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4,06

sur 1011 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Prix des lecteurs de l'Express 2011

" Tous les jours, la même histoire. L'éternel va-et-vient d'Anna et Francesca entre la mer et les cabines, les cabines et la mer. Sous la douche, derrière le bar. Puis de nouveau dans l'eau. Toujours ces mêmes allées et venues, Anna et Francesca devant, les mecs derrière. Et les boudins sont là à regarder. Lisa et les autres nulles, elles dont le corps aussi, d'ailleurs, commence à se transformer. Mais elles n'étaient pas les seules à regarder. Il y avait quelqu'un, au troisième étage du bâtiment numéro sept, qui fixait Francesca sans détacher les yeux." (p 110)

Qu'est-ce qui fait l'attractivité de ce livre qu'on ne peut pas lâcher avant de l'avoir terminé ? Car après tout, une histoire d'amitié entre deux filles de treize-quatorze ans, ce n'est pas forcément une denrée rare, et la sidérurgie n'est pas vraiment un bon thème littéraire...
Mais ici il y a, omniprésente en toile de fond, la ville de Piombino, la capitale italienne de l'acier, sur le littoral toscan ; acieries, forges et hauts fourneaux, dont on se demande si ce ne sont pas eux les personnages principaux du livre.
C'est là, chez Lucchini, qu'ils travaillent tous : il y a Alessio, le frère d'Anna, qui s'occupe du pont-roulant avec les câbles et les poches de coulée remplies de l'épais magma rouge et noir, Cristiano son copain d'enfance, déjà papa, qui conduit les gros Caterpilar, les bulldozers qu'il manie parfois comme d'énormes chevaux ; et puis Enrico, le père de Francesca, jusqu'à son accident.
Dans le cadre de la crise profonde du travail en Italie et de la menace de la disparition de la métallurgie, Sylvia Avallone a voulu rendre compte de ce qu'elle a vécu : des problèmes sociaux car difficile d'avoir des rêves dans ces conditions, et une précarité due à la fois aux dangers mortels du travail lui-même et à la possible disparition des emplois, mais alors, que deviendront-ils ?

Les deux filles sont Anna, la brune, la petite soeur d'Alessio, et Francesca, la blonde, fille unique ; leurs corps changent, elles asticotent les garçons et jouent au strip-tease devant la fenêtre ouverte de la salle de bain : " Cette espèce de furie qui accompagne l'éclosion du corps, quand tu as treize ans et que tu ne sais pas quoi en faire. Ta meilleure amie est là devant toi, frottant son ventre contre le tien. Elles s'enlacent et restent ainsi, à se câliner. Tombent dans une lenteur animale, un oubli." (p 37). Leur amitié, faite de sentiments tout de même assez ambigus, est la colonne vertébrale de leur vie...

L'été, pendant les vacances, c'est la plage, les jeux de ballon et les flirts ; et il fait chaud, très chaud : " A trois heures de l'après-midi, en juin, les vieux et les mômes allaient dormir. La lumière, dehors, était de feu. Assis devant la télé, les ménagères et les retraités en pantalon de polyester, les survivants des hauts-fourneaux, inclinaient la tête, asphyxiés par la chaleur." (p 20). A l'acierie, l'alliage en fusion est à mille cinq cent trente huit degrés, la chaleur est infernale, mettant les nerfs des ouvriers à très rude épreuve.
Au loin l'île d'Elbe, à quatre kilomètre seulement, mais dont les plages de sable blanc ne sont pas pour ceux travaillent aux aciéries ou vivent dans les barres d'immeubles...

Les parents des deux filles sont de véritables boulets : leurs mères encore ça pourrait aller ; mais leurs pères, elles les appellent les "babouins"... Il faut dire que celui d'Anna est un voyou, un joueur et un malhonnête qui vole et deale, celui de Francesca est un violent, il frappe la fille comme la mère, elles aimeraient le voir mort. Beaucoup d'hommes dans cette société marginale sont dominants, oppressants, comme l'usine

Et puis un jour, Anna est séduite par le jeune Mattia ; Francesca et elle ne sont plus amies, et alors, il leur manque "ce truc d'être à deux"...

On dirait que la vie de tous ces jeunes est comme suspendue... il y a forcément autre chose dans l'existence ! Et le style, fascinant, de Sylvia Avallone ; une façon de raconter souvent assez crue, les "gros mots" ne lui font pas peur, mais qui dit tellement bien les sentiments, les attentes et les peurs.
D'une écriture précise - on pourrait dire "pointue" - qui fouille l'âme des personnages, qui met des mots sur leur quotidien avec une montée en puissance jusqu'au drame final, Sylvia Avallone nous fait entrer dans la vie de ces gens, met à nu ces femmes mères de famille et ces hommes trop souvent violents et peu respectueux, ces jeunes qui grandissent en zone très industrialisée et polluée sans vraiment d'avenir.

Un livre qui couvre environ une année de vie de tous ces gens à partir de l'été 2001 ; Daniel Pennac dit de l'auteur qu'elle possède une grande énergie romanesque, elle qui raconte directement les histoires des personnages complexes et très touchants qu'elle a connus et dont elle dit qu'ils la fascinaient, en particulier les jeunes ouvriers.
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Voici dans quel contexte, j'ai lu ce livre. J'avais commandé une Kube. C'est une box littéraire personnalisée. On formule une envie de lecture été un libraire choisit un livre en fonction de nos goûts et des livres que nous possédons déjà.

J'avais formulé cette envie de lecture :
J'ai envie de connaître un nouvel auteur. J'ai envie d'être transportée par l'histoire, de m'attacher aux personnages et j'ai envie lorsque je vais refermer le livre, d'avoir du mal à sortir de l'histoire et à choisir dans ma bibliothèque, ma prochaine lecture. Cela peut être de la littérature française ou étrangère.

Lorsque j'ai reçu ce livre, j'ai été heureuse de recevoir un livre dont je n'avais jamais jamais entendu parler. J'ai lu les critiques sur Babelio et j'ai commencé ma lecture avec un à-priori positif.

Je me suis laissée transporter par cette histoire. Silvia Avallone tisse une toile autour de nous et de ce fait, j'ai eu l'impression d'habiter ces barres d'immeuble. J'ai partagé les sentiments des protagonistes. L'ambiance progresse lentement et on se retrouve dans l'histoire sans s'en apercevoir.

C'est un livre que je n'aurais pas acheté de moi-même mais il m'a vraiment plu. Il m'a fait pense aux livres de Martina Cole.
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Francesca et Anna sont deux meilleures amies adolescentes qui se connaissent depuis la plus tendre enfance. Ce sont les vacances d'été à Piombino et tous les après-midi elles se rendent à la plage juste en face de chez elle et rêvent de se rendre sur l'île d'Elbe à quelques kilomètres de là, synonyme de gloire et de richesse. Enrico le père tyrannique et violent de Francesca aime à l'espionner avec ses jumelles de son balcon, il découvre que sa fille grandit et plaît aux garçons qu'elle veut séduire. Sa mère est sans emploi et ne s'occupe que de son foyer jusqu'à en devenir folle. Arturo le père d'Anna n'est quant à lui jamais présent auprès de sa famille, trafiquant de choses et d'autres. Sa mère est adhérente au partie communiste italien et distribue des tracts tout en s'occupant de son foyer. Piombino est une cité industrielle, sale, crasseuse dont le coeur est sans conteste l'aciérie Lucchini autour de laquelle gravite de nombreux personnages et leurs vies dont les principaux Anna et Francesca.

Anna et Francesca sont à un âge où elles se posent des questions sur leur sexualité, leur avenir, leur amitié : Est-elle éternelle ? Seront-elles à jamais les meilleures amies du monde ? Au fil du récit, les drames se jouent, les passions se dévoilent tout en gardant un suspense omniprésent avec une envie de continuer à lire sans s'arrêter afin de suivre les vies des différentes protagonistes et nos deux héroïnes ordinaires. L'écriture de ce roman est fine et il se lit comme une saga, la saga d'une ville et de ses habitants.

C'est avec plaisir que je vais me pencher sur les écrits suivants de Silvia Avallone !
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Un premier livre qui a fait mouche chez nos voisins italiens et qui est en train de conquérir l'Europe.
Une jeune auteure, Silvia Avallone, dont on dit qu'elle réinvente le roman social.
Rien de moins !

D'acier se déroule sur plusieurs mois, à compter de l'été 2001, à Piombino, une ville ouvrière de Toscane, assez moche, grise et tristoune, en face de la très belle et très touristique île d'Elbe. Une ville où a vécu l'auteure et à ce titre, on imagine qu'elle a dû puiser dans ses souvenirs d'enfance pour donner vie à ses personnages.

Ses héroïnes sont deux adolescentes. Anna et Francesca, la brune et la blonde, 13, 14 ans, amies d'enfance, jamais l'une sans l'autre, elles s'espèrent amies pour la vie.
De très belles jeunes filles, dont le corps s'est paré d'attributs féminins qui attirent les yeux de leurs camarades masculins mais aussi des hommes plus âgés.
Elles le savent et elles en jouent.
Elles partagent leur été entre la plage, où elles sont les reines, et leur immeuble, le long de la via Stalingrado. Un quartier où vivent pas mal d'employés de la Lucchini. Cette grande usine métallurgique, en déclin à cause des délocalisations mais qui reste un gros employeur et où beaucoup de pères et des frères travaillent. Presque un personnage à elle toute seule cette usine.

Cet été 2001 est chaud, très chaud.
Pour les deux filles, c'est l'été de tous les émois et Silvia Avallone n'a pas peur des mots. Même s'il est question d'adolescentes, ce livre n'est pas à mettre dans les mains des plus jeunes. le langage est parfois très sensuel et cru.
Comme ce streap-tease, légèrement hot, auquel les donzelles se livrent, dans leur salle-de-bain, toute fenêtre ouverte, tous les lundi, pour le plus grand bonheur des voyeurs d'en face.
Comme quand les petits gars de 15, 16 ans prennent conseil auprès des mecs de 23 ans pour savoir comment bien s'y prendre pour "tringler" quand on est à scooter et qu'on n'a pas de voiture.
Vous me direz, c'est l'âge, c'est les hormones !

Anna et Francesca, de leur côté, se laissent peloter bien volontiers mais leur préoccupation principale, pour l'instant, c'est d'avoir enfin le droit de sortir le soir. Notamment lors de la fameuse nuit de Ferragosto (le 15 août) où on se retrouve au patinodrome pour faire la fête.

Et puis, en vérité, Francesca s'en moque des garçons. Elle ne pense qu'Anna, elle ressent des choses pour elle, qui dépassent la simple amitié. Alors lorsque cette dernière tombe amoureuse d'un copain de son frère, qui est de retour à Piombino, son amie de toujours se sent rejetée et ne lui pardonne pas cette "infidélité". C'est la cassure.

Une histoire qui pourrait vite devenir lassante - et qui n'est pas forcément super attractive de prime abord (les histoires d'ados, bof, bof) - si elle restait centrée sur les deux gamines, avec leur soucis d'ados, leurs envies de sorties, mais heureusement, ce n'est pas le cas.
De nombreux personnages secondaires, amis et famille, gravitent autour d'Anna et Francesca, et l'on passe de l'un à l'autre sans temps mort.
Bon, évidemment, ils sont souvent à la limite de la caricature et on peut reprocher, avec une certaine raison, à Silvia Avallone de nous avoir dressé un catalogue de "cas".
Ainsi de la mère d'Anna, une militante, qui fait bouillir la marmite et qui peste contre l'absence flagrante de son mari au foyer, trop occupé à gérer ses trafics. Mais elle l'aime toujours alors elle n'arrive pas à demander le divorce.
Ainsi du frère d'Anna, Alessio, le beau gosse de 23 ans, un roi du quartier lui aussi, qui pointe à l'usine métallurgique et qui passe le reste de son temps avec les copains, en boîte, aux terrasses de cafés et à s'envoyer des lignes de coke.
Et que dire de la mère de Francesca, la femme au foyer parfaite, qui passe son temps à briquer la maison et qui est complètement soumise à son mari, un homme qui n'hésite pas à lever la main sur elle et sur leur fille ?
Et le pompom ? Je le décerne à Lisa, la copine moche, le boudin (sic), celle que personne ne regarde, celle qui était totalement inexistante au regard des belles, comme Francesca et Anna, qui bavait d'envie et de jalousie en les regardant, et qui, du jour au lendemain, se trouve propulsée quasi au rang d'ersatz de meilleure amie par la fille délaissée dans le seul but de rendre jalouse sa vraie BFFE !
Mais l'histoire est bien rythmée, bouillonnante et on ne s'ennuie pas une minute.

J'ai juste été un peu gênée par les références récurrentes aux filles pas très gâtées par la nature, les moches qualifiées de "boudins", voire de "boudins boutonneux", en opposition à la beauté des deux héroïnes dont les louanges constants (tout le monde se retourne sur leur passage, tous les hommes bavent devant elles, etc. etc.) peuvent paraître exagérés.
En tant qu'ancienne adolescente très complexée par mon physique, qui faisait plutôt partie du clan des moches que celui des filles populaires, je suis dérangée par de tels mots balancés le plus naturellement du monde (si Silvia Avallone n'était pas elle-même aussi canon, parlerait-elle de la même façon ?) mais si je réfléchis bien, je reconnais que l'auteure ne fait que décrire la réalité adolescente dans ce qu'elle a de parfois cruel.

Un bémol aussi pour la fin, qui est vite expédiée et qui laisse quelques questions en suspend (à nous d'imaginer ? un peu facile !).

Ces deux réserves n'éclipsent pas le plaisir que j'ai eu à lire tout le reste.
C'est du bon roman divertissant.

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[...]D'acier est un roman sincère qui dégage une énergie folle, une lumière crue. Ce livre n'a pas de début ni de fin. C'est un instantané dans la vie de deux adolescentes qui vont grandir sous nos yeux tandis que, quelque part de l'autre côté du monde, deux tours s'effondrent et une nouvelle guerre commence.[...]
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La classe ouvrière italienne installée en bord de mer, vue à travers les yeux de deux belles et insupportables adolescentes. Il y a un peu d'Elena Ferrante chez Silvia Avalonne, mais la dimension politique et féministe est moins prégnante. D'acier est un roman plein de qualité.
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Le livre retrace l'adolescence de deux amies, Anna et Francesca, dans une cité ouvrière située en bord de mer, en face de l'île d'Elbe . Il y a une aciérie, la mer dont elles profitent au maximum, la découverte de la sexualité sur fond de condition ouvrière et de droits des femmes . C'est bien écrit, agréable à lire mais pas toutà fait aussi bon que Elena Ferrante .
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Il y a la Méditerranée, la lumière, l'île d'Elbe au loin. Mais ce n'est pas un lieu de vacances. C'est une terre sur laquelle ont poussé brutalement les usines et les barres de béton. Depuis les balcons uniformes, on a vue sur la mer, sur les jeux des enfants qui ont fait de la plage leur cour de récréation. La plage, une scène idéale pour la jeunesse de Piombino. Entre drague et petites combines, les garçons se rêvent en chefs de bandes, les filles en starlette de la télévision. de quoi oublier les conditions de travail à l'aciérie, les mères accablées, les pères démissionnaires, le délitement environnant... Anna et Francesca, bientôt quatorze ans, sont les souveraines de ce royaume cabossé. Ensemble, elles jouent de leur éclatante beauté, rêvent d'évasion et parient sur leur amitié inconditionnelle pour s'emparer de l'avenir.

C'est une jeunesse bien triste que nous raconte Silvia Avallone dans ce roman. Une jeunesse piégée dans une banlieue grise aussi vétuste et insalubre que l'on imagine. Cette jeunesse n'a comme loisir que la plage, très sale, d'à côté et le bar pour traîner la journée. La nuit, ceux qui ont une voiture vont jusqu'aux discothèques du coin, où règnent alcool, drogues et prostitution. Leur avenir professionnel se trouve dans leur environnement immédiat : la Lucchini, l'acierie de Piombino. A travers le personnage d'Alessio, frère d'Anna, Silvia Avallone nous décrit le dur et harassant labeur des ouvriers de l'usine qui sont comme dévorés par cet acier vivant et tueur.

Anna et Francesca, de très belles jeunes filles de "treize-ans-presque-quatorze", ne passent pas inaperçues dans ce monde brutal. Encore pures et innocentes, leur forte amitié amoureuse les aide à tenir le coup face à un environnement familial instable - pères absent ou violent, mères passive ou impuissante - et face à leurs faibles perspectives d'avenir. Mais elles se soutiennent, s'aiment et rien d'autre ne compte à part elles, jusqu'à ce que leur vie les rattrape...

Entre roman social et roman d'apprentissage, D'acier offre une image bien pessimiste de l'Italie. C'est un roman très réaliste, âpre et parfois dérangeant, mais qui donne aussi un peu d'espoir à travers la description d'une amitié plus forte que tout.
Lien : http://leschroniquesassidues..
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J'ai été très emballée par ce livre sans trop y croire au début. C'est un formidable roman social sur l'Italie contemporaine mais pas seulement. le style est bon, les personnages possèdent une profondeur très intéressantes. Tout y est.
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Un roman qui raconte la vie dans une cité d'Italie, une ville industrielle en déclin comme il y en a tant. Deux adolescentes passent l'été, inséparables. Je pense que c'est une image de la société italienne de nos jours, même si cela me donne l'impression que cela se passe dans les années 70
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