"Le Spleen de Paris" ou "Petits
Poèmes en prose" est un recueil de
poèmes en prose qui fut édité à titre posthume. Il rassemble cinquante
poèmes de
Baudelaire et chacun constitue une sorte de nouvelle démontant toute convention structurelle de la poésie classique. Inspiré par ses traductions des oeuvres de
Edgar Allan Poe, l'auteur joint sa mélancolie habituelle dans des récits qui décrivent Paris et ses habitants. Il veut faire ressentir l'atmosphère, d'où sa volonté à établir des tableaux de la société parisienne. C'est pourquoi le thème du vagabondage est important dans l'oeuvre, car c'est une vision de la liberté dans laquelle
Baudelaire se voit clairement. Il observe les gens et leurs moeurs, se promène pour errer afin de rejoindre un idéal onirique. À travers ses
poèmes, l'auteur invite à rêver, plutôt que de vivre dans la réalité, à se combler dans les passions, le fantasme et l'enivrement ou encore à se projeter sans concrétiser de projet.
C'est un emblème de l'étranger, d'un être ne se sentant pas appartenir à la société et à ses habitudes et c'est pour cela qu'il met l'accent sur les figures miséreuses, les laissés-pour-compte et ceux qui sont jetés dans les bas-fonds, loin de la haute société. Par exemple, l'image de la vieille femme, dont plus personne ne veut, du fou amoureux vivant dans un paradis artificiel ou encore de l'artiste admiré, mais vu comme un bouffon devant divertir. Ce recueil résume l'électron libre et incompris qu'était
Baudelaire, vacillant dans les styles (entre romantisme et parnassien), voulant faire ressurgir l'opium et la bile en chacun de nous. Douloureux et jouissant, prosaïque et mystique, l'auteur joue des contrastes et montre sa solitude au milieu de la foule, tout en rêvant d'un pays lointain sans amertume qu'il résume par la beauté angélique de son amante Jeanne Duval.
C'est pourquoi dans cette profonde mélancolie, il fait à la fois sécréter ses blessures, mais aussi ses sentiments voluptueux et sulfureux. On se perd dans ses émotions qui ne respectent plus de raisonnement logique pour trouver l'émerveillement et la nature des choses. C'est une vision contemplative de l'art dans laquelle
Baudelaire s'abandonne en
silence. le spleen, c'est donc cette tristesse impalpable, celle pour les personnes se sentant mis de côté et isolé secrètement, mais qui pourtant aiment errer pour observer la foule et sentir l'ambiance, tout en se délectant dans un plaisir funeste et imaginaire.