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EAN : 9782490834020
312 pages
Panseur (15/01/2021)
3.95/5   11 notes
Résumé :
Orné d'une cicatrice qui le balafre, L'Ouïe est reconnaissable entre tous. Bon soldat, il déambule dans les rues, il veille à ce que les enfants jouent en sécurité, que chacun ait sa place dans la communauté et que le pouvoir de Mohamed soit respecté. Mais la guerre fait rage.
Subversifs, les Poètes soufflent leurs vers et détruisent dans de terribles explosions toute forme d'autorité. L'Ordre est menacé. Les Poètes sont traqués, réduits au silence, jusqu'au ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ce que j'ai ressenti:

« Nous avons besoin d'un coeur, L'ouïe, car c'est l'émotion qui soulève les mots et les fait voler. »

Et si…

Et si j'étais moi et si j'étais elle. Et si j'étais je et si j'étais rien. Et si j'étais Poète et si j'avais le souffle, j'écrirai des mots, comme on panse le monde. J'écrirai des mots, comme on existe. J'écrirai, je désobéirai, je ragerai, je raillerai, je dirai, j'empêcherai la beauté de s'éloigner. Et si j'étais elle, j'aurai crié, j'aurai aimé, j'aurai pleuré. Et si j'étais moi, j'aurai aimé sortir des marges, et sauver ce qui peut encore l'être…Le paragraphe peut bien s'écrire sans moi, les On qui s'égarent, peuvent-ils encore s'envoler?

Et si j'étais L'ouïe et si j'étais le sujet, qu'aurais-je fais? Et si j'étais Correcteur et si je tais mes mots, qu'aurais-je pensé? Et si j'étais Sujet, et si je parlais, qu'aurais-je panser? Et si j'étais Poète et si j'avais existé, je délivrerai des maux, comme on respire les pages. Je délivrerai des mots, comme on vit. Je délivrerai elle et les poètes, je me battrai pour que les figures de styles, les métaphores, les adjectifs, le Verbe reste, mais où, je mettrai les majuscules? Je ne suis pas l'Ordre, et je ne le ferai/serai probablement, jamais…Le texte peut laisser des traces, mais si le sens disparait, que ferais-je du silence entre les lignes?

Et si, et si…

Et si, j'étais lectrice, je vous dirai que je suis Coeur qui bat. Je vous dirai que l'émotion est là. Que sans elle, sans le palindrome, sans la belle, rien ne vaut cet instant. Être quelque part, entre l'histoire qui s'écrit et celle qui se vit, être dedans et en dehors, mais être au plus près de la sensation de lire quelque chose d'exceptionnel. D'inédit, d'original, de singulier. de fabuleusement, rare. Et ce n'est qu'en devenant lectrice, que l'on peut faire vivre ces personnages, que l'on peut sentir la vibration de la poésie, que l'on peut saisir la portée des mots, que l'on peut entendre la sonorité de l'envolée…Alors, quitte à mourir demain, quitte à être effacé, je voudrais que l'encre que je laisserai vous fasse voir, qu'il y a eu Coup de Coeur avec le Panseur de mots.

« Mais que sont des mots s'ils ne sont pas entendus? »
Lien : https://fairystelphique.word..
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Le narrateur est un adjectif, l'adjectif belle. Il croise la route du L'Ouïe, Correcteur impitoyable connu pour traquer les Poètes. « Les Correcteurs signent leur présence par l'effacement qu'ils imposent. » (p. 107) Mais voilà qu'après un terrible combat, L'Ouïe décide d'épargner un de ces Souffleurs de Vers. Avec l'aide de belle, il le cache de Mohamed. Ce dernier, Sujet tout puissant Du Livre, entend faire respecter sa position et, tout autour de lui, c'est l'oeuvre qui se tord et se transforme selon ses volontés. belle devient Belle, puis elle, puis un palindrome parfait et enfin presque une simple lettre, proche de l'effacement. La sauver tiendra du miracle, mais nombreux sont ceux qui oeuvreront en ce sens. « Je me sens comblée, emplie pour la première fois, sans doute parce que L'Ouïe me voit comme le sujet de mon verbe. » (p. 71 & 72)

Le texte s'achève sur l'autrice, littéralement. C'est Isabelle qui nous parle, qui nous parlait depuis le début et toute l'oeuvre devient une sorte de métatexte autour de l'écriture elle-même. le combat entre la prose et la poésie est l'acte même d'écrire réalisé par Isabelle Aupy. « Une histoire ne survit que si elle est entendue, et ne sera écoutée que si elle contient celui qui l'écoute, ne fût-ce qu'en partie, ne fût-ce que dans son mensonge. » (p. 111) le roman est clairement un exercice de . Entre ces pages, les signes de ponctuation sont incarnés et les protagonistes sont des mots : adverbe, adjectif, mode, etc. le Livre n'est pas le support, il est le lieu des événements. « Cette marque est un saut de ligne... Notre refuge en cet instant de répit où le Livre se pose et le Lecteur prend le temps de penser ce qu'il vient de lire. Nous sommes où le Paragraphe se termine pour changer de Sujet. » (p. 145)

L'autrice joue avec et se joue de la mise en page, des mots, des sonorités et du sens des mots pour donner à ces derniers une signification nouvelle, plus profonde, parfois revenue à leur origine. « Nous sommes faits d'encre et soumis aux règles. Nous naissons d'une main commune, nous mourrons pareillement. Nous avons peur de l'oubli, de l'effacement, de ne servir à rien. Tous, nous espérons exister dans le regard de l'autre : le Lecteur. » (p. 58) Cette lecture est agréable, mais peut-être un peu trop longue. Après 150 pages, les jeux sur le texte surprennent moins et deviennent un peu artificiels. En resserrant son récit, l'autrice lui aurait plus de force et d'éclat.
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Une sacrée claque littéraire ! le Panseur de mots vous propose de plonger dans la substantifique moelle de la fiction. Exigent, il demande au lecteur de baisser les armes et de se laisser emporter par la main au royaume de la métaphore filée.

La première partie du roman se passe au coeur d'un texte : le décor est la page, les personnages les éléments de ponctuation et les mots. Au coeur du paragraphe, les poètes et leur licence défient l'autorité, et les correcteurs sont là pour faire régner l'ordre : ils biffent, corrigent et terrorisent tous les mots écrits, qui tiennent à leur intégrité, leur survivance, le sens qu'ils portent et leur rôle dans l'histoire.
La narratrice est [i]belle[/i], un adjectif qui s'accorde en genre et en nombre avec le nom qui l'accompagne. Est-elle seulement cela, soumise aux désiratas de qui choisit le Nom auquel elle s'accordera ?

Outre un beau moyen de réviser sa grammaire (ou pas), le Panseur de mots réussit l'exploit de déployer une véritable épopée émancipatrice, par-delà le langage. C'est un excellent hommage à l'écriture, à la fiction, au lieu du livre.

Avec ce second roman, Isabelle Aupy confirme son talent de conteuse, déjà éclos dans L'homme qui n'aimait plus les chats. À nouveau porteuse d'un message fort et engagé, l'autrice dévoile cette fois sa maîtrise du langage, et réussit la prouesse d'emmener son lecteur jusqu'au coeur de l'acte d'écrire.
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Quelle prouesse technique!
Mais peu importe la technique, le propos n'est pas là, même s'il impressionne la rétine et la cervelle!
Quelle émotion surtout!
Dans un premier temps déroutant, l'Auteure se sert des mots, des verbes, des pronoms, de la ponctuation, comme autant de personnages de l'intrigue, ce qui peut rendre la lecture hésitante pour ma part, avec parfois le besoin de revenir en arrière quand on en comprend mieux les codes, et que l'on veut être certain de n'avoir rien manqué à la compréhension de cette histoire hypnotique!
Très vite, franchie cette première surprise, on ne lâche plus le livre, quel meilleur baromètre que celui ci quant à l'appréciation d'un roman?
L'auteure se livre ici à une introspection dans le labyrinthe de son imagination, comme nous en faisons chacun en pensées, certains d'entre nous rêvant d'avoir le talent de le transposer à l'écrit, à l'écran, ou sur une toile.
Elle parvient ainsi à nous faire pénétrer son royaume intérieur, comme dans un rêve ou tout est envisageable pour peu qu'on lâche prise.
Mise à nue particulière aussi, sa vision à Elle, ses maux et son parcours propre, impudique et touchant.
Ce livre mérite d'être lu, et peut-être plutôt deux fois qu'une...(pas vrai les triplets?)
Un deuxième opus époustouflant d'Isabelle Aupy, bravo vraiment!
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Récupérer hier matin à la librairie, attaqué vers 15h et je ne l'ai plus lâché... Envoutement ?.. Je viens juste de le terminer. Il est tellement, tellement, je ne sais pas comment dire...
Ce Livre n'est pas un simple livre, c'est bien plus que ça, tellement plus que ça : une mise en abîme, un truc de ouf, une performance, un combat, un récit aussi, un chemin, bref, une seule chose est sûre : je n'avez encore jamais rien lu de semblable !

Faut pas que j'oublie de vous signaler que le panseur de mot est une belle et grande leçon d'écriture, en plus de tout le reste... et peut-être avant tout le reste... et aussi un hymne à la poésie et aux poètes.

Après l'avoir englouti, je vais le digérer un peu.
Puis, l'ouvrir à nouveau pour le déguster.
Puis, sûrement que j'en reprendrais une troisième fois, parce qu'il y a vraiment plusieurs angles de lecture.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
« Nous sommes faits d’encre et soumis aux règles. Nous naissons d’une main commune, nous mourrons pareillement. Nous avons peur de l’oubli, de l’effacement, de ne servir à rien. Tous, nous espérons exister dans le regard de l’autre : le Lecteur. » (p. 58)
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Mais que sont des mots s’ils ne sont pas entendus?
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Les mots disparaissent, aspirés par les Poètes.
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Combien de temps s'est écoulé ? Le temps ici est une notion aléatoire. Parfois, il s'accroche aux lettres, comme un regard plus posé, plus intense; parfois, il s'interrompt comme une page qui se referme avant de s'ouvrir à nouveau. Le rapide peut s'étaler en longues phrases, et la durer ne s'imprimer qu'en saut de lignes. Le temps passe en écho de mots plus qu'en minutes.
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« Cette marque est un saut de ligne… Notre refuge en cet instant de répit où le Livre se pose et le Lecteur prend le temps de penser ce qu’il vient de lire. Nous sommes où le Paragraphe se termine pour changer de Sujet. » (p. 145)
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Isabelle Aupy vous présente son ouvrage "L'homme qui n'aimait plus les chats" aux éditions Folio.
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