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3,98

sur 88 notes
Pas si noir, il y a de l'espoir

Troisième roman de l'auteur, mais le premier semble-t-il, à avoir été traduit en français. Il a obtenu le prix A.C. Clarke en 2013.

Sur une planète où la lumière provient des seuls êtres vivants (animaux ou végétaux), un groupe de 500 humains tente de survivre. Tous descendants d'un couple de spationautes échoués sur cette mystérieuse planète, on les retrouve 160 ans plus tard. La consanguinité a fait son oeuvre et le groupe stagne, régresse même, attendant vainement des secours de la Terre, entassés parmi les vieux gros rochers de Boule-de-Lave, formant Famille. Mais John Lampionrouge veut voire plus grand, explorer le monde, s'émanciper... au risque de se faire des ennemis parmi les attentistes.

Un peu de science. On estime à 50 le nombre de personnes nécessaires pour une viabilité à cours terme et limiter la consanguinité. 500 étant la valeur refuge. 150 étant suffisant pour une reproduction normale à 2000 ans. OK, là on a deux Adam et Eve modernes (la référence « Eden » ne vous aura pas échappée) et on est dans la consanguinité plein pot, à grand renfort de becs de lièvre et pieds griffus. En même temps, d'après un certain livre très connu, on est tous issus d'un seul homme et d'une seule femme. Chacun se fera son opinion.

On aurait pu situer l'action au temps préhistorique, à l'époque des chasseurs cueilleurs, stade auquel a régressé Famille. Néanmoins toute oeuvre de science-fiction pourrait être transposée à une époque déjà vécue par l'humanité, ce n'est pas la question. D'ailleurs le background est particulièrement original et contribue grandement à la réussite du livre. Tout n'y est pas expliqué loin de là, puisqu'on se contente des connaissances lapidaires et fragmentaires des descendants, mais il nous offre une atmosphère assez pesante tout à fait raccord avec la vision assez pessimiste du livre.
Le choix du langage, avec des mots dont le sens a été oublié ou terriblement déformé et tour à tour drôle et pathétique, un choix de vocabulaire limité pour bien souligner la dégénérescence du groupe. Par contre, je n'ai pas aimé cette répétition systématique (il est gentil-gentil, malin-malin, c'est dur-dur ect...) de certains mots, le texte se suffisait à lui-même et avait, selon moi, atteint son objectif, sans avoir besoin de cet artifice supplémentaire.
Les amateurs de hard science ou du côté technologique de la science-fiction, par contre, oubliez ! (Non pas le livre, il est très sympa, mais ce pan du récit). L'histoire des spationautes échoués ne nous est contée qu'à travers les souvenirs déformés des descendants.

L'auteur aborde dans son histoire, la dynamique des groupes, l'exercice et la prise du pouvoir, la montée progressive de la violence, les rapports humains (et sexuels) sans tabous, dans cette société aux valeurs morales dictées par les impératifs de la survie, le besoin d'émancipation de la jeunesse, dans toute sa hardiesse mais sans jamais être lourd ou didactique. Simplement à travers l'histoire de John Lampionrouge et quelques comparses.

C'est facile à lire, c'est original, ce n'est pas larmoyant ou déprimant (contrairement à ce qu'on aurait pu penser de prime abord) mais plutôt plein d'espoir (pessimiste, mais plein d'espoir, ne serait-ce pas antinomique ?). Un chouette petit livre de sf intelligente (c'est pour toi Shenandoah).
Lu et critiqué dans le cadre de l'opération Masse Critique, merci à Babelio et aux éditions Presse de la cité pour m'avoir fait découvrir ce livre.
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Je tiens à remercier Babelio et les Presses de la Cité pour m'avoir fait découvrir cette oeuvre à la fois classique et atypique.
Mon 1er sentiment ? Un mélange entre le film "Avatar" de James Cameron et le roman "Sa Majesté des mouches" de William Golding.
Mon 2e sentiment ? Un mélange entre les romans préhistoriques de J.-H. Rosny et les vivisections sociales et psychologiques de Stephen King


Des fugitifs et leurs poursuivants se sont crashés sur l'exo-planète dénommée Eden, monde de ténèbres privé de la lumière d'une étoile mais éclairée çà et là par la bioluminescence de la flore et de la faune qui survie en puisant dans l'énergie géothermique de l'astre isolé. Deux naufragés restent sur place (Tommy Schneider et Angela Young) et trois naufragés tentent de repartir chercher du secours (Mehmet Haribey, Dixon Thorleye et Michael Tennison)…
160 ans plus tard les 532 habitants de Famille travaillent dans Vallée-Cercle à la survie de leur communauté dans laquelle la consanguinité fait des ravages en opposant normaux, faces-de-rats et pieds-griffus, tous répartis en huit groupes qui vivent comme les sociétés premières de chasse et de cueillette : les Lampionrouges, les Ailes-de-Rat, les Crique-aux-Poissons, les Picarbre, les Brooklyn, les Londres, les Bleus et les Fleurs-Etoiles…
Après être devenu le héros d'un jour en abattant un prédateur indigène, John Lampionrouge se sent en droit d'exprimer à voix haute ses inquiétudes quand à l'avenir de la communauté de plus en plus nombreuse face à des ressources de plus en plus limitées… Oui mais non, la tradition avant tout dit le Conseil des Anciens ! Ils poussent ainsi John à commettre l'irréparable, lui qui va être banni avant de fonder sa propre tribu avec ceux qui partagent son point de vue…

"Dark Eden" est un "Robinson Crusoé" collectif et générationnel, d'où son côté universel, à la fois un récit d'exploration et un récit de rébellion. Avec cette communauté ayant régressé au stade des peuples premiers comme le souligne l'emploi d'un vocabulaire et d'une grammaire spécifiques (ce qui est ponctuellement facile voire relou, toutefois rien de bien méchant finalement genre se tommyfier = se suicider, Secret-Air = secrétaire ou l'âme-erre = la mer), on est carrément plus dans un récit préhistorique que dans un récit de science-fiction… Mais qu'importe, la vraie force du roman c'est qu'en dépit de péripéties n'offrant rien de très palpitant on peut le considérer comme un page-turner : on alterne rapidement les points de vue de John Lampionrouge et de Tina Picarbre, agrémentés de quelques points de vue extérieurs pour mettre en lumière tel ou tel point de l'intrigue ou de l'univers… du coup on ne s'ennuie jamais et on se prend vite de sympathie pour ce groupe d'adolescents qui plus que l'éternelle querelle des Anciens et des Moderne rejoue le drame récurrent de l'humanité partagée entre ceux qui ne veulent rien changer du tout par peur de tout, ceux qui veulent améliorer les choses pour tout le monde et ceux qui veulent améliorer les choses pour eux seuls (évidement ces derniers vouent aux gémonies leurs prédécesseurs alors qu'ils leur empruntent tout au presque : c'est la stratégie habituelle des gros crevards… VDM dans un MDM).
Les lecteurs de "Rahan" reconnaîtront assez vite l'opposition entre conservateurs (les partisans de Caroline), progressistes qui essayent d'instaurer la démocratie (les partisans de John, à mi chemin entre Moïse et le Fils des Âges Farouches) et homines crevarices qui essayent d'imposer le fascisme (les partisans de David, qui parlent de Jésus pour mieux agir comme Hitler).

Un peu surpris, mais agréablement surpris, qu'en 2012 Chris Beckett écrive un roman qui pourrait être la suite du "Ravage" de René Barjavel (1943), de "La Planète des singes" de Pierre Boule (1963) ou du "Malevil" de Robert Merle (1972)… La fin est donc prévisible et laisse sur sa faim, mais cela fait partie du truc car on sent bien l'influence des Grands Anciens…
Adam et Eve, Jardin d'Eden, arbre de la connaissance, mais aussi Caïn et Abel, Exode et recherche de la Terre Promise… On sent vite qu'on puise dans la Bible pour mieux critiquer le principe même de l'autorité transcendante qui en est le fondement. John Lampionrouge veut s'émanciper des croyances et des superstitions qui empêchent l'humanité d'avancer, car comme le disait Jean Jaurès difficile d'oeuvrer au progrès de l'humanité quand on se réfère systématiquement à une divinité inaccessible qui détiendrait toutes les vérités (à laquelle d'ailleurs on peut faire dire tout et n'importe quoi, puisque celle-ci ne se manifeste jamais). de plus le concept d'autorité transcendante peut facilement être remplacé par celui d'idéologie : "Torah", "Bible", "Coran", "Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations", "Manifeste du parti communiste"… ont les mêmes effets sur leurs adorateurs !
Ce n'est pas un hasard si la nouvelle Eve est une afro-anglaise de Londres et le nouvel Adam un juif new-yorkais… L'auteur insiste ainsi beaucoup sur la manipulation de l'histoire et de la mémoire et effectivement son récit est une démonstration de l'évhémérisme : les naufragés du ciel sont devenus des dieux, l'unique femme survivante une déesse mère, la Terre un paradis à retrouver dont on attend désespérément monts et merveilles…
D'un côté l'auteur met en avant le thème de l'émancipation, accompagné du progrès en général et de la soif de connaissances en particulier à travers les personnages de John et Jeff, et d'un autre côté il met également en avant la confiscation du pouvoir accompagnée de violences et jalousies donc de trahisons… Genre cette connasse de Lucy Lu qui fait dire au Peuple des Ombres tout ce dont à envie David Lampionrouge, l'homme fort du moment… (Et contrairement à Mrs. Carmody de "The Mist", cette illuminée 100% hypocrite ne crève pas… Il n'y a pas de justice !). L'auteur montre ainsi entre autres choses les tensions qui accompagnent le passage d'une société matriarcale à une société patriarcale…


D'habitude en SFFF, je ne suis pas vraiment fan des illustrations de couverture minimalistes… Mais là, avec un mise en page aérée donc agréable et la bonne traduction de Laurent Philibert–Caillat, le livre objet est réussi car sobre et classe. Bref, un livre bien-bien… ^^
Amis babeliotes, sachons attendre patiemment le tome 2 intitulé "Mother Eden"…
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C'est via une nouvelle Masse Critique Babelio (merci à eux et aux éditions des Presses de la Cité) que j'ai pu recevoir ce Dark Eden, de Chris Beckett. Annoncé comme lauréat du prix Arthur C. Clarke, ce roman de science-fiction avait le mérite de planter dès son quatrième de couverture une situation étrange qui attirait une certaine attention.

Dès les tout premiers mots, attendez-vous à une certaine appréhension ; ce fut la mienne quand je découvris des « La forêt faisait hmmmmmmmmmmm » (sic) et des « L'air était frais-frais » ! Au départ, il fut très difficile de me plonger sereinement dans le vocabulaire particulier de cette communauté recluse. Mais plusieurs trouvailles sont vraiment bonnes dans leur construction (et au passage, on dit merci au traducteur Laurent Philibert-Caillat), c'est juste que cela prend progressivement son sens au fil des pages. En effet, nous avons affaire à environ 500 personnes de tous âges restées depuis 160 ans sur la planète Eden aux caractéristiques particulières et toutes issues d'un seul couple d'astronautes. Bienvenue donc dans une communauté menée par la consanguinité et l'entre-soi dans tous les compartiments de la vie quotidienne ! Et cette communauté, nous la parcourons de chapitre en chapitre avec la voix de plusieurs de ses membres, le héros en tête, John Lampionrouge, mais aussi de temps en temps ses proches comme Tina Picarbre, Gerry Lampionrouge ou Gela Brooklyn.
D'un point de vue structurel, Chris Beckett a besoin d'exposer, dans une longue première moitié de ce roman, les enjeux de cette communauté si particulière : 500 personnes qui doivent respecter un certain nombre de règles, le plus souvent justifiées par leur sempiternelle attente de secours venus de la Terre, et surtout au milieu d'un environnement très particulier puisque le bestiaire est peu varié mais justifié et que l'agencement relief-flore mène à des situations propres à réfléchir à notre propre rapport (et usage d'ailleurs) de la nature. La deuxième moitié de Dark Eden est davantage centrée l'action, l'exploration et la découverte : un groupe se met en branle et l'ensemble s'active naturellement. Dans cette optique, le lecteur peut même tranquillement devine des découvertes qui vont presque le concerner davantage (en tant qu'être vivant inquiet de la destinée de l'humanité) que les personnages eux-mêmes, et ce grâce à des mots antiques pour ceux-ci mais qui nous font malgré tout esquisser et reconstituer ce qui a pu se dérouler avant que survienne cette faible civilisation sur Eden.
Au bout du compte, l'intention de l'auteur est probablement de nous faire réfléchir sur les (in)conséquences d'une société miniature et déjà décadente du simple fait d'être déjà trop figée sur une obnubilation improductive. Oui, c'est un objectif ambitieux, mais finalement pas si inatteignable quand on choisit une bonne situation à l'écart des sentiers battus, un personnage principal (John Lampionrouge) qui porte tous les espoirs en nous ressemblant malgré tout beaucoup quand on s'interroge sur notre monde et, enfin, un environnement digne d'une quête d'envergure.

En somme, non, ce n'est pas un énorme coup de coeur comme j'ai pu l'entendre auprès de plusieurs autres chroniqueurs, mais cela ne l'empêche pas du tout (au contraire) d'être une très bonne lecture, suffisamment troublante même pour marquer, qui sait, le lecteur sur la durée. Dark Eden est donc à découvrir, car son originalité mérite déjà le détour.

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Sur une planète de ténèbres dont les seules lumières proviennent des plantes et des animaux, les descendants des rescapés d'une expédition spatiale attendent que Terre reviennent les chercher. Génération après génération, ils attendent au même endroit, dans Vallée-Cercle, là où le véhicule d'atterrissage s'était posé. Ensemble, ne faisant rien d'autre que d'assurer leur subsistance et se raconter l'Histoire d'Angela et Tommy, leurs ancêtres, ils espèrent le retour de Terre. Jusqu'au jour où John Lampionrouge brise l'immobilisme et l'unité de Famille en voulant voir ce qu'il y a au-delà de Vallée-Cercle.

Chris Beckett créé un monde totalement crédible et cohérent. L'auteur prend son temps pour donner vie à Eden. Il s'attache à dépeindre chaque élément de cet univers, sa géographie, sa faune, sa flore. L'immersion est totale. On croirait entendre le bruit de la forêt, on jurerait ressentir le froid de Noir-Neige, on a vraiment l'impression d'être plongé dans ce monde de noirceur.

La langue participe à cette immersion. Originale, l'écriture est en totale adéquation avec le récit. En quelques générations, le langage, hérité de leurs ancêtres terriens, s'est fait plus primitif, dépourvu de nuances. L'intensité d'un sentiment est exprimée par la répétition d'un mot ("triste-triste", "froid-froid"...). Certains mots, n'ayant plus de réalité tangible pour ces personnages revenus à l'âge de pierre, sont déformés ("les lectricités", la "rade-yo"...). Il faut d'ailleurs souligner la pertinence de la traduction qui est remarquable.

Sans précipitation, l'auteur installe ses personnages, nous fait partager leur quotidien avant de développer son récit en y intégrant de nouveaux enjeux profonds et passionnants.
Le roman de Chris Beckett brasse de nombreux thèmes avec intelligence. "Dark Eden" est un récit de science-fiction proche du planet-opera qui parle de nous, de l'Humanité avec une telle universalité que l'identification est totale. En lisant "Dark Eden", on a le sentiment de découvrir le roman de l'aube de notre civilisation.
En voulant faire entendre sa voix, John Lampionrouge affirme son individualité. Dès lors, la scission de Famille est inévitable. Chris Beckett évoque ce cap que l'Humanité a franchi, tournant de plus en plus le dos à son animalité pour aller vers la civilisation, délaissant l'instinct pour la réflexion et l'anticipation. L'auteur explore toutes les facettes de cette évolution, leurs implications, bonnes (le progrès, la soif de connaissance, l'émancipation individuelle...) ou mauvaises (tentation du pouvoir, violence, jalousie, trahison...).

S'il est d'une grande richesse, explorant de nombreux thèmes passionnants (la transmission, la superstition, le glissement d'une société matriarcale à une société patriarcale, les prémisses de la politique...), "Dark Eden" n'en oublie pas pour autant d'être un récit d'aventures. le roman enchaîne les péripéties et possède un souffle et une ampleur qui emportent complètement le lecteur. Quant aux personnages principaux, ils sont si bien dessinés, qu'il est impossible de ne pas s'attacher à eux, de ne pas se reconnaître en eux.

Cette grande et belle aventure fait vibrer le lecteur jusqu'à un dénouement qui s'il était pressenti n'en surprend pas moins le lecteur, un dénouement à la fois dramatique dans son inéluctabilité et porteur d'espoir, imprimant dans l'esprit et le coeur du lecteur ce moment particulier où l'Humain cesse de raconter et attendre L Histoire et se décide à l'écrire.

Je remercie chaleureusement Babelio et les Presses de la Cité pour la découverte de cette pépite littéraire pour laquelle je peine à trouver les mots qui témoigneraient de mon enthousiasme face à cette lecture enchanteresse. Pourtant, ce merveilleux roman mériterait un très large public.
"Dark Eden" est, n'ayons pas peur des mots, un chef d'oeuvre qui a du sens et une âme, qui sait toucher l'esprit et le coeur. Lisez-le ! N'hésitez pas, embarquez pour Eden, la planète noire, pour un voyage intense, pour un moment de lecture lumineux.
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Lorsque j'ai refermé ce livre, j'entendais encore résonner dans ma tête le bruit des arbres qui faisaient hmmph, hmmph, hmmph… et celui de la forêt qui faisait hmmmmmmmmmm… et les pages de mon livre qui faisaient schlipp, schlipp, schlipp, schlipp… de plus en plus vite-vite, au fur et à mesure que j'avançais dans ma lecture.

Avec d'autres membres du clan des Expèressèfe de Famille Babelio, j'avais reçu ce gros-gros livre fin mars accompagné d'un gentil-gentil mot de l'éditrice : « Votre avis sur ce livre nous intéresse beaucoup. C'est donc avec grand plaisir que nous vous adressons cet exemplaire ». Par les tétons d'Okta ! Que voilà donc un superbe-superbe cadeau-masse-critique, il ne m'a fallu que la durée de deux-trois veilles pour le terminer. Schlipp, schlipp et poum ! a fait le livre une fois refermé.

John Lampionrouge est un gars sacrément malin-malin. D'ailleurs, sa copine Tina Picarbre ne s'y trompe pas, elle le trouve mignon-mignon et intéressant, il a beaucoup d'idées, John, il ne fait rien que de trouver des trucs inédits, pas du tout à la portée des autres pubieux, ni même des membres de Famille, il réfléchit à l'avance, il agit. Son cousin Gerry en revanche, se contente de le suivre et d'approuver tout ce qu'il fait ! C'est pas vraiment une flèche, celui-là, mais il est gentil-gentil, et pas contrariant. le petit frère de Gerry, Jeff, semble plus rusé-rusé mais c'est un pieds-griffus. Peut-être qu'ils sont tous comme ça, les pubieux d'Eden ! Depuis Terre, où nous sommes, on comprend assez vite-vite qu'il y a comme de la consanguinité dans Famille, ce qui entraîne des malformations : les faces-de-rats, les débiles, et les pieds-griffus qui ne peuvent se déplacer sur de longues-longues distances… Tout ça est bien triste-triste, mais ils sont tous copains, car, descendant de Tommy et Angela, ils sont tous frères ou au moins cousins, et ils s'entendent bien-bien entre eux, la preuve, ils cochent avec tout le monde, à droite et à gauche, sans tabou-tabou et à peu près comme ils veulent. Heureusement, il y a John Lampionrouge et Tina Picarbre qui sont plus futés que la moyenne. Grâce à eux, sous Tourbillon-Etoilé, l'Histoire de cet Eden si noir-noir peut se mettre en marche.

Sur Eden, les Anciens sont bien malins-malins car ils ont créé de toute pièce une religion à partir de quelques vieilles reliques (les Maquettes de Bateaux-volants et de Vécules…) et des légendes familiales que l'on se raconte à chaque Universaire, réunis dans Clairière-Cercle, sur Tommy, Angela et les Trois-Compagnons. Par les épaules de Bibalice ! C'est comme dans Famille Babelio, avec Pierre, Octavia et les Trois Ours (ceux qu'on ne voit jamais). du coup, on se demande si chez nous sur Terre, tous ces trucs de pacotille exhibés par toutes les religions ont bel et bien existé ! Ce livre fait réfléchir sur les manipulations, les croyances et la nécessité de tout ça… C'est ce que je pense-pense derrière mon ordi-natteur. Car on est ici, on est vraiment ici, comme dit Jeff Lampionrouge.

Les Expèressèfe de Famille Babelio ne seront pas déçus-déçus et vont identifier immédiatement ce livre comme faisant partie du sous-genre planet opera, sous-genre déjà bien rebattu-rebattu et, malgré un scénario classique-classique, ils conviendront de l'originalité de la vision, de la créativité du vocabulaire, et de la puissance de la narration, qui parviennent à captiver et à émouvoir. Je suis sûr-sûr que vous avez bien pleuré-pleuré et fondu en grosses-grosses larmes, tous les Shenandoah, Ewylyn, Alfaric, Witchblade, Zebra et fnitter… en lisant ces pages ! Je vous connais, vous êtes de Famille Babelio ! Car une impression d'infinie tristesse-tristesse se dégage de ces chapitres, saturés d'un énorme-énorme sentiment de nostalgie et de mélancolie, où l'on pleure beaucoup, où l'on évoque sans cesse un passé idéalisé et un monde technologique qu'il convient désormais d'oublier. C'est ce que comprennent John et Tina, les plus lucides-lucides des protagonistes, les nouveaux-nouveaux Adam et Eve du Dark Eden, entraînant avec eux un petit groupe formant une nouvelle Famille.

Houm ! Houm ! Houm ! a fait un oiseau-étoile… Aaaah ! Aaaah ! lui a répondu un autre ; et hmmph, hmmph, hmmph ont pompé les arbres, et hmmmmmmmmmmmmm a fait la forêt… Grâce à la chaleur et à la lumière dispensées par les Grands-Arbres, grâce à une nouvelle façon d'envisager le monde, grâce à l'espoir et au courage chevillés au corps, il ne fera plus si froid-froid ni si noir-noir sous la voûte céleste de Tourbillon-Etoilé où aucun Gros-Bateau-Volant venu de Terre ne réapparaîtra jamais-jamais plus. Paaaaarp ! Paaaaarp ! Paaaaarp ! Ainsi sonnent les trompes en branchecreuse qui indiquent le ralliement dans Clairière-Cercle et il est donc temps de conclure ma critique. Afin de réconforter cette nouvelle Humanité à la fois si misérable et si courageuse, et de rassurer la si gentille-gentille éditrice, j'ai ajouté sans vraiment beaucoup me forcer une cinquième étoile à ma notation.
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Dark Eden est un livre sur la genèse d'une nouvelle civilisation. Un livre de science-fiction à l'écriture abordable, pour qui n'est pas un adepte du genre. Bien sûr il y a bien quelques termes qui déroutent au départ, sur les animaux, les endroits ou les durées par exemple. Normal puisque nous sommes à la cinquième génération de descendants de deux humains qui ont atterri sur Eden, le langage s'est quelque peu modifié.
Il y a cent soixante ans cinq astronautes ont été contraints d'atterrir sur cette planète pour cause d'avaries. Devant le danger que représentait un retour sur la Terre, Angela décide de rester et tenter de survivre ici. Tommy y restera aussi, ce n'est pas son type d'homme préféré mais tant pis.
Au fil des générations, le culte d'Angela et de Tommy s'est perpétré, les enfants vivants dans l'espoir d'un sauvetage de la part de la terre. Ils n'ont donc jamais quitté la vallée dans laquelle leurs ancêtres se sont installés, ni jamais rien tenté pour améliorer leur sort. Pire la consanguinité a constitué une régression parmi les descendants et quelques cas de monstruosité.
Mais aujourd'hui John Lampionrouge en a marre de l'immobilisme de ses concitoyens. Lui ne rêve que de découvrir cet endroit, n'espérant plus de sauvetage de la part de cette ancienne contrée dont on lui rebat les oreilles à longueur de journées.
Un livre comme je les aime, suffisamment long pour bien s'installer dans l'histoire à la découverte des différents personnages qui nous racontent cette épopée. Un livre qui continue à vivre dans la pensée entre deux moments de lecture : et comment-ci, et comment-ça ? Dis tu penses à quoi, Dom ? Non, non à rien. Une écriture simple, normal car les descendants ont peu de vocabulaire ce qui correspond bien à mon niveau de lecture.
Parait qu'il y a une suite, les enfants d'Eden. Va falloir que je le trouve.
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Livre lu dans le cadre d'une masse critique spéciale.

J'ai accepté de recevoir ce roman car son résumé me paraissait intéressant. Finalement, mon avis est plutôt mitigé concernant cette histoire. Je remercie néanmoins Babelio et les éditions Presses de la Cité pour cet envoi, quoique vu l'état du bouquin à la réception, ce n'était pas la faute de la Poste car l'enveloppe était nickel. Je trouve que cela donne une assez mauvaise image de marque pour la maison d'éditions. Maintenant, que je vous explique pourquoi j'ai un avis mitigé sur ce roman !!

En premier lieu, l'histoire. le début de lecture a été très chaotique, je me demandais sur quoi j'étais tombé. J'ai eu beaucoup de mal avec le langage utilisé par l'auteur pour ses personnages, on aurait dit des demeurés. Car bien entendu, une fois n'est pas coutume, on atterrit au milieu de l'histoire et le résumé est en fait le début de celle-ci. Et comme je ne m'en souviens jamais... J'ai failli plus d'une fois abandonné ma lecture tellement celle-ci était laborieuse mais je me suis forcée à la finir pour comprendre pourquoi tant de personnes en avaient fait une critique si élogieuse et pourquoi il avait obtenu un prix. Mais malheureusement pour moi, je n'ai pas réussi à rentrer dans l'histoire et à m'intéresser à des personnages. Tout n'était question que de passé et de « cocheries », outre le fait qu'un des personnages fait preuve d'initiative et qu'il est puni pour ça. Alors certes, c'est important de se souvenir du passé pour éviter de refaire les mêmes erreurs (les siennes comme celles des autres) mais encore faut-il les connaître. Ce qui n'est absolument pas le cas de la Famille qui est sur Eden. Ils n'ont que les souvenirs que Angela et Tommy, leur mère et père à tous, ont bien voulu leur transmettre. Donc du coup, John croit bien faire en voulant aller de l'avant et découvrir le monde dans lequel il vit. Mais ce monde, enfin leur vallée, n'a jamais été gouverné que par des femmes car comme le disent si bien leurs jurons préférés, les hommes ne réfléchissent pas toujours aux conséquences de leurs actes. Ils pensent au moment présent et à ce que ça peut leur rapporter. Donc sur fond de découverte d'un monde inconnu, l'auteur nous fait une critique du monde dans lequel nous vivons et que même dans l'hypothèse où des femmes gouverneraient pour le bien de tous, il y en aurait toujours qui trouveraient à redire et ce serait principalement des hommes.

En deuxième lieu, les personnages. Heureusement pour moi, à chaque chapitre, nous changeons de narrateur. Nous avons principalement John Lampionrouge, le héros déclencheur de tant de catastrophes, mais nous avons également Tina et quelques autres qui nous donnent leur point de vue sur la situation en cours. Je dis heureusement car si nous étions resté que sur John, j'aurais abandonné ce roman malgré les critiques élogieuses. Je ne supportais pas ce personnage et encore moins sa façon de parler. Même si je ne me suis attachée à aucun des personnages, je préférais encore Tina, elle avait un peu plus la tête sur les épaules. Par ailleurs, à part suivre leurs différentes déambulations, je n'ai pas trouvé que les personnages étaient si approfondis que ça. Comme ils diraient eux-mêmes, ils sont un peu flou-flou. L'auteur brosse leur portrait uniquement en surface. Dommage que le seul qui semblait intéressant, Jeff, parle si peu.

Et en troisième lieu, l'univers. Pour le coup, je dit « chapeau bas » au traducteur, il a du sacrément s'amuser avec ce bouquin et la façon très particulière de s'exprimer des personnages ainsi que les mots inventés par l'auteur. Celui-ci nous a créé un nouveau monde des plus originaux avec des animaux à 6 pattes et le sang vert, des arbres qui clignotent et une connaissance des personnages toute relative du monde extérieur. du coup, nous avons plus souvent de longues descriptions sur le monde entourant les personnages (les us et coutumes, le pourquoi du comment des « cocheries », les habits, la nature, les animaux...) qu'autre chose. C'est intéressant certes mais long à lire surtout dans le langage inventé par l'auteur. Comme je le disais au début, à cause de ce langage très particulier, j'avais l'impression d'être en présence de malades mentaux. Bon quand on connait leur histoire et leur passé, on comprend mieux mais pour ma part, le barrage était encore là et il m'a encore plus tardé de finir ce bouquin pour passer à autre chose.

Comme vous l'aurez compris, mon avis est plus que mitigé concernant ce roman. Si jamais il a une suite, je ne la lirais pas, trop de points négatifs dans ce livre pour me donner le courage suffisant de lire une suite. le langage ainsi que le comportement des personnages ont été une grosse barrière pour ma part et ne m'ont pas aidé à apprécier, peut-être, à sa juste valeur cette histoire. J'ai trouvé que tout tournait un peu trop autour du passé (même s'il est important de s'en souvenir) et des « cocheries ». Je suis donc bien contente de l'avoir enfin terminé ainsi que ma critique. Je vous conseille néanmoins de le découvrir pour vous en faire votre propre avis tellement il est particulier et les avis divergents.

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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A force de me voir mettre des 5 étoiles à tout bout de champ, vous allez finir par penser que je manque d'objectivité... Mais je n'y peux rien, j'ai la main heureuse en ce moment, et j'adore tous les livres que je lis ! En plus, celui-ci a remporté le prix Arthur C. Clarke, donc ça partait quand même plutôt bien.

Il nous plonge dans un monde sans soleil, uniquement éclairé grâce à la bioluminescence des plantes. C'est ici que vivent 500 personnes, descendants d'astronautes qui se sont échoués sur cette planète. Depuis près de 2 siècles, ils attendent dans la vallée même où le vaisseau spatial a atterri que la Terre envoie une équipe de sauvetage pour les ramener chez eux. Mais John Lampionrouge en a assez de cette immobilité et veut pousser son peuple à explorer le reste de la planète, quitte à détruire les fondements de leur société.

Le monde créé par l'auteur est tellement étrange et étranger que j'ai trouvé assez difficile d'y rentrer au premier abord. On est jetés sans beaucoup d'explications au milieu d'une partie de chasse, et il faut prendre son mal en patience pour commencer à comprendre ce qui se passe. Mais quand on réalise les implications de ce qui se déroule sous nos yeux, ce livre est très difficile à lâcher, et c'est avec un mélange de fascination, d'horreur et de tristesse que j'ai poursuivi ma lecture.

La fascination provient surtout de la richesse de l'univers imaginé par l'auteur. Il ne s'est pas contenté de créer un monde crédible, avec ses arbres lumineux et ses animaux sans yeux comme on peut en trouver dans les profondeurs des grottes, mais il a également imaginé une civilisation tout à fait plausible.

Ainsi, les personnages parlent un langage déformé, vestige de celui que parlait leurs ancêtres mais duquel est absent beaucoup de vocabulaire. J'ai également beaucoup aimé les passages où ils racontent les légendes que sont devenues les vies des astronautes qui leur ont donné naissance, répétant des mots et vénérant des objets qui n'ont plus de sens pour eux.

Cependant, c'est également très triste de les voir se raccrocher à ces vestiges du passé, attendre, espérer, et refuser d'évoluer pour ne pas risquer de manquer un hypothétique vaisseau de sauvetage. On pourrait presque dire que ce livre est une métaphore sur le fait que les croyances et les superstitions nous empêchent d'avancer...

Et bien sûr, on ne peut pas s'empêcher de redouter et d'anticiper où va mener la quête de John. du coup, bien que la révélation finale ne soit pas vraiment une surprise, elle n'en est pas moins particulièrement puissante, au point que j'en avais la chair de poule.

Bref, j'ai vraiment adoré ce livre, et je ne peux que le recommander chaudement à tous les amateurs de SF intelligente. Ce mélange de quête initiatique et de réflexion sur notre propre monde est extrêmement prenant, et je suis en admiration devant la capacité de l'auteur à nous immerger dans cet univers si particulier.

Je remercie donc chaleureusement les éditions Presse de la Cité pour m'avoir sélectionnée pour recevoir ce livre (et pour le petit mot qui l'accompagnait), ce fut une magnifique découverte.

Challenge Variétés 2015
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Chris Beckett est l'auteur de trois romans et de plus d'une vingtaine de nouvelles de SF. Avec « Dark Eden », le britannique signe, si l'on s'en tient à la quatrième de couverture, un ouvrage « envoutant, à la hauteur des plus grands du genre ». Paru chez Corvus en 2012, édité en mars 2015 et en français aux Presses de la Cité, « Dark Eden » a reçu le prestigieux prix Arthur C. Clarke. Sur Babelio, ce roman a actuellement une note moyenne de 4,15/5 : belle performance ! Je pouvais donc m'attendre à un roman de très haut niveau …

L'histoire est relativement simple. Au cours d'une expédition, cinq spationautes s'échouent sur un planète dont la chaleur lui vient de son activité géothermique et dont la lumière lui vient de la bioluminescence de sa flore. Bon. On a déjà vu ça dans « Avatar », mais passons. le vaisseau spatial de nos spationautes ayant subi des avaries, trois d'entre eux se risquent à tenter un retour sur Terre ; Tommy et Angela décident quant à eux de rester sur place. Deux siècles plus tard, les descendants de Tommy et d'Angela (les 532 membres de la Famille) ont créé une société peu évolué, quasi préhistorique, où la consanguinité fait des ravages (mongolisme, déformations du visage ou des membres) et où le survivalisme règne en maître (aujourd'hui, c'est très tendance !). le lecteur est transporté dans une atmosphère digne de « La planète des singes » : du déjà-vu. Parmi ces descendants, John Lampionrouge cherche désespérément à regrouper autour de lui quelques volontaires afin d'explorer les alentours de l'endroit où cette société s'est installée, et ce dans le but de découvrir de nouvelles sources de nourriture. Cette quête va présenter des risques.

Sans présenter une originalité exceptionnelle, « Dark Eden » constitue d'emblée une lecture intéressante par sa dimension psychologique : les chapitres du livre sont l'occasion, pour un nombre limité des descendants de Tommy et d'Angela, de nous livrer leurs impressions sur le déroulement de ladite quête. de ce point de vue, « Dark Eden » est une réussite compte tenu de la diversité et du réalisme des profils choisis et du ressenti des protagonistes. le lecteur pourra également être captivé par cette recherche de nourriture qui mène nos quêteurs par monts et par vaux, et les pousse à affronter des dangers bien réels (animaux, conditions climatiques, poursuivants ...). de ce point de vue, l'ouvrage est aussi une réussite compte tenu du suspense qui va grandissant au fur et à mesure (un vrai « page-turner »). Et puis, Chris Beckett nous conduit à réfléchir à différentes thématiques : l'utilité du sacrifice (ici, des cinq spationautes), le degré de règles et de contraintes souhaitable pour une société vivant en autarcie (ici, il y a des rigidités ou des pesanteurs qui ne plaisent pas à tous), l'équilibre hommes-femmes dans l'exercice du commandement (ici, le matriarcat est de rigueur), les comportements à adopter en cas d'insuffisance alimentaire (Malthus, es-tu là?), la croyance (superstition ou religion) comme ciment agrégeant un groupe humain désespéré, l'inceste, la polyandrie, la place de l'école et des séniors dans une société de subsistance, et j'en passe et des meilleures. Parmi ce fourre-tout, certains éléments ne m'ont pas séduit, à savoir l'utilisation récurrente d'Hitler et de Jésus comme comportements de référence, et puis l'utilisation d'un procédé d'écriture qui consiste à doubler sans arrêt certains adjectifs (par exemple, dur-dur, méchant-méchant, mignon-mignon) dans le but sans doute de nous faire toucher du doigt le niveau probablement très bas du QI de cette société dégénérée. Original, certes, mais un peu lourdingue (l'ouvrage pèse 414 pages). La répétition des scènes de coucherie et de masturbation devient lassante, mais le lecteur peu toujours accélérer sa vitesse de lecture.

Au final, John Lampionrouge est vraiment le héros incontestable de cette fable philosophico-morale pour grands adolescents : avec lui, il faut penser quatre à cinq coups d'avance, remettre en cause les certitudes les plus établies, prendre la parole même si on ne vous la donne pas, appeler un chat un chat, mettre le doigt sur les problèmes, faire preuve d'initiative, de force et de courage, créer de nouvelles choses, ne pas craindre le changement, garder le contrôle de soi et protéger ses proches. Ambitieux comme programme, non ? John finira par découvrir la Vérité, aussi L Histoire ne parlera bientôt plus que de John Lampionrouge, héros britannique des temps futurs qui s'est accroché comme une bernique à sa mission : « je savais ce dont ils avaient besoin avant eux et je les sauvais de l'ennui (page 365) en construisant quelque chose de nouveau ». God bless John Redlantern! God bless the United Kingdom! Too much! Je ne mets que trois étoiles, quitte à recevoir quelques boules puantes ...
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[ Livre reçu dans le cadre d'une opération Masse Critique spéciale. Je remercie les Trois Ours et Pierre Krause et les éditions des Presses de la Cité pour leur confiance.]

John Lampionrouge, il est pas comme nous...
Enfin si, il est comme nous. Ses ancêtres, ce sont Angela et Tommy. Comme ce sont les ancêtres de toutes les personnes de Famille. Parce-que Tommy, au début, il a coché avec Angela. Et avec les filles qu'il a eut avec Angela. Pour nous faire nous...
C'est ce que racontent les Anciens, qui deviennent vieux et aveugles, pendant les Universéres : Angela et Tommy, ils étaient deux à être restés sur Eden. Cent soixante trois ans après, on est plus de cinq cents....
Les autres, les trois autres, qui sont venus de Terre avec Angela et Tommy, ils ont repris le vaisseau des étoiles cassé pour retourner là-bas. Nous, on attend qu'ils reviennent nous chercher... C'est pour ça que Tommy et Angela nous on fait... Parce-que c'est loin et que c'est long de construire un vaisseau des étoiles. Mais c'est vrai que la vie sur Eden, elle est dure-dure à Famille. Il faut aller chasser loin-loin pour survivre. Et tout le monde doit chasser, alors on fait plus Ecole.
En plus, on peut pas trop s'éloigner pour chasser. C'est les Anciens qui le disent. Si on s'éloigne trop de Famille et de Cercle-de-Pierre, là où s'est posé le Vécule de Transport la première fois, Terre ne pourra pas nous retrouver....
Et les Anciens, ils sont content-content que ça reste comme ça... Même si c'est dur-dur de survivre maintenant qu'on est si nombreux...

John Lampionrouge, il est pas comme nous... Depuis qu'il a tué un léopard au lieu de monter aux arbres comme on a toujours fait, il se croit plus malin que les Anciens. Il dit qu'il pense le futur. Mais le futur, c'est Terre et rien d'autre. C'est la lumière du soleil et la nourriture qui vient à nous. Il faut attendre Terre. Ici. Sans bouger. Sans penser à autre chose.

Dark Eden. Terrible oxymore. Privé de soleil, Eden tire sa lumière d'une multitude de plantes lumineuses. Sous cette lumière, le semblant de société que fonde les descendants consanguins d'un couple forcé d'astronautes se condamne à attendre une hypothétique mission de sauvetage terrestre.
Famille : Tout à la fois un amère constat génétique, un lieu, une communauté, un état d'esprit mais aussi parfois, une insupportable proximité.
John Lampoinrouge semble un des rares à percevoir l'aspect mortifère de la situation. Mais sa pensée laborieuse et la pauvreté de vocabulaire de ce peuple ne l'aide pas à trouver les moyens de renverser le cours des événements. C'est par coups d'éclat terribles que John va bouleverser Famille.


Chris Beckett nous raconte l'obsolescence programmée d'une civilisation naissante. Simplement parce-qu'elle refuse d'envisager d'aller voir au-delà des collines sombres et enneigées qui limitent leur vallée Famille.
En prenant la voix et les schémas de pensée des différents personnages, il nous fait assister, dans une impuissance presque totale à ce terrible état de fait. On peste tout autant des maladresses du héros, sorte de Prométhée, qui veut offrir la lumière à ses semblables, en mettant le feu à leur monde...
Une civilisation " des étoiles ", tombée aux pires heures des premiers hommes, ceux qui déterminent l'évolution ou l'extinction...

Une belle découverte sur le fond. Une bien meilleure surprise sur la forme. Même si le procédé d'écriture paraîtra facile aux plus littéraires d'entre nous...
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