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3,67

sur 68 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Sensible à la magie des mots, Jérôme Attal promène sa plume sur des terrains de toutes sortes : romans, nouvelles, poèmes, chansons – qu'il interprète parfois ! –, sans oublier les scénarios de films. Son dernier roman, 37, étoiles filantes, est l'occasion d'une agréable déambulation culturelle et romanesque dans les rues et les cafés de Montparnasse, un quartier qui, dans les années trente, était le centre névralgique de la vie intellectuelle et artistique à Paris.

J'ai ainsi croisé nombre de personnalités qui comptent dans l'histoire de l'art et dans l'Histoire tout court. Ils sont juste de passage et l'auteur les présente sous leur identité complète, nom et prénom. En revanche, les personnages principaux de l'ouvrage sont couramment désignés par leur seul prénom – Alberto, Jean-Paul, Diego, Henri-Pierre –, comme si moi, lecteur, j'étais devenu leur intime par la seule grâce de Jérôme Attal ; pardon, je veux dire : de Jérôme.

Tout tourne autour du sculpteur Alberto Giacometti, un géant ombrageux, dissimulant sa sensibilité derrière une grivoiserie dont le bon aloi n'est pas évident. Entre deux aventures féminines, il est à la recherche brouillonne de son style. En 1937, Alberto est loin d'avoir atteint la notoriété qui sera la sienne vingt-cinq ans plus tard, lorsqu'il aura réalisé L'homme qui marche, dont l'original est de nos jours la sculpture la plus chère du monde. Pour l'instant, Alberto serait plutôt l'homme qui marche en boitant à l'aide d'une béquille, car une voiture lui a roulé sur le pied et il porte un plâtre. Ceci dit, une béquille, ça peut servir à beaucoup de choses...

Jean-Paul, c'est Sartre. le futur pape de l'existentialisme est déjà le binoclard strabique et grimaçant dont la postérité sacralisera l'image à partir des années cinquante. Mais pour l'heure, il n'est qu'un simple prof de philo de lycée, en négociation avec son éditeur pour la publication de la nausée, son premier roman. Tout à son envie frénétique de démontrer sa supériorité intellectuelle, il tient des propos qui ne lui valent pas toujours des amis. C'est d'ailleurs le cas pour Alberto.

Diego est le frère d'Alberto. Il est sculpteur, lui aussi. Les deux frères vivent et travaillent ensemble dans un minuscule atelier à peine salubre. Timide et introverti, Diego n'est qu'un simple comparse, étouffé par la personnalité d'Alberto.

Beaucoup plus âgé, Henri-Pierre Roché (dont je dois avouer que j'ignorais le nom) promène avec élégance son personnage d'esthète bienveillant, de touche-à-tout talentueux, de riche marchand d'art et de séducteur impénitent.

Autour d'eux papillonnent des femmes : Isabel, Nelly, Olga, Julia, et d'autres. Séduisantes, séductrices, mystérieuses, elles sont modèles, mondaines, artistes... ou femmes fatales. Certaines pourraient même être des espionnes : c'est l'année 37, des puissances étrangères menaçantes activent des réseaux de renseignement. La tension monte. Les groupes et les partis politiques extrémistes grondent.

A Montparnasse, on préfère ne pas savoir. On s'amuse, les cafés sont pleins. Accompagnés de leur cour, artistes confirmés ou en devenir vivent la tête dans les étoiles sans souci du temps qui file. On parle, on parle, on chante. Avec humour, Jérôme Attal n'hésite pas à placer, dans la bouche de l'un(e) ou l'autre, des formules paraissant bien senties mais ne voulant rien dire : « la liberté c'est juste la possibilité non négociable de choisir sa propre servitude » ou « s'expliquer sur tout sans avoir le besoin de se faire un avis sur rien ». Parfois, c'est une sentence artificiellement prémonitoire : « dans le monde moderne, les cages d'escalier seront les nouveaux territoires apaches ».

La lecture de 37, étoiles filantes est un surprenant moment de plaisir. Les personnages virevoltent dans des péripéties tantôt cocasses, tantôt émouvantes. L'ensemble forme une fantaisie légère et jubilatoire. La syntaxe et le vocabulaire sont éblouissants.

Un récit à nul autre pareil, une écriture aérienne, une atmosphère germanopratine (l'esprit de Montparnasse ne s'est-il pas, après la guerre, déplacé à Saint-Germain-des-Prés ?). Voilà qui est de bon augure pour un grand prix littéraire cet automne.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Jérôme Attal nous offre une déambulation dans le Montparnasse des années 1937 et met en scène deux personnalités en passe d'être reconnues : Giacometti vs Sartre.
Tous deux se cherchent, aspirent à une renommée internationale, confie l'auteur.
Heureuse coïncidence, ce roman sort quand on vient d'inaugurer, à Paris, l'Institut Giacometti. On connaît ses sculptures de « l'Homme qui marche », mais ironie du sort, c'est hospitalisé, le pied plâtré, qu'Alberto se présente à nous. Il ne penserait pas quitter cette clinique tant il y est chouchouté. Pensez-vous donc, sous les blouses de ces nurses, «  on trouve la peinture de Cézanne » !

Mais l'insulte perfide de Sartre, qu'on lui rapporte le frappe, tel un uppercut, et déclenche son besoin impérieux de vengeance.
On le suit dans sa traque de l'ami/ennemi. Pas facile avec « sa sculpture portative », ses béquilles ! Réussira-t-il… ?
Son frère Diego, en son absence, recrute les modèles.
Mais les voilà au commissariat, inquiétés. Il ne fait pas bon pour un artiste d'avoir sa carte de visite retrouvée dans la poche d'une victime. Situation qui rappelle celle de L'écrivain national dont le livre avait été retrouvé chez des marginaux ! (1)
Vont-ils s'en sortir , les deux frères? Avoir des alibis convaincants ?
Sartre nous conduit chez le lunetier, à dîner chez Mauriac, ou encore chez le galeriste Baptiste Medrano où il s'extasie devant des Balthus inspirés par Emilie Brontë.
A noter que le déclic de ce roman, est dû à ce peintre qui divulgua dans un de ses entretiens la fameuse remarque perfide !

On s'attarde dans les cafés déjà célèbres de la Closerie, de Flore, (rendez-vous de l'intelligentsia), d'Alésia. L'écrivain, un tantinet séducteur, conseille pour plus de connivence de s'asseoir à côté de la personne : « Question d'odeur et de frottement ».

Autour de cette galaxie d'artistes, d'intellectuels, gravitent une constellation de femmes : nurses, compagnes officielles ou celles du bordel, belles de nuit, muses, modèles et peut-être une espionne. Et celle prise sans doute à tort pour une jeune fille juive qui, agressée, est sauvée par Alberto.
Avec Isabel, »la snobinarde », l'auteur glisse la note de « British touch » qu'il affectionne.
Sa passion invétérée pour la culture britannique, on la retrouve dans l'évocation des «  comic strips », de Buster Keaton et dans toutes ses pointes d'humour et les situations amusantes, cocasses.


Il explore les relations amoureuses, fragiles car nombreuses sont les tentations !
On croise le trio Simone/Olga/Jean-Paul, ce « bousier de littérature » « amoureux d'un castor ». Ne serait-il pas plus simple de s'aimer à trois ?!

L'auteur distille des réflexions sur la vie : «  La vie est un Luna Park, où l'on va d'une attraction à l'autre ». La création et l'écriture d'un roman : il évoque le choix du titre, nécessitant parfois de faire confiance à son éditeur, ainsi que le maelström qui vous saisit avant une publication. Et l'amour : « Les êtres qui s'aiment se déçoivent tout le temps ».
Des thèmes qui l'habitent de romans en romans. Il mise également sur la sérendipité des rencontres pour ses personnages : «  le hasard est un chemin ». Et on pense au poème de Robert Frost : «  The road not taken ». (3)

L'écrivain parolier ne peut que s'intéresser à la musique de l'époque, et nous rappelle que l'on doit le fameux « Au lycée papillon » à Georgius. Et la chanson de nous trotter dans la tête.


Jérôme Attal brosse en creux le portrait de celui qui rêve de devenir «  le prince de Montparnasse », qui tente de retrouver sa mobilité « tel un jeune albatros qui s'exerce au vol en trois bonds patauds ». Il nous le montre à l'ouvrage (« Le travail est la convalescence. »), les doigts en train de malaxer l'argile, sans relâche, avec pour but de « travailler de mémoire »,«  de saisir une image qui s'échappe », celle de Julia qui l'a mis «  dans un état second » et qu'il va tenter de retrouver pour lui offrir sa figurine. « Seul le travail lui permet de respirer ».
La dextérité des mains du sculpteur fait écho à une confession d'Alberto : «  J'ai toujours le sentiment de la fragilité des êtres vivants. Comme si à chaque instant il fallait une énergie formidable pour qu'ils puissent tenir debout, instant après instant. Toujours dans la menace de s'écrouler. Je le ressens chaque fois que je travaille ».
Cette fragilité renvoie à l'évanescence de ces étoiles filantes.

On devine l'amoureux de Paris qui a dû arpenter tout ce quartier maintes fois pour se l'approprier et mieux nous le restituer. Par contre plus de métro première classe !Ainsi, sur le pont Mirabeau, il zoome sur les sculptures de Jean-Antoine Injalbert.
Pour le provincial, se munir d'un plan aidera à mieux géolocaliser tous les lieux fréquentés et la pléthore de rues ! Il nous fait franchir la frontière intramuros et nous conduit jusqu'au « quartier des voitures » ( carcasses de voitures aménagées en logis) et dans cette zone architecturale nouvelle des HBM ( logement social à bon marché).

En filigrane, au gré d'articles de journaux, les remous dans l'Histoire se profilent :« En Espagne, on exécutait à tour de bras. Ce requin de Mussolini alignait sa trajectoire dans les visées d'Hitler ». Place à l'insouciance, «  dans cette mince languette d'une beauté sursitaire », « avant l'obscurité totale ».

Des années folles, où l'on virevolte, mais si « on ne peut pas passer sa vie à danser », Charles Dantzig déclare qu'« on lit un livre pour danser avec son auteur ». Rappelons le rôle des livres et des oeuvres d'art pour le galeriste Baptiste  Medrano: « éclairer notre grisaille ». Jérôme Attal y réussit avec brio. Il déploie tout son talent pour dérider nos zygomatiques, rebondissant sur les mots, sur la polysémie du terme correction, par exemple.
Il multiplie les comparaisons : «  le mec a l'intelligence d'un ticket de métro » «  les becs de gaz se succèdent comme les naïades de Busby Berkeley ». Il pastiche Hugo : « à l'heure où blanchit la mie du pain de campagne... ».

L'esthète manifeste une grande connaissance des arts, distillant de nombreuses références artistiques, goût très certainement hérité d'un grand-père peintre. ( Klimt, Rodin, Otto Dix, Duchamp, Van Gogh, Schiele, Derain, J.Waterhouse..)

Jérôme Attal signe un roman enrichissant, alerte, plein de verve, de fantaisie, qui nous permet une incursion dans l'oeuvre d'Alberto Giacometti, « pâtre à la tête frisée ».
Il revisite brillamment cette époque florissante, foisonnante, pour les arts et la littérature, année de l'exposition universelle, « perfusée à l'émulsion intellectuelle » (2). Et nous donne envie de nous replonger dans Sartre, et de visiter L'institut Giacometti.
Au final, il tient en haleine son lecteur qui guette le moment du duel !

(1) In L'écrivain national de Serge Joncour Flammarion et en poche J'ai lu.
(2) Expression de David Foenkinos dans sa chronique sur Gabriële, des soeurs Berest.
(3) Robert Frost : «  The road not taken », la route que l'on pas prise.
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Jérôme Attal nous propose ici un bien singulier voyage. Il s'agit de remonter le temps et de vivre le rythme effréné de l'Entre-deux-guerres dans le monde foisonnant de la Rive gauche parisienne.

Parce que le contexte est morose et que bientôt l'Europe va se couvrir d'un voile encore plus sombre, le milieu des artistes semble pris d'une frénésie extraordinaire. La guerre d'Espagne fait rage et le nazisme s'étend en cette année 1937, on a encore en mémoire le désastre de 14-18 et on craint un possible nouveau conflit. Mais Paris bouillonne de vie, de fêtes et de créations.

Jérôme Attal y embarque son lecteur, lui fait arpenter les rues, avenues et immeubles du Baron Haussmann, les cafés, terrasses ou même bordels... le lecteur visite littéralement l'architecture et le paysage urbain parisien. Il y croise aussi toute sa faune diverse et variée, en particulier les intellectuels et artistes comme Breton, Cocteau, Picasso... En cela, cette oeuvre est un tableau vivant et joyeux, mieux qu'un guide touristique !

Cette fiction, à la fois humoristique et tendre, met en scène deux figures de l'époque, Alberto Giacometti et Jean-Paul Sartre.
L'un est un Italien volubile au langage truculent, un séducteur, un amoureux, un passionné, un sculpteur qui compose les statues les plus petites possible.
Alberto a d'ailleurs le sang chaud et décide de se venger de Sartre qui aurait prononcé la phrase de trop, « Il lui est enfin arrivé quelque chose », alors qu'il vient de se faire broyer le pied par une Américaine dans une américaine.
Sartre se cherche. Il n'est pas encore le penseur de l'existentialisme mais il veut déjà se faire un nom. Il est laid, binoclard, orgueilleux, fourbe et se fait traiter de tous les noms par Alberto.
Le lecteur suit avec jubilation les péripéties de ces deux personnages drolatiques, qui se démènent dans cet univers haut en couleur.

Le langage est fleuri. Chaque phrase, chaque page, chacun des 37 chapitres est un tourbillon de drôlerie, un écrin d'envolées littéraires à déguster sans modération. Une gourmandise légère et aérienne qui promet un bon moment de détente.
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Un jour de 1937, Alberto Giacometti n'a qu'une idée en tête : casser la gueule à Jean-Paul Sartre car Jean Paul aurait dit sur lui 'qu'il lui arrivait ENFIN quelque chose " lorsqu'Alberto s'est fait renversé par une voiture et une américaine.
Il y a beaucoup d'humour dans ce livre, il est très bien écrit , on apprend un peu la vie des artistes pendant cette période d'avant guerre; beaucoup de légèreté.
J'ai très souvent rit sur certaines phrases,je l'ai lu en 2 jours , j'ai adoré .
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37, Etoiles filantes et sa couverture dont la photo annonce un récit empreint de fête en ces années 30 où les cafés de Montparnasse étaient le lieu de rencontre des artistes en tout genre. Mais en cette année 1937 c'est Alberto Giacometti que l'on suit, il vient de se faire écrasé le pied par une Américaine au volant d'une américaine. le problème d'Alberto aurait pu s'arrêter au simple désagrément de porter plâtre et béquilles sauf que son ami Jean-Paul Sartre a commenté devant beaucoup de monde la mésaventure de l'artiste en ces mots: "Il lui est enfin arrivé quelque chose!". Forcément ça ne plaît pas et dès sa sortie d'hôpital le sculpteur part sur les trace du philosophe pour lui casser la gueule.

Le lecteur arpente les rue de ce Paris de l'entre-deux-guerres à la rencontre de nombreux grands personnages qui ont fait les lettres françaises et la culture artistique de la France accompagné de Giacometti et de son désir de vengeance mais aussi d'amour. Car il est très ouvert à la gente féminine contrairement à son frère Diego timide et réservé, tenaillé entre son amour pour Nelly et la promesse de mystères. Sous couvert du litige entre Giacometti et Sartre c'est avec humour que l'auteur nous conte la vie de ces artistes, du Montparnasse en ébullition, des fêtes et débats en tout genre, de ces discussions enflammées entre intellectuels et de ces femmes qui entourent les artistes devenant muse ou trublion, le tout enveloppé de cette élégance des années 30 et d'un insouciance à toute épreuve. Non loin de là l'Allemagne s'agite, personne ne veut croire à une guerre pourtant nous connaissons la suite mais laissons nous emporter encore un peu par cette atmosphère délicieuse.
Lien : http://stemilou.over-blog.co..
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A partir d'un fait divers réel, ce roman de Jérôme Attal nous promène dans le Montparnasse de la fin des années 30, où L Histoire se profile, glissant au passage des anecdotes savoureuses de personnages célèbres qui fréquentaient ce quartier.
Une manière loufoque de parler de relations amoureuses ou houleuses, d'art ou de philosophie…
J'ai retrouvé le style léger de l'auteur et j'ai passé un bon moment de détente et de culture.
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Il faisait partie de ma liste d'attente depuis l'annonce de sa parution prévue pour le 16 août dernier. le jour J, j'étais tellement en avance qu'il n'était pas encore en rayon et qu'on me le donna tout frais sorti du carton. J'avais tellement aimé "L'appel de Portobello Road" que j'étais impatiente de retomber dans la magnifique écriture de Jérôme Attal. Et j'avoue d'emblée que "37, étoiles filantes" ne m'a pas déçue.

Comme tout un chacun, je connaissais Giacometti et à travers ce nom, "L'homme qui marche". Mais Alberto, al pour les intimes, que nenni ! Et c'est justement de lui dont il est question. Ce pauvre Al vient de se faire écraser le pied par une voiture conduite par une Américaine en état d'ivresse et se retrouve à l'hôpital. Lorsque Isabel, la jeune femme qu'il était sur le point de quitter, lui rapporte les propos fielleux de Jean-Paul Sartre à son encontre, il n'a de cesse de quitter ce lieu aseptisé – malgré les jolies infirmières qui le charment – pour aller lui casser la figure. Début tonitruant d'un roman qui ne l'est pas moins.

A partir de ce que l'on pourrait presque appeler un fait divers, l'auteur nous embarque dans une balade à travers le Paris d'avant-guerre – la seconde – du côté de Montmartre où se côtoient nombre d'artistes. Nous y rencontrons, donc, Jean-Paul Sartre tout occupé de son futur premier roman dont il rebat les oreilles de ses interlocuteurs. Nous apprenons l'origine du célèbre lieu "La closerie des Lilas". Nous croisons Henri-Pierre Roché, écrivain et collectionneur d'art, et bien d'autres. J'ai beaucoup aimé ce mariage entre littérature et arts plastiques, entre peintres, sculpteurs et romanciers, sans oublier les jolies filles pétillantes. Beaucoup d'Histoire – avec un grand H – aussi, où il nous parle de la montée du nazisme et des problèmes rencontrés par les juifs.

J'ai retrouvé avec bonheur l'écriture magique de Jérôme Attal, ses descriptions à nulles autres pareilles "Les sourcils en battants de porte, Jean-Paul s'extirpe de sa table de travail.",

"Olga est arrivée à Pris…La jeune fille a fasciné les deux professeurs par sa grâce athlétique, ses bras d'une finesse à périr, la pureté de sa silhouette et la vitalité de son tempérament. La perfection angélique de son visage ovale, sous la frange de cheveux blonds parfaitement lissés en rouleaux, gagne en accessibilité grâce à un petit nez en patate."

Ou encore ses expressions à contre-pied "Juste la lueur fastidieuse de la ligne de réverbères de la rue en contre-haut."

D'anecdotes humoristiques, en meurtre et enquête policière, nous naviguons dans un monde trouble où le meilleur s'acoquine avec le pire. Et la légèreté du ton, l'allégresse du rythme, la beauté des mots m'ont apportée un immense plaisir de lecture jusque dans les remerciements. Ces émouvants “RHUM-MER-CIMENTS”, reflètent l'âme de l'auteur et nous disent toute sa sensibilité.

Dois-je l'avouer ? J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman.
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Paris 1937, dans le Montparnasse de ces années d'après-guerre où la ville se reconstruit, où les fortifs des apaches et les quartiers insalubres disparaissent, au moment où l'horizon s'assombrit du côté de l'Allemagne avec la montée d'Hitler au pouvoir.
Une américaine perd subitement le contrôle de sa voiture et blesse Alberto Giacometti, un émigré sculpteur de son état, qui avait justement décidé de dire à son amie Isabelle qu'il la quittait. Il transporté à l'hôpital, là il se régale entouré d'infirmières toutes séduites par ce bel italien au visage de pâtre bouclé.
Mais quand son amie lui dit que Jean-Paul a déclaré Il lui est ENFIN arrivé quelque chose, son sang ne fait qu'un tour. Il n'a plus qu'une idée en tête, casser la figure à Jean-Paul et se venger de ces mots qui font si mal. Car en 37, les deux hommes sont en pleine ascension et doivent faire leurs preuves, colporter de tels ragots peut les couper dans leur élan vers la gloire, il ne faut donc rien laisser passer.
Voilà donc le départ de cette intrigue qui nous entraine dans le Montparnasse des artistes, aux côtés de Sartre et De Beauvoir, d'Antonin Artaud et ses dérives vers la folie, de Picasso et des frères Giacometti. Dans un Paris où évoluent des artistes qui nous émeuvent et nous inspirent encore aujourd'hui. Mais c'est aussi le Paris qui commence à accueillir les migrants venus de l'Est, à les voir partir aussi car l'ombre d'Hitler plane sur l'Allemagne.

chronique complète sur le blog https://domiclire.wordpress.com/2018/08/16/37-etoiles-filantes-jerome-attal/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Alberto veut casser la gueule de Jean Paul !!
Dans le Paris bouillonnant des années 30, à la veille de la guerre que personne ne veut voir venir, quelques jours en compagnie des frères Giacometti, Sartre, Beauvoir, et beaucoup d'autres au gré des rencontres aux terrasses des cafés de Montparnasse.
Une fois encore Jérôme Attal livre un petit bonheur de roman, une douceur comme une coupe de champagne bien fraiche (pas surprenant qu'il ait été invité par Amélie Nothomb lors de son Grand Atelier ;-) )en y insufflant sa poésie et son grain de folie.
Une course poursuite accrochée aux pans du manteau d'Alberto, qui traverse tout Paris, y compris en béquilles, pour venger l'affront.
Un motif somme toute bien futile mais qui nos laisse entrevoir les prémices des bouleversements à venir pour cette pauvre Europe.
Le tout s'achevant sur un réveillon de jour de l'an comme un feu d'artifice lumineux et magnifique avant de sombrer dans un avenir plus sombre.
Une vraie réussite et un grand plaisir de lecture.
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Cette chronique dort depuis six mois dans mes brouillons, il était grand temps de la terminer et de la publier. Jérôme Attal est un auteur que j'ai eu l'occasion de rencontrer en salon. Sa gentillesse et sa joie de vivre sont marquantes et le rendent instantanément attachant. Plusieurs de ses romans sont passés entre mes mains. Certains m'ont laissée sur ma faim, d'autres m'ont au contraire beaucoup plu. Les jonquilles de Green Park m'avait submergée d'émotion. 37, étoiles filantes fait également partie des belles surprises. L'auteur construit son roman autour de l'affront de Jean-Paul Sartre envers Alberto Giacometti. En effet, il aurait dit de lui « Ah, il lui est enfin arrivé quelque chose! ». S'ensuit une véritable chasse à l'homme afin d'en découdre et de rabattre le caquet du philosophe!

Jérôme Attal signe une comédie au rythme enlevé et à l'écriture vive. Les jeux de mots et les tournures de phrase cocasses ne sont pas en reste. Il appose ainsi sa patte si particulière pleine de fantaisie, d'esprit et d'absurde parfois. La course poursuite à travers le Paris bohème et artistique de l'entre deux-guerres nous permet de faire la connaissance de personnages hauts en couleur, à commencer par Jean-Paul Sartre et Alberto Giacometti. Ces derniers sont à un moment charnière de leur carrière, ayant tout juste acquis une certaine renommé. Ce roman est aussi une réflexion sur la liberté, sur la création et les tourments qu'elle génère. Les femmes ne sont jamais bien loin, aussi séduisantes que terriblement humaines.

37, étoiles filantes est une belle surprise. C'est avec une délicieuse fantaisie mais aussi avec beaucoup d'humour que Jérôme Attal nous conte la brouille entre Alberto Giacometti et Jean-Paul Sartre et nous fait découvrir le Paris artistique de l'entre deux-guerres. le romancier confirme sont talent d'écrivain. J'aime son esprit, sa créativité et son sens de la répartie.

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