AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,39

sur 52 notes
5
1 avis
4
7 avis
3
8 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Pierre Grassou, c'est l'un de ces portraits-nouvelles auxquels Honoré de Balzac nous a si souvent habitués. Ce portrait, même s'il s'appuie vraisemblablement sur une personne concrète, est bien plus la peinture d'un type que de quelqu'un en particulier. Il est d'ailleurs grandement question de peinture dans cette nouvelle-ci.

Qu'a cherché à nous dire Balzac au travers de Pierre Grassou ? Encore une fois, une parcelle du fonctionnement social ou sociétal dans lequel nous nous inscrivons encore de nos jours et qui concerne certes la peinture, mais encore bien davantage : littérature, musique et, je pense, à peu près tout le monde des arts au sens large.

Qu'en est-il ? Pierre Grassou est un provincial d'origine modeste et qui est venu tenter sa chance à Paris. Il s'échine et ne ménage pas sa peine auprès de très grands maîtres qui, tous, lui signifient poliment mais fermement qu'il n'a aucun talent et qu'il ferait mieux de quitter ce milieu. Ils le trouvent tous bon camarade mais en qualité d'artiste, zéro.

Alors Pierre Grassou gratte, gratte, gratte, s'efforce, s'efforce, s'efforce. Il rampe centimètre par centimètre pour tâcher d'atteindre les sommets. Mais il reste, au mieux, un copiste honnête, qui refait en très ordinaire des compositions qui ont révolutionné l'art en leur temps.

Toutefois, parmi les gens du gratin mondain qui n'y connaissent pas grand-chose en art, il arrive que certaines oeuvres de Grassou puissent, sur un malentendu, satisfaire l'oeil de l'une ou l'autre grosse légume, au rang desquels on comptera le roi Charles X.

La cour des lèche-savates fait donc grand éloge du tableau de Grassou et, dans la minute, on lui en commande à la pelle, de la même veine. Grassou exploite honnêtement le filon et devient vite un artiste dans le vent, une sommité de pacotille, multi-décoré, qui siège aux académies compétentes...

Je vous laisse évidemment découvrir le sel narratif de cette nouvelle et le rôle d'entremetteur que jouera le roublard marchand d'art juif Élias Magus. Ce qu'il est intéressant de noter, c'est que rien, absolument rien n'a changé à l'heure actuelle. Toutes les assemblées dites " d'experts " ou " d'artistes " sont pour la plupart un ramassis d'auteurs ou d'interprètes de deuxième voire troisième zone qui, par les vicissitudes de la vie, se sont fait un nom à un moment donné et qui capitalisent dessus jusqu'au restant de leurs jours.

Il suffit de regarder les jolies têtes de veaux d'Éric-Emmanuel Schmitt, Didier Decoin et consort pour se faire une opinion de l'académie Goncourt, et je n'ose même pas vous parler de la réception récente du grand, de l'illustre, du génialissime Marc Lambron à l'abracadémie française. Comme Lambron y est, Grassou y est. (Excusez une nouvelle fois ma fâcheuse tendance matinale au calembour de bas aloi ; on ne se refait pas.)

Là, là vraiment, on se dit qu'il avait tout de même un sacré oeil d'observateur notre petit Honoré chéri. On pourrait évidemment élargir ceci aux victoires de la musique et autres singeries du même genre dans d'autres domaines spécifiques des arts. En somme, le fossé qui existe entre le génie des artistes et leur reconnaissance publique et/ou académique.

Vaste sujet qui nous emmènerait loin et sur lequel je ne souhaite pas m'élancer plus avant. Une nouvelle donc, très clairvoyante, de loin pas celle que je préfère De Balzac qui a su faire beaucoup, beaucoup mieux, mais un Balzac même de second choix reste plus intéressant que ceux écris par la ribambelle de tiers couteaux sus-mentionnée. Au demeurant, souvenez-vous que ce que j'exprime ici n'est que mon grassouillet d'avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          730
Dans Pierre Grassou, Balzac critique ouvertement les liens de la bourgeoisie avec l'Art. Engagé pour l'Art qui lui tient à coeur, il dénonce les changements apportés au Salon du Louvres en 1830 et va jusqu'à dire que : "Depuis 1830, le Salon n'existe plus". le surplus d'oeuvres va en contre-sens de la définition de l'Art proprement parlé. Les artistes représentés au Salon ne sont pour la plupart que des amateurs d'art, et non pas de vrais peintres d'après Balzac.

L'histoire de Pierre Grassou soutient la pensée De Balzac. Grassou est un excellent citoyen mais un médiocre peintre, et il le sait lui-même. Il parvient néanmoins à faire succès, à exposer certaines de ses oeuvres au Salon et à devenir riche. Il fait donc parti de ces peintres médiocres qui arrivent à se faire une place au milieu du Salon qui auparavant présentait de vraies oeuvres.

Je n'ai personnellement pas compris tout au livre dès la première lecture. le style De Balzac est très particulier et ne m'enchante pas plus que ça. Il est néanmoins sûr que Balzac est un écrivain de renommée qui a su défendre ses idées et ses pensées à travers l'écriture. Il a également beaucoup critiqué la bourgeoisie à travers ses nouvelles!
Commenter  J’apprécie          90
Dans ce roman, confondant parfaitement le réalisme du contexte historique dans lequel il se situe - accentué également par l'évocation d'un certain nombre d'artistes et d'oeuvres réels - on retrouve d'intrigants et mystérieux personnages imaginaires, dont le personnage éponyme.

Par son réalisme, l'oeuvre critique ouvertement l'embourgeoisement de l'art, la dégradation du Salon et indirectement la mort de l'art, soulignée par les nombreuses copies ratées de Grassou de Fougère. le Salon devient le lieu où le chef-oeuvre côtoie la médiocrité.

"Au lieu d'un tournoi, vous avez une émeute ; au lieu d'une Exposition glorieuse, vous avez un tumultueux bazar".

En effet on constate que la bourgeoisie est clairement ignorante, qu'elle aime la personne de l'artiste, la manière dont il est vu, son grade, mais ne comprend en aucun cas la subtilité et l'intérêt de l'art, au point d'admirer des pastiches médiocres. La naïveté de la bourgeoisie s'associe ici à celle du peintre, résultant de la richesse de Magus.

"Les tableaux magnifiquement encadrés avaient des étiquettes où se lisaient en lettres noires sur fond d'or "RUBENS Danses de faunes et de nymphes, REMBRANDT Intérieur d'une salle de dissection. le docteur Tromp faisant sa leçon à ses élèves". Il y avait une cinquantaine de tableaux, tous vernis, époussetés..."

Le nom même de Magus, l'usurier des toiles, peut laisser soupçonner plusieurs choses, fusion tout d'abord des noms du célèbre antiquaire Mage, ainsi que du fameux marchant parisien de l'époque nommé Susse. L'addition des deux noms démontre sa somptuosité de manière économique, mais également au sens global (magnus en latin signifie grand). On peut ajouter à cela un côté magique, n'oublions pas que Magus "transforme" mystérieusement les tableaux, et par sa capacité à les vendre se présente comme un magicien aux yeux de Grassou.

Grassou d'ailleurs clairement défini comme mauvais, lors de ces études notamment, mais il est entêté et déterminé, car ne voit pas d'autres moyens de s'en sortir. Ce peintre naïf n'a pas peur d'être critiqué puisqu'il continue inconsciemment de s'inspirer fortement d'autres artistes. Il est passif, ne dépense ni argent, ni énergie.

En bref, ce livre montre que la réussite n'est pas toujours liée à la performance et la personnalité mais à l'obstination et à la pitié. D'autres peintres intégreront l'oeuvre copiée de Grisou au Salon par exemple. Quoique le bonheur qu'apporte l'art à Grassou (argent, mariage, passion, honneur etc...) ne rivalise pas face au mépris des artistes réellement compétents.
Commenter  J’apprécie          70
Ce court texte est le portrait d'un artiste, comme Balzac en livre dans ses autres courts récits. Mais l'intrigue ici n'est ni une histoire d'amour - puisque les sentiments sont liés à la vanité et à l'intérêt, ni sur un génie incompris. Au contraire, Pierre Grassou n'a pas de génie, ni même de talent. Sa vie est rangée, sans histoire, un petit bourgeois aux modestes ambitions, qui a peur du changement. C'est donc l'inverse d'un artiste maudit finalement, son travail lui suffit pour vivre, puisqu'il le vend. Ou en tout cas, Balzac pratique l'ellipse, pour ne pas révéler les moments où le personnage souffre.
Balzac nous livre aussi la peinture de bourgeois ridicules, par leur physique, par l'étalage de leurs richesses de parvenus. Il y a enfin le personnage de l'entremetteur, le marchand de peintures arnaqueur qui profite de la situation - ce qui nous est révélé dans le dénouement final, assez drôle - même s'il pourrait être tragique.
Commenter  J’apprécie          40
Dans Pierre Grassou, Balzac critique les liens entre la bourgeoisie et les arts. Les vulgaires bazars où la quantité a supplanté la qualité.
Après une lecture assez courte et saturée d'un vocabulaire confu, l'histoire reste intéressante et fascinante à découvrir.
Commenter  J’apprécie          00

A travers cette histoire Balzac dévoile ses pensées et dénonce la société bourgeoise qui est ignorante en ce qui concerne l'art. Il raconte l'actualité de l'époque.

Les différents changements du Salon du Louvre en 1830 ont poussé Balzac à exprimer ses avis sur les amateurs qui font illusions de connaitre ce qu'est l'art à proprement dit.
«Tout fut perdu dès que le Salon se continua dans la Galerie. »
« Maintenant que le moindre gâcheur de toile peut envoyer son oeuvre, il n'est question que de gens incompris».

Balzac expose aussi le coté réel de ses histoire par la citation de plusieurs peintres et toiles ayant réellement existé.
« le Café Turc, les Enfants à la fontaine, le Supplice des crochets, et le Joseph de Decamps »

Pierre Grassou est considéré et nommé plusieurs fois comme étant un peintre médiocre. Il a juste assez de sens artistique pour ne pas croire à son talent. C'est exactement le genre de personne que Balzac dénonce car malgré son travaille obstiné, Pierre Grassou ne fait que copier de grands tableaux ce qui lui vaut son statue social auprès de la bourgeoisie mais n'a pas de réussite auprès des vrais experts en art.
Commenter  J’apprécie          00
N'étant pas le style de livre que j'ai l'habitude de lire, Pierre Grassou m'a beaucoup étonné car je pensais ne pas apprécier cette oeuvre, mais elle m'a tout de même plu. Une phrase qui m'a "marqué" est celle-ci : “Inventer en toute chose, c'est vouloir mourir à petit feu ; copier, c'est vivre.” Cette citation de Pierre Grassou me fait penser à un état d'esprit très présent de nos jours. Aujourd'hui être différent fait souvent sujet à des critiques, car la société n'aime pas ce qui est différent, cela reprend pour moi "inventer en toute chose, c'est vouloir mourir à petit feu". Puis, "copier, c'est vivre", la société ayant peur de la différence, de la nouveauté, fait donc comme tout le monde, ce qui entraine une population entièrement identique. Je pense que cette phrase est ma préféré car pour moi, elle représente notre société d'aujourd'hui.
Commenter  J’apprécie          00
" On connaît des médiocrités plus taquines et plus méchante que celle de Pierre Grassou qui, d'ailleurs, est d'une bienfaisance anonyme et d' une obligeance parfaite. "

Pierre Grassou a réussi malgré sa banalité et son insignifiance à se faire une place confortable dans la société, dût a ses qualités dont sa persévérance. Balzac nous informe que n'importe qui peut arriver a son but comme Pierre Grassou mais que tout le monde n'a pas de bonne intention comme peut nous le montrer le personnage d'Elias Magus qui lui arrive a ses fin sans aucune honnêteté.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (161) Voir plus



Quiz Voir plus

Connaissez-vous La Peau de Chagrin de Balzac ?

Comment se comme le personnage principal du roman ?

Valentin de Lavallière
Raphaël de Valentin
Raphaël de Vautrin
Ferdinand de Lesseps

10 questions
1303 lecteurs ont répondu
Thème : La Peau de chagrin de Honoré de BalzacCréer un quiz sur ce livre

{* *}