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J'ai choisi ce livre un peu au hasard ou plus exactement sur la présence dans le titre de Machiavel, cet homme qui donna son nom à toute idée de manipulation, de perfidie voire de torture et dont le visage sur le buste découvert dans un musée à Florence, reflétait, je trouve, ses turpitudes.

1527 - Machiavel est au soir de sa vie et a fui Florence pour échapper à la peste. Il arrive dans une ville de Toscane dont on ne connaît pas le nom mais où l'épidémie fait des ravages. Il va déambuler pendant plusieurs jours, faire des rencontres (mais surtout voir des cadavres) et être amené à se pencher sur ce qu'il représente pour les autres (son visage étant reconnaissable) mais aussi va se découvrir bon samaritain en sauvant la vie à une jeune fille accusée de sorcellerie et assister une autre dans ses derniers instants.

Quel esprit torturé ce Machiavel. L'auteur en fait le principal narrateur mais par quelques interventions, Christophe Bataille explique également sa démarche :

"Je prends Machiavel à ses mots. Je le prends au temps et à sa légende. J'en fais un homme. Je me sens libre comme Racine écrivant l'Enéide. Voilà en peu de mots tout le sujet de cette tragédie : j'écris un roman sur la peur, la maladie, les rêves, le néant, un roman sur la pauvre science et la glorieuse astrologie ; ou bien, après tout est-ce un roman sur la nuit, sur la marche, sur les poules noires et ce diable de vinaigre. (p141)"

Face à la peste, Machiavel comprend que malgré sa réputation, sa richesse (il a sur lui des diamants) il se retrouve démuni, impuissant, faible et même en danger car certains veulent se venger des conseils qu'il a suggérés aux puissants (en tirant un bénéfice bien sûr de ceux-ci), basculant dans le camp des faibles, des craintifs, de ceux qu'ils terrifiaient autrefois. Ici celle qui gouverne est désormais la Peste. Elle abolit fortune et pouvoir. Alors il erre avec le vinaigre comme seul bouclier et va vivre chaque moment comme le dernier.

Je ne sais pas si c'est le fait d'un énième récit sur une épidémie ces derniers temps (ce roman date de 2008) mais j'ai eu beaucoup de difficultés à aller au bout de ce roman, ayant même eu envie à plusieurs reprises de l'abandonner sans trop savoir d'ailleurs pourquoi. le fond m'intéressait, l'histoire aussi mais il y avait quelque chose dans la narration qui me gênait.

Pour moi, cela tourne un peu en rond, Machiavel par ci, Machiavel par là (répétition du nom x fois alors que le "je" aurait peut-être allégé la narration), vinaigre à profusion et j'ai trouvé le temps long, parfois figé et n'ai pas du tout compati au sort de cet homme. Rencontres féminines, débauche avec de très jeunes filles, idées malsaines etc.... sont prétextes parfois à des scènes scabreuses.

En fin de récit, l'auteur justifie sa démarche, en expliquant qu'il a voulu démontrer que toute personne à une part d'humanité lorsqu'elle se trouve confronter au désastre, à des scènes de mort, d'horreur et d'impuissance ou sentant sa mort prochaine. Machiavel vit un cauchemar et rêve et là est également le problème car on se perd parfois, souvent, ne sachant plus dans quel univers on se situe : rêve ou réalité. L'écriture est sèche (peut-être comme l'était le personnage) faite souvent de courtes phrases et sans émotion. Intéressant mais déroutant.

Une lecture machiavélique finalement !....
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Drôle d'objet littéraire ! C'est un roman qui procède du renversement : Machiavel, dont la réputation le devance dans tout le pays, se retrouve prisonnier dans une ville de Toscane dans laquelle la peste provoque l'apocalypse. le notable se retrouve à lutter pour sa survie parmi les gens du peuple. L'or et le diamant n'ont plus cours. Les enfants meurent dans la rue. Machiavel qui conseillait les princes jusqu'à la torture et au crime, trouve dans l'amour la dernière consolation au triomphe de la mort absurde et gratuite.
L'écriture procède par ellipse et par des fulgurances poétiques. C'est le livre des rencontre d'opposés irréconciliables : horreur et beauté, histoire et poésie, réalisme et imaginaire, mort et amour. Un livre qui nous arrache de notre époque technoscientifique et superficielle que nous appréhendons à travers nos écrans pour nous rappeler avec urgence que la vie est bien plus que cela.
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Le rêve de Machiavel est plutôt un cauchemar. En l'année 1527, une épidémie de peste se déclare en Toscane. Machiavel fuit Florence et se réfugie dans une ville sans nom où il est autorisé à entrer après un minutieux examen de son corps par des gardes de faction aux portes de la ville pour écarter tout signe apparent de la maladie. Les 200 pages du livre sont un enchaînement d'angoisses, de délires, de visions apocalyptiques de morts dévorés par des rats, de bûchers. Dans le dédale
des ruelles pourries par les cadavres, Machiavel, qui voulait passer incognito, est reconnu et même accusé d'être à l'origine de l'épidémie.
Il est à la fin de sa vie et a perdu de sa superbe, il n'est plus qu'un prince déchu. Ironie du sort, il décède cette même année 1527 non pas de la peste mais ....d'une péritonite.
Cet ouvrage est effrayant mais il a quelque chose d'envoûtant. Heureusement il est assez court.
J'ai lu ce livre à l'heure de l'épidémie de COVID 19 qui sévit en Europe et partout ailleurs dans le monde semant l'angoisse, la méfiance ou la défiance, le désarroi et la mort partout autant que le peste jadis. Pour information le bacille de la peste a été découvert par Alexandre Yersin en 1894. Dans la foulée, il a mis au point un sérum anti-pesteux. Actuellement des cas de peste se manifestent encore çà et là dans le monde. Les antibiotiques sont le meilleur remède à la maladie. Gardons espoir, le monde vaincra la COVID.
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Un étonnant questionnement du rôle de l'intellect en temps de crise absolue...

Publié en 2008, ce septième roman de Christophe Bataille était le premier que je lisais. Court (215 pages) mais dense, il nous emmène aux côtés d'un étonnant Nicolas Machiavel vieillissant, fuyant l'épidémie de peste qui dévaste Florence pour se retrouver malgré tout enfermé dans une petite cité toscane des environs, où se déchaînent les peurs, les horreurs et les passions avec la mort qui approche... et où Machiavel lui-même, conseiller des princes, en viendra à douter de lui-même dans une ambiance en effet largement onirique.

« Il n'y a pas de Renaissance, il n'y a pas de temps anciens mais il y a dit-on des images secrètes. Il y a sainte Agathe, les seins tranchés par le vitrail. Il y a l'aubépine en son tablier pourpre. Il y a les enfants d'autrefois qui marchent, le placenta séché autour du cou. Il y a le sang des oiseaux qui mousse sur ton ventre glabre. Il y a cette tête d'âne fichée sur un corps d'homme. On dit que ce crâne, c'est le monde. Et l'homme, est-ce moi ? Ou est-ce Machiavel qui fuit la peste ? Alors voici : je raconte un homme dans le déchirement, il paraît que c'était il y a des siècles, que cet homme a vécu, qu'il n'y a plus de peste, que tout change, or j'invente très peu, je porte le regard au coeur de ce qui est. »

« Ces pierres taillées sont tout son trésor. Avec ça, il peut acheter une ville, du pain, des bougies, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de récoltes, plus de bras, plus d'air, plus de feu. Mais rien dans sa paume ne peut lui obtenir un regard ou un geste humain. Il a donc fallu ce long chemin. Il a fallu les voyages, l'exil, la peur, il a fallu les livres, la gloire, les femmes, la bizarre course du temps pour qu'il ne reste rien du grand esprit, rien de la gloire, rien de l'expérience. Il a fallu que Machaivel soit vieux et sage pour qu'il rêve d'être courageux, vif, fuyant de nuit vers Menton puis Aix. »

Brodant à loisir sur un épisode relaté brièvement par Machiavel lui-même, et extrapolant sur l'interprétation qu'en fit jadis Jules Michelet, Christophe Bataille nous livre ici une étonnante machine, puissante et robuste, paradoxalement bien peu politique, à propos de l'auteur du « Prince », mais pleine d'une réflexion sauvage sur l'humanité en temps de crise – et sur le rôle ou l'absence de rôle de l'intellect en la matière...
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Imaginant une continuation du dernier écrit sorti de la plume de Machiavel, La description de la peste de Florence de 1527, Christophe Bataille nous livre ici un vrai roman poétique, dans lequel l'abject (la peste) et le noble (l'amour) se complètent et se mélangent en même temps.
Machiavel, ce héros déchu de la Renaissance se trouve toujours entre deux idylles : une terrifiante avec la peste (les promenades parmi les morts, la description en détail des de la maladie), et une romantique avec Violetta (le seul personnage féminin du roman pour lequel l'insensible Machiavel éprouve de l'amour).
La différence entre ces deux idylles, ou mieux dit pulsions, est visible, en dehors de la narration, même au niveau linguistique, ou d'un côté nous avons le lexique de l'horreur et de l'autre côté le lexique de l'amour. Tout ceci n'a pour rôle que de montrer aux lecteurs un Nicolas Machiavel purement humain, qui se trouve dans un monde apocalyptique : devant la Mort, sans pouvoir et sans diamants et surtout sans l'image du génie politique que plus personne ne reconnaît à l'heure de la peste.
La structure fragmentaire du récit et les rimes qui se trouvent dans beaucoup de paragraphes (narratifs ou descriptifs) m'ont donné la sensation de lire, à la première vue, un poème gouverné par Éros et Thanatos dans un monde où le rêve et la réalité sont des éléments indissociables.
J'estime que ce roman démontre une complexité particulière qui provoque la lecture et la relecture en fonction de différents seuils d'interprétation : linguistique, symbolique, poétique et même politique.
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Le mot qui me reste pour qualifier ce livre est: étrange, voire dérangeant. Cette sensation vient avant tout de la narration, bien plus que de l'histoire en elle-même: celle-ci est assez simple et presque banale (il s'agit d'une fiction sur le dernier amour de Machiavel pendant la Peste de 1527 en Italie. La Peste et ses effets, médicaux comme sociaux, est décrite très crûment par le narrateur et Machiavel même dans ses paroles. La manière de raconter est sèche, brute. Ca m'a semblé à la fois agréable et dérangeant, jusqu'à ce que je parvienne à mettre des mots sur mes sensations: un des personnages dit à Machiavel "Tu parles comme un mort." et toute la narration est faite selon ce mode, cet état d'esprit. le narrateur (l'auteur?) intervient plusieurs fois dans le récit, notamment à la fin où il s'adresse presque au lecteur: là encore, je suis partagée entre l'admiration et le malaise face à ces mots sans complaisance envers lui-même et ses contemporains, nous.
En conclusion, une lecture qui ne (me) laisse pas indemne.
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Toscane, 1527, la peste ravage les villes et les campagnes, Machiavel fuit, marche sans trêve à la recherche d'un havre, l'arche où il pourra survivre, vivre encore quelques temps. Derrière lui Florence qu'il a quittée précipitamment après la mort des siens, de son fidèle serviteur Fabio, un homme capable de soulever une charrette d'une main et de la bien aimée de ce dernier, Cordélia une fille à la langue tranchée, aussi pâle et fine que Fabio est grand et brute. Son palais, ses milliers de livres incendiés, il n'emporte avec lui dans une sacoche de cuir cousue emplie à la hâte que quelques biens, une trentaine de diamants de quoi moyenner sa liberté, une gourde de vinaigre pour se frotter le corps et illusoirement le protéger, quelques livres de l'enfer. Plus rien n'existe et encore moins les certitudes. Qu'il est loin le temps où il donnait des conseils aux puissants…

La suite ci-dessous :
Lien : http://lily-et-ses-livres.bl..
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Christophe Bataille dans ce roman, alterne rêve et réalité. Mais voilà la réalité ressemble étrangement à un mauvais rêve. Après avoir fui Florence et la peste, avoir tout perdu et tout brûlé, le vieux machiavel trouve refuge dans une petite ville de Toscane. Mais voilà la peste le rattrape, la peste et ses incontournables : la suspicion, la peur de boire, de manger, la peur de l'autre qui pousse non seulement à brûler les morts mais aussi les vivants, ceux que l'on soupçonne d'avoir apporté la maladie. Machiavel, qui a connu les plus grands, les a conseillés, Machiavel l'érudit, le voilà pris dans la tourmente de ce mal qui ronge l'humanité, pour une fois peut être, il sera au niveau du peuple, et sa position n'y changera rien.
Après la peur, les rêves, vient le moment où la solitude vous pèse si fort que le désir d'aller vers l'autre dépasse l'entendement. Machiavel va au milieu des cadavres sauver une jeune fille atteinte de la peste, malgré le risque de contagion il va l'aimer, du moins physiquement, jusqu'à son dernier souffle, elle mourra, il lui survivra.
Il apparaît donc que les rêves de machiavel, sa nostalgie, nous paraissent moins pesants que la réalité. Une réalité si cauchemardesque que l'on a l'impression de rêver éveillé, une parenthèse réelle dans notre réalité.
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thème a priori passionnant - quelques bons moments et de jolies images mais propos ténu noyé dans un esthétisme verbeux
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