Alors qu’il se déshabillait dans l’obscurité de leur chambre, Thomas se rapprocha de Yohan. La nuit était tombée rapidement, noire et humide, avec le lac qui faisait comme une mer au bord de la maison. Il colla son torse nu contre le dos de Yo et baisa doucement sa nuque. Il songea à ce que leur avait raconté Adrian…
Yohan avait beaucoup discuté avec lui, au point qu’à un moment donné, Thomas s’était demandé si quelque chose ne se passait pas entre eux. Peut-être que Yo se reconnaissait dans l’histoire d’Adrian. Ou peut-être qu’il se faisait des idées.
Peut-être que Yo aurait été mieux avec un type comme Adrian, plutôt qu’avec lui…
Il s’en voulut aussitôt d’avoir une telle pensée. Il essaya de supporter la sensation de torsion qui se produisit à l’intérieur de son ventre et soupira profondément pour se calmer.
« Qu’est-ce qu’il y a ? lui chuchota Yohan.
— Rien… »
Il se sentait stupide. Il aurait presque pu ajouter « tout va bien », mais ç’aurait été pousser le mensonge trop loin.
« Qu’est-ce que tu penses de nos hôtes ? poursuivit Yo en laissant aller sa tête en arrière, lui offrant l’accès à son cou, sur lequel il frotta son visage, s’y ressourçant.
— Géniaux, tous les deux. Manuela est belle… »
Paresseusement, il fit glisser le bout de ses doigts sur le torse de Yohan, savourant la sensation de la nacre de sa peau et la laissant l’apaiser.
« Elle me fait penser à Ludivine, commenta ce dernier.
— Tu crois ?
— Ouais… Elle a les mêmes attitudes de drama queen. »
Thomas rit brièvement. Ludivine était une trans’ connue de Paris. Très extravagante, quoique fortement maternelle également.
Il ne fit pas de commentaire sur Adrian.
Il y avait encore quelques mois, celui-ci aurait été typiquement le genre de mec qu’ils auraient eu envie de se faire. Ensemble ou l’un d’eux. Ils n’auraient d’ailleurs sûrement pas tergiversé, surtout pas Yohan : il l’aurait traîné dans la première pièce obscure qu’ils auraient croisée et l’aurait baisé contre le mur. Désormais, c’était différent, mais Thomas ne savait pas si c’était une bonne chose. Lentement, il caressa la peau de Yohan du plat de sa joue, de son nez et de son front.
L’amour qu’il éprouvait, bien que puissant, le déstabilisait toujours. Et « toujours » persistait à être un mot inquiétant. Il s’immobilisa, le front posé contre la nuque de Yo.