AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,91

sur 199 notes
5
13 avis
4
21 avis
3
4 avis
2
1 avis
1
0 avis
C'est un roman poignant qui nous emmène dans le quotidien d'un couple marocain de Tanger. Mourad et Malika sont décimés après le suicide de leur fille de 16 ans, Samia, victime d'un pédophile. En mourant, c'est aussi la vie de ses parents qui se meurt également et une haine qui s'installe entre eux, insidieusement. Jusqu'au jour où un étranger entre dans leur vie pour adoucir la leur.

Un livre choral où tour à tour, les parents , les frères, la défunte et Viad prennent parole. Chacun nous conte son quotidien et ses souvenirs.
Avec une plume incisive , l'auteur nous emmène dans ce Maroc où les traditions sont encore très présentes.
Une lecture qui m'a beaucoup touchée avec des thèmes forts : immigration, religion, corruption, viol.

Une lecture poignante et émouvante.

Commenter  J’apprécie          50
Tahar Ben Jelloun est un écrivain et poète franco-marocain, connu notamment grâce à son premier roman « L'enfant de sable », avec lequel j'avais personnellement peu accroché. Je le trouvais dense, lourd, maladroit, bref.

Avec « le miel et l'amertume », dont j'avais entendu beaucoup de bien lors de sa parution, je me suis dit que j'allais tenter de renouer avec l'auteur et c'est mission réussie !

Ce récit à plusieurs voix se déroule à Tanger dans les années 2000 où l'on suit toute l'origine ainsi que la décadence d'une famille détruite par un drame touchant à leur fille aînée, Samia, alors âgée de 16 ans. Adolescente passionnée par la poésie, elle est victime d'un prédateur qui attire les jeunes filles en leur faisant miroiter qu'il va publier leurs poèmes dans son journal.

Ce roman déchirant et très bien écrit, nous plonge dans la société marocaine, sa corruption, ses tabous, dans les méandres de la religion musulmane. Cette famille et notamment les parents, sont rongés par la culpabilité, les non-dits, les remords. A maintenant 80 ans, ils ne se supportent plus, ne supportent plus la vie et attendent impatiemment que la mort les soulagent. Les fils cadets, eux, se sont éloignés de la cellule familiale, sans avoir jamais vraiment su ce qui était arrivé à leur grande-soeur…

Vous l'aurez compris, c'est un roman bouleversant, dramatique, empreint de poésie. Lisez-le si ce n'est pas déjà le cas !
Commenter  J’apprécie          40
Viens donc faire un tour dans ma ville de naissance, viens donc voir l'envers du décor de cette merveilleuse ville, viens donc lire le miel et l'amertume.
Partant d'un fait divers réel, Tahar Ben Jelloun propose un roman choral poignant en plein centre de la ville de Tanger.
Chaque protagoniste dresse l'état des lieux de sa famille, cette famille dans laquelle la haine et la culpabilité à rongé les coeurs.
Mourad, un homme honnête au départ, férue de musique jazz et de littérature, se laisse peu à peu dévorer par la corruption et par Malika, sa femme, acariâtre et méchante, pour qui les apparences comptent plus que tout. Leur fille, la douce et rêveuse Samia, 16 ans, tient un journal. Son monde tourne autour de la poésie, elle en écrit et rêve secrètement être publiée un jour. Lorsque un ersatz de journaliste lui propose de l'aider, Samia est loin de s'imaginer qu'elle vient de tomber dans la gueule du loup.
Le journal de Samia, qui accuse son bourreau, accuse également sa famille de ne pas avoir vue sa solitude et son désarroi.
La force de ce roman est de constater comment un drame qui est pourtant tû passer sous silence total, a des conséquences sur toute une famille, comment l'histoire d'un chaos général qui ne dit pas son nom peut ruiner chaque membre qui la compose.
TBJ donne voix aux travers intimes du couple, à cette jeunesse, par le prisme de Samia, qui lutte contre les traditions archaïques sans pouvoir s'en détacher totalement, il place une loupe sur une société que la corruption gangrène. C'est un roman bouleversant avec cette lumière, sous les traits de Viad, un jeune immigré Mauritanien, que le racisme entoure, qui nous donne un peu d'espoir dans ce roman tragique.
J'ai aimé retrouver les rues, quartiers, tous ces lieux que je connais de ma ville. J'ai aimé Viad, la douce Samia et ses frères. J'ai aimé ce roman et je vous le conseille vraiment !
Commenter  J’apprécie          40
« J'habite un sous-sol tellement bas qu'il m'arrive parfois de le confondre avec une tombe. »

C'est ainsi que commence Miel et amertume, le dernier roman de Tahar Ben Jelloun. Des mots chargés d'amertume, d'obscurité et d'odeur de mort. C'est une histoire sombre dans une ville de lumière, Tanger, ville natale de l'auteur. C'est là que tente de survivre, ou plutôt de mourir, terré dans le sous-sol de sa maison, un couple en totale détresse et démolition dont on apprend peu à peu ce qui l'a mené si bas. « Ce lieu est bien trop grand pour servir de tombe. La maison tue lentement. Elle a été la scène de notre bonheur bref et de notre malheur permanent ». Bonheur bref au début du mariage de Mourad et Malika – certes arrangé selon la tradition – mais vite rattrapé par la réalité marocaine où sévissent la corruption, l'impunité et le carcan de la religion. C'est dans une atmosphère de violence sous-jacente où chacun ne supporte plus l'autre, rumine ses déceptions, ravive ses souvenirs et crache ses reproches, qu'arrive «la tragédie ». Samia, la fille du couple, lumineuse, éprise de poésie, est au coeur du drame. Celui-ci est d'autant plus violent et paradoxal que c'est par l'écriture poétique, seul recours que l'adolescente trouve face au monde où elle se sent étrangère, qu'il advient sous la forme d'un viol sauvagement perpétré par un « cochon » d'imprimeur de poésie. Samia ne pourra survivre à ce qui est considéré comme déshonneur absolu et se donnera la mort. C'est en découvrant son journal intime, seul confident de son malheur, que les parents apprendront la terrible vérité et se condamneront eux-mêmes à l'enfer : « Samia nous a entraînés avec elle. Nous sommes morts et nous ne le savons pas. »

Ce récit choral à plusieurs voix, voix brisées, torturées par le remords et la culpabilité, est aussi une histoire de silence, une tragédie du non-dit et de l'indicible. L'amertume, c'est le constat d'une société tiraillée entre ses traditions séculaires et l'aspiration à la modernité. le miel, c'est la lueur d'espoir que peut apporter la littérature en réveillant les consciences, en donnant l'alerte. « Un pays qui construit plus de mosquées que d'écoles ou d'hôpitaux est un pays fini. Rien de bon n'en sortira. »

D'une écriture limpide, ce roman fort, sans concession sur la société marocaine, interpelle le lecteur en le plongeant dans l'intériorité tourmentée des personnages.
Commenter  J’apprécie          40
Inspiré par un drame familial, Tahar Ben Jelloun signe avec le miel et l'amertume un roman sombre et poignant, mais indispensable à l'heure où se libère la parole des victimes des pédocriminels.

A Tanger, au début des années 2000, un pédophile abuse des jeunes filles en leur faisant croire à la publication de leurs poèmes dans son journal. Ce roman, inspiré d'un fait réel, raconte l'histoire de Samia, une jeune fille de seize ans. Mais alors qu'elle n'ose raconter son agression sexuelle à ses parents, elle a honte et se confie à son journal intime. Une tragédie qu'elle consigne sur plusieurs pages, qu'ils découvriront bien après son suicide.

Malika et Mourad sont un vieux couple qui ne se supporte plus. Ils vivent sous le même toit, dans le sous-sol de leur maison depuis que la tragédie a frappé leur famille. Entre les deux, il règne une haine qui les aveugle et empêche la communication. Chacun souffre et rumine son amertume et sa déception.

Malika et Mourad s'accrochent à leur malheur et s'en nourrissent, comme pour se punir. A travers ce monologue intérieur des deux personnages et de leurs enfants, jonglant tantôt entre l'un tantôt entre l'autere, on découvre “la tragédie” comme ils la nomment. “La maison nous écrase. La maison nous nargue. La maison nous tue lentement. Elle a été la scène de notre bonheur bref et de notre malheur permanent.”

Au fil des pages, Tahar Ben Jelloun nous décrit avec une certaine dérision le couple formé par Mourad et Malika, qui se déchire jusqu'à la haine.
Lien : http://untitledmag.fr/le-mie..
Commenter  J’apprécie          40
La schizophrénie de la société marocaine petite, toute petite bourgeoise, entre la haine des couples, l'amour immodéré de l'argent, l'avarice.
Peur du "mauvais oeil" : on n'ouvre pas les volets du salon parce que les autres ne peuvent pas le voir; on ne reçoit pas, parce que ça coûte cher et qu'on pourrait parler. On est raciste anti-noir, car nous les Marocains, on est "blancs" ... La haine et les maladies psychosomatiques dans ce couple où la femme donne des coups de pieds à son mari et hurle toute la journée, puis s'évanouit pour échapper à la réalité. Ne pas dire qu'on va bien : les autres vont vous jeter l'oeil; ne pas dire qu'on va mal : les autres vont s'en réjouir. Ne pas dire ... Pour qu'un dossier avance, on "offre du café sucré" aux fonctionnaires. L'état ne les paye pas assez. Evidemment, c'est à ceux qui ont besoin des fonctionnaires de les payer, c'est "normal" Et Samia, la douce victime de ses rêves et de ses poèmes. J'ai couru d'un chapitre à l'autre, d'une voix qui raconte à l'autre voix qui raconte. Un livre à lire, portée par la bassesse et l'égoïsme forcené de ces moeurs, puis à relire pour la qualité de la mise en écriture. Encore une fois, merci M. Ben Jelloun
Commenter  J’apprécie          40
Samia adore écrire de la poésie, et rêve d'être publiée. En sortant du lycée, elle tombe sur un homme qui publie des poèmes de jeunes filles dans son journal. En le suivant, elle est victime de sa pédophilie et, incapable de s'en remettre, se suicide.

Des années plus tard et à cause de cette tragédie, l'amour a disparu entre ses parents, Malika et Mourad. Elle pense que tout le monde est contre elle (sa belle fille, son mari...) et lui n'en peux plus de la tyrannie de sa femme.

Une excellente découverte !
Les chapitres sur Samia montrent l'impact d'un viol sur ses victimes, encore plus dans une société marocaine où les filles doivent entre vierge pour le mariage, et donc où mes victimes sont considérées comme des coupables qui apportent la honte sur leur famille.

Le point de vue des deux parents témoignent des conflits et des oppositions qui surviennent suite à la mort d'un enfant, mais aussi d'une société entièrement corrompue, où il faut accepter de l'argent sale pour survivre.

L'écriture de Tahar Ben Jelloun est impossible à décrire : les personnages semblent plus "vrais" les uns que les autres, à la fois profondément touchants et détestables ; on ne peut s'empêcher de tourner les pages de ce livre à la fois dérangeant pour ce qu'il dénonce, mais beau par certaines actions des personnages.
Commenter  J’apprécie          30
Bien plus d'amertume que de miel.

Je n'ai pas su entrer dans le récit, moi qui ai pourtant la larme facile et avec une histoire aussi dramatique, avec tant d'échos en moi, j'aurai dû plonger entière dedans. Cependant, je pense que le manque de miel m'a maintenue à distance du personnage de Samia et de sa sensibilité.
Commenter  J’apprécie          30
Dans ce très beau récit à la fois fluide et très nourri, plein de douleur, de douceur, d'émotion et de colère, l'auteur à travers la destinée d'un couple et en particulier de leur fille, offre de façon lucide, en même temps qu'une histoire tragique, un regard très critique sur la société et son pays d'origine, le Maroc.
Je regrette que la 4e de couverture dévoile trop de choses.
Bien sûr "la tragédie" est le point central du roman, mais elle permet de s'attacher avec bienveillance aux personnes tout en comprenant les ressentis des un.e.s et des autres.
Ce sont l'éducation rigide, les coutumes religieuses, la puissance de la crainte du "qu'en dira-t-on" et l'habitude de la corruption qui pèseront sur cette famille empêtrée dans médiocrité, le chagrin et la culpabilité, la rancoeur.
Grâce aux voix de trois protagonistes en particulier, le père, la mère, la fille, qui s'expriment tour à tour, nous suivons et vivons le parcours de Malika et Mourad qui après un début de mariage paisible et amoureux, ont vite versé dans le ressentiment, l'ennui, l'avarice, puis dans la décrépitude progressive, due à "la tragédie" qui les a anéanti.e.s, la culpabilité et l'amertume. L'une reprochera à l'autre de se renfermer dans son égoïsme, l'autre reprochera à sa compagne de simuler maladies et malaises pour éviter de voir les choses en face ou d'affronter le monde tel qu'il change. Pendant ce temps, Samia, que l'on découvre tardivement, suit des études assez brillantes, lit beaucoup. Elle ne comprend pas les disputes et la médiocrité ambiante, elle préfère la solitude dans laquelle elle écrit son journal et de la poésie, poésie qui lui vaudra le malheur, sans en parler à personne. Jusqu'au jour où le drame arrive et où - même tentée par l'idée de se confier - elle résiste à cause de sa connaissance des façons de faire et de réagir chez eux lorsqu'une femme est victime. Sa solitude choisie deviendra alors un piège, elle se sentira de plus en plus mal.
Malgré leurs faiblesses, Malika et Mourad gardent un certain esprit de solidarité, c'est ainsi qu'ils accueilleront un réfugié sans papier, doux et positif, qui subit comme c'est habituel au Maroc le racisme ordinaire anti-noirs. Ils l'aideront à conquérir sa carte de séjour et il deviendra leur homme de compagnie à tout faire. C'est de lui que viendra le miel qui adoucira parfois la destinée. le miel viendra aussi des fils éloignés un temps par besoin de se préserver, mais restés tendres.
Commenter  J’apprécie          30
J'ai fait la grosse erreur de ne pas écrire la critique à chaud, du temps et des lectures ont passé, et ne me reste qu'un ressenti, malheureusement.
Je pourrais ne rien rédiger, me direz-vous, le monde ne s'en porterait pas plus mal, ni mieux, en fait ça n'a aucune importance. Ce en quoi vous auriez totalement raison. (chose impossible, puisque je n'ai pas encore publié cette critique).
Bref, je vais quand même en dire quelques mots, ça fera travailler ma mémoire (et puis je me suis promis de rédiger toutes les critiques, aucune exception permise !…)
Voilà voilà…

Le dernier mot avant ce bavardage inutile était ressenti. Ressenti extrêmement favorable, du reste.
La construction tout d'abord est intéressante, cette façon de décrire une même scène vue par divers personnages.
Le contexte également, la description des pressions exercées par la culture, la religion, par la corruption généralisée (qui pose au lecteur la question de sa propre honnêteté s'il devait y être confronté).
Puis le drame, bien sûr, ces mots vécus de l'intérieur, si justes, si durs, si forts.
Et enfin l'injustice finale, définitive.
Ce n'est certes pas un livre gai, mais une lecture qui remue, marque et édifie.
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (450) Voir plus



Quiz Voir plus

Tahar Ben Jelloun

De quelle nationalité est Tahar Ben Jelloun?

Tunisienne
Marocaine
Algérienne
Egyptienne

10 questions
139 lecteurs ont répondu
Thème : Tahar Ben JellounCréer un quiz sur ce livre

{* *}