Vers ce temps, il peignit une Léda pour Alphonse, duc de Ferrare ; mais , mécontent des procédés d'un des courtisans de ce prince, il fit présent de son tableau à un de ses élèves. Cet artiste l'apporta en France, et le vendit au roi François Ier, monarque toujours empressé d'enrichir son royaume des chefs-d'oeuvre des arts. Ce tableau n'existe plus aujourd'hui, et l'on varie sur l'époque de sa destruction. L'opinion la plus accréditée est qu'il fut placé à Fontainebleau jusqu'au règne de Louis XIII, et qu'alors Desnoyers, ministre d'Etat, le fit brûler, parce qu'il trouva la figure de Léda trop passionnée.
Ayant ainsi accru sa gloire par les moyens même que ses ennemis avaient inventés pour la diminuer, Michel-Ange fit un nouveau voyage à Florence. Il était encore dans cette ville, lorsqu'il apprit que Jules II venait de mourir, après avoir ordonné par son testament que son tombeau fût achevé. La première pensée d'un monument de quarante figures, dont plusieurs au delà de grandeur naturelle , n'avait point effrayé l'imagination de Michel-Ange; il résolut de se conformer aux dernières volontés de Jules II. Mais Léon X, successeur de ce pontife, était de la maison de Médicis. Il exigea que Michel- Ange exerçât ses talents à Florence et pour sa famille.