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EAN : 9782271062888
162 pages
CNRS Editions (13/01/2005)
4/5   2 notes
Résumé :
En 1923, un jeune autrichien, Leopold Weiss, sillonne le Moyen-Orient et rédige des carnets pour la Frankfurter Zeitung. De Jérusalem à Malte, en passant par Le Caire et Damas, en train, en voiture, à pied, il parcourt sept mois durant la Palestine alors sous mandat britannique. Son récit tient à la fois du journal de voyage classique (lieux visités, portraits de personnages rencontrés) et de réflexions plus politiques.

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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Que savons-nous des Arabes en Europe ? Nous arrivons avec de quelconques notions romantiques – et si l’on veut parler encore plus précisément et honnêtement, sans notion du tout. D’autant plus beau et plus touchant que vient ici à la conscience le fait que le mouvement arabe, ce mouvement tout simplement compréhensible de libération de ‘homme, n’est pas seulement une fantaisie politique, mais existe vraiment. C’est vrai : la légitimité d’un nouveau mouvement de ce genre est prouvée par son succès ; mais ce n’est pas le « succès » extérieur d’une réussite momentanée, il suffit plutôt déjà que les conditions internes du mouvement forment pour ses responsables une unité fermée ; où cela est-il aussi le cas, comme chez les Arabes ? Ils reconnaissent maintenant la nécessité de transformer leur particularité en activité, si elle n’a pas été absorbée par l’Europe envahissante, donc rendue improductive. Qu’ils ne e fondent pas sur les « réminiscences historiques », car ici le passé est passé depuis quand même trop longtemps, peut expliquer déjà en partie l’uniformité du courant actuel. (En Europe, c’est précisément l’inverse : le recours au passé doit apporter l’ivresse nécessaire des masses, puisque la communauté actuelle n’est de loin pas assez convaincante pour être elle-même une flamme.) Et alors : ce que les Arabes exigent est en effet si simple que l’adversaire (ici en Palestine, l’Angleterre, le sionisme) ne pourra pas à la longue réunir beaucoup d’énergie pour réduire au silence les désirs et les forces... C’est si simple que cela se transmet d’homme à homme en merveilleuses lignes droites... Et c’est si simple qu’il n’y pas besoin ni dans l’enfant ni dans le vieillard d’auto-excitation réactionnaire pour conserver intactes tension et exigence. Je ne peux rien prévoir de plus chez ce peuple à l’instinct sûr qu’une corruption interne. S’arrêter est à peine possible – mais chaque occasion peut servir à cet effet à fouetter la force vers l’avant. Comment appelle-t-on les hommes auxquels tout réussit en accord avec leur ligne de vie ? Un tel homme s’appelle probablement : béni des dieux. Les Arabes sont bénis des dieux. Mais seulement parce qu’ils n’ont pas fui la grâce qui est accessible à chaque créature. Et tous les péchés, même s’ils sont nombreux, ne peuvent atteindre la haute réalité de la ligne de grâce. (20 avril 1923, pp. 67-68)
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J’ai quitté le khan el-Hadrûr hier. La voiture s’est engagée sur les lacets bien dessinés, toujours plus profondément à l’intérieur des vallées. Le vieil Arabe à côté de moi chantonnait pour lui-même, puis bientôt à voix haute, puis de nouveau en sourdine. Dans la langue de ces chansons, qui ne sont ni joyeuses ni mélancoliques, dans les sons gutturaux ou nasaux, presque non-consonantiques, qui se mélangent, on trouve, de manière plus souveraine que dans la langue quotidienne, une merveilleuse expression de la vive nature arabe ; qui ne connaît pas de rupture entre hier et aujourd’hui, entre l’action et la pensée, entre la réalité objective et le sentiment personnel. Peut-être la raison est-elle à chercher dans le fait de savoir pourquoi les Arabes passent pour « non-intellectuels » auprès des Européens ? Justement, la condition du spirituel représente la rupture entre le matériel et l’essentiel dans des proportions plus grandes de beaucoup que celles de l’européanisme cultivé ; seulement là où cette rupture est mise en œuvre, les Européens commencent (la majorité d’entre eux) à prendre au sérieux « l’esprit » : ils l’identifient avec la « pensée » et l’utilisent pour se libérer du « matériel » et atteindre la souveraineté. L’Arabe au contraire, conduit par de larges instincts, dévoué sans mesure au présent, souverain avec la nature (et pas contre elle), ne connaît pas ce clivage. Pour s’en rendre compte, on doit voir les hommes – et on voit « l’esprit » dans leur journée sans rêves. Comment ils portent leurs vêtements, en dépit de toute mesure, chacun différemment ; comment deux hommes dans le train, pieds nus et déguenillés, prennent congé l’un de l’autre avec une délicatesse et une distinction incroyables ; ou comment leur rire est clair ; ou comment des porteurs halètent toute leur vie sous des charges énormes et restent cependant des hommes gais et bons. Naturellement, si tu veux voir les Arabes, ne prend pas en considération la minorité des « cultivés européanisés » parmi les citadins de Palestine ; ils sont, dans leur grande majorité, chrétiens et presque sans exception subissent la levantinisation, perdus dans un simili-monde ambitieux ; ils ne meurent pas, mais « ça » disparaît en eux. Et c’est bien de ça qu’il s’agit. (17 juin 1923, pp. 94-95)
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J’ai à nouveau un sentiment qui avait déjà émergé à Jérusalem : je me trouve ici au centre du monde. Non parce que, dans ce pays, le Christ a vécu, a prêché et a été tué sur la croix ; pas plus parce que l’histoire de mon peuple, le peuple juif, a pris naissance ici, s’est violemment réveillée et s’est violemment écroulée ; pas pour une autre raison. Je suis ici au centre du monde, parce que, dans la vie arabe, j’entends bruire le présent plus fortement que partout ailleurs – et qu’ainsi les choses atteignent, c’est certain, leur vraie valeur uniquement par l’importance qu’elles revêtent pour un individu : dans la plénitude présente de ce peuple arabe, et aussi en moi qui la perçois, se trouve – maintenant et pour l’instant – le centre du monde. (6 mai 1923, pp. 74-75)
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