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Une légère oscillation » nous retrace le parcours de Thomas Dutertre, cadre de l'Agence Nationale de l'Emploi, qui suite à la mise en place du lean dans son agence se retrouve en situation de burn-out.
Petit aparté : Je suis sûre que tous les salariés de grandes entreprises, cadres ou non, comprendrons ! Pour ceux qui n'ont pas cette « chance », il s'agit de dégraisser (c'est la traduction littérale de lean), et donc rationaliser tous les actes pour faire un maximum de profit, au détriment malheureusement de l'aspect humain qui ne fait pas partie des paramètres.
Pour l'aider à remonter la pente, sa femme lui conseille de s'inscrire à une retraite méditative.
Toute la première partie de ce livre est consacrée à cette retraite. C'est cette partie surtout qui m'aura fait le plus sourire ! cet homme qui juste avant son burn-out était un cadre à l'esprit très pratique, plutôt bon dans son domaine et maitrisant tous les rouages de son métier, se retrouve ici à subir sans l'avoir vraiment choisi des journées entières de méditation guidée, ponctuées de repas insipides. Un monde totalement différent de ce qu'il connaissait ! C'est à travers ses pensées que l'on vit ses journées. le récit est périodiquement interrompu par le son du gong, qui à chaque fois sort (très) brutalement le personnage de ses réflexions.
La deuxième partie raconte pourquoi Thomas en est arrivé là. Elle est moins développée, et je pense que pour quelqu'un qui ne connait pas le milieu du lean, tous les sous-entendus ne peuvent peut-être pas être perçus, même si ce n'est pas forcément gênant. Malgré tout, je suis un peu restée sur ma faim sur cette partie.
Et enfin dans la dernière partie le héros reprendra sa vie en main (grâce à un aspect inattendu de son stage finalement, mais je ne vais pas spoiler …).
Les situations que Thomas décrit sont toutes complètement crédibles, aussi bien dans le discours des « gourous » de sa retraite, dans le comportement de ses co-stagiaires, dans le comportement des auditeurs et des managers du lean, l'auteur ne tombe jamais dans la carricature. C'est cette subtilité qui fait la force de cette satire. Et les pensées du héros sont en tel décalage avec ce qu'il est en train de vivre que forcément on en sourit !
J'ai trouvé Thomas très sympathique, il m'a ému et je me suis retrouvée dans ses réflexions. Ce n'est pas souvent que j'ai envie d'être amie avec un personnage de roman.
Un petit coup de coeur aussi pour la très belle couverture, ainsi que pour le titre (oscillation du gong, oscillation des pensées, oscillation du chaos, on peut tout imaginer …)