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Liliane Sztajn (Traducteur)Corinne Julve (Traducteur)
EAN : 9782207258941
240 pages
Denoël (26/10/2006)
3.87/5   475 notes
Résumé :
Une petite ville de Pennsylvanie, un salon funéraire : le Fun Home. Alison grandit dans ce cadre peu banal, entre secrets de famille et blessures cachées. Jusqu’à ce qu’elle découvre son homosexualité et en même temps celle du tyran charmant qu’est son père.

Cette plongée vertigineuse dans les non-dits d'une famille américaine est le prétexte à revisiter l'une des plus grandes révolutions du XXe siècle – celle des genres sexuels.
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Critiques, Analyses et Avis (69) Voir plus Ajouter une critique
3,87

sur 475 notes
Aînée de deux frères, Alison vit dans une famille d'artistes, parents talentueux qui se soucient du paraître bien plus que de l'être. Son père a repris l'entreprise familiale de pompes funèbres, "Fun home", tout en restant professeur d'anglais. Père tyrannique et distant, il se réfugiait dans les livres mais aussi dans la décoration florale et la restauration de la maison familiale. Il est mort en 1980, renversé par un camion, alors qu'Alison n'avait que 19 ans. Elle pense toujours à un suicide même si d'autres parlent d'accident. Quelques jours avant sa mort, elle lui a révélé son homosexualité. Y aurait-il un lien entre ces deux événements? C'est ensuite qu'elle apprendra que son père a entretenu des relations homosexuelles avec de jeunes hommes...

Alison Bechdel revient sur son passé, surtout son enfance puis son adolescence. Aux côtés de ses parents, notamment son père, figure imposante qu'elle juge trop distante, et de ses deux frères, l'auteure décrit la relation qu'elle entretenait avec lui. Une relation entretenue grâce à la littérature et qui évoluera. Elle dévoile sans concession la part sombre de son père, son penchant pour les hommes mais aussi la découverte de sa propre homosexualité, le mariage raté de ses parents ou ses tocs. L'auteur a dû puiser dans sa mémoire pour retranscrire autant de souvenirs et s'est par là-même sûrement délesté d'un poids. le texte est riche et dense, très bien écrit avec de nombreuses références littéraires. le noir et blanc siéd à cette période 70-80.

Bienvenue à Fun home?
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A quoi sert l'art? Dans cette troublante et cérébrale autobiographie, Alison Bechdel donne de nombreuses réponses. Son père fait vivre sa famille dans un musée: meubles d'époque, tapisseries d'époque, encyclopédies rangées dans le Canterbury et ciseaux à retrouver dans le Chippendale. On peut penser que le lecteur se gondole plus que la gamine à qui on assène un « Pas de bol » laconique quand elle prétend détester les rideaux roses de sa chambre, final touch non négociable pour un décor parfait. Ce n'est pas pour rien que l'artisan de cette maison-témoin est également thanatopracteur: restaurant les cadavres pour les conformer à une vie disparue, restaurant la maison pour retrouver une époque moins révolue que mythique, celle d'une famille heureuse. L'art , donc, qui recherche la perfection et qui la fige: l'art qui combat la vie en poursuivant la beauté.
La mère, elle, joue: qu'elle s'installe au piano ou répète Oscar Wilde avec une troupe amateur, elle fuit dans un monde qui lui est propre et la place hors d'atteinte d'une réalité contraignante et parfois sordide.
L'art est aussi une posture morale qui rehausse votre prestige et vous donne des envies de Pygmalion: les livres quittent le Canterbury, prêtés à des jeunes gens en mal de conseils intellectuels qui, s'ils avaient lu Platon plus tôt, auraient su que les mentors s'intéressent aussi à l'enveloppe charnelle de leurs protégés.
L'art peut aussi devenir langage oblique, message codé, rébus rétractable dont l'expéditeur peut toujours feindre ignorer le double sens: Colette et Joyce pour se dire homosexuel à qui pourra ou voudra le comprendre.
Mais surtout la littérature déroule son fil d'Ariane. Alison Bechdel enquête sur sa famille dysfonctionnelle avec pour boussole les livres: indices laissés par les annotations des livres du père, récitation par la mère de son poème préféré… Mais surtout relecture de sa propre vie par l'intermédiaire des romans. Quand Proust permet à Alison de comprendre pourquoi elle a tenté de changer son prénom pour « Albert », Homère la convainc que le spécialiste de Joyce est un avatar de la déesse Athéna. Et Scott Fitzgerald devient un coupable idéal pour expliquer la mort du père.
Être lecteur de roman, c'est généralement découvrir qu'on est sur la liste des personnages et que l'auteur parle de nous, ou, plus exactement, que les mots du livre peuvent dire à la fois leur histoire et la nôtre, et qu'ils nous offrent une réalité moins alternative qu'englobante. le fun home du titre est bien un établissement funéraire mais aussi la maison d'une famille en bien des points heureuse (« Pour maman, Christian et John. On s'est bien amusé malgré tout. »). le sous-titre « A family tragicomic » évoque le comic strip mais aussi le tragi-comique de toute vie. La mort du père est un accident tout autant qu'un suicide. À entrelacer les romans et la vie, à croiser tous les sens possibles, Alison Bechdel parvient à renouer avec son père, à l'arrimer solidement à sa propre existence, à accepter qu'il ait été idéal et salaud et nous laisse ébahis de constater qu'elle nous dit tout cela par la grâce d'un art graphique où texte et dessin se complètent jusque dans leurs divergences.
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Fun home est une bande dessinée autobiographique. Alison Bechdel raconte son enfance à Beach creek, en Pennsylvanie dans les années 1970-1980. Alison décortique sa relation avec son père qui tenait les pompes funèbres et était professeur d'anglais. Ses deux frères et sa mère sont plutôt en retrait dans cette autobiographie mais tiennent quand même leurs rôles. Cet homme est tellement mystérieux, il semble absent et distant avec sa fille et ses enfants en général même si on observe quelques rares moments avec eux. Fun home est comme une spirale temporelle, on revient sans cesse aux mêmes instants mais avec plus ou moins de recul pour essayer de comprendre cette relation complexe entre le père et la fille. Ce père qui est mort dans un accident peu de temps après l'annonce de l'homosexualité de sa fille alors que lui-même entretenait des rapports avec des jeunes hommes. Son enfance-adolescence est disséquée, analysée à travers plusieurs livres : A l'ombre des jeunes filles en fleur, des livres de Colette, de Fitzgerald ou l'énorme Ulysse de James Joyce (j'ai d'ailleurs appris quelques détails intéressants sur le livre). Son récit perd en continuité pour gagner en psychanalyse. J'avoue que la dessinatrice-scénariste m'a, à plusieurs fois perdu dans ses explications et les liens entre sa vie et celles des héros des oeuvres précitées. Même si le titre joue sur les mots (fun home pour funeral home), les textes et dessins m'ont paru assez pesants. Il a néanmoins l'intérêt d'interroger le lecteur sur sa relation avec son père/sa père.
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J'ai longtemps eu l'impression de voir le genre graphique souffrir d'une forme de suffisance, les gens prompts à critiquer qu'il s'agit d'un « livre d'images ». Pourtant, aujourd'hui formée à la facilitation graphique et à l'utilisation chaque jour même en formation, je peux confirmer encore une fois l'impact sur notre cerveau entre le mot et l'image : l'un est renforcé par l'autre offrant une réelle expérience sensorielle.

"Fun Home" d'Alison Bechdel est bien plus qu'une simple bande dessinée ou qu'un roman graphique. C'est une oeuvre artistique et narrative qui offre une immersion profonde dans l'histoire de l'auteure elle-même, tout en présentant une réflexion émotionnelle sur l'identité, la famille et la sexualité. Une recherche de soi, en soi, où le mot habille l'image, et l'image déshabille le mot.

L'histoire s'articule autour de l'exploration de l'enfance et de l'adolescence d'Alison, focalisée sur sa relation complexe avec son père. L'ouvrage se déploie comme un puzzle soigneusement assemblé, mêlant les souvenirs, les émotions et les découvertes. La façon dont elle entrelace ces éléments crée une trame narrative intéressante qui explore les couches profondes de son vécu. J'ai aimé me plonger dans ces souvenirs, comme si dans un sens, on tourne les pages d'un album photos.

Ce qui rend "Fun Home" attirant est le choix de la forme graphique. Bechdel intègre ses mots à des illustrations précises et expressives, créant un dialogue visuel puissant entre les images et le texte : le pouvoir de la pensée visuelle, je retrouve dedans les concepts que j'adore dans la facilitation graphique (qui ne se résume pas à de jolis cadres ou illustrations). Chaque illustration est chargée d'émotion et de subtilités, renforçant le récit de manière saisissante. L'utilisation du graphisme permet aux lecteurs d'entrer encore plus profondément dans les pensées et les sentiments d'Alison, créant une intimité, même si par moment, j'ai eu l'impression de franchir la limite de ma propre pudeur émotionnelle.

L'auteure aborde sa propre découverte et compréhension de son homosexualité. Elle explore sa relation avec son père, qui était également homosexuel, en mettant en lumière les complexités d'une famille qui cache des secrets et des désirs. Cette exploration intime de l'identité sexuelle se reflète à travers le mélange subtil d'illustrations évocatrices et de textes révélateurs. Encore une fois, suis-je spectatrice, confidente ou observatrice ? J'ai aimé me questionner durant la lecture.

En bref : Ce livre est une belle exploration artistique, émotionnelle et autobiographique qui utilise habilement le langage visuel pour capturer l'essence de l'expérience humaine. Alison Bechdel nous invite à plonger dans ses souvenirs, à ressentir ses émotions et à réfléchir sur des thèmes universels tels que la famille, l'identité et la sexualité. Nous avons encore une fois une preuve vivante du pouvoir de la narration graphique à captiver et à émouvoir les lecteurs. J'ai vraiment de plus en plus le goût au roman graphique et en apprécie toutes les subtilités et styles !
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Un abandon. le genre de truc qui ne m'arrive jamais avec la BD mais là, pas moyen. Premier chapitre, je suis surpris par la gravité du ton. On n'est pas là pour rigoler, Alison Bechdel donne dans l'autobio sérieuse (qui a dit chiante ?), sa vie est loin d'être une comédie. Elle décrit avec force détails sa relation complexe au père, un homme qui soumet les siens à une effroyable dictature esthétique et transforme le manoir familial en reproduction à l'identique d'une maison gothique du 19ème siècle. Un papa à la fois distant et très proche, qui mourra à 44 ans, écrasé par un camion et dont on ne saura jamais si la disparition relève de l'accident ou du suicide. Puis elle revient sur son entrée à la fac, la découverte de son homosexualité, qu'elle qualifie d'abord de « purement théorique ». Suivront quelques pages sur son passage aux travaux pratiques avec Joan, une poétesse féministe « pro-matriarcat ». La suite, je ne sais pas parce que j'en suis resté là.

Pas moyen d'accrocher à cette écriture boursouflée, faussement littéraire, et à cette narration confuse. Alison Bechdel cite Fitzgerald, Camus, ou Joyce, elle en fait des caisses autour de son « éducation livresque » et accouche au final d'un texte aussi intello qu'imbuvable, froid et prétentieux. Quand je lis une phrase telle que « Sans doute ma froide distance esthétique traduit-elle, mieux que n'importe quelle comparaison littéraire, le climat arctique de notre famille » j'ai envie de me sauver en courant. C'est ce que j'ai fait d'ailleurs.

Graphiquement, le dessin est passe-partout, sans aucun charme. Les cases sont petites, assez surchargées et presque toujours surmontées de récitatifs donnant l'impression de peser de tout leur poids sur l'image, comme s'il était nécessaire d'alourdir encore le propos.

Un album qui relève pour moi de la branlette intellectuelle. Et je ne suis vraiment pas adepte du genre. Pour Time Magazine c'est une « brillantissime autobiographie en bande dessinée. » La presse américaine dans son ensemble a crié au génie et a comparé Fun Home au Maus de Spiegelman (ne me dites pas que c'est vrai sinon jamais je n'ouvrirai Maus !). Pour nombre de critiques professionnels, c'est un chef d'oeuvre. Pour moi simple lecteur lambda, c'est une BD somnifère et pompeuse. Je veux bien être traité d'indécrottable ignare incapable de reconnaître une éblouissante oeuvre d'art mais je n'en démordrais pas, je trouve ça très mauvais.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Citations et extraits (61) Voir plus Ajouter une citation
On pourrait penser qu'une enfance passée dans une proximité aussi banale des choses de la mort serait une bonne préparation. Que lorsque quelqu'un de votre entourage mourait, vous pourriez sauter une ou deux phases du processus de deuil- "déni" et "colère" par exemple... et reprendre d'autant plus vite une vie normale. En fait, ces années passées à rendre visite aux fossoyeurs, à plaisanter avec les vendeurs de tombeaux et à taquiner mes frères avec les capsules de sels ont rendu la mort de mon père encore plus incompréhensible. Qui embaume le croque-mort quand il meurt? C'était comme le paradoxe de Russell... la célèbre énigme du barbier rasé de près dont la pancarte proclame "Je rase tous les hommes, et uniquement ceux-là, qui ne rasent pas eux-mêmes." Le barbier, également incapable de se raser lui-même et de ne pas se raser, ne peut exister. Et pourtant, le voilà.
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Mes frères et moi nous ne pouvions pas rivaliser avec les lampes astrales, les girandoles et les chaises Hepplewhite. Elles étaient parfaites. J’en vins à détester sa façon de traiter ses meubles comme des enfants et ses enfants comme des meubles. Très tôt, une préférence marquée pour l’épuré et le fonctionnel apparut chez moi.
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[En parlant de ses parents] « Leur concentration extatique ravive chez moi un ressentiment familier. Il est sans doute puéril de leur contester les bienfaits de leur solitude créative. C’était la seule chose qui les nourrissait. De ce fait, elle dévorait tout. Suivant leur exemple, j’appris vite à me sustenter seule. C’était toutefois un cercle vicieux. Plus nous trouvions de gratification dans nos génies respectifs, plus nous nous isolions. Notre maison était une colonie d’artistes. Nous mangions ensemble mais consacrions le reste du temps à nos quêtes personnelles. Et dans cet isolement, notre créativité prenait un tour compulsif »
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On pourrait soutenir que la mort est intrinsèquement absurde et que le sourire n’est pas une réponse inappropriée. Absurde dans le sens ridicule, déraisonnable. Quelqu’un est là, et la seconde d’après il n’y est plus.
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Parfois, quand tout allait bien, je crois que mon père aimait vraiment avoir une famille.
De plus, mes frères et moi offrions une main d’œuvre gratuite. il nous considérait comme des extensions de son corps, des bras-robots de précision.

En théorie, ses relations avec ma Mère relevait plutôt de la coopération.
En pratique absolument pas.


p.19
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