[Le Coupable]
Bataille est l'homme qui ne veut pas "s'y retrouver", en tout cas, il tend à l'être...
C'est une guerre à lui tout seul ; une guerre sans fin qu'il se fait en conscience, acharnée.. contre l'homme qui pourrait croire, en lui-même.
[L'Alleluiah]
D'où vient le plaisir ?
De ce qu'on ne peut voir, de ce qu'on ne peut lire sans mouvement réflexe d'envie et de peur
Dans cette nuit qui n'est pas le contraire du jour mais peut-être, sa splendeur
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Le plus amer est pour moi le malentendu qui défigure le mot de "gloire".
Mais nul ne peut nier ce qui lie l'existence humaine à ce que désigne le mot. Il est vain de hausser les épaules les mensonges dont le mot fut l'occasion n'altèrent pas le sentiment que nous en avons. Il faut aller au fond, où se révèle la vérité physique.
Toute la terre a parlé, vécu de gloire, et non seulement de gloire armée. Le soleil est glorieux, le jour est glorieux. Ce qui est glorieux ne peut être lâche. Il ne s'ensuit pas que la gloire se réduise à la dorure d'entreprises inavouables. Elle est là où s'affirme la vie : il dépend de la chance, ou de la volonté des hommes, qu'ils l'affirment de l'une ou de l'autre façon.
Ne plus abandonner la gloire aux lubies d'hommes futiles, qui la morcellent comme les enfants leurs jouets comme les enfants leurs jouets, puis en battent monnaie, en font une foire à l'encan. Retirée d'une circulation comique ou sordide, il subsiste d'elle une flamme juvénile, consumant l'être, l'animant d'un mouvent fier, "l'accordant au désir des autres"
(...) J'ai peu d'espoir. Ma vie m'épuise... J'ai du mal à sauver mon humeur d'enfant (l'enjouement du rire). La confiance et la naïveté sont cruelles, elles évitent de voir l'effort tendu sous la menace. Personne à travers mes difficultés ne persisterait. Je pourrais préférer la mort. Au bout de mes forces nerveuses...
Je ne m'oppose pas moins que Hegel au mysticisme poétique. L'esthétique, la littérature (la malhonnêteté littéraire) me dépriment. Je souffre du souci de l'individualité et de la mise en scène de soi (à laquelle il m'arriva de me livrer). Je me détourne de l'esprit vague, idéaliste, élevé, allant à l'encontre du terre-à-terre et des vérités humiliantes.
Chaque homme est étranger à l'univers, appartient aux objets, aux repas, aux journaux - qui l'enferment dans sa "particularité"-, le laissent dans l'ignorance de tout le reste. Ce qui lie l'existence à tout le "reste" est la mort : quiconque regarde la mort cesse d'appartenir à une chambre, à des proches, il se rend aux libres aux jeux du ciel.
(...) le seul achèvement possible de la connaissance a lieu si je dis de l'existence humaine qu'elle est un commencement qui ne sera jamais achevé. Quand cette existence atteindrait la satisfaction, tout au moins celle des exigences vivant en nous. Elle pourrait définir ces exigences comme fausses au jugement d'une vérité qui lui appartiendra dans une position de demi-sommeil. Mais, selon sa propre règle, cette vérité ne peut être telle qu'à condition, que je meure, avec moi ce que l'homme à d'inachevé. Et ma souffrance éliminée, l'inachevé des choses cessant de ruiner notre suffisance, la vie s'éloignerait de l'homme; avec la vie, sa vérité lointaine et inévitable, qu'inachèvement, mort et désir inapaisable sont à l'être la blessure jamais fermée, sans laquelle l'inertie - la mort absorbant dans la mort, et ne changeant plus rien - l'enfermerait.
Le pire est le "faux-jour".(...) Plus redoutable est la lumière incertaine qui vient de toute parts (nous ne savons d'où) (...) L'homme agité dans ce faux-jour est la proie de croyances raisonnables. Il ne saurait se croire abandonné. Il ne sait pas qu'il aura tout d'abord à reconnaître l'abandon, puis à le vouloir, à devenir enfin volonté d'être abandonné. comme devinerait-il dans l'abandon le moyen de communiquer le plus ouvert ? Et toujours des "vérités" transparaissent, des faisceaux de vérités se forment qui le fascinent; les faisceaux se défont... Sans lassitude, il les reforme un peu changés. Vienne l'homme le plus intelligent : il liera tout d'un faisceau. La vérité entière va-t-elle enfin, quand le faisceau se défera, se dissiper ? Il n'en est rien : l'inépuisable patience de la nuit recommence : l'homme guérit, par l'oubli, de son impuissance. D'autant qu'elle se fondait sur une erreur : personne au fond ne veut le jour, Hegel lui-même n'en voulait pas; l'intelligence est dirigée vers un "faux-jour", elle cherche un insaisissable miroitement. Le jour détruirait tout, le jour serait la nuit!
"La volonté d'échapper à l'apparence aboutit à changer d'apparence."
Elle s'inscrit dans la lignée De Sade, Baudelaire ou encore de George Bataille et devient une des premières femmes à écrire la sexualité "comme un homme". Cette écrivaine mi-pirate mi-punk a bouleversé la littérature avec une liberté de ton qui inspire encore les autrices d'aujourd'hui comme Virginie Despentes.
#littérature #féminisme #punk
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