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EAN : 9782266339100
312 pages
Pocket (18/04/2024)
4.55/5   88 notes
Résumé :
Mars a une vie en pagaille et le cœur en vrac. Sa particularité : elle est la fille cachée d’un acteur adoré des Français qui ne l’a pas reconnue. Mais à grandir sans père, elle a poussé sans repères. Refusant d’avouer ce manque et sa souffrance, elle cache ses blessures derrière une grande gueule, des yeux émeraude et des nuits à faire la fête.

Le jour de ses vingt-neuf ans, sa Mamie Gangsta lui ordonne de reprendre sa vie en main. Fini les mensonges... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (69) Voir plus Ajouter une critique
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En voyant la couverture, je m'attendais à un roman Feel-good, new-âge ou développement personnel, très à la mode ces dernières années, mais j'ai foncé quand malgré tout, car j'avais besoin d'une lecture sympathique, pas trop dépressogène et j'ai été bluffée.

On fait la connaissance de Mars, jeune femme un peu perdue, qui fête ses vingt-neuf ans, anniversaire au cours duquel sa grand-mère adorée, alias Mamie Gangsta lui fait promettre de reprendre sa vie en mains. Mars se cherche, se perd dans les beuveries aux lendemains difficiles, multipliant les expériences sexuelles sans lendemain pour mieux se perdre.

Quelques jours plus tard, elle découvre un carnet étrange, dont l'auteur l'incite à prendre conscience de sa valeur et à s'aimer, car personne ne le fera à sa place. Mais comment construire la confiance en soi quand on n'a pas été reconnue par son père, et élevée dans un milieu féminin bourré de non-dits ?

Cerise sur le gâteau, elle a appris que son père était un acteur de série adoré par son fan club, et que la rencontre a été sans lendemain.

Lola Zidi aborde des thèmes importants, l'identité, la confiance en soi, la fuite dans l'alcool, les doutes permanents devant chaque rencontre. Comment un homme peut-il s'intéresser à elle si son géniteur l'a rejetée ? le carnet et les conseils donnés par l'auteur anonyme, sont assez usuels mais la progression tout comme les rechutes de Mars rendent cette jeune femme attachante.

De plus, on n'est pas dans le roman à l'eau de rose, des évènements inattendus viennent se surajouter, montrant bien que la vie n'est pas un long fleuve tranquille.

Les autres personnages de ce premier roman sont intéressants également, notamment Mamie Gangsta : qui n'aurait pas rêvé d'avoir une grand-mère aussi jeune d'esprit et combattive, pleine d'amour et de ressources.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Fayard qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteure.

#Princesseautonome #NetGalleyFrance !
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Merci beaucoup à NetGalley et aux Éditions Fayard de m'avoir permis de découvrir ce premier roman.
Mars mène une vie dissolue. Elle est la fille d'un acteur célèbre qui ne l'a pas reconnue. Entourée de sa grand-mère, elle va fêter ses vingt-neuf ans. Sa mamie Gangsta l'aime beaucoup et va l'aider à s'en sortir.
Comment s'accepter quand l'on grandit sans père ?
Un jour, Mars découvre un carnet où elle va y coucher ses réflexions et s'aider à grandir et à s'accepter tel que l'on est. Trouver ses repères afin d'accomplir ses rêves et d'y croire.
Mars va devoir se reconstruire et ce n'est pas simple. le chemin est long et semé d'obstacles.
Mars est une personne courageuse. J'ai aimé son personnage est attachant ainsi que les femmes qui gravitent autour d'elle et qui l'aideront à trouver sa voie.
Ce livre relate la quête que Mars va effectuer, afin de trouver son identité. C'est un livre tendre et pleins d'émotions où l'humour est bien présent et C'est ce qui m'a plu. Les chapitres s'enchaînent et on arrive au bout du livre sans s'en rendre compte. J'ai aimé également la relation fusionnelle entre Mars et sa grand-mère.
Ce roman se situe entre fiction et biographie. Il est vraiment agréable à lire.
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Mars, et ça repart

Dans un premier roman à la veine autobiographique, Lola Zidi révèle qu'elle a une demi-soeur. Mars, son héroïne de 29 ans, va tenter de se construire une vie, maintenant qu'elle dispose d'un mode d'emploi tombé du ciel, ou presque.

Comme la nouvelle a été largement reprise par la presse people, je vous propose d'évacuer d'emblée l'aspect autobiographique du roman, car il n'est pas à mon sens que l'aiguillon qui a poussé Lola Zidi à prendre la plume et à développer son imaginaire autour de son secret de famille. La fille d'Yves Régnier a effectivement découvert sa demi-soeur sur le tard, même si son existence lui était connue. le décès de son père en 2021 n'étant sans doute pas étranger à cette volonté de rassembler sa famille.
Oublions donc la bio pour le roman, car la plume virevoltante de Lila Zidi mérite que vous vous attachiez à Mars, la narratrice de 29 ans que l'on découvre avec le moral dans les chaussettes au moment où commence sa tentative de reprise en mains de sa vie qui "est un énorme désordre bien huilé, orchestré par ses pagailles internes".
Fort heureusement, elle peut compter sur sa grand-mère Huguette, qu'elle a surnommé avec ses cousines Mamie Gangsta.
La doyenne a vu sa petite-fille s'enfoncer dans son mal-être et lui enjoint de se reprendre en mains. Désormais, il n'est plus temps de se morfondre. Il faut agir. Mais c'est sans doute plus facile à dire qu'à faire.
Heureusement, elle peut compter sur Billie, son amie espagnole: "Elle est mon double tout en étant mon opposé, à nous deux nous sommes un paradoxe, un assemblage de pièces détachées. On s'est rencontrées dans le ventre de nos mères. le coup de foudre a été immédiat, si bien qu'on a grandi collées, comme deux inséparables". Elle aura la bonne idée de lui offrir Berlin, un petit chien adorable, comme cadeau d'anniversaire. Un premier amour...
Mais il n'en reste pas moins que le coup de pouce déclencheur viendra de Hugo, un garçon de café. le jeune homme sert de messager et lui transmet un carnet Moleskine dans lequel une mystérieuse coach vient la conseiller et lui confier la marche à suivre pour devenir Princesse autonome.
Au fil des étapes de cette formation bien particulière, les surprises et les émotions vont accompagner Mars jusqu'au happy end espéré.
Lola Zidi a trouvé la trame romanesque qui convient parfaitement à son personnage pour transformer une jeune femme rongée par le doute en une battante. Hymne à l'amitié autant qu'à l'amour, ce vrai-faux guide de développement personnel est aussi une belle illustration du volontarisme. Agir pour ne pas subir, s'ouvrir aux autres sans se cacher et accepter les mains tendues, voilà quelques-uns des messages livrés ici avec humour et pertinence.

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Je suis tombée sous le charme de cette jolie plume, une écriture à la fois dynamique et très profonde.
J'ai aimé le personnage de Mars et la façon dont elle évolue à travers l'histoire.
J'ai eu de la tendresse pour Mamie Gangsta, j'ai été très touchée par la bienveillance dont elle fait preuve à l'égard de sa petite fille.
Une lecture qui m'a agréablement surprise, je ne m'attendais pas à ce récit après avoir lu le résumé.
Une auteure à suivre de près.
Un tout grand merci aux Editions Fayard et à NetGalleyFrance de m'avoir offert l'opportunité de découvrir ce charmant roman.

#Princesseautonome #NetGalleyFrance
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Un livre sympa pour les vacances.
Dans la vie de Mars, presque trentenaire, il n'y a que des femmes.
Mars a vécu ces dernières années avec Mamie Gangsta, sa grand-mère qui l'a poussée récemment à se trouver un autre logement.
Il y a également Billie, sa meilleure amie, mais aussi sa mère et ses cousines.
Les hommes sont toujours de passage, à commencer par son père, acteur bien connu, qui ne l'a pas reconnue, absent de sa vie, mais aussi les hommes qu'elle met dans son lit parce que, dit-elle, « il suffit de demander » pour qu'elle ouvre les jambes.
Mars travaille dans un restaurant et régulièrement, après ses heures de travail, elle fait la fête. Au réveil, la tête en vrac, elle ne sait plus comment elle a terminé la soirée.
Ses proches, et notamment sa grand-mère, sont inquiets pour elle.
Un jour, devant la porte de son appartement, elle trouve un carnet Moleskine qui va lui ouvrir un autre chemin.
Ce roman a été abondamment publié, je ne vais donc pas en dire plus.
Voici mes impressions.
J'ai aimé la plume de lola Zidi. Elle est vive, moderne et emprunte le langage de la rue, sans verser dans la vulgarité. Cela donne un sentiment de proximité, d'intimité, comme si on parlait à une copine.
Les sujets évoqués sont ceux de notre époque, la famille monoparentale, l'abus d'alcool, l'absence du père, la solitude, la mort, la recherche du sens de la vie etc.
Enfant de parents divorcés, j'ai suivi sans problème le cheminement de Mars et tourné les pages les unes après les autres.
De ce point de vue, cette histoire va parler au plus grand nombre.
Par contre, j'ai moyennement apprécié les pages de développement personnel qui coupent la dynamique de l'histoire et n'apportent pas vraiment une plus-value, même si par ailleurs on peut éventuellement s'en inspirer.
De manière globale, j'ai passé un bon moment avec ce livre (d'où ma cote) mais je suis étonnée par sa note globale. L'histoire est intéressante mais pas forcément très originale. Quand il y a une princesse, un prince entre en scène et l'intrigue amoureuse n'étonnera personne. L'héroïne est touchante et j'aime son côté cabochard mais au niveau littéraire, je ne crois pas que cela vaut cet emballement.
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critiques presse (1)
SudOuestPresse
17 avril 2023
La comédienne, petite-fille de Claude Zidi, raconte dans son premier roman une histoire inspirée par sa découverte, à l’adolescence, d’une sœur dont on ne lui avait jamais parlé.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Ai-je encore le droit de rêver ? N’ai-je pas dépassé l’âge limite ? 29 ans, c’est à la fois beaucoup et peu, pas assez et trop. À l’âge où tant d’autres femmes se marient, font leur premier ou deuxième enfant, achètent leur première maison, je m’apprête à peine à devenir grande. Pourquoi mon conte devait-il ressembler aux autres ? C’est peut-être ça, une princesse autonome : une femme qui redéfinit les codes, créer de nouvelles définitions et dépoussière ces vieux contes. Je ne veux plus attendre que quelqu’un se penche sur mon berceau, je veux tenir la baguette magique et devenir ma propre fée.
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Mon cerveau de petite fille s’était arrangé avec ce puzzle de vérités, pour en faire une théorie rassurante : les mamans vivaient sur terre, les papas volaient dans les airs.
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Les premières pages du livre
Chapitre 1
Les pavés viennent de me déchausser d’un pied. Mon équilibre, qui n’était déjà pas certain, a bien failli me laisser sur le carreau. Comme si de rien n’était, je fais marche arrière. Verdict : un talon en accordéon et une cheville douloureuse. Bien entendu, ma cascade n’a pas échappé aux quelques touristes matinaux assis en terrasse, ni au vieux Marco, le célèbre poissonnier de la rue Montorgueil.
– Et une daurade royale qui se rattrape de justesse !
– T’aurais pu dire une sirène ! je lui rétorque du tac au tac, ma voix cassée par le manque de sommeil.
– Vu ta tête, on est plus sur une daurade, je t’assure. Comment elle va ce matin ?
– Mon cher Marco, mieux ce serait insupportable !
– J’ai croisé Judith et Lili hier, elles ont acheté un magnifique turbot. J’espère que ça a plu à Huguette !
Marco a toujours eu un faible pour notre grand-mère. Il est l’un des rares à l’appeler encore par son prénom, comme s’il souhaitait signifier par là qu’il la connaît depuis le temps d’avant, celui où nous n’étions pas encore nées. Ce vieux monsieur a beau avoir les traits creusés et autant de rides que de cheveux blancs, sa vitalité le rajeunit.
– Ça faisait longtemps que je les avais pas vues. Ça m’a fait plaisir. Elles m’ont raconté leurs vacances, elles sont toutes bronzées, ça leur va bien. D’ailleurs tu ferais bien d’en prendre, t’es toute pâlotte ! L’été, c’est fait pour profiter du soleil… Enfin, elle en a de la chance, votre grand-mère. Sacrée brochette, les cousines ! Et pas une brochette de thon…
J’écoute à moitié. Mes paupières sont de plus en plus lourdes, autant que ses incontournables blagues. Voilà le problème avec l’alcool : au début, c’est un excitant, à la fin, ça tourne au somnifère. Je dois à tout prix écourter cette conversation :
– Ce fut un plaisir de te voir.
– Plaisir partagé ! Tiens, prends quelques crevettes pour Huguette. Cadeau de la part de Marco. Tu lui diras, hein ?
– Crois-moi, y a que toi qui offres ce genre de choses.
– Puis, fais attention, pavés, talons, whisky, ça ne fait pas bon ménage.
– Tu as raison, mon capitaine !
Je retire ma deuxième chaussure et jette la paire dans la poubelle à quelques mètres. Je lui adresse un clin d’œil :
– De toute façon, elles sont foutues !
– Ça se répare, TOUT se répare, ma petite ! me crie-t-il.
Parle à mon dos, mon cœur est malade. Pieds nus, je m’en vais rejoindre Morphée et ma grand-mère, le temps d’un sommeil en décalé.

8514, code tatoué dans ma mémoire du 34, rue Montorgueil. Avec le peu de force qu’il me reste de cette nuit blanche, je monte les trois étages. Arrivée devant sa porte, je n’ai besoin ni de clefs, ni de sonner. Un coup d’épaule suffit.
Perchée sur un escabeau, le long de ses immenses armoires à portes miroir, elle fait du tri. La tête dans ses boîtes à souvenirs, les miens resurgissent. Petite, je passais des heures à danser devant cette enfilade de glaces. Ce meuble m’offrait la chance de ne plus être seule. Jusqu’à ce que mes cousines débarquent et viennent se dandiner à mes côtés. J’étais leur exemple, la grande, celle que l’on veut imiter. Maintenant, elles ont 22 ans, et je prie pour qu’elles ne me ressemblent pas.
Le passé se superpose au présent et finit par se fondre pour me laisser seule avec mon reflet. Mon mascara a coulé. Cette soirée m’a foutu de la tristesse plein la gueule. Je ne suis pas belle à voir. Mieux vaut dormir. Pour une fois, les oreilles défectueuses de ma grand-mère m’arrangent. J’engage un discret demi-tour pour me faufiler dans sa chambre, quand son odorat imbattable brise mes espoirs de passer inaperçue.
– Mars, dépêche-toi de mettre les crevettes au frais, elles vont prendre chaud.
– Comment tu sais ? Ça aurait pu être les jumelles.
– Tes cousines ne sont pas si matinales, ma petite chérie. Si tu vois ce que je veux dire…
– Que veux-tu, l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt ! Elles finiront par s’en rendre compte.
Je tente de noyer le poisson avec humour, mais elle n’a pas l’air de mordre à l’hameçon. En déposant le sachet de crustacés dans le frigidaire, je me prends les pieds dans la poubelle et finis par refermer la porte d’une tête magistrale, digne de Cristiano Ronaldo. Sauf que je me suis pris le ballon à moitié dans les dents. Heureusement pour moi, ma grand-mère n’a rien vu de ma sublime action. Mine de rien, je continue à faire diversion :
– Pour Huguette, de la part de Marco.
– Que je déteste quand tu m’appelles comme ça !
– Ce n’est pas moi, c’est ton amoureux.
– Tu sais très bien que je n’ai qu’un seul amant : il donne dans le surgelé et il s’appelle…
– PICARD, je sais !
Son canapé me tend les bras, j’allonge mon mètre soixante-trois et sors ma dernière clope, histoire de cramer le peu de capacité pulmonaire qu’il me reste. Elle n’a toujours pas relevé la tête.
– Tu fumes trop, Mars, ce n’est pas bon pour ta santé !
– Faut bien mourir de quelque chose…
D’habitude, mon esprit caustique la fait rire. Ce matin, il n’en est rien. Moi qui espérais lui décrocher un sourire, raté ! Je ravale le mien en tirant une longue bouffée sur ma cigarette à moitié tordue et la regarde s’agacer à chercher ce qu’elle ne trouve pas.
Avec le temps, mes cousines et moi l’avons baptisée Mamie Gangsta. Parce qu’elle est haute comme trois pommes, mais ne craint personne. Parce qu’elle picole, fume des joints et rigole à nos blagues, même les plus connes. Avec elle, on peut parler de tout. De mecs, de cul, de rien. Elle est notre boîte à secrets, notre royaume de tendresse. Cette petite blonde de quatre-vingts ans, aux allures de bourgeoise et au cœur de bohème, est plus dangereuse que n’importe quel cartel mexicain. Elle nous protège depuis toujours et assure nos arrières mieux que quiconque. Elle est notre rocher, nous sommes ses arapèdes qui refusons de se décoller.
Surtout moi. Je suis la seule à avoir vécu avec Mamie Gangsta. Ça devait être temporaire, finalement ça a duré dix ans. Au début, j’étais son invitée, puis très vite ça s’est transformé en colocation des temps modernes. J’avais pour missions principales de faire les grosses courses et de descendre les poubelles. Le reste des tâches quotidiennes se répartissait en Post-it, dispersés en points stratégiques : « Pense à vider le lave-vaisselle ! », « Étendre le linge avant de partir », « Une pile de petites culottes propres t’attend, pliées sur la machine, n’oublie pas de les récupérer, tu vas finir cul nu ». Bien sûr, j’avais mis un point d’honneur à lui payer un loyer. Son refus était catégorique, ma décision inébranlable. À chaque fin de mois, je glissais ma participation dans son portefeuille. Notre cohabitation roulait comme sur des roulettes. Puis, en juin dernier, elle m’a prise entre quatre yeux et, de son air le plus sérieux, m’a prié de chercher un appartement. J’étais si vexée que, sa requête à peine formulée, j’avais déjà fait mes valises. Ni une ni deux, j’étais partie. La copine d’une copine connaissait quelqu’un qui cherchait à sous-louer son studio pour un an. C’est comme ça que je me suis retrouvée dans un mouchoir de poche au fin fond du 19e arrondissement de Paris.
Je n’ai jamais osé lui demander la raison, certainement par peur d’entendre ce que je redoute. Mais, ce matin, l’alcool délie ma langue.
– Pourquoi tu n’as pas voulu que je reste avec toi ?
– Parce que tu dois apprendre à voler de tes propres ailes.
– Et si je volais mieux avec les tiennes ?
Elle sort enfin la tête de ses cartons. J’ai honte. Je suis dans un état lamentable. Mes neurones pataugent dans un bain de whisky et mon visage ressemble à une peinture qui aurait pris la flotte. Dans sa main tremble une photo en noir et blanc. Le portrait de mon grand-père me sourit. Ce grand gaillard est mort quelques semaines avant ma naissance. De lui, je ne connais que des bribes d’anecdotes : la rencontre en Algérie dans le mess des officiers, le premier baiser sur sa Vespa, les lettres enflammées de rêves pendant la guerre, la vie de misère une fois leur arrivée en France et la réussite progressive à la sueur de leur front. Henri et Huguette formaient le couple parfait, en apparence. Jusqu’à ce qu’elle demande le divorce. Mamie Gangsta a toujours refusé de s’étendre sur le sujet. Malgré tous ses efforts à nous faire croire le contraire, elle ne l’a jamais oublié.
– Il te manque ?
Elle se perd dans ses souvenirs. Quelque chose a changé. Ses traits et ses silences ne racontent plus la même histoire. Après un long soupir, elle revient à moi :
– La seule chose qui me manquera, c’est vous.
Je fais comme si je n’avais rien entendu. Mais le noir de mes cils, qui déborde à nouveau le long de mes joues, me trahit. Ma grand-mère descend de son perchoir et vient se blottir contre ma peine silencieuse. Elle saisit ma tête, la pose sur ses genoux et me caresse le visage comme quand j’étais enfant. Je m’accroche à ses genoux et à sa jupe à fleurs.
– Mamie Gangsta, tu ne m’abandonneras jamais, toi, hein ?
– Ma petite chérie, même avec toute la volonté du monde, je ne serai pas toujours…
Le volume de sa voix diminue, mes yeux se ferment. Je lutte. Je somnole. Je ne sais plus ce que je dis.
– J’aurais préféré qu’il soit mort !
– Tu parles de ton père ?
– J’ai pas de peur… Il m’a pas vue… y avait tout… une belle petite famille…
– Dors ! La nuit porte conseil, ma petite fille, aujourd’hui est un nouveau jour.
Bercée par la main de celle qui n’a jamais lâché la mienne, je laisse Morphée me prendre dans ses bras.

Mamie Gangsta s’agite dans la cuisine. La mélodie de l’orange pressée me sort de ma léthargie, l’odeur du café noir m’invite à ouvrir l’œil, le pain grillé me supplie de passer à la verticale et les frémissements des œufs brouillés dans la poêle m’ordonnent de reprendre conscience. Mission accomplie. État des lieux, estimation des dégâts. J’ai quelques bleus sur les jambes, une cheville capricieuse et mes dents me font mal. Je passe ma langue dessus pour vérifier qu’elles sont toute
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Prologue
Je m’appelle Mars, mais, à ce qu’il paraît, je viens de Vénus. Je n’ai toujours pas compris quelle idée avait poussé ma mère à me donner ce prénom aussi étrange que ridicule. Je connais mon père, mais de loin, et ça me va très bien. Il m’a donné ses yeux vert émeraude teintés de jaune, tant pis pour lui, tant mieux pour moi, arme secrète pour hypnotiser ces hommes qui ne savent pas aimer. Si la séduction est d’une simplicité, l’amour, c’est une autre affaire et visiblement pas la mienne. Toute forme d’attachement me révulse, les mots mielleux me font gerber. Mon canard, mon lapin, mon cœur, ma douce, ma belle, mon bébé, merci bien, Mars suffira. C’est assez et déjà trop pour ne pas en rajouter avec des surnoms bidon. Je m’amuse avec les cœurs comme on joue avec des cartes, ne promets jamais rien, me déguise en princesse le temps d’arriver dans leur lit, vomis les contes de fées une fois le jour levé et disparais avant même que mes conquêtes d’un soir aient eu le temps de se réveiller. Je baise, je jouis, je me barre. Je préfère être un bon souvenir qu’une histoire regrettable. Je ne m’encombre de rien, vis comme je danse et parle comme je pense. Je clope comme un pompier, Marlboro rouge s’il vous plaît, et bois du whisky sans grimacer. Je ne supporte pas le refus, affectionne les interdits, pisse la porte ouverte et si je pouvais-je pisserais debout. Le danger ne me fait pas peur. Au mieux il m’excite, au pire il me distrait. Mon corps ressemble à une carte aux trésors dont mes tatouages sont les indices et ma chevelure mi-lionne, mi-renarde, ainsi que mon grain de beauté au ras des cils, ma marque de fabrique. Je me maquille peu, mais bien, juste ce qu’il faut pour cacher l’irréparable. Je n’ai pas de style, m’habille comme ça vient. Une nuit Converse, un jour talons aiguilles. J’ai une grande gueule et une belle bouche. Putain et merde sont mes jurons préférés, la provocation est ma meilleure amie et l’humour noir, mon outil favori pour faire grincer des dents les culs serrés, les hypocrites, les lâches et êtres en tout genre, aficionados du conformisme. Je ne m’endors jamais sans une nuit agitée, somnifère idéal pour aller à la rencontre de mes rêves et mettre en pause mon cerveau survolté. Je dors peu, mal, et repars de plus belle. Ma vie est un énorme désordre bien huilé, orchestré par mes pagailles internes.
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Billie regarde toujours le verre à moitié plein. Partout où je vais, cette Espagnole au caractère bien trempé n’est jamais loin. Elle est mon double tout en étant mon opposé, à nous deux nous sommes un paradoxe, un assemblage de pièces détachées. On s’est rencontrées dans le ventre de nos mères. Le coup de foudre a été immédiat, si bien qu’on a grandi collées, comme deux inséparables. p. 34
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Vidéo de Lola Zidi
Avec "Princesse autonome" (Fayard), Lola Zidi signe un premier roman lumineux, inspirant et riche d'enseignements.
Fille cachée d'un célèbre acteur, Mars a une vie en pagaille et le coeur en vrac. le jour de ses 29 ans et accompagnée de sa Mamie Gangsta, elle décide de reprendre sa vie en main. Et s'il était enfin temps de devenir une princesse autonome ?
En savoir plus https://www.hachette.fr/livre/princesse-autonome-9782213724997
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