Comme assez souvent par la littérature contemporaine, j'ai été un peu déboussolée par ce roman où l'on ne sait pas trop faire la différence entre la vraie vie (enfin celle du roman), et une réalité virtuelle non celle que nous apporte la technologie moderne mais celle des bons vieux psychotropes… Ça ne m'intéressait pas vraiment, me sentant a priori exclue du public ciblé (fort probablement assez jeune) et j'ai songé à plusieurs reprises abandonner cette lecture. Ce qui m'a retenu de le faire, c'est l'écriture qui sait si bien créer l'ambiance d'une université nord-américaine contemporaine, l'idéologie féministe sous-jacente qui y règne, la langue de bois et le politiquement correct patent. J'ai lu le roman dans sa version française et j'avoue avoir été un peu dérangée par la traduction, délibérément québécoise à cause du fait que l'argot québécois n'est pas universel; mais, après tout, l'argot par définition est local et le public ciblé est avant tout celui du Québec…. J'ai fini par me faire à l'idée de ces personnages étranges, certains par leurs pouvoirs et d'autres par leurs destins, en me les représentant comme les allégories de la création littéraire qui justement a le pouvoir de donner vie, comme par parthénogenèse, mais que les personnages ainsi créés échappent souvent à leur créateur pour vivre leur vie propre (a l'instar des enfants). En tout cas, nombre d'auteurs le disent…
Finalement, j'ai beaucoup apprécié la créativité de l'auteur et, tout bien considéré, j'ai accordé la note moyenne de trois étoiles et demi: pas le livre du siècle mais une autrice à éventuellement « revisiter ».
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Ça faisait longtemps que je n'avais pas été surprise comme ça par une lecture et je dois dire que ça fait du bien! C'est un livre assez weird, mais un good kind of weird.
Pour dire les choses simplement, il s'agit un roman d'horreur onirique, surréaliste et absurde, où il est question de drogues hallucinogènes, de lapins qui explosent et de décapitation! C'est également une satire des films d'ados des années 1990, dans laquelle une étudiante en création littéraire associale tente d'intégrer la clique de filles riches-populaires-trop-girly-bitch, qu'elle méprise et jalouse tout à la fois. Il est donc aussi question d'amitié, d'anticonformisme, du besoin d'appartenir, de solitude... et de littérature. Finalement, c'est aussi une réécriture de contes de fées un brin morbide ainsi qu'une délicieuse déconstruction du mythe du prince charmant.
Bref, beaucoup de thèmes intéressants, rassemblés avec de la broche autour d'une intrigue vraiment originale, de nombreuses références littéraires et des litres d'hémoglobine : que demander de plus? Et bien une écriture drôle et incisive, qui donne un ton un peu ironique à l'ensemble! Même si j'avais deviné une partie du plot twist – parce qu'en plus, il y a un plot twist! – assez tôt dans l'histoire, je n'ai pas manqué d'être surprise tout au long de ma lecture. C'est vraiment un roman captivant, singulier, intelligent et ultra divertissant!
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Si je pouvais mettre moins d'une étoile je le ferais.
J'ai commencé ce livre à cause des excellentes critiques que j'ai lues sur Babelio. Après avoir souffert cette lecture, je vous conseille de passer votre chemin si vous avez un peu de respect pour votre temps libre. J'aurais du me fier aux critiques anglophones sur GoodReads, qui ont d'avantage tendances à prioriser la qualité narrative du roman plutôt que la tentative d'être "artistique".
Je vous prie de ne pas prendre ma critique comme du lynchage gratuit. J'ai commencé cette lecture en étant plutôt optimiste, en me disant "tiens, ce récit à l'air complètement déjanté, c'est rafraîchissant, pourquoi pas?" Les descriptions loufoques extrêmement imagées et le rythme rapide ont tout d'abord attisé ma curiosité, et j'en ai même surligné quelques passages. C'était avant de me rendre compte que cette écriture d'apparence originale ne servait en fait aucun propos. L'autrice joue sur une écriture choc pour cacher le fait qu'elle n'a rien à dire, et au bout de quelques pages, on est vites lassés. Les personnages sont si identiques qu'on peine à savoir qui a dit quoi dans les scènes de dialogue. J'ai vu des critiques parler de plot twist. Quel plot twist? Celui où on découvre que les personnages font exploser des lapins pour créer leur homme idéal. D'abord, c'est littéralement ça le synopsis du livre, et ensuite, pour qu'il y ait twist, il faudrait d'abord qu'il y ait un plot de base, or ce n'était pas le cas. Avant ça ce n'était que de la curiosité alimentée par un style d'écriture loufoque et qui a abouti... à rien. Après ce moment de curiosité qui a fini par s'estomper face à l'absence de propos, je me suis retrouvée à souffler et sauter des pages.
Passez votre chemin!
Je vous laisse avec cette citation du livre, qui résume très bien mon expérience de lecture:
"Whenever I read one of Victoria's vignettes, I always feel so dumb because I can hardly understand them at all. And then I blame myself. I think, Kira, this must be just too brilliant for you to grasp. Surely you must have missed something. Even though there's always been this small voice inside of me that says, Um, what the fuck is this, please? This makes no sense. This is coy and this is willfully obscure and no one but Victoria will ever get this. I would in fact need to live inside Victoria's spoiled, fragmented, lazy, pretentious little mind to get it. And who apart from us, apart from me, is going to be willing to do that? To work all night with a Victoria Decoder? Who would even care to? And then I feel like screaming JUST SAY IT. TELL ME WHAT HAPPENED. TELL ME
WHAT THE FUCK THIS MEANS AND WHAT YOU DID WITH HIM EXACTLY.”
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Roman inclassable que cet étrange Lapin. Mi-satirique, mi-fantastique, frisant tantôt le conte de fées, tantôt carrément l'horreur, il a été comparé à la fois au film Carrie et à la comédie noire Heathers.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Pourquoi est-ce que tu mens autant? À propos de détails tellement étranges en plus? Me demandait toujours ma mère.
Je répondais toujours que je ne le savais pas. Mais je savais. C’était très simple. Parce que ça faisait une meilleure histoire.
La nuit est une chute d’eau faite de musique et de lumière. La nuit est un terrier de lapin où nous entrons, ma main dans sa main en résille. La nuit est une terre noire que je pourrais creuser pour toujours. La nuit est une page de livre que je collais contre mon cœur à seize ans. La nuit est une…
Salut, Lapin!
Salut, Lapin!
Qu’est-ce t’as fait hier soir, Lapin?
J’étais avec toi, Lapin. Tu t’en souviens, Lapin?
C’est vrai, Lapin, on était ensemble et j’ai passé la plus belle soirée de la vie.
Lapin, je t’aime.
Non, c’est moi qui t’aime, Lapin.
Voulons-nous réellement perpétuer l'idée que nous devons être "sauvées" par un gars? Éclairées par un gars? Prises par un gars? Et le même gars, semble-t-il? Qui dit toujours les mêmes choses pour nous sauver et nous prendre et nous éclairer? Voulons-nous vraiment que ce soit ça, notre Oeuvre?
Une fois la porte fermée, nous entendons encore des cris.
"T'en fais pas, Lapin (...). Ça fait partie du Processus. Parfois, il faut tuer ses chéris, tu comprends?"