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4,06

sur 1011 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Intensité des émotions, situations poussées à l'extrême, la panoplie italienne des machos et des lolitas, des mères reléguées aux taches ménagères. Ça aurait pu virer au mélodrame, mais ça lorgne plutôt vers la tragédie grecque revisitée grâce à une écriture au couteau, une acuité psychologique indéniable et des personnages qui nous séduisent.
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Au centre du roman, il y a Anna et Francesca qu'une amitié saphique protège du regard des hommes, obsédés et désoeuvrés. Elles vivent à Piombino, un reliquat d'Italie industrielle, fière de son hideuse aciérie et de ses barres de HLM avec vue sur la mer. Entre flirts et désillusions, elles font l'apprentissage de l'amour et de leurs corps qui changent, pour le meilleur et pour le pire. Dans ce livre, dont la plume est forgée par l'indignation, Silvia Avallone accable la génération Berlusconi et ses obscènes idéaux de célébrité factice et d'argent facile. le cynisme n'est pas le seul remède au désespoir, et la « Dolce Vita » n'a pas dit son dernier mot
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Si vous ne voulez pas avoir la gorge sèche et être sur le qui-vive, si vous souhaitez une lecture apaisante et sereine, ne lisez pas ce livre. Pour moi, c'est presque un coup de coeur.

Le titre si court soit-il impose déjà une chape, une ambiance lourde à laquelle on ne saurait échapper.
A première vue le soleil méditerranéen abrite les dernières années d'insouciance de 2 lolitas italiennes; pourtant cette période ne les épargne pas. Mais D'acier ce sont ces moments où l'on a envie de rentrer dans le monde des adultes sans en avoir encore tous les codes , ces moments où l'on essaie malgré tout de se cacher les conséquences possibles de l'insouciance: l'auteur a magnifiquement mené son numéro de funambule (sur un filin d'acier?), à osciller entre la candeur de ces adolescents et la dureté du monde au travers de cette usine.
Bien qu'en Italie, Piombino n'a rien de la Dolce Vita mais fait plutôt écho à Germinal (même si je ne l'ai pas encore lu). A Piombino, enfants, lolitas, adolescent(e)s en manque de repère, ou adultes désemparés, sur tous pèse une implacable et constante chape : chaleur, problème d'argent, de santé, familiaux, mais aussi travail oh combien éreintant, et Elbe qui les nargue, si proche...faut-il qu'ils aient des nerfs d'acier, pour survivre.
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Anna et Francesca sont deux jeunes italiennes de quatorze ans à peine. Elles vivent à Piombani, une ville industrielle de Toscane, au bord de lamer. Dans cette ville d'Italie, la vie est rythmée par l'aciérie qui fait vivre les familles.

Un peu trop sûres d'elles en raison de leur beauté presque provocante, les deux adolescentes croquent la vie à pleine dents. Elles rêvent de quitter la barre d'immeubles qui fait face à la mer, et dans laquelle vivent leurs familles. Englués dans un quotidien laborieux et sans fantaisie, les parents des jeunes filles n'offrent pas à leur progéniture un modèle de vie bien enthousiasmant. On comprend donc sans peine leur besoin d'évasion...

Ce qui fait la richesse de ce livre, c'est qu'il joue sur plusieurs tableaux. C'est un roman social, avant tout, évoquant une Italie industrielle bien loin des cartes postales. C'est aussi un roman qui décrit, avec une grande justesse, la période de l'adolescence chez les jeunes filles. Amitiés fusionnelles et parfois destructrices, difficulté de faire cohabiter un corps de femme et un cerveau qui n'évolue pas à la même vitesse... C'est vraiment un très beau roman, non dénué de poésie en dépit de l'environnement glauque qui en est son décor.

Une jeune auteure à suivre de près !

Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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Que rajouter à 92 critiques?
Que j'ai aimé ce livre?
Que le récit se trouve à une période charnière, pour Anna et Francesca qui quittent les jeux de plage et le collège pour très vite découvrir la sexualité et se construire une vie, choix simple pour Anna, la bonne élève, tellement plus désespéré pour Francesca.
Charnière aussi que cette année 2001, où la culture ouvrière communiste est encore prégnante, mais où l'Italie est emportée par Berlusconi....
Où on assiste sur l'écran de la télé d'un bar à l'écroulement des tours jumelles devant des italiens incrédules....
Fin d'un monde, il ne reste plus qu'un haut fourneau allumé, mais les délocalisations se précisent, les licenciements s'enchaînent...
Que la désespérance des barres de la via Stalingrado fait face à la mer et à la promesse de l'Ile d'Elbe.
Que j'ai été sensible à son évocation de l'acier, le titre n'est pas choisi par hasard. Coulées incandescentes comme la vie de ces jeunes qui se brûlent, de ces femmes déjà consumées à 30 ans, laminage et broyage des vies....
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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L'acier,
Comme la brûlure incandescente du soleil sur le métal en plein été;
Comme l'univers industriel et les barres d'immeubles;
Comme la barre de pôle dance d'un club miteux;
La vie quoi, dure comme l'acier.

On découvre la Toscane, mais pas celle de nos vacances, celle de la banlieue où la vie ne fait pas de cadeau. Et en même temps elle est à un jet de pierres des destinations qui nous emballent. L'Italie avec ce qu'elle peut avoir de miséreux socialement et économiquement.

La vie de 2 gamines qui veulent grandir trop vite -classique-, dans leur amitié fusionnelle qui cache plus que des problèmes d'adolescence, et que la vie ne va pas épargner. Une amitié comme un écran à la misère de leurs vies. Deux beautés qui contrastent avec la dureté de l'aciérie où travaillent tous les hommes du coin, faute de mieux. La joie et l'insouciance face au fardeau et la sombreur. Deux jeunes filles qui veulent vivre et pas seulement survivre.

Le livre dépeint également beaucoup de personnages secondaires intéressants. On suffoque avec eux de cette chaleur écrasante et de ce manque de possibilités de vies.

Une écriture droite, vraie et âpre. Un coup de poing dans la gueule comme ils en reçoivent, eux, trop souvent.
Comment grandir et avoir des rêves d'avenir quand celui-ci semble cadenassé à une vie moche et morne?
Un livre puissant comme une claque, qui remet les choses à leur place. Une analyse féroce incroyable de la part d'une auteure d'à peine 25 ans!
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Dans les années 2000, Piombino est une petite ville industrielle de Toscane où des barres HLM ont poussé en bord de mer, à proximité de l'aciérie, la Lucchini, une usine qui fait vivre toute la ville.
En face à quelques kilomètres à peine, l'île d'Elbe attire touristes et gens aisés et apporte son lot de rêve à ceux qui n'ont que leur balcon pour toutes vacances, mais personne dans la cité n'y va jamais.
Là, dans un des immeubles, Anna et Francesca sont deux gamines encore...Elle sont amies depuis leur plus tendre enfance. L'une est brune, l'autre blonde. L'une rêve de faire un jour de la politique, l'autre n'ose pas rêver de devenir mannequin.
A presque 14 ans, elles sont belles, attirantes mais ne le savent pas encore et vont le découvrir. En ce début d'été, elles chantent et dansent des après-midi entières devant la fenêtre ouverte, tandis que leurs parents travaillent, attirant les regards des vieux libidineux de l'immeuble d'en face.
A défaut d'être totalement innocentes, elles respirent la joie de vivre et attirent forcément les garçons de leur âge. Ensemble, ils passent l'été à jouer sur la plage, à plonger dans la méditerranée, à s'asperger et à courir... Avec leur maillot mouillé, devenus transparents, elles attirent forcément tous les regards...mais aussi les jalousies.
De temps en temps, elles s'éclipsent pour se rendre à des endroits secrets, petits coins de plage où personne ne va jamais, et là, elles laissent libre cours à leurs rêves. Comme toutes les adolescentes, elles aimeraient savoir de quoi demain sera fait et imaginent un avenir meilleur que celui qui les attend en réalité. Elles en deviennent émouvantes...
A la rentrée, Anna ira au lycée général tandis que Francesca s'inscrira au lycée professionnel !
Malgré qu'elles se soient jurées fidélité... leur amitié ne va pas résister à l'été, aux changements dans leur vie et à l'éveil des sens. Anna tombe amoureuse d'un copain de son frère, tandis que Francesca découvre qu'elle est profondément émue par les sentiments qu'elle éprouve pour son amie et qu'elle sent grandir en elle.
Mais en plus, rien ne va plus à la maison. le père de Francesca veille sur sa fille en observant tout à la jumelle. Il va tout faire pour les séparer accusant Anna de compromettre sa petite fille...et devenir violent quand elle lui désobéit.
Et le père d'Anna va choisir justement cet été-là pour s'éloigner de plus en plus de sa famille. Lui qui a toujours aimé flamber et attirer les regards va se lancer dans un trafic d'oeuvres d'art qui ne peut que lui attirer davantage d'ennuis...

On est loin dans ce roman de l'image idéalisée de la Toscane, telle que le touriste la découvre en voyageant.
Dans ces barres HLM qui dominent la plage, dans la puanteur des égouts et des cages d'escalier, la chaleur est insoutenable. La lumière trop vive de l'été ne peut plus longtemps cacher la noirceur du monde qui entoure les deux jeunes filles, une noirceur que le lecteur découvre peu à peu au fil du récit : petites combines, drogue, alcool, sexe, violence sont évidemment bien présents mais l'amitié et l'amour sont bien là aussi, ainsi que les rêves qui permettent à chacun, à son niveau, de supporter le présent.
Comment faire, quand on est si pauvre, pour sortir de cet engrenage qui est le leur et de cette cité dominée par l'aciérie toute proche, pour ne pas dire écrasée par elle, cette usine noire et brûlante qui donne pourtant du travail à tous les hommes de Piombino...
Comment faire pour les hommes jeunes, ou pour les pères, pour échapper, même quand on est rentré chez soi, au danger de l'usine, un danger physique et psychologique, à la chaleur étouffante des hauts-fourneaux, échapper aussi à la crise économique qui touche le secteur et va donc entraîner des licenciements, détruire des familles et des vies, amener les hommes à boire et à devenir plus violents encore.
C'est de ce déterminisme social auquel il est difficile d'échapper, que l'auteur nous parle, et, même si certains tentent l'impossible, la nature humaine, et la noirceur des âmes y trouvent-là prétexte à toutes les dérives...
C'est le premier roman écrit par l'auteur. Il a fait grand bruit à sa sortie en Italie en 2010, car il l'a propulsé sur le devant de la scène littéraire malgré les critiques qui ont trouvé exagérée sa façon de décrire cette ville industrielle de bord de mer.
L'écriture est incisive et tous les personnages sonnent juste.
La condition des femmes est particulièrement révoltante mais tellement réaliste. Jeunes, elles attirent le regard des hommes mais dès qu'elles se marient leur rêve d'être aimées s'amenuise au fur et à mesure qu'elles vieillissent.
Je n'ai pas trouvé comme j'ai pu le lire sur certaines critiques, que le roman tombait dans la caricature même si bien entendu on aimerait que chacun se comporte différemment.
C'est donc une fresque sociologique intéressante et un roman à découvrir pour la plume réaliste et humaniste de l'auteur.
Un film éponyme de Stefano Mordini, a été tiré de ce roman en 2013.
Peut-être l'avez-vous vu ?
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Je n'aime pas la photo qui orne la couverture de ce roman. Les deux amies dont D'acier raconte l'histoire ont 13 ans, bientôt 14 (et non pas 17 ou 18 comme les filles de la photo). C'est l'âge charnière où les filles basculent dans l'âge adulte, expérimentent un pouvoir de séduction tout neuf et qui les dépasse ... suscitent le désir des hommes mais sans encore savoir comment y faire face... mais elles apprennent vite... trop vite... L'autrice a su capturer et raconter avec tendresse cette année dans la vie de deux amies d'enfance, dans une petite ville industrielle d'Italie située en bord de mer. Mais, pas seulement: la vie économique à Piombino tourne autour d'une immense usine d'acier où l'on gagne mal sa vie. On y loge dans des immeubles en barres où les petits pissent dans les escaliers et où les ménages tirent le diable par la queue... Tout à la fois roman social, histoire d'amitié, roman initiatique, c'est un beau moment de lecture qui m'a touchée. Doux, mais dur.
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Bienvenue à Piombino, une ville industrielle face à l'île d'Elbe, et son horrible cité HLM en bord de mer, la via Stalingrado. Dans ce coin de Toscane, tout tourne autour de la Lucchini, une immense aciérie qui emploie la plupart des hommes de la ville. C'est l'été et les adolescents, désoeuvrés, traînent à la plage. Parmi eux rayonnent deux meilleures amies, Francesca, la blonde, et Anna, la brune. Elles ont presque quatorze ans, sont d'une beauté insolente et rêvent de s'évader de la cité ouvrière pour « devenir quelqu'un ». Leur vie ne va pas sans difficultés (un père violent pour la première, un père chômeur qui devient un escroc pour la seconde) mais elles croient encore que tout est possible. Elles sont à l'âge des premiers amours, des premiers choix importants dans l'orientation que l'on donne à sa vie, ce qui ne va pas manquer de mettre à l'épreuve la solidité de leur amitié si particulière.
Silvia Avallone signe ici un roman extrêmement juste sur le passage de l'enfance à l'adolescence et les tourments qui l'accompagnent. Les corps qui se transforment, les flirts, la première sortie au patinodrome, l'impression d'être seules au monde, tout cela sonne vrai et rend les deux personnages d'Anna et Francesca très attachants. L'amitié fusionnelle qui les unit et les aide à supporter leur quotidien est particulièrement bien rendue.
Mais ce récit comporte aussi une forte dimension sociale. Silvia Avallone a choisi pour décor le monde masculin et impitoyable de l'aciérie et de « l'Afo 4 », le dernier haut fourneau de la Lucchini, un personnage à part entière. L'usine italienne a été rachetée par des Russes qui envisagent de délocaliser la production et de licencier des centaines d'ouvriers. Cette composante sociale noircit encore le tableau désenchanté que l'auteur dresse de l'Italie de Berlusconi. L'acier envahit les esprits qui essaient d'oublier en se défonçant à la cocaïne ; il colle à la peau, fatigue les corps et va même parfois jusqu'à les engloutir.
Ce roman est une vraie réussite par son rythme, son écriture incisive et presque physique, et ses descriptions au plus près des personnages. La scène inaugurale où le père de Francesca espionne sa fille sur la plage à la jumelle, tout ruisselant de sueur et de désir, est impressionnante. La seule réserve à apporter est l'aspect parfois caricatural de certains passages: la relation entre l'ouvrier, Alessio, et Elena, la chef du personnel, issue d'une bonne famille, les mentions insistantes de la beauté d'Anna et Francesca alors que les autres filles sont décrites comme nécessairement laides, les hommes qui ne sont dépeints que comme des macho, des animaux, des menteurs. Mais à n'en pas douter, ce premier roman marquera les esprits.
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Nous voilà sur la côté italienne face à l'île d'Elbe. Il y a le soleil, la mer, un cadre idyllique? Et bien c'est plutôt le contraire... une plongée dans la fournaise de l'usine Lucchini, le monstre de l'acier qui broie impitoyablement les générations d'ouvriers. Les quartiers qui jouxtent l'usine sont des ghettos, abritant l'enfance et l'adolescence de nos deux héroïnes. Elles sont touchantes Anna et Francesca, amies depuis la maternelle. On apprend en frémissant que le père de Francesca la maltraite. Son seul espoir, finalement déçu mais temporairement, c'est Anna. Anna qu'elle aime. Mais Anna n'est pas prête ou pas encore. Et l'on suit Anna qui va à l'école, a un petit copain et avec angoisse Francesca qui arrête l'école et se fait embaucher dans une boîte de streap-trise. Ce roman est beau et dur, une plongée dans l'Italie de la misère.
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