AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,87

sur 481 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Fun home n'est pas une boutique très marrante. C'est une entreprise de pompes funèbres tenue par un professeur d'anglais, marié et père de 3 enfants. L'ainée, Alison, retrace la vie et la mort prématurée de ce père obscur et distant. Accident ou suicide? Homo ou bisexuel? Qui était cet inconnu? Cette énorme et longue bédé traite avant tout de la famille et plus précisément d'une relation père-fille. Dur dur. Très dérangeant et très touchant.
Commenter  J’apprécie          40
Un style assez particulier que j'ai fini par apprécier, je ne savais pas à quoi m'attendre au début mais il s'agit tout simplement d'une sorte d'autobiographie de l'autrice qui parle de sa famille et de son rapport avec son père, ainsi que de l'homosexualité (je n'en dit pas plus). Au final c'était pas mal.
Commenter  J’apprécie          00
De ce roman graphique émane une sorte d'urgence de dire, de comprendre, de faire le point. C'est le premier récit explicitement personnel d'Alison Bechdel et le plus brûlant. Les deux suivants seront plus apaisés, ils ont pris de la distance vis à vis de leur sujet : sa mère et leurs relations, dans C'est toi ma maman ? ; et un survol de sa propre vie, de la jeunesse à l'âge adulte, à travers son addiction au sport, dans le secret de la force surhumaine.

Ce beau récit d'apprentissage mêle autobiographie de son enfance, portrait de son père et étude de leurs relations, dans une structure répétitive , où les mêmes scènes sont revisitées et réinterprétées à plusieurs reprises.
Dans cette famille de la middle-class américaine, la primauté est donnée aux apparences et à la réalisation personnelle de chacun des parents ; la froideur et la solitude individuelle règnent à la maison. La mère joue du piano ou répète des rôles de pièces de théâtre amateur dans lesquelles elle joue ; le père est directeur de la maison funéraire familiale et restitue autant que possible l'apparence du vivant chez les morts qui lui sont confiés, tandis qu'il restaure dans le style victorien, avec une extrême minutie, une attention aux détails monomaniaque et tyrannique, la maison d'époque qu'il a achetée. Il cache aussi soigneusement ses relations homosexuelles à ses enfants, Alison et ses deux frères cadets, et à la petite ville de Pennsylvanie qu'il habite.
«Il est tentant de suggérer, après coup, que notre famille était une imposture. Que notre maison n'était pas du tout un vrai foyer mais juste un simulacre, un musée» (p.21) «Ton père, dire la vérité ? Tu veux rire.» (p.63)

Les lectures de ce roman graphique foisonnant, sincère et plein d'auto-dérision sont multiples. Récit de filiation, identité et orientation sexuelle, place de l'art dans une vie, rapport à la mort et suicide, etc.
Les deux premiers thèmes sont intimement mêlés, comme le résume Alison Bechdel à propos de ses relations conflictuelles avec ses parents. Avec les deux : «C'est peut-être là que j'ai signé un contrat tacite avec eux, stipulant que je ne me marierais jamais, que je vivrais la vie d'artiste que l'un et l'autre avaient abdiquée» (p.77) ; avec son père : « Nous étions des invertis, mais également des inversions l'un de l'autre. Alors que j'essayais de compenser son manque de virilité, il tentait d'exprimer sa part féminine à travers moi. » (p.102) ou «Dans la complexe narration inversée qui gouverne nos histoires entrelacées...» (p.236). de fait, le père, qui lui ne se conforme pas aux codes de la virilité, oblige sa fille à se conformer à ceux de la féminité pendant toute son enfance. La sexualité est abordée avec beaucoup de réalisme, mais sans ostentation, avec une sorte de neutralité, tout comme la mort, deux sujets particulièrement délicats à traiter avec justesse.

L'art est un autre fil rouge du roman. Cinéma, musique (la mère joue Chopin au piano), architecture, arts visuels -peinture et dessin et, surtout, littérature au sens large -romans, théâtre, poésie, philosophie et mythologie. Les deux parents sont d'ailleurs professeurs de littérature anglaise (le père a en effet deux métiers). le récit lui-même est structuré sur cet axe : la plupart des chapitres ont pour titre une oeuvre littéraire éponyme ou un fragment de citation («vieux père, vieil artisan», La mort heureuse, «cette antique catastrophe», A l'ombre des jeunes filles en fleurs, Un mari idéal) ; et l'oeuvre commence et se termine sur un commentaire du mythe de Dédale et Icare, méditatif et analogique, père et fille étant à tour de rôle chacun des protagonistes du mythe et le père pouvant représenter en sus le Minotaure, lors de ses explosions de rage (et la maison victorienne le labyrinthe !). Sont ainsi abondamment citées les oeuvres de Camus, Oscar Wilde, Proust, Fitzerald, Colette, Henry James, James Joyce, Anaïs Nin, Kate Millett, etc. Sans compter les nombreuses cases dans lesquelles le père lit un livre dont on voit le titre. Et n'est-ce pas Alison Bechdel elle-même qui compare ses parents à des héros de romans ? «Si mon père était un personnage fitzeraldien, ma mère sortait tout droit d'Henry James.» (p.70).

Le thème de la mort et du suicide parcourt tout le récit. La mort, tout d'abord, que la famille côtoie dans son caractère banal et familier, en raison du métier du père et de ses aïeux. le funérarium est la demeure de la grand-mère paternelle, le père y travaille et les enfants y accomplissent des «corvées» et y jouent avec détachement (seule interdiction formelle : monter dans les cercueils). le suicide, car c'est autour du mystère de la mort accidentelle du père que s'articule l'ouvrage, dans lequel Alison Bechdel mène une sorte d'enquête introspective : s'est-il suicidé ou est-ce un simple accident de la route ? Et, si oui, quelles en sont les causes ; le «coming out» d'Alison, quelques mois auparavant et la découverte par la fille de l'homosexualité totalement tabou de son père et, par celui-ci, de la sexualité lesbienne assumée de sa fille ; la demande de divorce effectuée par la mère juste deux semaines avant l'accident ?

Le travail est effectué avec une minutie remarquable, tant au niveau de l'analyse des souvenirs de l'auteure, que dans le dessin hachuré en noir et blanc, qui reproduit une masse monumentale de documents dans leur état original, photos, cartes, postales, plans, lettres manuscrites, articles de journaux, extraits de livres...Ce père complexe, tyrannique et hyperactif, aux colères imprévisibles, distant et pourtant si proche de sa fille par les goûts littéraires, la personnalité obsessionnelle et l'homosexualité, est décrit avec infiniment d'humour -grinçant parfois-, de tendresse et de lucidité.
Commenter  J’apprécie          72
Voici une autofiction bédéique de grand talent.
Alison Bechdel propose une tragicomédie familiale terriblement émouvante et c'est en même temps l'évolution ou la non-évolution des moeurs aux États-Unis qui sert de fil conducteur. Ce livre élu, par le Time Magazine comme LE livre de 2006, est un savant mélange d'émotions, de découverte et de révolution sexuelle.

Alison vit et grandit dans une famille aimante mais « particulière » Un père autoritaire qui a tous les talents dans la rénovation néo-gothique de la maison et qui enseigne la littérature tout en reprenant l'entreprise funéraire familiale. Sa mère, gestionnaire de la maisonnée, avec des aspirations de comédienne. Deux frères à l'imagination débordante.
Son univers éclaté lorsqu'elle avoue son homosexualité à ses parents, et qu'ensuite, elle découvre celle cachée de son père. Celui-ci décède brusquement, fauché par un camion. Suicide? Mystère, mais le livre s'emploie à nous présenter ce père pour qu'on se fasse notre propre opinion.

J'ai tout aimé de cet album. La qualité des dessins, les détails minutieux de chacune des planches allant jusqu'à reproduire les dessins des tapisseries et des pages de romans lus.
L'évolution de la jeune Alison, rebelle et craintive en la jeune adulte qui qui lit Francis Scott Fitzgerald, Faulkner et Joyce ainsi que toutes les écrivaines féministes; qui tient tête à son père, est des plus captivante. J'ai même noté plusieurs de ses lectures tellement le propos donne le goût de s'investir dans son cheminement.
Moi qui patauge encore dans Ulysse de Joyce, je trouve un grand réconfort dans les quelques pages où elle fait part de son cours de littérature anglaise et du vaste océan inexploré comme elle qualifie Ulysse. « Il pensait qu'il pensait qu'il était juif tandis qu'il savait qu'il savait qu'il savait qu'il ne l'était pas. »
On sent une grande pensée littéraire dans toute la démarche d'Alison Bechdel, un talent inouï pour décrire sa vie avec en parallèle, des événements majeurs aux États-Unis. Un album des plus passionnants et intelligents, que je recommande vivement.
Commenter  J’apprécie          170
Bonsoir à toi qui passe par là. Ces derniers jours, j'ai lu « Fun home » d'Alison Bechdel et c'était absolument bouleversant. Dans cette bande dessinée qui a un je ne sais quoi de « Persepolis » dans le graphisme, Alison nous évoque son enfance peu banale en Pensylvanie au sein d'un salon funéraire, le Fun home. Plus tard, le récit se poursuit sur la découverte de son homosexualité à la Fac en même temps que la découverte des secrets de son père. Et quelle bouleversant hommage à ce père qui ne pu jamais s'accepter et vivre sa vie, incapable de révéler son homosexualité (ou sa bisexualité car elle se posera la question jusqu'à la fin de l'ouvrage) dans une époque qui n'était pas encore ouverte d'esprit et où inadapté, il finira par se renier définitivement lui-même. Les planches de cette bd démêlent pendant plus de 200 pages où on ne s'ennuie jamais les milles facettes de sa relation avec un père dont elle se sent aussi proche qu'elle en est éloignée. J'ai été émue de la façon dont ils se font grandir mutuellement par leur relation à la littérature et le partage de celle-ci mais aussi la façon dont les livres vont guider Alison dans l'apprentissage de son corps, de son homosexualité et de ses premières relations intimes. de sa découverte de la sexualité avec Colette au féminisme avec Kate Millett. J'ai le sentiment que l'auteur signe ici un livre culte dont on parlera encore longtemps tant sa puissance émotionnelle, sa gravité légère et son humour corrosif aux antipodes du politiquement correct en font une autobiographie révolutionnaire sur le genre. Rendez-vous en story pour vous partager mes extraits préférés. #funhome #alisonbechdel #queer #genre #feminisme #homosexualité #bookstagram #instalivresque #points #tragicomedie #livrovore #lectricecompulsive #livrelu #pal #lireetpartager #booksaddict #books #lire #chroniquelitteraire #balancetachronique #autobiographie #lgbt #avislecture #lecturedujour #lectureencours #livresque #bd #romangraphique #bandedessinee
Lien : https://monprecieuxlivre.wix..
Commenter  J’apprécie          00
Après avoir perdu son père de manière tragique, Alison Bedchel, autrice et narratrice revient sur les liens qu'elle entretenait avec lui, notamment leur homosexualité à tous les deux. Mais là où l'un a voulu la cacher toute sa vie - et en a terriblement souffert au point de passer à côté de sa vie - l'autre a fait un coming-out dès l'adolescence, encore dans l'ignorance de celle de son père.

Alison Bedchel revisite son enfance dans les années 70-80, sa maison-manoir que son père entretenait avec une obsession frôlant la névrose, la maison funéraire où sa famille travaillait, et son refus de s'habiller en petite fille. Parallèlement, elle découvre, après enquêtes, la vie cachée de son père, ses relations avec d'autres hommes, des adolescents aussi, dans la même période.
Le récit revient régulièrement sur lui-même, tourne autour de la mort du père - accident ou suicide?- et crée des correspondances entre le père et la fille qui lui permettent, dit-elle à demi-mots, de s'approprier un père toujours distant de son vivant.

C'est un roman graphique original et passionnant, autobiographique et psychanalytique, un premier roman récompensé par la critique quand il est sorti. Il est direct et franc mais garde une certaine pudeur, et permet de traverser la deuxième moitié du vingtième siècle sous le thème de l'homosexualité.
Commenter  J’apprécie          180
Cet ouvrage ne se lit pas d'une traite mais se déguste, par petite touche. Très dense, il traite intensément du rapport d'un père et de sa fille, à travers le prisme de leur orientation sexuelle. Un angle original, mais qui semble très juste. le trait est beau et maîtrisé, jamais vulgaire. L'ensemble est tout en nuance et en subtilité. Difficile de douter de la sincérité du propos.
On en ressort ému et avec la terrible envie de dévorer l'oeuvre d'Alison Bechdel. J'aurai rarement lu une bédé aussi intense et aussi touchante.
Commenter  J’apprécie          50
Une famille, un deuil et la découverte de soi et de l'autre.

Pennsylvanie, Alison vit dans une maison Néo-Gothique avec ses parents et ces frères.
Ces deux parents son professeur d'anglais. Son père est passionné, obsédé d'art décoratif et passe son temps libre à décorer leur maison. Un père présent mais pas très affectif voir même tyran.
Alison passe une enfance sans geste et parole d'affection parentale. Elle grandit et va à la fac et à cette époque-là survient ‘la catastrophe', son père meure écrasé par un camion.
Dans Fun Home, Alison Béchdel, peint son environnement quotidien. Une autobiographie originale à travers une histoire sous forme de BD.
Le deuil, la culpabilité et la découverte de son homosexualité et les secrets de son père sont les piliers de son histoire.
Avec de nombreuse pointe d'humours l'auteur traite de sujets sérieux, telle que la sexualité, la découverte de soi et des autre dans un contexte d'époque inhospitalier dans ces domaines.
Petite autobiographie qui fera passer à son lecteur un moment très agréable.
Un livre à mettre dans sa pile de classique.
Commenter  J’apprécie          90
Autobiographie dessinée. Alison parle de son père, de son adolescence dans une petite ville des Etats-Unis dans les années 70. Comment elle a découvert son homosexualité, et comment elle a découvert celle de son père. Comment celui-ci est mort prématurément en 1980.

Un dessin très sobre, très beau. Un récit très vrai, très touchant. Superbe !
Commenter  J’apprécie          00
Extrait de chronique :
"Dès Fun Home, le fil encore relativement linéaire de la narration s'enrichit des références littéraires dont Alison Bechdel se nourrit depuis l'enfance, et qui envahissent les échanges avec ses parents, intellectuels, fervents lecteurs, enseignant la littérature anglaise dans leur petite ville des Appalaches. Tel un doublage qui s'intercale au-dessus des images et dialogues de l'enfance et de l'adolescence, une voix off s'immisce, retrace et analyse un quotidien qu'elle entre-tisse avec les livres qui jalonnent les vies dépeintes. C'est ainsi que le mythe de Dédale et Icare, La Mort heureuse, Gatsby le Magnifique, Ulysse, La Recherche ou encore Henry James et Colette se mêlent à l'écheveau du récit, pour le plus grand plaisir du lecteur averti. " (...)
Lien : https://lesfeuillesvolantes...
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (1038) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5260 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *}