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EAN : 9782369690894
241 pages
Quasar Editions (25/08/2021)
3.89/5   107 notes
Résumé :
Rien ne prédisposait Clémentine Beauvais, agnostique non baptisée, féministe 2.0, écolo végétarienne, à enquêter sur sainte Marguerite-Marie Alacoque, mystique du XVIIe siècle, apôtre du Sacré Cœur. Mais voilà : selon la légende familiale, la religieuse serait une aïeule. Et Clémentine est enceinte, sa grand-mère bien-aimée perd la mémoire… il est temps de partir à la recherche de ses racines.

Dans ce récit véridique, admirablement écrit, Clémentine n... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Il arrive parfois que les expériences d'écriture et de lecture se répondent, étrangement, étonnamment. Que d'un côté du texte comme de l'autre, les situations de l'auteur et du lecteur entrent en résonnance. Ainsi, rien ne laissait penser à Clémentine Beauvais, agnostique féministe végétarienne anticléricale, qu'elle se laisserait un jour tenter par l'écriture d'une biographie (ou plutôt d'une hagiographie) de sa fort lointaine aïeule « vraiment très catholique car carrément sainte ». Et rien, absolument rien, ne me laissait penser que moi, « très catholique », très pratiquante et très fière de l'être, allait un jour céder à la tentation de lire une hagiographie de la mystique Marguerite-Marie Alacoque, messagère du Sacré-Coeur de Jésus, écrite par une agnostique féministe végétarienne anticléricale ! Pour être vraiment totalement honnête, je nourrissais de très sérieuses et profondes inquiétudes vis-à-vis de ce livre : certes, une amie à moi, ancienne étudiante de la-dite autrice agnostique féministe végétarienne anticléricale, ne cessait de m'affirmer que Clémentine Beauvais était la gentillesse incarnée, et certes, d'autres amies à moi ne cessaient de me chanter les louanges de ses romans jeunesse et de sa plume. Mais tout de même … une autrice agnostique féministe végétarienne anticléricale, écrire sur sainte Marguerite-Marie ! Il fallait oser, de son côté … mais aussi du miens.


De son ancêtre – qu'elle ne se risquerait pas à qualifier « d'illustre », car dans son milieu, il serait bien préférable de descendre d'une résistante, d'une communarde, d'une révolutionnaire … que d'une obscure mystique du 17ème –, Clémentine Beauvais ne savait en réalité pas grand-chose. Elle était sainte. Elle a mangé du vomi pour Jésus. Elle a fondé le culte du Sacré-Coeur, quoi que ça puisse être. Bien longtemps, elle s'est contentée de ces connaissances fort lacunaires : elle n'avait absolument aucune raison de s'intéresser plus longuement à cette arrière-arrière-arrière-…-arrière-grande-tante avec laquelle elle ne partage absolument rien. Mais voilà : il s'est avéré que l'homme dont elle portait alors l'enfant est un homme « très catholique », qui sait très bien qui est cette drôle de sainte au nom ô combien « conte-de-féérique ». Et, plus encore, que par son intermédiaire, Clémentine est devenue amie avec une autre « très catholique », qui connait encore mieux sainte Marguerite-Marie Alacoque : elle est éditrice de la communauté de l'Emmanuel, communauté en charge du sanctuaire de Paray-le-Monial, là-même où la fameuse sainte est devenue religieuse et a reçu ces innombrables apparitions du Christ. Et voici que cette éditrice lui propose, sur le ton de la plaisanterie, de rédiger une biographie « happy, fun et décalée » de cette mystique qui, au premier abord, ne semble pas forcément très « happy, fun et décalée » … Et voici que, sans trop réfléchir aux conséquences, Clémentine Beauvais accepte.


Et voici que, un accouchement, un confinement et quelques années plus tard, la fameuse « biographie happy, fun et décalée » se retrouve sur les tables de chevet des lecteurs. Il ne fait aucun doute que le profil de ces lecteurs est très divers : il y a, assurément, ceux qui apprécient les autres romans de l'autrice, qui partagent sans nulle doute sa distance respectueuse (mais surtout de sécurité) avec tout ce qui se rapproche de près ou de loin à la religion (parce que dans leur milieu, « on n'a pas de problème avec les cathos, du moment qu'ils ne font pas des trucs de catho, genre s'opposer à ceci ou cela, tout le monde sait bien de quoi on parle ») … et il y a, sûrement, quelques catholiques un peu plus courageux que les autres, qui ne se sont pas laissé trop effrayer par le fait que l'autrice, quant à elle, défend farouchement tout ce qui nous met mal à l'aise. Il y a un gouffre immense qui sépare les lecteurs de ce roman. Mais il y a un pont : ce lien familial qui unit cette autrice « bien de son temps » et cette sainte très importante pour tous les catholiques se dévouant au Sacré-Coeur de Jésus. Certains arriveront à ce livre par la première, d'autres par la seconde. Et la grande richesse de cet ouvrage … c'est que tous y trouveront leur compte, à condition de faire preuve de la même ouverture d'esprit que Clémentine Beauvais. A la condition d'enterrer bien profondément les préjugés et les a prioris, les jugements et les réticences. Oui, chers lecteurs agnostiques, ce livre parle d'une sainte mystique. Et oui, chers lecteurs catholiques, l'autrice est agnostique et adepte d'un humour débordant … mais tout ira très bien, promis.


Car derrière cet humour mordant se cache un double récit des plus touchants. D'un côté, les confidences de cette jeune autrice qui regrette parfois profondément de s'être plongée dans cet audacieux projet littéraire : comment diable va-t-elle faire pour répondre aux exigences de « ton résolument bienveillant » de son éditrice très catho, et surtout pour ne pas se faire lapider par les activistes féministes qu'elle côtoie chaque jour ? de l'autre, le cheminement spirituel, teinté d'une certaine forme d'exaltation qui frôle la folie douce (ou plutôt furieuse) de la grande sainte qui parvint à imposer la dévotion au Sacré-Coeur de Jésus, tout en se contraignant à des restrictions et pénitences des plus effroyables. Dont Clémentine Beauvais ne cache absolument rien, comparé aux hagiographes catholiques qui, la plupart du temps, éclipsent tout ce qui pourrait heurter la sensibilité des catholiques d'aujourd'hui. Affirmer que sainte Marguerite-Marie a été missionnée par le Christ lui-même pour établir une dévotion particulière envers son Sacré-Coeur, ça, c'est porteur, édifiant, on en fait des vitraux, des exhortations flamboyantes … Mais raconter que la même sainte, tout au long de sa vie, s'est infligée des souffrances aussi horribles que se couper un bout de gencive, se coucher sur une croix couverte d'épines, manger le vomi d'une de ses soeurs malades, et j'en passe (et pas forcément des meilleures), ça fait un peu « tâche ». Mais, s'insurge sa lointaine descendante (pas si détachée que cela, donc), éclipser tout ceci, c'est éclipser tout ce qui faisait de Marguerite-Marie une messagère aussi … remarquable. Aussi efficace, donc.


Et c'est, finalement, ce qui m'a vraiment beaucoup émue dans ce récit : de voir cette jeune femme, agnostique, pas croyante pour deux sous, défendre avec plus de ferveur que grand nombre de croyants eux-mêmes cette sainte à la personnalité controversée. Et surtout, de la voir essayer de comprendre cette jeune femme si différente d'elle au premier abord … et de la voir se rendre compte que, d'une certaine manière, elles se ressemblent tout de même bien plus qu'elle ne pouvait et ne voulait bien l'imaginer. Ce livre, c'est aussi cela : ce cheminement. N'allons pas jusqu'à dire spirituel, car Clémentine Beauvais ne s'est pas brusquement convertie dans une extase digne de sa lointaine ancêtre (dommage, ça aurait eu un grand potentiel dramatique). Mais tout de même : on sent bien qu'entre la première et la dernière page, entre le moment où Clémentine s'est embarquée dans cette épopée littéraire et le moment où elle pose le point final, quelque chose s'est passé. Quelque chose a changé. Quelque chose a été chamboulé, ébranlé. Car même si l'autrice s'efforce de le masquer en surenchérissant de réflexions ironiques, même si elle s'efforce de se le masquer en se réfugiant derrière cet humour à toute épreuve qui l'évite de s'y confronter en face … ça ne fait aucun doute que Clémentine Beauvais n'est plus si insensible, si distante, si indifférente, face à cette lointaine aïeule auréolée de sainteté. Si le lecteur est si touché, c'est peut-être parce que l'autrice aussi a été touchée. Pas par la grâce. Mais peut-être par une certaine forme de communion … de compréhension nouvelle.


En bref, je pense qu'il vaut mieux que je m'arrête là, sinon je vais tourner en rond, mais vous l'aurez bien compris : moi qui nourrissais quelques inquiétudes au moment de commencer ce récit (et qui n'aurai peut-être même pas pris le risque de le lire sans le petit coup de pouce de la Masse critique de Babelio), j'ai été non seulement très agréablement surprise, mais surtout très profondément touchée. En tant que catholique, j'ai bien évidemment apprécié d'en apprendre un peu plus sur la vie de sainte Marguerite-Marie Alacoque, sur son enfance, mais aussi sur sa personnalité (pour le moins unique, pour ne pas dire totalement extravagante). Et en tant que lectrice, j'ai également apprécié en apprendre un peu plus sur Clémentine Beauvais, dont mes amies ne cessaient de me parler, et dont j'ai désormais plus envie que jamais de découvrir les romans jeunesse. Avec ce petit livre indéfinissable (ni complétement une hagiographie, ni totalement une autofiction), l'autrice réussit l'incroyable pari de réunir deux mondes, deux milieux, qui semblaient totalement inconciliables … mais clairement, je pense que ce livre peut énormément plaire à tous les lecteurs, ceux de Clémentine Beauvais et ceux des éditions de l'Emmanuel. Ceux qui « parlent au futur inclusif » et ceux qui vont à la messe entre midi et deux. Différents, oui, mais pas irréconciliables. Il suffit peut-être d'une bonne petite pincée d'humour, et d'une délicate pointe de tendresse, pour concocter un ouvrage rafraichissant, émouvant, et vraiment très intéressant. Un vrai petit bijou !
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Sainte Marguerite-Marie et moi n'est en réalité pas vraiment un roman. On est entre l'hagiographie (la biographie de saint) (je sens que j'en ai perdu quelques uns là, mais restez, vous allez voir, ça vaut le détour !) et l'autofiction. Clémentine Beauvais sait depuis toujours qu'elle a une sainte dans ses ancêtres : Sainte Marguerite-Marie, qui a vécu au dix-septième siècle. C'est une information familiale qui amuse, mais qui dérange aussi, un peu, dans un milieu plutôt de gauche agnostique. Parce que dans ce milieu, côtoyer des cathos, c'est assez mal vu... Pourtant, au moment où Clémentine se lance dans ce projet d'écriture, elle est bien forcée de flouter la frontière entre "agnostique, féministe, de gauche" et "très catho". En effet, elle est enceinte, et son compagnon est "très catho", donc il faut arrêter de s'enfermer dans des cases, non ? C'est à peu près dans cette période de sa vie qu'une amie, qui est aussi éditrice dans la "très catho" maison des éditions de l'Emmanuel, lui lance le défi, en plaisantant (ou pas ?) d'écrire un livre sur son ancêtre, cette sainte qui dérange, même chez les cathos. Marguerite-Marie, j'ai découvert sa vie en lisant le livre. Enfant, Jésus se manifeste à elle très tôt, et lui fait jurer fidélité et chasteté. Mais ça ne s'arrête pas là, puisqu'au nom de ces vision, la jeune fille, bientôt religieuse, s'inflige des souffrances étrangement cruelles. Est-ce réellement Jésus qui lui impose cela, ou bien le diable ? Si elle souffre ainsi, cela signifie-t-il qu'il faut avoir tant souffert pour devenir saint ou sainte ? alors que pourtant, de nos jours, on dirait plutôt qu'elle se mutile, et qu'elle souffre donc de troubles psychiatriques... Tout cela dérange pas mal, même pour la "un peu" catho que je suis. Et Clémentine Beauvais détricote toutes ces interrogations avec brio, et armée de son humour ravageur et touchant.

J'ai été touchée par ce roman à plusieurs égards. Tout d'abord, il fallait, un jour, que je me penche sur la vie de cette sainte. En effet, si ce titre me parlait tant, c'est parce que ma marraine de confirmation a tout récemment prononcé ses voeux, devenant donc "soeur Marguerite-Marie". Il fallait que je comprenne mieux ce choix. Ensuite, je me reconnais assez dans les doutes de l'autrice, mais à l'inverse d'elle. Je viens d'un milieu plutôt "très catho", et même si je m'en suis un peu détachée, je reste croyante et pratiquante, et ma foi fait partie intégrante de ma vie. Oui mais voilà, c'est pas toujours facile d'assumer ça quand on évolue dans la sphère littéraire. Dans mes études de lettres, dans mon métier de libraire, sur les réseaux sociaux, j'ai fini par évoluer dans un milieu plutôt proche de "agnostique, féministe, de gauche". Et pendant un temps (en fait, encore maintenant), je me suis demandée : est-ce qu'on peut appartenir au milieu littéraire, ET être catho ? est-ce qu'on peut avoir des opinions plutôt très féministes, ET croire en Dieu ? Bref, cette histoire de cases hermétiques, de clans ennemis dont parle Clémentine Beauvais, ça me parle beaucoup, aussi. J'ai décidé de faire ce cheminement, d'orienter ma vie de lectrice et de libraire à la lumière de mes idéaux chrétiens (oui, je préfère me dire chrétienne que catho en vrai, ainsi ça inclut mes amis protestants, mais bref, autre débat). Eh bien quel plaisir c'est de voir une autrice dont je me sens proche pour ses idées féministes, son humour caustique, faire un pas vers le monde des chrétiens ! Bien sûr, ce livre ne fait pour Clémentine acte de conversion, mais elle montre que ces deux mondes peuvent coexister, sans mal, avec bienveillance, et amour même !

Alors voilà ce que je vous propose : à votre tour, armez-vous de bienveillance et d'amour pour aller ouvrir ce livre, certainement un des plus surprenants de la rentrée littéraire. Vous qui êtes chrétiens et curieux, voilà une merveilleuse occasion de découvrir cette autrice talentueuse. Vous, aussi, qui adorez Clémentine Beauvais mais regardez d'un oeil soupçonneux cette parution, soyez rassurés : le pire qui vous arrivera dans ce livre, sera de découvrir que les chrétiens ne sont pas toujours des êtres barbants et ronflants, comme certaines messes auxquelles on peut assister (bon, soyons honnête, vous risquez aussi quelques grimaces de dégoût... mais aussi beaucoup de rire !). Bref, ce livre est une sorte de passerelle entre deux mondes, alors il ne peut que toucher un public large !
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C'est fortuitement que Clémentine Beauvais apprend avoir eu une lointaine aïeule religieuse, au XVIIème siècle. Cette dernière a été sanctifiée sur le tard sous le nom de sainte Marguerite-Marie. Elle avait écrit le journal de sa vie et c'est contre sa volonté que ce texte fut conservé. Elle avait en effet demandé sur son lit de mort à son infirmière de procéder à la destruction du manuscrit. Elle fut désobéie sur ce point.

Au XVIIème siècle on le sait les femmes n'écrivent pas, ou si peu. Encore moins des romans, genre qui n'existe pas encore. Et encore moins imaginent-t-elles être éditées. Il leur manque cette chambre à soi chère à Virginia Woolf dans un monde gouverné par les hommes qui seuls avaient l'espoir d'être édités. Mais peut-être ces intimité et solitude nécessaires à l'écriture, Marguerite-Marie les avait-elle quand même réunies en son couvent des visitandines à Paray-le-Monial, car son journal vit le jour. Alors sommes-nous portés à nous interroger sur son intention dans l'acte d'écrire ce qui relève de l'intime. Peut-être pour se mettre elle-même à l'épreuve de sa foi. Ou bien destinait-elle cet ouvrage à des yeux très hauts. A moins que, comme nous le confie Clémentine Beauvais, écrire c'est peut-être aussi détourner le regard de ce que l'on veut cacher. Y compris et surtout dans l'exercice du journal intime.

Clémentine Beauvais est quant à elle agnostique. Peut-être serait-elle même plus que cela si quelque chose, ou plutôt quelqu'un, ne la retenait au bord du gouffre de l'athéisme. Gouffre qui n'en est d'ailleurs surement pas un pour elle, mais seulement un sujet de réflexion. de ceux qui font basculer de la foi vers la philosophie. de la croyance vers la raison.

Aussi lorsqu'une éditrice lui suggère d'écrire un ouvrage sur son aïeule, c'est sans doute par défi à sa foi absente que Clémentine Beauvais, autrice aux multiples ouvrages à succès, se livre à l'exercice. Elle qui ne connaît de l'amour que la version terrestre du sentiment – elle nous le confie - décide de se confronter à sa version céleste. Celle éprouvée par son aïeule pour le Christ, Lequel lui serait apparu à plusieurs reprises, au point de faire d'elle une exaltée. N'avait-elle pas brûlé ses mains au Sacré-Coeur. Et de se mortifier de sévices jusqu'à se voir reprocher, par Celui-là même vers qui était dirigé son adoration, d'une rigueur excessive.

J'ai trouvé la démarche passionnante : la rencontre par ouvrage interposé au-delà des siècles d'une agnostique avec une exaltée de Jésus-Christ. Ce qui a parachevé mon intérêt pour me rendre cette lecture captivante, c'est évidemment le style adopté par son autrice. le style résolument moderne, rehaussé d'un humour un brin caustique, un brin « provoc » mais pas trop. Un style taillé sur mesure pour plaire au lectorat de notre temps dont on sait qu'il n'est pas non plus très porté sur le mystique. Un style qui donne à cette écriture sa fluidité et coupe court à tout ce que le sujet pourrait comporter de rébarbatif. Il se police toutefois quelque peu au fur et à mesure que la connaissance avec la lointaine aïeule s'approfondit. En même temps que l'une et l'autre, par-delà les siècles se fassent connaître l'une à l'autre. Sans intention de prosélytisme, entendons-nous bien. Juste pour faire admettre que la tolérance réciproque dans sa conception tant religieuse que civile passe par la connaissance mutuelle et le respect des consciences de chacun.

Un style donc, pour insister sur le sujet tant il est influent quant au message à faire passer, qui soutient l'ouvrage dans sa totalité pour en faire une lecture vivante, attrayante. Il me fait au passage me demander, puisque c'est le premier ouvrage que je lis de cette autrice, s'il est une marque de fabrique chez Clémentine Beauvais ou bien s'il est volontairement adapté au sujet traité, pour servir d'accroche à un lectorat volatile.

Cet ouvrage m'a séduit tant il m'a paru particulièrement judicieux, courageux dans son intention et sa démarche aussi quand on apprend de la main de Clémentine Beauvais le contexte familial dans lequel elle décide de se livrer à pareille aventure éditoriale. Un ouvrage qui peut-on dire est une biographie croisée de deux personnes, l'autrice et son aïeule, avec la confrontation de leurs opinions respectives sur le sujet de la croyance. Même si le genre de la biographie n'est pas le plus approprié, au point que les éditions J'ai Lu lui affecte l'étiquette de récit. Les chausse-trappes ne manquaient pas et c'est avec brio que Clémentine Beauvais a réussi cet exercice à mes yeux. Même si elle n'est déjà plus une novice en matière littéraire autant par son érudition que par ses succès d'édition, je le découvre en faisant sa connaissance avec cet ouvrage. Il me reste désormais qu'à confirmer mon goût pour pareille écriture décomplexée avec un autre ouvrage de sa main.
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Clémentine Beauvais avait au moins mille mauvaises raisons de ne pas écrire ce livre consacré à la vie de Marguerite-Marie Alacoque, visitandine du XVIIe siècle, grande promotrice de la dévotion au sacré coeur de Jésus, canonisée en 1920, devenue aujourd'hui la figure de proue des "chacha" de Paray-le-Monial, les membres de l'Emmanuel, mouvement catholique charismatique. La 4ème de couverture en énumère quelques-unes : agnostique, non baptisée, féministe, écolo et végétarienne, à quoi il faudrait ajouter autrice pour la jeunesse à temps plus que partiel, enceinte, confinée comme tout le monde, enseignante-chercheuse en éducation et littérature anglaise à l'université d'York, où elle est soupçonnée de sympathie pour les Travaillistes (là, j'invente)… Où Clémentine Beauvais allait-elle donc trouver le temps et les motivations pour enquêter sur cette bonne soeur mystique, dont les écrits, de l'aveu même de son éditrice, Hélène Mongin, risquaient de lui apparaître « un chouïa flippants » - je cite - en tout cas à mille lieues des centres d'intérêt d'une jeune femme post-moderne ?

Si notre autrice a malgré tout relevé ce défi, c'est que le roman familial faisait de la sainte sa lointaine aïeule et qu'elle savait devoir tôt ou tard dissiper le brouillard qui entourait cette généalogie. Plutôt tôt que tard, car un héritier se présentait à l'improviste, et son arrière-grand-mère bien-aimée dépositaire dudit roman était en train d'en perdre la mémoire. La couverture du livre qui montre adossées l'une à l'autre, comme avant un duel, Marguerite-Marie en sainte et Clémentine enceinte, la première jonglant avec un coeur et la seconde un smartphone en main, condense bien tout ce qui les sépare a priori et que l'écriture va devoir réunir, dans la concurrence d'une double maternité : un enfant, un livre.

Ce que la couverture annonce aussi, c'est qu'il va être question autant de l'autrice que de la Visitandine, qui vont se révéler l'une à l'autre et l'une par l'autre. Très rapidement, Clémentine Beauvais découvre que la future sainte a écrit ses mémoires non sans « réticences, résistances, répugnances », parce qu'on lui avait demandé instamment de le faire, « on » désignant ici un prêtre, le Père La Colombière, qui va littéralement inventer Marguerite-Marie en femme de lettres. L'autrice reconnaît, en miroir, dans les réticences, résistances et répugnances de son aïeule celles qu'elle éprouve à écrire ce livre sur elle. Cette reconnaissance a sans doute engendré un sentiment de solidarité entre femmes - la vierge et l'enceinte, la voilée et la féministe, l'exaltée et la pédagogue, etc. - dont l'éclair a troué le temps et l'espace. Malgré cela, Clémentine Beauvais sera poursuivie tout au long de l'écriture par un procès en légitimité qu'elle instruit devant nous, à ciel ouvert, on peut risquer cette expression dans le contexte. Ce procès contre elle-même nourrit heureusement un paradoxe fécond : loin de stériliser l'autrice, il soutient son enquête comme un aiguillon et l'aide à surmonter tous ses complexes qu'il dévoile un à un.

Pour l'essentiel, Clémentine Beauvais va découvrir en Marguerite-Marie - et donc nous révéler - une femme doublement moderne : « parce qu'elle veut brûler, et parce qu'elle va, malgré elle, écrire cette brûlure. » « C'est une exaltée » lâche sa grand-mère, mi-critique, mais cette exaltation va se communiquer à celle qui croyait pouvoir tenir la sainte à distance, comme un objet d'études littéraires, en professionnelle de la chose.

Cette mise à distance à laquelle Clémentine Beauvais renonce, par bienveillance de commande puis par amour et efficacité littéraire, elle la croise, curieusement, chez les cathos de l'Emmanuel et chez les commentateurs officiels de la sainte. Ils accompagnent et encadrent son projet mais en viendraient presque à suspecter l'enthousiasme croissant de leur employée, notamment pour les aspects les plus trash de la sainte. du coup, elle se fait critique de celleux qui, par exemple, transforment le Sacré Coeur en simple « symbole » de l'amour divin. Et même elle s'en scandalise avec des majuscules dans le texte et force de points d'exclamations : « Mais NON !!! C'est pas juste un SYMBOLE ! » Car elle a bien lu ce qu'a écrit sa soeur qui rend compte d'un vécu éprouvé dans sa chair : Jésus a pris le coeur de Marguerite-Marie, l'a mis dans le sien avant de le replacer dans sa cage thoracique d'origine, opération à coeurs ouverts, sans anesthésie. Donc ça brûle. Vraiment. Jusqu'au bout, Il l'a promis, en plus, ce sadique.

C'est dans cet excès que Clémentine Beauvais rencontre son aïeule, c'est dans l'excès qu'elle l'aime et ce sont les comportements excessifs de la sainte qui procurent au livre les moments les plus comiques, sans la moindre trace de moquerie surplombante, grâce à une écriture parfaitement maîtresse d'elle-même et de son humour, mélange subtil de rigueur, d'esprit potache et d'understatement. En bonne phénoménologue – tout le phénomène, rien que le phénomène – menant une enquête serrée, autant littéraire que de terrain, l'autrice n'a gommé aucun épisode, des plus objectivement dégoûtants aux plus gore, mais chacun d'eux semble dilater la réalité en submergeant tous les préjugés, pour mieux rendre compte de l'instinct de grandeur, démesuré, propre à l'aventure mystique, à la rencontre avec le Christ telle que Marguerite-Marie Alacoque en a fait l'expérience unique et le récit.

Parce que Clémentine Beauvais nous offre de cheminer avec elle à la recherche de la sainte, de sa sainte, nous vivons avec elle ses doutes, ses étonnements, la fabrication même de son texte comme si nous y participions nous-mêmes. Nonobstant l'inévitable tension narcissique du projet, qu'elle avoue volontiers, ou peut-être à cause même de cette tension, son livre est enveloppant, joyeux, drôle, enthousiasmant. C'est pour tout dire un vrai miracle littéraire, qu'elle sait parfaitement à qui attribuer dans les derniers mots de ses remerciements.
Lien : https://littejeune.blogspot...
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Je dois au hasard d'avoir lu ce livre. Je l'ai trouvé, récemment, dans la boîte à livres de mon cinéma local (j'en dépose et parfois, j'en prends). Je me demande encore ce qui a bien pu m'attirer (l'oeuf à la coque mystérieux en couverture ?) ou plutôt je le devine : sans doute la perspective de sortir de ma zone de confort de lectrice assidue assignée à quelques genres et de réaliser un petit défi personnel en lisant une hagiographie de sainte, alors que je suis gravement athée.

En cela, je me suis immédiatement reconnue dans le profil de l'auteure (même si j'ai été baptisée, communiée et pas végétarienne) et il m'a semblé intéressant de comprendre pourquoi elle avait décidé de se retrouver dans cette galère et comment elle s'en était sortie.

Et puis, il y avait cette phrase, en bandeau sur la première de couverture : "Rarement vous trouverez une lecture spirituelle aussi joyeuse, iconoclaste et décalée" émanant de la librairie La Procure, et celle-ci a vraiment titillé ma curiosité.

De plus, ayant exercé pendant quelques années, le métier de biographe pour inconnus, je suis particulièrement sensible à toutes ces histoires tendant à enquêter sur les origines et circonvolutions d'une famille et à favoriser la transmission de celles-ci pour la descendance à venir. C'était la démarche initiale de l'auteure.

Pourtant, elle n'avait pas particulièrement anticipé l'écriture de ce livre racontant l'histoire de son aïeule (Marie-Marguerite Alacoque, oui, c'est son nom !) ayant vécu au XVIIe siècle, visitandine à Paray-le-Monial qui, à la suite de ses écrits et de ses actes en direction de la glorification du Sacré-Coeur a été sanctifiée au XXe siècle.

Ce sont les circonstances du moment : une sollicitation inopinée et quelque peu taquine de son éditrice, l'isolement imposé le confinement Covid, le fait qu'elle allait donner vie à un enfant, et la déperdition inéluctable de la mémoire de sa grand-mère... qui feront qu'elle se lancera dans cette aventure rédactionnelle (mais aussi, ne lui en déplaise, spirituelle) dont, au départ, elle n'avait pas imaginé toutes les intrications et conséquences potentielles.

Sur le fond, ce livre évoque les informations que l'auteure est allée chercher, dans des livres et documents anciens, dans des vidéos, auprès d'instances religieuses, ou encore dans sa propre famille pour reconstituer, autant que faire se peut, la vie de cette religieuse devenue sainte qui, dès l'âge de 5 ans, offrait déjà sa pureté et sa chasteté à Jésus (J'ai du mal à croire que j'écris cela) ! Oui, je me suis donc fortement intéressée à cette femme que rien ne prédestinait à l'enfermement dans un couvent et qui a tout donné pour être l'épouse parfaite (peut-on l'être vraiment ?) de son Seigneur et maître et pour faire connaître et entendre le message de Jésus-Christ. Selon Wikipédia, "le Sacré-Coeur est une dévotion au coeur de Jésus-Christ, en tant que symbole de l'amour divin par lequel Dieu a pris la nature humaine et a donné sa vie pour les hommes."

Pour parvenir à lire ce livre jusqu'au bout et ne pas être tentée de le lâcher au bout de seulement quelques pages, il faut y croire : avoir l'esprit ouvert (certes, parfois, en faisant un petit effort) et porter un regard bienveillant sur la vie des femmes au XVIIe siècle. N'étant pas très au fait des choses de la foi, comme l'auteure, j'ai eu un peu de mal à comprendre les agissements extrémistes de Marguerite-Marie et à ne pas être tentée de penser que ceux-ci relevaient plutôt de problèmes psychiatriques (non identifiés comme tels à l'époque). Mais qui suis-je pour comprendre et juger les manifestations d'une passion ?

Toujours sur le fond, il est intéressant de voir que Marguerite-Marie Alacoque a été, en quelque sorte, sommée par son directeur de conscience de coucher par écrit ce qu'elle vivait et ressentait. Et elle y a pris goût. Des traces laissées à la postérité qui font d'elle, sans doute, l'une des plus grandes écrivaines (méconnue) de son époque. Des traces qui, aussi, témoignent des affres physiques, morales, et spirituelles qu'elle a traversées pendant toutes ces années de dévotion. Dans cette espèce de journal intime, il y a ce qui est dit, mais aussi ce qui ne l'est pas mais qui a tout autant d'importance (de là découle une réflexion sur l'autocensure du diariste particulièrement intéressante). Des traces, enfin, qui ont fourni autant de preuves aux autorités ecclésiastiques lorsqu'il s'est agi de la canoniser.

Sur la forme, c'est véritablement une prouesse littéraire. Clémentine Beauvais nous fait partager son cheminement au fur et à mesure qu'elle avance dans son travail d'identification des sources, de lecture des documents à sa disposition, d'entretiens réalisés, de questionnements en direction de membres de sa famille élargie. Dans un style résolument critique, voire caustique, elle fait part de ses découvertes, de ses interrogations, de ses doutes vis-à-vis de la vie de son aïeule (dont, finalement, elle n'est plus très sûre qu'elle le soit), mais aussi en miroir de ses propres doutes et interrogations quant à la foi. Elle se dit agnostique mais l'est-elle vraiment, dès lors qu'elle semble avoir de bons restes d'une éducation religieuse passée ?.

De même, elle s'interroge, tout au long du processus d'écriture sur l'intérêt d'aller au bout de ce projet dont vis-à-vis de ses amis personnels et professionnels elle semble avoir honte, mais aussi en direction du grand public (à part les catholiques qui pourrait bien être intéressé par cette histoire de sainte ignorée de tous ?).
De là, découlent d'autres interrogations : en quoi "notre milieu" conditionne-t-il ce que l'on pense et ce que l'on est ? comment, lorsqu'on est de gauche, féministe, etc... écrire à la fois pour la jeunesse et sur des thèmes sociétaux et assumer, dans le même temps, l'écriture d'un livre sur une sainte ? Prendre une part de son histoire et la faire sienne, est-ce trahir ses idéaux, ses proches, ses amis ?

J'ai bien aimé cette idée de destins croisés entre Marguerite-Marie et Clémentine. En effet, cette dernière se trouve des points communs entre elle et son aïeule dans sa pratique de l'écrit. Mais aussi, dans sa posture de femme "passionnée" ou "exaltée" qui va au bout de sa passion et tiraillée par de nombreux démons. J'ai bien aimé aussi cette idée que la Clémentine qui a terminé le livre et l'a donné à lire au public n'est plus tout à fait la même que la Clémentine d'avant. Au passage, ne lui en déplaise, elle s'est enrichie de ce que Marguerite-Marie lui a donné à voir et à comprendre sur la foi et sur le don de soi.
Du coup, malgré le fait que l'héroïne de l'histoire soit une religieuse du XVIIe siècle, le livre résonne d'une voix très actuelle, très moderne et résolument drôle par certains aspects (un peu trop axé sur Harry Potter toutefois, mais ce doit être générationnel). de plus, il est étayé de plusieurs "sons de cloches" et anecdotes intéressantes et parfois très décalées qui en dynamisent le rythme.

Autant de raisons pour lesquelles j'ai vraiment eu, malgré mon athéisme, un grand plaisir à lire ce livre qui m'a permis de mieux comprendre certains aspects de la pratique de la foi catholique. Même, si je le reconnais, j'ai été à plusieurs reprises "larguée" sur des aspects par trop religieux (ex : mystique passionnelle de l'intéressée ; le sens donné au Sacré-Coeur ; la communauté de l'Emmanuel).

Et puis, comme dirait l'autre, ce livre a aujourd'hui le mérite d'exister. Les descendants de Clémentine Beauvais n'auront plus besoin d'aller jouer les détectives pour en savoir plus sur un pan de l'histoire familiale. C'est aujourd'hui chose faite.

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critiques presse (1)
MadmoizellePresse
14 septembre 2021
Cet essai, véritable hommage familial, parle d’héritage, de transmission, mais aussi de différences au sein du couple, des sujets majeurs qui s’invitent bien souvent dans nos existences lorsque l’on devient mère.
Lire la critique sur le site : MadmoizellePresse
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Mon éditrice m'emmène dans le bureau d'un des grands chefs de la conmmunauté, lui explique le projet:
"Le livre de Clémentine, en gros, c'est: Marguerite-Marie, la sainte du XVIIeme siècle, écrite par une lointaine descendante millenniale féministe agnostique. Qui veut nous faire voir Marguerite-Marie sans occulter toutes les souffrances.
- Oui, j'explique bravement, parce que je pense que Marguerite-Marie sans les souffrances, c'est pas vraiment elle, si on s'en tient aux représentations toutes mignonnes du Sacré Ceur et de Jésus l'air gentil au-dessus d'une petite bonne sœur béate, on passe à côté d'un aspect crucial de toute cette histoire...
(Le grand chef fronce le front.)
- OK... et t'es agnostique ?
- Ben oui.
(Si j'étais moins diplomate, je dirais même athée.)
- Alors, comment ça se fait que tu parles comme un curé ?"
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Ce n'est pas seulement que sa vie est un roman, ou «comme » un personnage de roman, ou de conte ; la manière dont elle se raconte fait d'elle ce personnage, et on entre complètement dans son système: on adhère absolument à sa perspective.
Cet aspect romanesque de l'écriture de Marguerite- Marie est d'autant plus étonnant qu'en 1680, le roman n'existe pas, et les épanchements de femmes encore moins ; il lui sort de la plume un art de la narration qui vient d'on ne sait où, elle se raconte comme on se raconte peu, il me semble, au XVIIe siècle, malgré le fait que l'écriture est un «martyre», et «chaque mot, un sacrifice».
À travers Marguerite-Marie, je suis aussi sans doute touchée par ces mille autres voix intenses qui ne se sont jamais fait entendre. Combien de femmes ne se sont pas racontées parce quelles avaient peur que ce qui sorte soit aussi sanglant, aussi érotique, aussi fou? Peut-être que cette exaltation de mon ancêtre est dérangeante parce quelle est comme un jaillissement de quelque chose qui est normalement tu.
Pour comprendre cela, pas besoin de croire en Jésus - il suffit d'avoir vécu des passions, expérimenté la difficulté de les mettre en mots, et d'avoir éprouvé la tentation de taire certaines choses ou de les cacher. Ces choses qui débordent des cases, dont personne ne sait -ou ne doit savoir - qu'elles bouillonnent là.
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« Le judéo-christianisme, reprend Olivier, est la seule religion qui reconnaît que dans la souffrance il y a quelque chose d'absurde, qui ne devrait pas être, qui est de l'ordre du scandale. Le scandale de la croix.
- Mais Marguerite-Marie! finis-je quand même par éclater (parce que je n'ai aucun self-control). Marguerite-Marie, elle souffre exprès, elle. Elle s'autoflagelle, elle dort sur des trucs piquants, elle porte des cilices, elle...
- Je me demande, dit alors prudemment Sophie, si on n'a pas affaire à une manifestation de phénomènes psychopathologiques, qui seraient aujourd'hui pris en charge de manière différente qu'à l'époque. » J'en ai le souffle coupé. Une théologienne traversant la Belgique à bord d'un bolide piloté par un prêtre vient de me dire qu'une sainte était potentiellement bonne pour l'asile.
«Vous pensez? je m'écrie. Pour vous, les autopunitions de Marguerite-Marie, ça relevait de la psychiatrie ?
- Jésus ne me demande pas de souffrir pour souffrir, tranche Olivier Bonnewijn. Le commandement premier, c'est l'amour. Le Christ n'est pas venu nous donner une théorie de la souffrance; il est venu habiter la souffrance de sa présence aimante.
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Mais en réalité je n'ai aucune raison ni aucune envie d'être malveillante. Ma loyauté envers ma grand-mère suffirait à m'interdire toute médisance sur son ancêtre, mais surtout ma curiosité pour la sainte n'est pas feinte ni teintée de sarcasme. Je ne sais pas encore de quoi elle est faite exactement ; par contre, il est très clair dans mon esprit que ce texte doit être lié à moi, faire partie d'un projet autofictionnel : une forme littéraire extrêmement intime, qui m'est jusqu'à maintenant parfaitement étrangère.
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Ce que je trouve fascinant dans cette hypothèse, c'est que Dieu et le diable puissent avoir des requêtes envers les humains qui soient tellement similaires qu'on puisse les confondre.
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Vidéo de Clémentine Beauvais
Les Petites Reines, lecture dessinée
À l'occasion de l'adaptation du titre en bande dessinée aux éditions Sarbacane, deux queens de la littérature de jeunesse se partagent le plateau du Live. Avec l'autrice Clémentine Beauvais et l'autrice-dessinatrice Magali le Huche.
Animé par Margaux Leridon.
En cuisine Les recettes créatives de la crème de la littérature jeunesse. Avec l'auteur Benoît Séverac. Ouvrages notamment publiés par Syros.
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