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4,14

sur 2713 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Walter Elliot , veuf, noble et propriétaire d'une immense et belle maison est obligé de la mettre en location pour garder un train de vie correspondant à sa position. Il est père de 3 filles , deux sont mariées selon les convenances, mais la troisième Anne , à 27 ans ne l'est a encore. Pourtant, elle aurait pu car elle était tombée follement amoureuse de Wentworth, mais ce dernier ne correspondait pas à l'époque aux critères d'un bon mariage au vu du statut de Anne. 8 ans plus tard Wentworth est devenu capitaine, mais que vont donner ses retrouvailles avec la famille Elliot ?


Jane Austen, assurément est un maîtresse dans l'art de décrire la société et les caractères des gens. J'ai beaucoup aimé sa façon de travailler ses personnages. Leur psychologie est très intéressante, et même si parfois on pourrait penser qu'elle pousse le bouchon un peu loin, je pense sincèrement qu'il n'en est rien. Elle m'a beaucoup fait rire avec sa démonstration qu'il faut être beau pour vivre dans une belle maison.
Et puis l'auteure nous démontre que les apparences sont parfois trompeuse. Que le statut, le gain du pouvoir et de l'argent peuvent parfois amener les gens (homme ou femme) a des agissements pas toujours très moraux.

Et puis la plume de Jane Austen est juste un régal, du plaisir à l'état brut.
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Quel talent, quelle plume ! Combien d'auteurs contemporains seraient près à vendre leur âme au diable contre la moitié du talent de Jane Austen ?

Si Elizabeth Bennett est piquante, sarcastique et pleine de charme, Anne Elliot est douce, sensible et sensée, sage et encore belle malgré ses 27 printemps (un âge où, à l'époque, une célibataire a tout lieu de croire qu'elle le restera). Comment une héroïne si parfaite peut-elle émouvoir le coeur du lecteur ? Tout simplement parce que ses doutes et sa modestie nous la rendent plus crédible, plus réelle. On s'attache à cette femme intelligente et profondément bonne comme à une amie fidèle et sincère. Elle mérite l'amour du capitaine Wentworth comme aucune autre.

La plume toujours acérée de Jane Austen face à la société bourgeoise et aristocratique de l'époque est, là encore, bien présente; mais l'auteur semble avoir mis toute la sagesse de son « grand » âge dans le caractère de l'héroïne de « Persuasion ».
Un seul reproche vis-à-vis de ce roman : je suis obligée de le rajouter à ma liste pour une île déserte !
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Veuf et père de trois filles, le baronnet Walter Eliot est ruiné. Il doit laisser sa propriété en location pour se retirer à Bath. Sa fille Elisabeth le suit tandis que ses deux autres filles restent dans la région, Ann toujours célibataire à 28 ans trouvant refuge chez sa soeur Mary.

Les nouveaux locataires de la propriété arrivent, il s'agit de l'amiral Croft et de sa femme. Celle-ci a un frère, le Capitaine Wentworth, qui a été fiancé il y a quelques années avec Ann. Celle-ci n'avait pas donné suite à cette liaison, suivant l'avis de son amie, Lady Russell, qui trouvait le capitaine d'un rang inférieur indigne d'Ann.

Mais les années ont passé, le capitaine rend visite à sa soeur, il a réussi et s'est enrichi, il cherche à se marier. Anna n'a pas oublié Wentworth...


Ce que j'en pense :

C'est le deuxième roman de Jane Austen que je lis, et je l'ai beaucoup aimé.

On retrouve une description précise de la société de l'époque, avec les nobles attachés à leurs privilèges, la nécessité pour les filles de se marier avec quelqu'un de leur rang, ou à défaut un homme qui a une belle situation donc beaucoup d'argent.

Les personnages sont bien étudiés, leur fonctionnement psychologique, leurs qualités et leurs défauts, leur snobisme. L'auteure dépeint très bien les relations familiales, la fille aînée dominatrice qui forme pratiquement un couple avec son père, la deuxième soeur, Mary qui s'est « richement mariée » à Charles et qui est énervante au possible avec sa personnalité histrionique, (elle aurait beaucoup plu à Freud), toujours malade pour qu'on s'occupe d'elle, occupant le plus possible le devant de la scène) au détriment de notre héroïne, Ann.

Ann est une personne posée, qui réfléchit, toujours dans l'empathie, prête à s'effacer pour les autres. Elle lit beaucoup, des poèmes, de la prose mais ne peut partager cela avec personne dans la famille. Elle est tellement différente.

Jane Austen parle très bien de la persuasion : comment une personne peut faire taire ses sentiments sous l'influence de son entourage. Il y a la famille qui veut absolument pousser Ann à renoncer à son amour pour le capitaine uniquement au nom du prestige du titre, pour le père qui est baronnet, au nom de la mésalliance aussi pour Elisabeth, car ils sont, tous deux, très vaniteux. Il y a la persuasion dans l'intérêt d'Ann, par erreur de jugement comme le fait l'amie dévouée Lady Russel. « Elle se soumit en silence, mais profondément humiliée »

Il y a aussi l'auto-persuasion : Ann essaie de modifier son propre raisonnement, ses sentiments parce qu'elle-même est convaincue qu'elle ne peut pas intéresser les autres, en particulier le capitaine. Parfois on se demande même si elle n'agit pas de façon sacrificielle.

L'auteure nous livre aussi une réflexion sur la soumission par rapport au courage, la patience, la résignation, l'altruisme qui sauve.

On voit les personnages évoluer, quand ils en sont capables, par touches successives, les mots échangés timidement, les mains qui se frôlent. Parfois, l'auteure ne fait que suggérer et on voit les choses changer. Parfois, Ann peut irriter le lecteur, car on pourrait la croire faible et immature, alors qu'elle est mal à l'aise dans sa famille bouffie d'orgueil, qui juge les gens selon leur rang.

Jane Austen est en avance sur son époque, elle nous parle du pouvoir des livres sur l'esprit, comme on parle aujourd'hui de l'effet thérapeutique des livres, la préférence pour la prose à la poésie dans certains états émotionnels.

On retrouve dans « Persuasion » le thème des deux prétendants, l'un sincère, vraiment amoureux, l'autre manipulateur qui intrigue pour arriver à ses fins : le bon et le méchant, face à la jeune fille timide. Ce n'est peut-être plus aussi caricatural dans la société moderne mais est-ce bien sûr ?

Les descriptions des lieux, (notamment Lyme, Charmouth dans le chapitre 11) des personnages sont excellentes, et j'ai dévoré ce livre avec le même enthousiasme que « Raisons et sentiments » il y a quelques années. C'est une plume que j'ai eu du plaisir à retrouver. Je pense que je vais lire toute l'oeuvre de Jane Austen en gardant pour la fin « Orgueil et préjugés » qui est le meilleur semble-t-il. (En tout cas j'ai adoré le film). Ils sont tous téléchargés sur ma liseuse. Je viens de commencer: "Emma".

Note : 9,2/10 Coup de coeur bien sûr!

Challenge 19e siècle


Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Si vous ne connaissez pas Jane Austen, si vous n'avez jamais lu Persuasion, je vous envie...
Non, je ne blague pas ! Découvrir un tel talent, pouvoir le lire, vierge de tout souvenir, j'en rêve .
Je l'ai lu , relu et vu l'adaptation qui en a été faite pour la télévision (BBC) avec Sally Hawkins et donc je ne vais pas pouvoir le relire infdéfiniment, l'histoire reste en tête longtemps après.
Quelle beauté dans l'écriture, quelle finesse d'observation, quel humour tout en retenue, quelle romantisme. Il fût publié en 1818 , soit un an après la mort de Jane Austen.


Anne est la deuxième fille d'une fratrie de trois, sa mère est morte lorsqu'elle avait quatorze ans. Sa soeur ainée forme presque un “couple” (en tout bien tout honneur ) avec leur père, ces deux-là s'entendant à merveille, pour parader, s'amuser, bavasser, s'admirer, gaspiller en plaisirs égoistes l'argent du ménage sans que jamais Anne n'en profite. Aussi beaux et vaniteux tous les deux, ils ne font pas grand cas de Anne.
La soeur cadette, Mary, est mariée et a des enfants.
Il y a huit ans, Anne était fiancée au Capitaine Wentworth, hélas son père, et une amie très chère l'ont dissuadée de l'épouser, le jeune homme n'était pas du même milieu. Depuis, Anne s'est faite une raison, mais la vie est dure pour les femmes non mariées, qui sont souvent déconsidérées.
Obligés de réduire leur train de vie, Elizabeth et leur père, iront à Bath, tandis qu' Anne ira décharger sa soeur Mary de ses tracas familiaux.
Bonne, généreuse et dévouée Anne..
Leur domaine sera loué à un amiral dont la femme n'est autre que la soeur du capitaine Wenthworth, qu'Anne craint de revoir, ses regrets et son amour pour lui n'ayant pas faibli . Leur monde étant un tout petit monde, elle sera amenée à le fréquenter de mille et une façons.

Dans une époque où le mariage est considéré comme la seule façon pour une femme d'être protégée financièrement , dans une époque où 28 ans, c'est vieux, Anne n'est "presque rien", une vieille fille... Jane Austen en fera une subtile étude de moeurs, une photographie sans concession d'un instant T dans la campagne anglaise au 19° siècle.

- Jubilatoire, tous ces gens qui ne travaillaient pas et qui passaient leurs temps à se rendre visite, confrontés à un autre monde qui émerge , celui des travailleurs, des militaires qui ont réussi , qui ont pris des risques et qui se retrouvent, certains, presque au même niveau de richesse qu'eux. La suffisance des nobles est excellemment montrée.
- Jubilatoire, ces femmes exaspérantes de politesse ou tombant dans les pommes au moindre “choc”, à la moindre contrariété, souvent pour n'en faire qu'à leur tête, jouant les faibles pour imposer leur bon plaisir, leur volonté avec force,parce que la société ne leur laissait pas le choix.
- Amusant cette comparaison, qui est faite avec l'accumulation de miroirs dans une salle de bain entre le père de Anne, et son locataire Souvent ce baronnet m'a fait penser à un personnage de Molière, un précieux, ridicule...
- Et évidemment superbe cette profonde histoire d'amour, avec ses soupirs, ses hésitations, ses peurs, ses préjugés, l'orgueil .

Quel talent ! Quel plume, que dis-je : quel scalpel , cette précision, cette délicatesse, cette intelligence, cette malice...
J'aimerais tout oublier, pour pouvoir le relire, le relire, le relire...
Il n'y a pas un mot, une virgule, une idée qui sonne faux.
Lire chaque ligne est un enchantement , chaque phrase pétille autant que des bulles de champagne.


Adapté par la BBC,avec Sally Hawkins dans le rôle de Anne,
il a fait l'objet récemment d'une autre version, sur Netflix, avec Dakota Johnson dans le rôle de Anne, Henry Golding et Cosmo Jarvis , Richard E. Grant et Suki Waterhouse. ...
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J'aime tous les romans de Jane Austen mais je vénère "Persuasion", je pense que c'est mon préféré. Plus humble, plus discrète, plus émouvante que Lizzie, Anne dégage un charme puissant et que je qualifie d'irrésistible.

Sa maturité, née de sa douloureuse expérience d'un premier amour blessé, est elle aussi plus puissante et ses réflexions sur la vie, le remords, les regrets la rendent encore plus humaine aux yeux du lecteur, encore plus femme si je puis dire. Certes, elle a 28 ans, un âge déjà "mûr" pour l'époque, et c'est sans doute pour ça que nous accordons à ses sentiments une attention que nous refuserions sans doute à ceux d'une oie blanche.

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Relecture du 06/01/2020

Je l'ai peut-être déjà dit sur Babelio, je suis tombée toute jeune dans la marmite de la potion magique dont seule Jane Austen détient la recette. Et les effets ne se sont pas fait attendre : comme Obélix, on ne sent invincible après la lecture d'un de ses romans. Jane Austen a inventé le feel-good avant l'heure, elle a sublimé le sentiment amoureux dans toute sa progression, de sa naissance à son épanouissement. Lire Jane Austen, c'est accéder à un univers tout en délicatesse mais sans mièvrerie. Oui, on y parle mariage car c'était le grand enjeu de la femme de l'époque (ou de 95% des femmes, ce qui revient presque au même), mais on y parle surtout de relations humaines qui rendent les pages vivantes, les danses de salon stimulantes, les tea times savoureux et pas seulement du fait des scones recouverts de crème épaisse et de confiture de fraise.

L'histoire d'amour entre Anne et Wentworth est vraiment belle et poignante parce que c'est l'histoire d'une passion adulte qui a survécu à l'échec d'une passion de jeunesse. C'est toute la complexité des émotions qui s'invite dans le récit et invite le lecteur à s'identifier, à s'indigner, à espérer et à s'attacher. N'est-ce pas tout cela la marque d'un grand roman ?

Challenge AUTOUR DU MONDE
Challenge SOLIDAIRE 2020
Challenge MULTI-DEFIS 2020
Challenge XIXème siècle 2020
Challenge PLUMES FEMININES 2020
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C'est un roman que j'aime davantage chaque fois que je le lis.
Persuasion est en effet une très belle histoire d'amour, peut-être la plus romantique parmi les romans de Jane Austen. Et Anne Elliott, héroïne un peu effacée à première vue, est décidément ma préférée.
L'intrigue est en outre relevée par le talent de l'auteur à manier l'ironie et par des personnages secondaires hauts en couleur dans une société où tout est réglé comme du papier à lettre.
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Plonger à nouveau dans l'univers de Jane Austen est un réel bonheur dont j'avais presque oublié l'étendue.
Depuis Orgueil et Préjugés, je n'avais pas eu le coeur d'ouvrir un autre livre de cette auteure tant je craignais la déception.
Le temps a fait son oeuvre et je n'en suis pas mécontente.
Cependant, je pense que si j'avais précipité cette rencontre avec Anne, elle n'aurait pas été aussi plaisante et probante.
Le caractère d'Anne, bien que différent de celui de la célèbre Elisabeth d'Orgueil et Préjugés, n'en est pas moins intéressant.
C'est plutôt la douceur et la sagesse qui caractérisent cette héroïne. Cependant on sent également un caractère fort et une âme pétrie de bon sens. Ce que j'aime particulièrement dans les oeuvres de Jane Austen, c'est le côté féministe qui s'en dégage alors que l'époque n'y est absolument pas favorable.
Le livre se lit très vite, car c'est un roman assez court. J'ai beaucoup aimé !

Challenge ABC - 2014-2015
Lien : http://uneautrelecture.blogs..
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Un merveilleux livre que j'ai savouré avec délicatesse car chaque mot, chaque phrase dans ce livre m'est apparu comme une boule d'oeuf qui faisait rebondir mon coeur à chaque minute. Mon attention a été emprisonnée en quelque sorte, que j'y suis allée aussi doucement, lentement et surement, mon seul souhait: ne laisser échapper aucun détail. On sent bien que tout détail a sa raison d'être, autrement dit j'avais peu peur de briser l'oeuf....oooooooohhhhhh

Au début, comme c'est dans mes habitude de ne jamais lire un livre car cela m'ennuie énormément, je lis trois ou plus de livres à la fois. Alors ce jour là Persuasion était mon troisième livre choisit, et je me rappelle qu'à chaque fois que j'essayais de le lire je m'arrêtais à la deuxième page sans jamais la finir non plus. Mais ce jour là je me suis dit que j'allais juste lire 50 pages, ensuite retrouvé les deux autres livres déjà entamés. A ma grande surprise, mon attention s'est détournée du livre que quand j'ai fini de le lire ...aaahhh...je l'ai lu, je l'ai dégusté d'un seul trait en dépit du ralentissement de mon rythme...

Un livre où chaque moment est précieux tant pour l'auteure que pour le lecteur. Un livre calme, paisible, agréable et sans prise de tête, on s'agite moins, les personnages sont présents à leur juste valeur. le plus fascinant est le cheminement, on avance tout doucement comme si on participait à l'évolution de l'intrigue dans le cerveau de l'auteure, la plantation du décor au début nous emmène doucement à découvrir une histoire d'amor qui subit des remontrances de la sociétés, de la bourgeoisie, des âmes perverses attachées aux matériels, aux titres et aux noms influents de l'époque.
Mais comme les deux âmes amoureuses, par leur perspicacité et leur bon sens, ont su garder leur amour pur, après huit ans de séparation (persuasion de la société qui condamnait à l'époque le déséquilibre de fortune dans un mariage), malgré la rancune du passé qui leur insinue une indifférence extérieure, elles n'ont pas hésité de craquer l'un pour l'autre lors de leurs retrouvailles et de laisser parler leur coeur...

Dans ce livre, on lit beaucoup plus les points de vue de l'auteure que l'imagination que peut produire dans une intrigue. Jane Austen nous ouvre ici une fenêtre d'un moment lointain où la quête des fortune justifie le mariage, la position de la femme est limitée à tout point de vue, la quête de l'héritage peut entraîner à une chasse à l'homme, et encore, et encore plus, l'auteure critique toujours sa société sur ce point: Fortune et titres ne garantissent pas l'intelligence de l'homme si bien ses héroïnes ne cherchent pas de princes charmants qui font battre leur coeur sans raison valable plutôt elles cherchent des hommes intérieurement suffisants à eux même.

C'est comme on le voit avec le capitaine wenvorth qui se voit refuser la main d'Anna parce qu'il ne présente aucune garantie de fortune. Parce qu'il est aussi un homme de grand esprit, cet échec attisera sa flamme de travailleur déterminé. Il accède enfin à une grande fortune au prix de son dur labeur. A ce moment, quand il revient huit ans après, personne ne pourra lui refuser la main cette fois-ci...
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Coup de coeur pour celui-ci!
Lu juste après Northanger Abbey, Persuasion a perdu en sarcasme ce qu'il a gagné en profondeur et je me suis plongée avec délectation et nostalgie dans la peinture de cet amour de jeunesse contrarié dont les moindres regards, gestes, mots et expressions sont décortiquées par Anne, quand elle retrouve, 8 ans après, l'homme avec lequel elle s'était fiancée et qu'on l'a forcée à quitter.
Lui qu'elle pensait ne jamais revoir, parti en mer, revient après avoir gravi les échelons, devenu capitaine et toujours célibataire. Et le voici, froid, distant, tandis qu'elle-même se persuade que rien n'est plus possible entre eux, qu'elle ne l'intéresse plus, qu'elle est heureuse ainsi.
Ce pourrait être un récit de romance plutôt banal si ce n'était pas raconté par la plume magnifique de Jane Austen qui sait à merveille dépeindre à la fois les émois amoureux et leurs moindres manifestations avec une justesse incroyable. Je me suis sentie transportée par les péripéties que vivent Anne et Frederick Wentworth, leurs malentendus et leurs silences évocateurs et tout le temps de la lecture, je quittais le livre à regret pour le reprendre avec impatience... comment l'écriture de Jane Austen n'aurait-elle pas pu traverser les siècles tout en restant aussi fraîche et intense que ses premiers jours?
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Persuasion est peut-être le roman de Jane Austen que je préfère. À moins que ce ne soit Raison et sentiments. Ou Orgueil et préjugés. C'est toujours ainsi lorsque j'essaie de savoir lequel je préfère : je suis incapable de trancher. Les romans de Jane Austen ont beau paraître tous un peu semblables, chacun a un petit quelque chose de particulier qui le rend impossible à confondre avec les autres. C'est souvent la personnalité de l'héroïne (ou des héroïnes) qui fait la différence. Impossible de confondre Anne Elliot, l'héroïne de Persuasion, avec Elisabeth Bennett ou Elinor Dashwood, bien qu'elles aient beaucoup de points communs. Ce qui me donne une tendresse particulière pour Persuasion, c'est en grande partie son héroïne.

Anne Elliot est la fille cadette d'un baronnet archi-vaniteux. Elle-même est simple et discrète, elle aime la sincérité. Autant dire qu'elle a du mal à trouver sa place entre un père et deux soeurs tout gonflés de leur importance sociale (toute relative). Avec sa plume acérée, Jane Austen ne se gêne pas pour égratigner la vanité de ces petits nobles imbus d'eux-mêmes, incapables de gérer leur fortune, obsédés par les relations mondaines mais incapables de sentiments vrais et sincères. Dans ce milieu, Anne Elliot paraît complètement déplacée.
L'intrigue de Persuasion commence alors que la famille de Sir Walter Elliot doit envisager de louer sa belle demeure pour éponger les dettes. Or, l'épouse du locataire, un amiral, s'avère être la soeur de Frederick Wentworth qui fut fiancé à Anne huit ans auparavant. Quoique profondément éprise, Anne s'était laissé convaincre par son amie Lady Russell de rompre ses fiançailles avec ce jeune officier de marine sans fortune et à l'avenir incertain. Hébergée chez sa plus jeune soeur non loin de la demeure familiale, Anne ne tarde pas à se retrouver face à face avec son ancien soupirant. Quelle douleur poignante, alors, de découvrir que, si ses sentiments à elle sont restés intacts, lui ne semble plus éprouver que de l'indifférence, si ce n'est du dédain à son égard ! Elle a même le chagrin de le voir en bonne voie pour épouser une autre jeune fille.

Si je ne me trompe pas, Persuasion est le seul des romans de Jane Austen à nouer une intrigue amoureuse entre deux héros qui se sont déjà rencontrés, aimés et même engagés l'un envers l'autre auparavant. Je crois que c'est un des aspects qui me plaît dans Persuasion. Au lieu d'être une histoire entre deux étrangers qui apprennent à se connaître et à s'apprécier ou entre des amis de longue date qui se découvrent des sentiments plus tendres, c'est l'histoire d'un amour brisé, une histoire de regrets, de rancune, une histoire apparemment sans espoir, finie avant d'avoir commencé. La fin est toujours très prévisible chez Jane Austen mais cela n'empêche pas notre petit coeur de battre au diapason de celui d'Anne, même quand on a déjà lu l'histoire de multiples fois. C'est tout l'art de la romancière britannique, son talent incroyable pour décortiquer les sentiments de ses personnages.

Au-delà de la romance, lire Jane Austen, c'est aussi se régaler de son ironie, de sa satire sociale et psychologique tout en finesse et de son style ! Pour la première fois, je me suis aventurée à lire Jane Austen en VO. J'avais entendu beaucoup de bien de son style et j'espérais pouvoir me rendre compte par moi-même. J'ai beau avoir une bonne maîtrise de l'anglais, j'ai failli caler. Finalement, en lisant d'abord le chapitre en français puis en anglais, j'ai fini par apprivoiser son style alambiqué et ancien au point de réussir à le lire direct en VO (ce dont je ne suis pas peu fière). Et je ne regrette pas du tout. Même si je ne suis pas capable d'en saisir toutes les beautés, j'ai pu vraiment admirer l'élégance de son style. La souplesse et la concision de l'anglais vont bien à son style plein d'ironie, de sous-entendus, d'euphémismes. On appelle l'anglais la "langue de Shakespeare" mais, sans vouloir déprécier le dramaturge, on pourrait aussi bien l'appeler la langue de Jane Austen. Si vous comprenez assez bien l'anglais, je vous encourage à tenter l'expérience de la VO, quitte à lire d'abord en français. Par contre, je déconseille de faire l'inverse. C'est ce que je faisais au début et la traduction française me paraissait alors lourde, maladroite, sans élégance.

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