Au départ je voulais juste proposer une version moderne de La Belle et la Bête sans qu'on ne sache jamais qui est qui. [...] L'occasion ou jamais de jeter la psychologie aux orties, justement, c'était Mildred et la Creature. Si on y regarde de près, leur histoire est celle d'une symbiose fulgurante, totale et indéfectible. Quand je serai vieille, je regarderai par-dessus mon épaule et je dirai : oui, une fois et une seule dans tout ce que j'ai fait , j'ai approché les 100% d'amour pur.
Et Bruno, le petit Bruno? Quel sort lui faire subir? Il a la vie devant lui. Il doit faire ses premiers pas vers l'âge adulte et piloter à vue tout au long de cette étrange odyssée qu'est l'existence. Mais en a-t-il seulement l'étoffe? Comme tous les adolescents, Bruno doute de lui-même depuis le début du feuilleton. Et il a raison, parce qu'il sait déjà, bien au fond de lui-même, que sa vocation est de rejoindre le plus grand nombre. De grossir les rangs de ceux qui sont là parce qu'il faut y être. La jungle qu'il aurait dû ouvrir à la machette n'est qu'un sentier en ligne droite parfaitement balisé. Il en voit déjà le bout. Et déjà sa part d'oubli commence à manger sa part de rêve. Il ne sera ni Rimbaud ni Évariste Gallois, il n'aura même pas ce quart d'heure de gloire que promettait Warhol. C'est comme ça.