Rien n'est plus mortifiant pour des jeunes filles, comme pour tout le monde, que de voir une méchanceté, une insulte ou un bon mot manquant leur effet par suite du dédain qu'en témoigne la victime.
Dans ce second groupe, ont eût remarqué des tailles délicieuses, des figures distinguées ; mais les regards de ces jeunes filles offraient peu de naïveté. Si leurs attitudes étaient élégantes et leurs mouvements gracieux, les figures manquaient de franchise, et l'on devinait facilement qu'elles appartenaient à un monde où la politesse façonne de bonne heure les caractères, où l'abus des jouissances sociales tue les sentiments et développe l'égoïsme.
L'amour n'est-il pas comme la mer qui, vue superficiellement ou à la hâte, est accusée de monotonie par les âmes vulgaires, tandis que certains êtres privilégiés peuvent passer leur vie à l'admirer en y trouvant sans cesse de changeants phénomènes qui les ravissent ?
- Ginevra, vous aimez l'ennemi de votre famille, dit enfin Piombo sans oser regarder sa fille.
- Cela est vrai, répondit-elle.
- Il faut choisir entre lui et nous. Notre vendetta fait partie de nous-mêmes. Qui n'épouse pas ma vengeance, n'est pas de ma famille.
- Mon choix est fait, répondit Ginevra d'une voix calme.
Un soupir de joie sortit de la vaste poitrine de Piombo qui tendit la main au premier consul en lui disant :
- Il y a encore du Corse en toi!
Bonaparte sourit. Il regarda silencieusement cet homme, qui lui apportait en quelque sorte l'air de sa patrie, de cette île où naguère il avait été sauvé si miraculeusement de la haine du parti anglais, et qu'il ne devait plus revoir.
La misère est peut-être le plus puissant de tous les liens.
Elles appartenaient à un monde où la politesse façonne de bonne heure les caractères, où l'abus des jouissances sociales tue les sentiments et développe l'égoïsme.
Les gens qui veulent fortement une chose
sont presque toujours bien servis par le hasrad.
"Ginevra , vous aimez l'ennemi de votre famille, dit enfin Piombo, sans oser regarder sa fille.
-Cela est vrai répondit-elle.
-Il faut choisir entre lui et nous. Notre vendetta fait partie de nous-mêmes. Qui n'épouse pas ma vengeance, n'est pas de ma famille.
-Mon choix est fait" Répondit Ginevra d'une voix calme.
Là, commença pour elle l'apprentissage des chagrins que le monde sème autour de ceux qui ne suivent pas ses usages.