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Diane Meur (Traducteur)
EAN : 9782915547108
403 pages
Editions Amsterdam (13/04/2005)
2.25/5   4 notes
Résumé :
Quelle est la part qui demeure vivante dans ce que nous a légué la figure controversée de Carl Schmitt? Pour tenter d'évaluer son actualité, il convient d'évoquer ce que notre situation historique a de commun avec la sienne: l'incertitude de plus en plus forte qui pèse sur la viabilité de certains aspects fondamentaux du statu quo mondial. Au sortir de la guerre froide, l'affirmation de l'imminence d'une fin libérale-démocrate de l'Histoire et l'extension irrésistib... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je démarrerai cette critique par un remerciement. Merci à Babelio et à la maison d'éditions Amsterdam. C'est un merci un peu forcé, il faut bien l'avouer.

Et pourquoi donc, se demanderont les Babeliotes curieux... sur l'air du "en voilà encore un qui fait la fine bouche alors qu'on lui offre un livre"...

Tout d'abord... le livre en lui-même. Plusieurs dizaines de pages sont reliées à l'envers, mal découpées et certaines pas découpées du tout. Pas idéal pour la lecture. Par ailleurs, ce livre date de 2000 en anglais et de 2006 en français... Il n'y a sans doute aucun problème lors d'un Masse Critique en septembre 2016 à offrir un livre qui a dix ans... Personnellement, je suis mitigé sur ce coup-là. Bien sûr, vu qu'il s'agit d'un ouvrage à porté scientifique, académique, il est clairement davantage intemporel que les aventures de Bridget Jones. Quoique... Enfin, lors de l'opération Masse Critique susdite, le résumé (mais fourni par les Editions Amsterdam) mentionne le fait que l'on est dans une biographie d'un juriste nazi. Ce n'est pas vraiment ce que l'on a lorsque l'on ouvre le livre.

Alors... qu'a-t-on au juste?

La couverture présente le sosie de Tom Hanks... mais il s'agit de Carl Schmit. Et de sa biographie intellectuelle... Qu'est-ce qu'une biographie intellectuelle? Eh bien, c'est le portrait d'un auteur par le biais de ses idées. Et celles de Schmit sont complexes. Et surtout très sujettes à variation...

Ouf, on arrive au coeur du sujet... Gopal Balakrishnan est prof au département d'Histoire de la Conscience (de classe) à l'Université de Californie à Santa Cruz. Connoté à gauche, il présente un penchant net pour le marxisme, les théories politiques de lutte de classes, L Histoire intellectuelle... Et qui est Carl Schmit... un pilier de la théorétisation juridique du IIIè Reich. Un juriste qui a réussi (du moins le croit-il) à justifier la position nationale et surtout internationale du Führer. D'ailleurs il n'a jamais renié ses idées.

Comment un auteur de gauche s'intéresse-t-il à un théoricien du nazisme? Parce qu'ils ont tous les deux en commun une haine viscérale de l'impérialisme américain... Cela les réunit. Carl Schmit a connu un regain de popularité en Europe (surtout en Allemagne) dans les années 90, et un peu plus tard aux USA.

Le "tour de force" (c'est de l'ironie) de Balakrishnan, c'est de regarder la pensée de Schmit par strates... comme si on regardait un T-Rex avec une loupe. On ne verrait jamais l'animal entier et on pourrait se méprendre sur son caractère dangereux. En divisant la pensée de Schmit, en faisant ressortir les incohérences qui vont se faire jour (on pense rarement exactement la même chose à 18 ans et à 35), en découpant l'oeuvre de Schmit et en la reliant à sa situation socio-économique (voire à son divorce refusé par l'Eglise), on loupe l'évolution des idées, et cette tendance elle est très cohérente. Schmit est un candidat parfait pour Hitler. Dès son jeune âge, il s'intéresse au phénomène de la dictature romaine où un dictateur est un grand commis de l'Etat chargé de redresser les institutions pendant une période de grands troubles.

La méthode de Balakrishnan est une mystification.

Un peu comme si on regardait la bio d'un skin, qui commence en mutilant des souris, puis en lançant des oeufs pourris sur la façade d'un migrant, puis va coller des affiches, puis joue du rock binaire, puis devient garde de sécurité d'un élu d'extrême-droite, et termine comme ratonneur en chef d'un mouvement de White Power... et que l'on divise chaque phase de sa vie en disant "il est courant de tuer des souris quand on est jeune", "coller des affiches, cela permet de se faire un peu d'argent", "avec cet argent, on se paie une guitare"... etc. Vous avez saisi l'optique de Balakrishnan.

La haine de l'impérialisme américain qui anime l'auteur, à l'instar de Schmit, rend aveugle. Et l'écriture postmoderniste de Balakrishnan masque mal (même si cela rend la lecture difficile) les présupposés malsains qui fondent son approche.

L'idée d'une biographie intellectuelle en soi n'est pas mauvaise, mais elle évite également de s'intéresser au pourquoi du comment des idées de Schmit et de ce ressentiment. Cette haine. Et en se concentrant sur les seules idées, on rate l'essentiel: le fait que Schmit a servi de maître à penser à une extrême-droite européenne, qui refleurit dangereusement aujourd'hui. Et ne pas en parler, de la part de Balakrishnan, c'est malhonnête.

Un peu comme le sketch des inconnus où un physicien nucléaire invente une bombe qui explose en 2 temps et se retranche derrière la "science" (elle a bon dos, la science) pour se laver les mains de ce que les militaires vont bien pouvoir en faire...
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"Quelle est la part qui demeure vivante dans ce que nous a légué la figure controversée de Carl Schmitt."

C'est autour de cette problématique que s'articule le travail du chercheur américain Gopal Balakrishman. L'ouvrage n'est pas une biographie du philosophe politique (l'auteur choisit volontairement d'arrêter la chronologie quelques années après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, mais , comme son sous-titre l'indique , un portrait intellectuel retraçant le parcours professionnel , philosophique , politique et idéologique de Carl Schmitt et mettant celui-ci en perspective avec l'histoire politique de l'Allemagne . Car la vie intellectuelle de Schmitt et les évolutions de sa pensée sont étroitement liés à la tempête que traverse l'Allemagne entre 1919 et 1945 . de l'instabilité de la République de Weimar à l'apocalypse nazie , la pensée politique de Carl Schmitt évolue , voire s'adapte . . . au point de se montrer parfois bien opportuniste.


Né en 1888, Carl Schmitt sera ainsi d'abord théoricien juridique sous la République de Weimar, née de la défaite de 1918. C'est durant cette période de travail autour de la Constitution d'un régime fait d'intrigues de palais qu'il forge le concept d'ennemi, qu'il promeut la nécessité d'un Etat fort , notamment pour maîtriser les effets du libéralisme sans frontières, qu'il affiche une admiration certaine pour le régime de Mussolini , et qu'il vante les vertus d'une dictature présidentielle notamment en cas d'état d'urgence.


Son adhésion en 1933 au parti nazi , donc il aura vu et vécu l'inexorable ascension au sein du parlement de Weimar, lui offre une place de choix en tant que . . . théoricien juridique du nouveau régime. Sa pensée et son raisonnement se mettent des lors totalement au service de l'idéologie et de la propagande de ses nouveaux maîtres .


Opportunisme ou adhésion sincère ? le livre ne statue pas définitivement sur le degré de conviction de Schmidt , même s'il avance certaines piste documentées. Cette homme à la pensée indéniablement riche, nourri des oeuvres de Rousseau et de Hobbes, reste une énigme par sa capacité à modeler et remodeler ses assertions en fonction du moment politique .


Le livre est évidemment assez complexe et dense pour un lecteur non spécialiste en philosophie, et certainement inabordable pour qui ne maîtrise pas non plus le contexte historique. Il est pourtant très intéressant pour qui se donne la peine , lentement , chapitre après chapitre de s'en imprégner. Dans cet ouvrage autant de philosophie politique que d'histoire politique , l'auteur a pris le temps de bien développer le contexte politique dans lequel s'inscrit chaque étape du parcours professionnel et intellectuel du penseur allemand , le tout dans une langue claire et une traduction qui m'apparaît de qualité. le livre se voulant éclairer réciproquement actualité et pensée de Schmitt , il me semble qu'une édition doté d'une conclusion réactualisée part l'auteur serait pertinente .


Mais ceci n'est pas l'affaire de l'éditeur français , Amsterdam, que je remercie pour l'envoi de ce livre, et que je prie de me pardonner pour cette chronique très tardive. J'ai certes reçu le livre en retard , mais un emploi du temps professionnel chargé incompatible avec une lecture aussi exigeante m'ont obligée à retarder mon travail sur cet ouvrage. Un grand merci à Babelio , comme toujours!
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Je tiens tout d'abord à remercier Babelio et les éditions Amsterdam pour l'envoi de ce livre dans le cadre de la masse critique de septembre.

Lors de la masse critique, L'Ennemi n'était pas l'un de mes premiers choix. En lisant le résumé, je n'ai pas été immédiatement convaincue. Puis en le relisant et en faisant quelques recherches j'ai vu que Carl Schmitt avait tenu un rôle plutôt important dans l'Allemagne nazie. Etant passionnée d'histoire, j'ai eu soudainement envie de découvrir ce livre car je n'avais tout simplement jamais entendu parler de ce Carl Schmitt ! J'étais donc très contente de le recevoir trois semaines plus tard. Mais la déception a été très grande… Jamais je n'oserais dire que ce livre est mauvais. Loin de là. Cependant, malgré toute bonne volonté du monde, je n'ai pas pu dépasser la quarante-septième page.

C'est la première fois que ça m'arrive. C'est la première fois que j'abandonne un livre en étant sûre de ne pas le reprendre plus tard. Mais honnêtement, j'avais beau essayer, je n'y arrivais pas! Ce n'est pas la qualité du livre que je remets en cause. L'auteur étant professeur à UCLA, je me doute bien que son oeuvre est d'une grande qualité. Non, à mes yeux, le problème est que ce livre n'est absolument pas accessible aux gens « ordinaires ». A mon avis, il est réservé aux étudiants de Gopal Balakrishnan ou à des personnes ayant des connaissances très pointues en politique ou théologie politique. Vous allez me dire « oui mais le résumé donne déjà un aperçu du livre, on se doute bien qu'il va être un peu compliqué ». Ce n'est pas totalement faux! Mais après tout, j'ai réussi à comprendre le résumé sans trop de difficulté, à 7h du matin (oui oui, je mets toujours mon réveil tôt pour les masses critiques). Donc il était tout de même abordable! La préface du livre, elle, démarre vraiment sur les chapeaux de roue et j'étais très vite perdue. J'ai voulu persévérer. C'est le fait que ce livre m'ait été envoyé par Babelio et les éditions Amsterdam qui m'a poussé à continuer car si c'était un livre de ma PAL, honnêtement j'aurais arrêté au bout d'une dizaine de pages. Mais je trouvais ça irrespectueux dans le sens où la maison d'édition m'envoie un livre gratuitement et je ne me force même pas à lire… D'ailleurs je culpabilise encore, mais honnêtement je perdais mon temps. Je mettais plus de 10 minutes à lire deux pages et encore, je ne comprenais pas totalement ce que je lisais. La phrase (oui oui, c'est une seule phrase) qui m'a convaincue que ce livre n'était vraiment pas fait pour moi a été :

"L'un des principaux thèmes qui traversent toutes les études que Georg Lukács consacrera plus tard à cette période de l'Allemagne est la distinction entre le développement d'un idéalisme critique de plus en plus objectif, culminant dans la personne de Hegel et lié aux aspirations progressistes embryonnaires des classes moyennes, et un subjectivisme esthétique réactionnaire qui commence avec les romantiques présageant et illustrant leur impuissance et leur « inféodation » politiques à venir."

Je tenais donc à m'excuser auprès de Babelio et des éditions Amsterdam, mais je n'avais vraiment pas le niveau pour lire ce livre et écrire une critique en n'ayant compris qu'un quart du livre aurait été idiot. Mon jugement n'aurait pas été très fiable!

De plus, ce qui m'a dérangé dans ce livre, c'est que le titre mentionne un « portrait » de Carl Schmitt. Je m'attendais donc à une biographie, ponctuée certes d'éléments un peu plus développés, un peu plus « intellectuels ». Cependant, je n'ai pas du tout retrouvé ce côté biographique et j'ai trouvé ça dommage car je ressors de ces 47 pages sans n'avoir rien appris ou presque de Carl Schmitt.
En fait, j'ai trouvé que le contexte était beaucoup trop présent. On parle plus de l'histoire de l'Allemagne d'entre-deux-guerres que de la vie de Carl Schmitt. C'est dommage car si j'avais voulu un livre sur l'Allemagne, j'en aurai acheté un. Or ici je voulais en apprendre plus sur une personne en particulier.

Enfin, mais cela rejoint un peu ce que j'ai dit au début de cette chronique, j'ai trouvé l'écriture trop lourde et le vocabulaire trop spécifique. Les phrases trop longues associées à des mots complexes m'ont vite perdues et je devais relire chaque phrase à plusieurs reprises pour comprendre ne serait-ce qu'à moitié ce que je lisais. le style d'écriture du résumé n'est pas le même que celui du livre en lui-même et c'est vraiment dommage.

En résumé, je ne vous conseille pas ce livre si vous n'êtes pas férus de théologie politique. L'Ennemi s'adresse à un public très restreint car le vocabulaire est spécifique et le bagage culturel qu'il faut avoir avant de commencer ce livre doit être conséquent. En revanche, ce livre a eu un côté positif puisqu'il m'a donné envie d'en savoir plus sur Carl Schmitt! J'espérais tellement en apprendre sur cet homme que je suis un peu frustrée! J'essaierai donc de trouver une biographie plus adaptée.
Lien : https://alltimereadings.word..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
La cause monarchomachique avait été soutenue dans un essai intitulé Vindiciae contra tyrannos et publié sous le pseudonyme de Junius Brutus. Il avait été rédigé, après le massacre de la Saint-Barthélemy, par des conspirateurs de cour, émules de Machiavel. Il défendait le droit des magistrats inférieurs à résister contre un monarque impie, c'est-à-dire un tyran, voire à l'assassiner au besoin. Un prince ne gouvernerait qu'en vertu d'un pacte avec le peuple, dont la soumission restait conditionnelle. Un prince gouvernant par décrets, imposant des changements abusifs, mettant à l'écart ses partenaires naturels, convoquant les états à intervalles irréguliers et par pure manœuvre, était un tyran dérogeant à son droit de gouverner. Ses magistrats subordonnés n'avaient plus à lui obéir ; ils étaient même tenus de venger le peuple en déposant le prince.
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Ces colloques, et plus particulièrement la communication de Schmitt, montraient aux professeurs allemands comment contribuer à l'effort de guerre en fournissant concepts et slogans à l'opinion éclairée. Tandis que le régime nazi marchait avec fracas vers l'hégémonie européenne, des universitaires de diverses disciplines, jaloux d'obtenir des subventions et de construire leurs fiefs, s'unissaient pour produire toute une littérature décrivant les buts de guerre allemands sous l'éclairage ennoblissant de l'histoire universelle. A tous les stades de la guerre, Schmitt se positionna adroitement dans ce vaste espace interdisciplinaire.
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Si l'on ne croit pas en la capacité du débat en chambres publiques à produire des lois ratoinnelles, rien ne distingue la procédure parlementaire de la négociation collective, où des représentants de groupes d'intérêts définissent les détails de la distribution des fonds publics et de la charge fiscale. (p.102)
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Schmitt voyait la nouvelle Allemagne de l'Ouest (...) sous un jour nettement apocalyptique. D'aucuns ont avancé que ses rapports avec le national-socialisme étaient purement opportunistes, mais le fait qu'il fut l'un des très rares intellectuels d'envergure à refuser le certificat de dénazification prouve que son opportunisme avait des limites. Il n'était pas disposé à s'adapter si cela impliquait d'admettre que toute son oeuvre était idéologiquement contaminée.
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Mais, malgré sa lucidité sur le rôle de la justification théorique en politique, Schmitt tendait à voir les tendances historiques à travers les lunettes de ses propres idéaux théoriques.
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