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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La Vouivre n'est pas une bête fantastique, une Serpentine, c'est une jeune femme, une " fille aux yeux verts, de la couleur des yeux du chat".


"Dryade et naïade, une divinité des sources, elle parcourt les monts et les plaines du Jura", depuis la nuit des temps!
Sans doute, une fille d'Ève, le serpent mythique qui croqua la pomme, et fut chassé du Paradis?


Elle n'a peur de rien, ni de se baigner nue, sous le regard d'Arsène, ce beau gars de 23 ans, ni d'abandonner son diadème orné d'un gros rubis sur le sol...


Arsène connaît le sort réservé à ceux qui tentent de voler le rubis, ils mourront d'une morsure de serpent. Mais, le jeune paysan est plus intéressé par la jeune fille, et " son regard, où perçait une lueur rieuse," que par le bijou.


Et, cet intérêt pour sa beauté et son corps de femme, charme la Vouivre. "Elle lui parlait tout bas, bouche à bouche."


Arsène contempla " la pureté et la carnation du visage, la grâce, tant d'harmonies qui se défaisaient sans cesse dans des harmonies nouvelles".
Et la Vouivre lui parla de son passé lointain.


Elle était Sirona, la déesse des eaux et Minerve pour les Romains, c'est le Christianisme qui a détourné les hommes, des anciennes divinités...


-Tu le crois, maintenant, que je ne suis pas une créature du diable?
"Le corps de la Vouivre sentait les bois, la terre,la rosée. La rivière passait dans ses yeux verts".
" La joie de l'été jurassien, l'innocence des bêtes du matin et la fièvre enfantine des jeux simples..."
La Nymphe peut-elle être amoureuse?


Il y a eu un mort, Beuillat, piqué par les serpents. Le curé veut une procession, avec la croix et l'eau bénite, afin d'éloigner la Bête. Le fossoyeur, Requiem, rêve d'attraper le rubis et... la Vouivre!


Arsène a assez de bon sens, et beaucoup à faire. Entre ses querelles avec ses voisins, les Mindeur. (Arsène est amoureux de Juliette Mindeur) Et, il y a la rivalité avec son frère, la ferme à entretenir...


L'auteur a vécu auprès de sa tante Léa, à Dôle, et connaît bien les paysans du coin. Sans doute, le jeune Marcel a rencontré une jeune Dryade, dans sa jeunesse (une Vouivre) pour lui avoir donné une aussi belle apparence, et ce beau visage...
Pour beaucoup de "pays" de Franche-Comté, la Vouivre était un monstre avec des ailes de chauve souris! Un serpent légendaire, gardien de trésors fabuleux...
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Si vous vous promenez dans la campagne comtoise, vous croiserez peut-être la Vouivre au détour d'un sentier. Elle parcourt les monts et les plaines du Jura précédée d'une vipère, se baigne aux rivières, aux lacs ou aux étangs. Elle porte sur ses cheveux un diadème orné d'un gros rubis d'une valeur inestimable. Ce trésor qui exaspère toutes les convoitises, la Vouivre ne s'en sépare qu'au moment de ses bains. Les plus hardis tenteront de profiter de l'instant pour lui dérober le diadème. Ils se verront alors poursuivis par des milliers de serpents surgis de nulle part.

Arsène Muselier est le premier à l'apercevoir alors qu'il fauche un pré. Nous sommes dans l'Entre-deux-guerres et les Muselier sont une famille de paysans cossus à défaut d'être riches du petit village de Vaux-le-Dévers. Arsène se distingue des autres hommes en ce qu'il contemple le corps nu de la Vouivre et ne se laisse pas tenter par son trésor. Il tâche de ne parler à personne de sa rencontre avec cette créature surnaturelle. Elle va se faire de moins en moins discrète et ils seront nombreux au village à l'apercevoir. Ces êtres empreints d'une sagesse paysanne vont rapidement s'habituer à ces apparitions : « le surnaturel n'étant pas d'un usage pratique ni régulier, il est sage et décent de n'en pas tenir compte. » Reste la question du diadème qui va enflammer la cupidité de nombreux habitants dont certains seront tentés d'obtenir cette richesse phénoménale par le vol, fût-ce au péril de leur vie.

La lecture de « la Vouivre » est récréative. Marcel Aymé y fait le portrait d'un monde rural haut en couleurs. La rivalité entre le curé et le maire anticlérical qui fait penser à celle qui oppose Don Camillo et Peppone, va être ébranlée par l'apparition de la créature. Il y a une galerie de personnages truculents qu'il serait trop long de lister ici. La force de Marcel Aymé est de savoir allier une description réaliste du monde paysan, un humour caustique et une dimension fantastique en reprenant une vieille légende comtoise. J'avais pris rendez-vous avec Marcel Aymé de longue date, mais vous savez ce que c'est, on trouve toujours moyen de reporter les plus belles rencontres. Je suis convaincu par cette lecture qui dépasse ô combien mes attentes. Cette oeuvre est un trésor d'ironie et d'humanité.
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Excellent petit roman dont la fin aussi tragique qu'inattendue m'a serré le coeur. J'aime beaucoup Marcel Aymé, car mon père me lisait chaque soir avant de m'endormir les Contes du Chat Perché. Cet ouvrage m'a séduit à la fois par son style truculent et juste, mais aussi par l'histoire qu'il raconte, mélange d'un réalisme très terrien et d'un surnaturel très implanté dans le quotidien. du réalisme magique, peut-être?
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Dans la Vouivre, Marcel Aymé nous plonge dans l'univers paysan de l'entre-deux-guerres avec toute la verve dont il est capable. Nous faisons connaissance avec des personnages savoureux comme le maire du village écartelé entre son radicalisme anti-clérical et sa peur de l'Enfer, le fossoyeur ivrogne qui rêve d'une princesse, la jeune Germaine érotomane dévoreuse d'homme qui dépucelle les ados à la chaîne ou le curé qui rêve de miracle dans sa paroisse.
Mêlant le fantastique avec le réel, il nous montre aussi des personnages plus sérieux comme Arsène dont la Vouivre, créature diabolique et éternelle, tombe amoureuse. Nous découvrons des personnages pris dans leurs contradictions où deux familles se détestent sans savoir pourquoi, tandis que leurs enfants s'aiment, des gens âpres au gain tout en restant généreux, etc..
Tout cela est écrit dans un style superbe, un français simple et direct sans fioritures inutiles et qui nous immerge dans le monde rural de l'époque. Il y a quelque chose de mythologique dans ce roman. Magnifique !
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Quel Marcel Aymé préférez-vous ? le citadin ou le campagnard ? l'observateur féroce des travers humains dans la grande ville, ou le chroniqueur rural affichant une matoise gaillardise ? Difficile de choisir, n'est-ce-pas ? Marcel Aymé joue gagnant sur les deux tableaux : il est grandiose quand il passe à la moulinette toutes les turpitudes et toutes les bassesses de l'Occupation, il l'est tout autant quand il promène son humeur narquoise au détour des bottes de foin, dans les héritages douteux entre l'étable et l'écurie, ou bien quand il introduit dans la réalité la plus prosaïque un brin de fantastique qui n'appartient qu'à lui.
« La Vouivre » est le type même de ces récits où se mêle le réel et l'imaginaire, où les légendes locales sont tellement vraisemblables qu'elles en deviennent vraies. La légende c'est une créature irréelle, qui a la forme d'une superbe jeune femme ornée d'un superbe rubis : mais qui veut lui prendre le rubis s'expose à être piqué par un serpent. La réalité c'est qu'il y a une jeune fille qui est exactement comme la Vouivre. Arsène Muselier peut vous en parler : il l'a vue se baigner dans un point d'eau, vêtue de sa seule chevelure, après avoir déposé son rubis dans l'herbe tendre. Notre Arséne est subjugué par la créature (on le serait à moins). La Vouivre, elle, est touchée que ce gars n'en ai pas profité pour piquer le rubis, et se met à lui courir après. Ce qui est embêtant parce qu'Arsène aime Juliette Mindeur, Vous savez, c'est un petit village, tout se sait, et ce que l'on sait ou ce que l'on croit savoir est tout de suite amplifié par les antennes locales. Entre guerres de clans, déboires amoureux et superstitions récalcitrantes (mais est-ce bien de la superstition ?) notre ami Arsène a fort à faire. Et comme au fond c'est un bon garçon, il n'hésite pas pour sauver le petite Belette, à affronter la Vouivre et ses serpents.
On est toujours touché et attendri par le Marcel Aymé campagnard. Il a toujours une pointe de sympathie pour ce monde rural, près de la terre, qui lui ressemble tant. Dans ses chroniques « champêtres », Marcel Aymé est toujours aussi corrosif, mais cette férocité est atténuée par un regard amusé, complice et même affectueux (nettement moins sensible dans ses romans citadins).
Et puis il y le fantastique « à la Marcel Aymé » : cet homme-là n'a pas son pareil pour faire s'imbriquer l'insolite dans le banal, l'extraordinaire dans le quotidien : D'autres auteurs peineraient à plaquer des phénomènes étranges sur la réalité la plus prosaïque. Marcel Aymé, lui, crée une osmose entre le réel et l'irréel, entre le merveilleux et la vie de tous les jours : au point que personne ne s'étonne de cette incursion du fantastique.
A cela s'ajoute le talent du romancier. Nous avons parlé du ton, ironique, sarcastique, parfois plus émouvant, parfois plus dévastateur. Ajoutons-y les petites inventions qui donnent un petit côté légèrement déjanté à cette histoire qui l'est déjà pas ma : par exemple ces personnages à contre-emploi : le curé est… sceptique ; le maire, radical, est… croyant. Ou bien ces personnages hors normes : la « dévorante » est une nymphomane jamais repue ; et ce personnage extraordinaire du fossoyeur, le bien nommé Requiem, ivrogne invétéré amoureux d'une pocharde notoire…
On se régale toujours à lire Marcel Aymé. Avec ce livre, on a plus que jamais la conviction que cet auteur est de salubrité publique !
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Je pourrais débuter en disant simplement que j'ai kiffé ce livre. Il est simple et plaisant.

C'est le second livre de Marcel Aymé que je lis et j'ai aimé les deux. Cette touche fantastique dans un monde réaliste qui ne manque pas d'humour m'a séduit.

L'histoire est assez simple, elle tourne autour d'Arsène Muselier un paysan Comtois. L'homme est droit dans ses bottes, travailleurs et sérieux. Un jour, il tombe sur la Vouivre, une créature légendaire qui possède un rubis d'une valeur extraordinaire. le problème est que celui qui s'en empare se fait attaquer par toutes les vipères du coin.

Heureusement, Arsène est droit. Il ne s'empare pas de la pierre et sympathisé avec la créature jusqu'à devenir son amant.

Au-delà de l'histoire, nous sommes face à une interrogation sur le devoir, la vie, la responsabilité et la mort. Nous rencontrons des personnages qui possèdent toujours plusieurs facettes. Même le personnage morale révèle finalement ambivalent.

Bref, j'ai kiffé cette lecture.
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Pour ma part j'ai toujours adoré ce roman, qui est vraiment fascinant, à plus d'un titre ! D'abord Marcel Aymé à su donner vie à cette figure mythologique de la Vouivre, l'intégrer dans un récit qui s'enracine dans le terroir de sa belle région; ensuite il a crée une oeuvre éminemment symbolique, car la Vouivre n'est pas seulement un personnage fantastique, c'est aussi un personnage fantasmatique ! Un symbole que l'auteur a su mettre en scène, notamment dans les relations complexes qui l'unit aux personnages. Pour un lecteur qui s'intéresse au symbolisme cette oeuvre n'est pas qu'un "simple" roman, c'est un conte initiatique, une révélation porteuse de sens... Je ne tiens à pas à intégrer une vision psychanalytique dans cette oeuvre, qui serait très personnelle de surcroît, mais il me semble que cette histoire est une allégorie, d'autant plus fascinante qu'elle est traitée sur un mode romanesque régional, un lien entre notre imaginaire et le terroir, la respiration de notre âme, de notre imaginaire...
Pour moi c'est l'une des oeuvres majeures de Marcel Aymé, car elle mêle son style de romancier unique, original, et un mythe auquel il donne vie ! Peut-être, sans doute, parce que le mythe est vivant, il pulse en chacun de nous; encore faut-il pouvoir le rendre passionnant, et c'est le cas ici.
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La Vouivre/Marcel Aymé (1902-1967)
Marcel Aymé est un grand écrivain, subtile conteur du terroir français : ce merveilleux roman nous le confirme une fois de plus après « La Jument verte » et « Uranus » et bien d'autres chefs-d'oeuvre encore.
Sure le fond, il s'agit en fait d'un roman fantastique mais tout à fait terre à terre.
Arsène Muselier, paysan de 23 ans délaissant les andains et errant au hasard des baissières fait la rencontre de l'immortelle beauté qu'est La Vouivre, jeune fille qui a coutume de s'aller baigner toute nue à la rivière qui coule au bas du champ des Muselier. Elle ne quitte son diadème orné d'un énorme rubis que lors de cette occasion et quiconque veut le lui dérober se verra attaqué par une horde de vipères extrêmement agressives. Il faut choisir l'amour avec cette vénus aux pieds nus et la tranquillité ou bien la richesse en dérobant le rubis pour des ennuis sans fins et au risque de sa vie. Malheur au cupides !
La Vouivre, en patois de Franche-Comté signifie « serpent » proche du mot de vieux français « guivre » dont on use dans la langue du blason. Et l'auteur d'expliquer que la Vouivre est une figure comtoise, souvenir qu'a laissé en France la tradition celtique. Survivante des divinités des sources qu'adoraient les Gaulois, elle est toujours restée présente au coeur des campagnes.
La Vouivre est belle, sensuelle, impudique et séduisante.
La famille Mindeur, ce sont les voisins haïs des Muselier depuis des décennies. Et pourtant il y a Juliette, la sage cadette des filles Mindeur qui plait bien à Arsène qui est aussi amoureux de Belette, une pauvrette de seize ans que la nature n'a pas pourvu d'appâts comme Germaine, l'aînée des Mindeur, appelée communément la dévorante, qui est la proie d'un appétit sexuel hors norme, regardant les hommes fixement, les joues et les yeux enflammés par l'impatience de son désir.
« Taillée comme un cuirassier, un centgarde, un grenadier prussien, avec une encolure néronienne et des bras de bûcheron, mais les seins lourds et durs, éclatants, qui bombaient l'étoffe de ceinture, et la croupe pareillement rebondie et toujours inspirée, elle était la dévorante, la ravageuse, la tempête, l'useuse d'hommes et la mangeuse de pucelages. » Tout un programme : avis aux amateurs et surtout gare à ceux qui tombent dans ses filets… !
Vont intervenir dans ce débat sur l'existence ou non de la Vouivre Humblot, l'instituteur rationaliste, Voiturier le maire radical, antibondieusard, anticlérical, bon ouvrier de la laïcité, le curé pour qui le démon peut revêtir n'importe quelle apparence et aussi bien celle d'un personnage de légende, un curé au regard plein de concupiscence apostolique à la vue des jeunes filles, le fossoyeur alcoolique Requiem qui confirme qu'elle existe belle et bien puisqu'il se vante de l'avoir vue.
Il va être question de la vie de tous les jours, de la foi, de la famille, des coutumes et des moeurs paysannes et bien sûr de l'amour en quête de quoi chacun se doit d'être.
Marcel Aymé allie l'ironie, l'humour caustique et la truculence pour nous offrir une fresque paysanne au coeur de la France rurale en Franche Comté, dans le Jura plus précisément. L'époque se situe dans l'entre deux guerres.
Dans un style distingué et délicat, subtile et charmant, Marcel Aymé nous ravit avec cette histoire curieuse riche d'aventures qui allient le réalisme le plus prosaïque à la magie la plus éthérée.


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La Vouivre- Marcel Aymé est mon roman préféré de Marcel Aymé qui utilise une légende du folklore jurassien pour introduire un véritable drame, mystérieux, sensuel et fascinant.
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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J'ai lu ce livre quand j'étais gamine, l'ai relu au cours de mon adolescence et de ma vie d'adulte.
L'écriture de Marcel Aymé, inimitable, et l'ambiance de ce morceau de Franche-Comté sont comme une évidence : on y est bien.
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