C'est l'histoire d'un mec dépressif et vaguement homosexuel qui a écrit des livres sous plusieurs noms, a publié des albums de rock déjantés et a fini par se jeter d'une fenêtre il y a 10 ans.
Voici en gros ce que l'on pourrait « pitcher » sauvagement de cette biographie si l'on voulait s'en tenir au format Twitter désormais dominant.
Jack-Alain Léger ne m'était pas totalement inconnu, quand j'ai candidaté pour le recevoir dans le cadre de l'opération Masse critique. J'avais le vague souvenir des polémiques déclenchées dans les années 2000 par ces deux pamphlets anti-islamistes, à une époque où mes convictions bien ancrées m'avaient interdit tout approfondissement. Depuis, comme pour beaucoup de mes concitoyens, les attentats ont permis de les nuancer quelque peu, ces convictions.
Curieusement, je visualisais l'écrivain sous les traits – beaucoup plus fins – d'un autre écrivain, sans pouvoir me rappeler lequel. Aujourd'hui, la couverture de l'ouvrage nous le présente dans la pose d'un M backstage, avant ou après la performance.
Je connaissais également
Dashiell Hedayat et sa fameuse chanson Chrysler (« J'ai une Chrysler tout au fond de la cour. Elle ne peut plus rouler mais c'est là que je fais l'amour. »). On trouve facilement l'album Obsolète sur les plateformes de streaming (https://open.spotify.com/track/1WMhtmY2kElIVrsPNdsNv6?si=67275c47b1454523).
Mais je ne connaissais pas Daniel-Louis Théron, Melmoth,
Paul Smaïl ou même
Eve Saint-Roch. Je ne savais pas que JAL avait panaché sa bibliographie de quelques best-sellers, le plus notable étant
Monsignore, thriller se déroulant au Vatican et ayant eu la chance de se voir adapté au cinéma (avec Christopher Reeves aka Superman dans le rôle-titre).
C'est donc bien volontiers que j'acceptais la proposition de
Jean Azarel de partir à la découverte de ce personnage. Tout au long de ces quelque 300 pages, on le suit rencontrer les principaux témoins de l'époque : sa soeur, quelques-uns de ses éditeurs (qui furent nombreux), de vaillants amis qui eurent à supporter ses extravagances, les meilleurs jours, et ses esclandres les moins bons. On comprend au fil des pages toute la difficulté à être ami avec cet homme si autocentré, qui a très tôt souffert de bipolarité. On saisit progressivement toute la complexité, pour l'enquêteur, de saisir la réalité d'un auteur qui s'est voulu personnage romanesque (certains témoins en viennent même à douter de la réalité de son homosexualité revendiquée).
Un enquêteur qui ne ménage parfois pas son lecteur, de par son refus de la chronologie et un style parfois quelque peu… alambiqué. Mais pouvait-on imaginer lire la vie de Mister Léger sous la forme d'une fiche Wikipedia de 300 pages ? Il fallait bien coller à son sujet également dans la forme.
Un dernier point pour conclure. le plus important peut-être.
Jean Azarel m'a-t-il donné envie de lire JAL ?
Oui ! J'ai commencé sans attendre
L'heure du tigre, un beau roman de plage (qui ne prétend pas au chef d'oeuvre) trouvé dans une boîte à livres. Un détail anecdotique mais pas tant que cela : après quelques recherches dans les fonds de bibliothèques, Léger semble aujourd'hui bien oublié.