l'idée de nous céder une place assise dont nous avions à l'évidence besoin.
Le souci de l'autre, cela fait du bien.

PS. dans la semaine qui suivit, un notable local, football je crois, fut abattu.
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