Je commencerais par dire que la lecture de ce roman fut plaisante. Si au début je ne savais pas très bien où l'auteure voulait emmener le lecteur, cela se révèle dans la dernière partie. Pas à pas, page après page, doucement mais sûrement,
Lydiane Arnoult nous emmène jusqu'à notre destination, à travers l'univers qu'elle a créé. S'il est très semblable au nôtre au premier abord, on se rend vite compte que ce n'est pas le même, ne serait-ce qu'avec la présence de magie (bien que bannie) et l'isolation des religions sur une île. Déjà au début, on sent venir que le message profond qui nous sera transmis sera en lien avec cela, et ce qui bouleverse notre propre monde actuellement.
En ce qui concerne les personnages, je dirais qu'ils sont bien construits et réalistes dans cet univers. Malgré tout, comme la narration est du point de vue de Florian, le protagoniste, (même si ce n'est pas un récit en "je"), jeune garçon de 15 ans, il m'a semblé que tout était passé sous une sorte de "filtre" assez enfantin et naïf, d'autant que le personnage en lui-même est loin des caïds et des garçons sûrs d'eux et imbus de leur personne. Ça m'a donné l'impression de suivre presque un livre écrit pour un public plus jeune, malgré la présence d'un succube et des scènes qui accompagnent logiquement la présence de cette race. D'ailleurs, même ces quelques scènes d'érotisme restent presque timides et hésitantes. Cette narration m'a plusieurs fois déstabilisé tant elle contrastait avec le message qui voulait être transmis... mais peut-être était-ce voulu. Peut-être que l'auteure a voulu nous montrer que le monde pouvait être changé si on enseignait à la nouvelle génération à garder cet oeil d'enfant, tout en y apportant la connaissance et la sagesse, la tolérance et l'ouverture d'esprit.
Ce message est certainement la chose la plus importante du récit d'ailleurs, à travers l'apprentissage et les épreuves que subit Florian. On y retrouve les erreurs qui parsèment les livres d'Histoire à propos des religions, et on espère voir en son aventure une lumière pour notre propre avenir. Même jusque dans le personnage d'Arianna, le succube, on peut lire une métaphore : celle de la connaissance et du savoir, souvent diabolisés par les religions ou même la politique actuelle : les gens qui réfléchissent et se posent des questions sont bien plus dangereux que ceux qui s'abrutissent devant leur télévision sans jamais rien remettre en cause. Il est néanmoins intéressant que l'auteure les aie associés à l'image du succube qui implique aussi les pulsions et les désirs charnels, il y a certainement encore une autre facette à gratter derrière cela, une lecture à plusieurs niveaux d'informations.
Si en tant qu'oeuvre de fiction, "La Maîtresse Invisible" ne m'a pas forcément bouleversé, il a le mérite de soulever de nombreuses questions et interrogations d'actualité, et rien que pour cela, je serais curieux de lire le second tome, pour savoir quels autres messages veut nous transmettre l'auteur, et de quelle façon.
Lien :
https://bertieandellie.weebl..