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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
On pourrait lire un roman rural, avec les travaux des heures et des jours, une vie de labeur qui ne s'arrête jamais. On pourrait être dans un passé plus lointain, une société qui n'est pas encore mecanisée. Seuls l'évocation de frères morts à la guerre permet de donner des repères chronologiques. Il faut semer, faucher, acheter des outils, vendre des animaux... Dans ce monde, la société est hierarchisée, patriarcale, violente, où la richesse est la terre. La famille, ce sont ceux qui travaillent le même champs, peu de place pour les sentiments ni pour la faiblesse. Arsène apparaît ainsi comme froid, calculateur, l'important est la productivité, pas le sentimentalisme envers le vieil ouvrier fatigué, même s'il l'a elevé. Cependant, la misère et la violence des rapports humains ne sont pas celles de la terre de Zola. Les familles présentées sont relativement aisées, si elles sont âpres au gain, c'est pour augmenter leur capital.
On pourrait aussi lire un conte fantastique dans un cadre champêtre. Ce est pas le Berry de George Sand, mais on retrouve des contes de veillées avec des monstres, ainsi que des descriptions assez poétiques du paysage jurassien - même si, une nouvelle fois, le personnage principal n'est pas sensible à l'esthétique pure, ne voyant que les rendements possibles.
Ensuite, on pourrait y voire un roman politique présentant les tensions religieuses de la Troisième République entre cléricaux superstitieux et anti-cléricaux rationnalistes. le personnage du maire est ainsi intéressant dans ses contradictions.
Mais j'ai choisi d'y lire une galerie de portraits de femmes souhaitant assumer leurs désirs. Il y la Dévorante, géante insatiable qui dévore les hommes. Il y a Juliette, jeune fille qui reste sage mais regarde émue l'ennemi de la famille. Il y a la toute jeune Belette qui demande à la Vierge de lui offrir une paire de gros nichons pour attirer les hommes, ou Louise, la matriarche, qui a refoulé ses désirs. Et il y a la Vouivre, créature surnaturelle ou jeune bourgeoise provocante ? On n'aura pas de réponse tranchée, mais elle représente la liberté sexuelle et érotique, libre de son corps et de ses mouvements. Mais cette figure de tentatrice reste inquiétante et dangereuse, ceux qui meurent sont ceux qui ont transgressé la norme.
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Roman à mon avis mineur dans l'oeuvre de Marcel Aymé, "La Vouivre" tient son nom d'une divinité des eaux qui court les forêts comtoises en commandant aux serpents et en déposant de temps à autre sur l'herbe, afin de goûter aux plaisirs du bain, sa tiare où étincelle un rubis légendaire. Malheur à quiconque tente dérober le joyau : les vipères convergent alors vers lui et il meurt dans d'atroces souffrances, étouffé par les mille piqûres du venin.

Un jour, Arsène Muselier, qui a repris la ferme après la mort de son père, surprend la Vouivre. Mais ce garçon réfléchi résiste à l'envie de s'emparer du rubis et préfère engager la conversation avec l'étrange fille-fleur. Or, depuis cinquante ans, ainsi qu'elle le lui dit sans ambages, aucun homme ne l'a jamais regardée avec les yeux du désir : tous n'ont eu de regard que pour le rubis. L'attitude hors-norme d'Arsène interpelle la dryade et elle semble vouloir s'attacher à lui.

Ce qui ne l'empêche pas de poursuivre ses baignades dans la forêt. Bientôt, tout le village - ou presque - l'a vue. Y compris le maire et le curé qui, ici, reprennent un thème cher à Marcel Aymé : l'opposition entre la raison rationaliste et la foi chrétienne, hantée par le démon.

Arsène finit par se retrouver pris entre la Vouivre, Belette, la jeune servante et ses projets personnels de mariage avec une héritière locale. Et l'issue du conflit sera dramatique ...

Un roman mélancolique et tendre où Marcel Aymé met en sourdine son ironie et sa férocité habituelles, ce qui explique en partie pourquoi "La Vouivre" peut déconcerter. ;o)
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Un joli conte jurassien, où le jeune et innocent Arsène Muselier se laisse séduire par ce personnage mythologique qu'est la Vouivre. Loin de l'image d'une Gorgone, c'est une belle jeune fille, protégée par les vipères, qui recèle un trésor. le jeune paysan succombera-t-il au charme de cette beauté ?
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Je suis assez étonné par ce roman, qui échappe à toutes les catégories dans lesquelles on pourrait le ranger. Pour autant, ce roman s'inscrit dans la lignée de ce qu'a écrit Marcel Aymé, explorant encore une fois des thèmes ruraux, paysans, moraux et fantastiques.

Ce qui m'étonne dans ce roman, c'est le mélange des genres qu'a fait Marcel Aymé. Entre le fantastique qui est assumé dès les premières pages avec ce personnage de la Vouivre, mais surtout la critique sociale qui est faite et les nombreux personnages qui vont aller de pairs avec. le fossoyeur alcoolique et ressassant une réalité qui ne fut jamais, le maire républicain mais profondément croyant et qui se sent tiraillé entre ces deux tendances, de façon déchirante. Mais également l'entourage d'Arsène, Belette et sa jeunesse qui demande quelque chose qu'on ne veut lui accorder, le vieil employé qui ne veut prendre sa retraite, et tout les autres. Autour d'un personnage principal ambiguë dans sa façon d'être (on se prend à le trouver arrogant ou aveugle à la réalité, en même temps que profondément humain et à l'écoute des autres) gravite un petit monde rural dont Marcel Aymé prend un malin plaisir à se jouer. C'est au travers des relations que va évoluer le livre, jusqu'à un final burlesque en même temps que tragique. Il y a de la comédie de moeurs là-dedans, et aussi de la satyre sociale en même temps qu'un esprit profondément champêtre. C'est le Jura qui nous est présenté, entre les beautés de ses lieux et les paradoxes de ses personnages.

Marcel Aymé est un auteur dont j'apprécie le ton humoristique mêlée de satyre sociale parfois bien ressenti. Il joue avec ses personnages pour mieux nous amener leurs contradictions, tout en nous présentant une société rurale sous toutes ses coutures. On ne peut qu'admirer son talent à présenter les choses de cette façon, et la lecture se finit sur une note tragi-comique bien sentie. C'est un final à la hauteur du livre, qui nous laisse un petit gout en bouche après la lecture, et ça ne me déplait pas du tout.
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Dans La Vouivre, le monde agricole jurassien des années 1920, entre catholicisme et radicalisme politique, est confronté au mythe de la nature incarnée en femme. Tous veulent le rubis qu'elle porte sauf pour se baigner et ceux qui s'aventurent à tenter de lui voler sont dévorés par des vipères. Seul Arsène Muselier, plus pragmatique que les autres, ne se laisse pas éblouir par la fortune que représente le bijou, et s'attire, presque à son corps défendant, les bonnes grâces de la Vouivre. Comme toujours avec Marcel Aymé, une incroyable galerie de portraits est peinte avec brio, avec quelques phrases pour chacun qui suffisent à cerner le personnage. Hormis La Vouivre (et peut-être le maire et ses crises de foi), ces personnages sont simples et assez monolithiques, ce qui ne veux pas dire qu'ils font forcément ce qu'on attend d'eux. Ainsi la conduite amoureuse d'Arsène est-elle assez déroutante entre La Vouivre, son mystère et son éternité, Juliette, l'amour d'enfance, fille de la famille honnie, Rose, l'héritière dotée mais disgracieuse, et Belette, la jeune servante dévouée. L'écriture de Marcel Aymé captive et nous emmène insensiblement vers le terme du conte, qui paraît finalement unique et inéluctable.
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Cet été alors que je randonne dans le Livradois mais aussi en Corse et en Normandie , je guette sur les chemins si par hasard une vouivre passerait par là . S'il m'arrivait de la rencontrer je lui laisserais volontiers son bijou qui fait toute sa puissance . Malheureusement la plupart des garçons qui rencontrent celle du roman d'Aymé veulent s'en emparer un moment ou un autre .... que l'homme est avide alors que les paysages du Jura respirent au fil des pages et que le temps s'est arrêté pour cette belle issue des périodes matriarcales qui semblent nous faire défaut en nos âges sombres .
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Mythologie, conte, rêves et envies.

Désirs d'inconnues et crainte de l'ailleurs que l'on ne connaît...

Sirène, vipère, bible et démons de toujours apparaissent puis disparaissent de nouveau.

Eau de vie, eau nourricière qui serpente de par nos campagnes, abreuvant nos sols fertiles de ce liquide, qui, soudain, devient objet de convoitises et de craintes.

Peurs d'insoumis ou d'incompris, les silhouettes prennent forment, les angoisses se font frayeurs.

Elle est là, parmi nous et nul part en même temps.

Qui est elle ? Cette forme, Cassandre de nos espérances et de nos amours défendus.

Aphrodite de nos forêts ou Chimères de ces rus chantants qui s'insinuent dans nos champs, nos terres et nos croyances.

De pages en pages les actes se chapitre puis s'achèvent en couverture d'ouvrage à découvrir avec intérêts et curiosités.
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Croyance du Haut Jura qui nous ai conté ici , la légende de la Vouivre magnifique jeune femme, libre, belle, éternelle accompagnée de ses serpents qui sème le trouble dès qu'on la croise et donne lieu à toutes sortes d'affabulations plus ou moins fantaisistes les unes que les autres.
Cependant rien n'attire moins l'homme que le profit, et dès qu'ils voient la Vouivre ils sont quasi tous à désirer plus que tout la pierre précieuse qu'elle porte en diadème quitte à y laisser la vie.
Avec des descriptions hautes en couleurs l'auteur nous invitent à partager la vie de ces villageois .
Toutes ces figures du terroir qui peuplaient nos campagnes (et encore maintenant) ; les rivalités entre familles qui durent de génération en génération, la vie dans les fermes, le curé, le notable du village, les vieilles filles bigotes, le fossoyeur qu'on surnomme "Requiem".
Egalement "la belette" petite chose maigrichonne qui garde le troupeau et rêve d'avoir les attributs d'une femme, elle qui ressemble à une enfant et recherche un peu de chaleur humaine.
Tant de personnages truculents, violents parfois, avec comme on dit "des gueules" et des physiques ; le phrasé d'antan plus vrai que nature ont fait affleurer une multitude de sentiments au fur et à mesure de ma lecture et cela a ravivé de vieux souvenirs enfouis de l'enfance à la campagne.
En bref un livre superbement bien écrit .
Et j'ai "Aymé".
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La Vouivre, une légende locale de Franche Comté, est une sorte de nymphe immortelle qui vit près des ruisseaux, s'offre volontiers aux hommes et qui a la particularité de pouvoir commander les serpents. Les hommes s'approchent d'elle par vénalité surtout, afin de lui voler un rubis d'une taille inouie... Mais gare à celui qui tente le larcin, sous peine de voir les vipères s'attaquer à lui !
Le traitement de ce thème est surtout le prétexte pour détailler des personnages ruraux plus ou moins paysans mais toujours hauts en couleur : les familles rivales, la fille nympho et sa soeur timide, le fossoyeur ivrogne, le wannabe citadin vaniteux, le petit frère chef de famille contre l'ainé fainéant et jaloux, le maire mystique reconverti au christianisme, le prêtre versant dans le scepticisme...
Du Balzac dans la campagne franc-comtoise de l'entre-deux-guerres, avec une petite touche d'ironie bien corrosive : un très bon roman !
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