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EAN : 9782757003787
202 pages
Jacques André Editeur (16/01/2018)
4.56/5   9 notes
Résumé :
« Un volume de Radu Bata ressemble à un écrin dans lequel une jeune femme d'aujourd'hui garde, pêle-mêle, ses parures. Plastique et nacre, laiton mais aussi or, cordelettes et chaînettes enchevêtrées, un camée ou une bague de rockeuse avec une tête de mort, un bracelet à ligne pure mais aussi un pendentif kitsch, porté par non-conformisme et défi. Ou encore un petit chat rose en verre de Murano. Surtout, le poète étend une couche de vernis mélancolique qui atténue l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Tentative (bienveillante) d'apprivoiser les nuages : brève étude non exhaustive et existe-en-ciel d'un recueil comportant également une douzaine d'illustrations (mention spéciale pour celles de Cătălina Gavriliță p. 87 et de Florian Doru Crihana p. 15) et qui fut pour moi un prodigieux cadeau.

Une très belle préface de Christine Rannaud nous ouvre la porte du livre de Radu Bata, tandis que, nous dit-elle, « brillent au firmament [...] les coeurs des aimés... ». Suivez-moi !

D'entrée de jeu le poète décide de se délester de toute futilité et « dans [son] histoire de survivant/ [il] ne garde que le cerf-volant »(p. 5). Nous voilà déjà embarqués pour un voyage dans les nuages si chers au poète. Ils sont cotonneux à souhait. Une trentaine d'occurrences sur 200 pages. Un symbolisme protéiforme pour des images fort poétiques.

Tout le monde parle leur langue (p. 13), mais attention (p. 29) il ne convient pas de se moquer d'eux. Il leur arrive (p. 38) de faire la grève de la pluie (fabuleuse fécondatrice) si on pleure trop. Nous rêvons (p.58) littéralement de devenir des nuages. Il faut parfois (p. 59) les écarter car ils sont comme des rides ou peut-être des rideaux de fer sur le front de l'amoureuse. Un autre jour (p. 81) on leur dessine des boucles (supplémentaires), à moins qu'on ne leur dessine des ailes car (p. 84) « les nuages sont comme des oiseaux ».

Dans l'excellent « Cloudy Tango » (p. 86) le poète les dissipe en prenant son amour dans ses bras (télescopiques).

« Nous sommes [résolument] les enfants des nuages » et comme le poète, je déclare : « je n'ai jamais quitté mon pays/ c'est lui qui m'a quitté ». Paradoxe doux-amer de l'exilé universel !

L'esprit joueur est là (p. 103), je vous le dis. Les nuages de Radu Bata sont des magiciens également capables « de sortir des pommeaux de douche/ de leur chapeau ». Voilà pourquoi il nous arrive d'en tomber amoureux comme dans « Où vont les nuages quand ils disparaissent » (p. 110) avec une épigraphe de Anna Maria Celli.

Transfusons nous avec des « globules de nuages » (p. 112). « Le sang du zéphyr » (p. 126) est si bon : des nuages « sans patrie » blessent le ciel. Sauvons-les ! Les « jeunes nuages » sont décrits comme « une espèce de kamikaze » (p. 134). Leurs acrobaties nous rappellent l'enfance (p. 170).

Je ne sais pas si c'est le meilleur mais c'est pour la fin : « la logique de l'amour c'est qu'il n'a aucune logique/ dans la lignée de cette nuée d'hurluberlus/ j'avoue aimer les petits nuages lunatiques/ et les gens que je n'ai pas encore connus » (p. 176).
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Lorsque Survivre malgré le bonheur est arrivé dans ma boîte aux lettres, j'eus la surprise d'un bel ouvrage illustré, au papier respectueux de l'environnement et des forêts européennes, et celle d'une courtoise lettre de l'éditeur, Jacques André, établi à Lyon, à l'élégant en-tête entre deux hommes d'épée. L'épée qu'un privilège insigne autorisait aux imprimeurs de porter sous l'Ancien Régime : Jacques André fut imprimeur, apprend-on du site Terre à ciel. L'attention portée à la confection du livre, à la typographie, aux couleurs, le montrerait assez. La couverture de Stefan Câltia, L'arbre à ailes, évoque Jérôme Bosch. Réalisme magique, nous dit Wikiart, qui connaît tout et aime les étiquettes. Sur les poésettes de Radu Bata, celle-là collerait assez bien. le réel merveilleux, écrit aussi Alejo Carpentier dans le royaume de ce monde. Et c'est une royauté, digne, sans la pesante majesté, c'est la merveille de ce monde, légère et lumineuse, que clame Radu Bata. Ses courts poèmes en vers libres regorgent de joie, bien qu'ils se couvrent parfois d'une mélancolie, une lucidité sombre semblable à celle de son titre : il y a le bonheur, auquel il faut survivre ; il y a le merveilleux, les jeux de mots, la fulgurance souriante des images, et puis il y a la réalité, l'économie contemporaine, l'industrie qui pollue, le commerce envahissant et les média à l'heure des fake news ; la politique, allusivement brocardée (professeur de français en Roumanie jusqu'en 1990, le poète a connu l'ère Ceausescu ; ce sont d'autres dictatures en Europe de l'ouest aujourd'hui : celles de l'argent, de l'égoïsme et des fausses valeurs).

"le monde s'arrache les cheveux
oubliant qu'il porte la perruque
de l'hypocrisie",

nous conte ce compatriote de Cioran. de l'inconvénient d'être né ne s'engendre pas pourtant chez Radu Bata la désespérance, mais une vision caustique et désillusionnée, que l'humour sauve.

"la géographie
de mon pays d'élection
suit les contours de tes lèvres
voilà pourquoi
aujourd'hui
je lui demande
l'asile politique"

Comme tant d'exilés, le poète s'écartèle entre ses langues dispersées :

"je me réveille en roumain
après un rêve français
si ce n'est pas
l'inverse"

Un sentiment de l'absurde en résulterait à moins. Il est d'usage de rappeler cette sentence attribuée à Eugène Ionesco, illustre dramaturge roumain, qui vécut lui aussi en France : "La vérité est dans l'imaginaire". Celui de Radu Bata projette sur le quotidien la lueur de l'évidence.
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« Une collection enthousiasmante de petits poèmes pleins d'allégresse sur le temps qui passe, l'amour et les petites joies de l'existence » nous apprend la couverture. « Les poésettes sont à peine plus longs que des bâtonnets de haïkus qu'on ne finit jamais de mâchonner pour succuler les sens cachés. Un recueil drolatique et malicieux, versé de plaisir jusqu'au pied ultime ». C'est bien vrai, ces phrases de la couverture vont comme un gant à ce livre au titre paradoxal.
« Survivre malgré le bonheur » est un recueil de petits textes qui peut vous accompagner partout : sur la plage, au bureau, en voyage, c'est le livre qu'on devrait emporter sur une île déserte. Car en parlant de tout, il parle de nous, avec humour, émotion, sincérité et ironie, comme le ferait un très bon ami.
On trouve dans ce volume de poésies beaucoup de formules qui restent dans la tête comme des refrains. On trouve aussi de merveilleuses illustrations, ce qui en fait un très bel ouvrage, peut-être même le plus beau volume de vers imprimé en francophonie ces dernières années.
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"Survivre malgré le bonheur" est pour moi un "livre poétique d'art"; chaque petite poésie amène obligatoirement une réaction : un sourire, une profonde réflexion, un hochement de tête, mais dans tous les cas, on ne peut pas y rester insensible...
Les illustrations colorées viennent apporter une petite touche supplémentaire d'âme.
Certains poèmes pourraient être proposées sans problème aux plus jeunes pour leur faire aimer la poésie, je pense par exemple à "où vont les nuages quand ils disparaissent ?"...
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Le titre "Survivre malgré le bonheur" m'a incitée à cocher ce recueil de poésie lors de la dernière Masse critique. Pour être honnête c'était loin d'être mon premier choix. Mais je ne lis pas assez de poésie et comme je suis bien décidée à continuer à ouvrir mon esprit je n'ai pas été mécontente lorsque j'ai appris que le sort me l'avais désigné.
D'autres lecteurs ont souligné la beauté de l'ouvrage. Je les rejoins. L'iconographie est magnifique et la qualité du papier très belle. Mais assez parlé du contenant.

Les poèmes de Radu Bata sont surprenants par leur forme (un peu proche des haïkus pour certains) et par leur contenu. Ils bouleversent, choquent, surprennent, amusent, bref, ils ne m'ont pas laissée insensible. Il faut picorer cet ouvrage, piocher au hasard, ne pas le lire de façon classique (comme pour beaucoup d'ouvrages de poésie). Ne pas oublier de lire les titres ni les petites citations en italiques (parfois plus touchantes que les poèmes eux-mêmes).
Merci au Editions Jacques André et à Babelio qui m'ont permis de sortir de mon quotidien par petites touches.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
pas de grâce pour les braves

(nous sommes les génies d’une lampe
que personne ne frotte
sauf les espèces disparues)

on est condamné
à la vie
dès la naissance

les malchanceux
exécutent la peine
en totalité
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aphrodite est un fruit
de mer

tu as beau être
un océan
si tu n'as pas une île
à tenir dans les bras
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et maintenant
mes nuages orphelins
sont dépliés dans l’armoire
et sentent bon
les phéromones

(p. 127)
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DONNEUR D’ORGANES
(altermondialisation)

ne pas s’apitoyer sur son sort
ne pas attendre d’être mort
pour donner ses rêves
et son corps
devenir fidèle
aux vies parallèles
passer les nuits
avec les hirondelles
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rien n'est dû au hasard
même le hasard
n'en fait pas
qu'à sa tête
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Video de Radu Bata (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Radu Bata
Radu Bata et Le philtre des nuages et autres ivresses au Café de Paris (2014)
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