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3,84

sur 1419 notes
Un régal d'humour sur la télévision et le processus créatif qui l'entoure.

Comme un des personnages du roman, j'ai grandi devant la télévision. Même si je suis devenue une lectrice assidue, je reconnais que la télévision a nourri mon imaginaire, elle m'a permis d'enrichir les images lues. Quand j'ai parcouru un livre sur la savane africaine, ce sont les images de « Daktari » qui ont permis de voir les lions et les girafes. C'est aussi la télé qui m'a montré les casaques des mousquetaires et la fureur des duels à l'épée, des images que j'ai pu utiliser ensuite en lisant Dumas. J'ai donc beaucoup de respect pour les artistes et les artisans qui ont rendu cette magie possible.

« Saga » raconte l'histoire de quatre scénaristes qui s'attellent à l'écriture d'une série télé, un bouche-trou pour compléter un nombre d'heures règlementaires. Ils ont le droit de faire n'importe quoi, pourvu que ça ne coûte rien. Et si ce n'importe quoi devenait un succès malgré tout ?

Cette saga est donc un hymne à la créativité, une créativité trop souvent brimée, non seulement par les contraintes commerciales des producteurs, mais aussi par toutes les autocensures et les envies de popularité.

Un roman qui traite de télé, qui n'explique pas le succès d'émissions parfaitement insipides (que je ne nommerai pas!), mais qui laisse un peu d'espoir en l'imagination humaine.
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J'aime la plume de Benacquista, j'aime son imagination débordante.
Voilà, c'est dit...

Prenez 4 personnes qui n'ont pas grand chose en commun, et à qui l'on demande de faire n'importe quoi pour meubler notre petit écran et vous tenez la recette pour faire une bonne saga télévisée, ainsi qu'une sacrée critique de ce que nous consommons à la télévision.

Incisif, décapant, déroutant parfois (est-ce que moi-aussi je serai devenue une accro à ce programme?)...Du grand Benacquista...
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"Faites n'importe quoi! Faites n'importe quoi!" ordonne Séguret, un directeur de chaine française vénal et cynique à quatre scénaristes potentiels au chômage et donc aux abois.
Saga conte leur incroyable aventure au succès foudroyant, l'amitié née de leur synergie et les dessous pas toujours frais des productions à petit budget qui exploitent d'un côté pour ratisser plus large.Le feuilleton doit s'appeler Saga (comme ces grandes sagas américaines aux saisons multiples) et on leur demande d'écrire "de la merde dans l'urgence". Alors ils s'y mettent à fond et c'est leur créativité que nous montre Tonino Benacquista, une créativité née d'un imaginaire fécond et d'un travail d'équipe où chaque personnalité donne un plus à l'écriture du scénario.
Mathilde, "la pisse-copie du roman rose" (bonjour l'humour grinçant et les formules imagées) rejetée par son éditeur et amant apporte sa touche glamour.
Louis "le vieil has been" sera le leader.
Jérôme "le SDF fatigué" verse dans la violence (surtout depuis qu'on lui a volé ses idées) et son frère handicapé Tristan (cinquième roue de la charrette et cinéphile invétéré) suggère quelques "pillages de génie".
Marco, le narrateur "jeune scénariste fringuant prêt à travailler gratuitement" y mettra son énergie jusqu'à l'obsession et la perte de sa petite amie délaissée.
L'analyse psychologique est très fine, l'écriture alerte et enjouée, les dialogues truculents (car Tonino Benacquista intègre comme un livre dans le livre le scénario de la Saga dans son roman Saga).
L'auteur souligne ici le contraste entre l'individu et ce qu'il écrit, dénonce "l'amateurisme des acteurs" choisis puis leur implication au fur et à mesure que le succès vient. Il évoque les pressions subies par les scénaristes (lorsque le producteur veut tout contrôler,lorsqu'on les évince au bout de la première saison pour des questions financières),le peu de cas que leur accorde le producteur alors qu'ils sont les concepteurs des décors,des personnages,des décors.Il aborde toute l'industrie (ex:un jeu de l'oie tiré de Saga ou un parfum) qui papillonne autour d'un feuilleton qui marche.Il insiste sur les renforcements positifs enclenchés par un fan-club motivé.Il confie les difficultés d'un scénariste (et des acteurs) à ne pas se laisser envahir par les personnages.Il invente à chacun des destins,une revanche et une belle histoire d'amitié.
Saga est un roman pétillant, fort bien écrit, dont le sujet très intéressant nous fait pénétrer derrière l'écran télé,là où nous n'avons pas l'habitude d'aller.
On comprend après lecture pourquoi les lectrices de Elle lui ont attribué leur grand prix en 1998.
Toni Benacquista (devenu écrivain après des études de cinéma et divers petits boulots) est d'ailleurs un habitué des prix puisqu'il a obtenuli Grand prix RTL du livre 2002 pour Quelqu'un d'autre et le grand prix de la Littérature policière en 1992 pour La Commedia des ratés.
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A celui qui se sentirait une âme de scénariste, ce roman est pour lui !
4 personnes, qui au départ ne se connaissent pas, sont recrutées pour écrire une série pour la télévision française, càd " n'importe quoi, tout ce qui vous passe par la tête, de toute façon ce feuilleton n'est pas destiné à être vu. Il sera diffusé à raison d'un épisode quotidien de cinquante-deux minutes, entre quatre et cinq heures du matin(...). Et pourquoi écrire, alors? "A cause des quotas...Ces conneries de quotas obligatoires de création française ! Création française...Rien que la réunion de ces deux mots m'écorche la langue. A part vous, les scénaristes, à qui ça peut faire un peu d'argent, ça intéresse qui, la création française?"
Le ton est donné...Ces 4 scénaristes vont s'en donner à coeur joie, puisque de toute façon, même la vie mondaine leur est refusée : "Un scénariste, même s'il intervient au tout début d'une aventure, passera toujours en dernier. le monde entier n'a d'yeux que pour les acteurs. Un scénariste, ça fabrique du rêve mais ça ne fait pas rêver."
Ils vont donc libérer leur imagination à s'en déchaîner les neurones : "Inutile de chercher à savoir si la Saga dérive ou garde le cap, c'est comme s'il y avait à bord quatre capitaines fous qui prennent le contrôle des machines quand bon leur semble. Mon Dieu, pardonnez-nous, nous ne savons pas ce que nous faisons. Parfois, j'ai l'impression qu'il s'agit d'une écriture automatique à la façon de Dali et Bunuel, nous évoquons tout ce qui nous passe par la tête et abandonnons d'emblée ce que les autres rejettent sans qu'ils aient besoin de le justifier. Comme des enfants à qui personne n'interdit rien, nous nous amusons à repousser les limites de la décence et personne ne vient nous taper sur les doigts."
Cette "saga" les fera passer par toute la gamme des sensations.
Au début, la déprime de l'écrivain non lu, de l'artiste non reconnu ou de ... : "Il est facile d'imaginer la déprime d'un boulanger qui s'évertue à faire son pain tous les matins sans que personne ne le mange jamais."
Puis l'impression de folie douce, de ne pas adhérer au réel tout simple mais d'y chercher la complication : "Le travail du scénariste n'est pas très éloigné de celui du paranoïaque. Tous deux sont des scientifiques du soupçon, ils passent leur temps à anticiper sur les évènements, imaginer le pire, et chercher des drames affreux derrière des détails anodins pour le reste du monde. Ils doivent répondre à toutes les questions et prévoir les réactions d'autrui avec la même crainte de se faire piéger. "
Ensuite un certain désabusement pour arriver enfin au (non)-contrôle de la gloire...
Jubilatoire et éducatif ! Tout est pesé, décortiqué. La réaction des spectateurs, les relations avec la famille, les voisins, les amis, le patron, les acteurs, les journalistes...
L'après-"Saga" elle aussi est explorée, c'est peut-être cela qui tire en longueur.
Mais c'est effarant. Oui. Irréel? Ou plus que réel?
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Quatre scénaristes, issus de divers horizons, sont engagés pour créer une sorte de « soap », Saga, destinée à être diffusé entre 4 et 5 heures du matin pour combler les quotas de création française d'une chaine de télé. Mot d'ordre du producteur : « Ecrivez n'importe quoi ! » sous-entendu de toute façon personne ne regardera...
Ils vont donc s'en donner à coeur joie et contre toute attente l'audience va aller grandissante. La série se retrouve en prime time, le succès est colossal. Vont s'enchainer d'improbables péripéties, toutes plus farfelues les unes que les autres.
Je ne peux pas vous raconter, je préfère vous laisser le plaisir de les découvrir par vous-même.
L'auteur, Tonino Bénacquista, nous dépeint avec cynisme l'univers de la télé, de l'édition et dans une moindre mesure du cinéma et de la politique.
J'ai beaucoup aimé son analyse du métier de scénariste, ce qu'il est aussi. Les différences selon qu'on exerce ce métier en France ou aux Etats Unis nous sont clairement exposées et on comprend beaucoup mieux les raisons de la pauvreté de la création télévisuelle française. Tous nos présidents de chaines seraient bien inspirés de lire ce livre...
Difficile d'en dire plus sans trop en dévoiler mais quand on commence ce livre, on ne peut plus le lâcher tant il est prenant et bien écrit.
Donc n'hésitez plus et courrez lire Saga !!
Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Excellent roman de Tonino Benacquista !
Il s'impose avec brio en véritable visionnaire avec "Saga" publié en 1997, autour de quatre scénaristes de séries télévisées. À l'époque les séries n'avaient pas la même côte qu'aujourd'hui.
Il faut dire qu'il a choisi ce sujet central parce qu'il sait de quoi il parle, étant lui-même scénariste (il a travaillé notamment avec Jacques Audiard).
Marco, le narrateur, va croiser les chemins de Louis, Jérôme et Mathilde parce qu'ils sont tous les quatre en galère professionnelle et qu'ils ne vont pas être exigeants face aux besoins de scénaristes d'une chaîne de télévision. Ils ne vont pas se priver de pouvoir bosser sur un feuilleton même s'il est diffusé en pleine nuit. Leur esprit créatif va être en ébullition et ils vont se mettre à dire des choses face au cynisme de ceux qui les commande.
Ce qui est vraiment passionnant c'est la façon dont on les voit construire le scénario au fur et à mesure, la façon dont les idées surgissent pour créer une fiction. On assiste à une véritable mise en abyme où la frontière avec la réalité et souvent ténue.
Et puis, en plus des personnages attachants par leurs différences, Tonino Benacquista a eu la bonne idée de parler de la fiction par ceux qui la fabrique, comme une vue de l'intérieur.


Challenge XXème siècle 2021

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Quatre scénaristes sont embauchés pour créer une série dans le but d'assurer le quota de programmes français d'une chaine de télévision. Comme l'émission passera en plein milieu de la nuit et n'aura donc qu'une faible audience, le producteur se fout bien du contenu et de la qualité du programme. Il leur laisse donc carte blanche, et ils ont bien l'intention de s'en servir...

Dans ce roman plein d'humour, de tendresse et d'intelligence, Tonino Benacquista parodie avec brio le monde de la télévision et des médias. de manière plus générale, on peut y voir aussi une critique de la société dans laquelle nous vivons où l'argent et les faux semblants sont maîtres et où les réalités, comme les rapports humains, sont faussés. Même des années après ma lecture, je repense parfois au "quart d'heure de sincérité" de Saga et je souris en imaginant un monde un peu plus authentique où ce serait possible...

Comme souvent avec Benacquista, ce roman se dévore. le style est fluide et émouvant et les personnages sont tous très attachants. On ne s'ennuie pas une seconde et même au contraire on en redemande : allez, s'il vous plait, encore un dernier épisode...
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Une chaîne rattrappée par les quotas obligatoires de diffusion de productions françaises engage quatre scénaristes qui ont pour mission de créer une série en 80 épisodes diffusés en plein milieu de la nuit. Vu l'heure de diffusion et le caractère obligatoire de la chose, ils ont carte blanche pour écrire tout et n'importe quoi, tant que le budget approche au maximum de zéro. Etant donné le risque nul de se faire réprimander, ils inventent une série pourrie dans laquelle ils mettent tout ce que les autres heures de diffusion ne permettraient jamais. Contre toute attente, le programme attire de plus en plus les foules...

J'ai lu ce livre en 2 jours quand j'avais 18 ans, il y a 18 ans (on rajeunit pas, qu'ils disaient...). Non seulement je l'avais lu vite parce que je n'avais rien d'autre à faire, mais j'ai souvenir de l'avoir surtout lu vite parce que j'avais beaucoup aimé. Etait restée dans mon esprit ces dernières dix-huit années cette appréciation positive qui m'a conduite à une relecture. Comme d'habitude, le temps continue vraiment de changer les perceptions.
Non pas qu'il ait de quoi déplaire, au contraire. le pitch est super, on veut constamment en apprendre plus sur la création de cette bouse de vache et on se délecte avec les scénaristes de l'impact grandissant de la série sur les spectateurs toujours plus nombreux. Mais une fois le dernier épisode diffusé, à un peu plus de la moitié, le roman prend vraiment une tournure différente qui a de quoi laisser pantois. Les aventures de Marco à Paris, brinquebalé et harcelé partout par des groupes divers, frisent l'absurdité (est-ce vraiment cherché/assumé ?) avant d'aboutir à un procès kafkaïen (d'ailleurs cité quelques pages plus loin), le tout pour un rendu complètement décalé qui s'éloigne vraiment trop du reste. L'auteur cherchait-il à mimer un film d'action de série B ? Y a de quoi en douter.
La fin, quant à elle, est vraiment longue et assez décevante, avec l'écriture du fameux extra dont nous n'apprendrons que pouic, ce qui laisse le lecteur franchement frustré après une telle épopée.
J'aime toujours ce livre mais il a clairement perdu de sa superbe. Qui a dit que les souvenirs embellissaient la réalité ?
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Saga, roman de Tony Benacquista, aura attendu des années dans ma bibliothèque que des circonstances m'incitent à le lire. Il m'a offert un très agréable moment de lecture.

L'intrigue de base de l'ouvrage se situe dans le monde de l'audiovisuel ; écrite il y a près de 20 ans, elle n'est en rien démodée. Aux seules fins de satisfaire à des quotas de création française, quatre scribouillards miteux sont recrutés pour écrire les scénarios d'une série télé de quatre-vingt épisodes, baptisée Saga, à diffuser au plus profond de la nuit. Mot d'ordre du producteur : écrivez n'importe quoi, personne ne regardera... Contre toute attente, un noyau de public germe, gonfle, enfle... Des passionnés font pression sur la chaîne et sur la production, les horaires évoluent vers le prime time, Saga devient un énorme succès populaire ; et même national !...

La cocasserie des situations flatte nos sens les plus élémentaires et embarque les rieurs. Aucune raison de bouder son plaisir, d'autant que les scénarios présentés sont imaginatifs, inattendus, parfois subtils. le système de coworking très amical et solidaire dans lequel sont immergés les quatre scénaristes fait éclore leurs talents, jusqu'au moment où frappés à leur tour d'hubris et de péché de vanité, ils déclencheront un scandale hallucinant.

Au delà de cet imbroglio qui pourrait sembler rebattu, le roman ne manque pas de profondeur. Ses péripéties reprennent le mythe de la machine qui échappe à l'homme pour devenir infernale, sa morale s'appuie très concrètement sur la symbolique du boomerang et sa portée met en exergue l'incroyable force d'évocation de l'écrit, du scénario.

Je constate en effet qu'il suffit de quelques lignes écrites d'un avant-projet de scénario, pour donner instantanément réalité et sens à des personnages et à leurs actes, avec une expressivité qui ne manque pas d'éveiller ma sensibilité de lecteur. Cela me fait penser à je ne sais plus quel roman de Paul Auster, où les mots d'un personnage fictif lui permettent d'arracher à l'auteur le contrôle de la fiction... Au commencement était le Verbe, me rappellerez-vous !

Au commencement de Saga, on est dans un polar ; il y a un meurtre. L'auteur ne nous incite pas particulièrement à rechercher le coupable, mais il finit par le dévoiler dans les dernières pages, bien des mots plus tard.

Saga est un roman enlevé, amusant, plein de trouvailles et de rebondissements. Un roman joyeux, aussi ; c'est avec gaité que j'ai accompagné les parcours heureux des quatre scribouillards du début. On voit bien que le romancier est aussi, et surtout, un excellent scénariste.

D'ailleurs, où le pouvoir du scénariste s'arrête-t-il ? le monde ne marcherait il pas mieux si les affaires diplomatiques mondiales lui étaient confiées ?... Après tout, si Dieu renonce à s'en charger ...
Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Quatre scénaristes Marco le narrateur, Louis, Mathilde et Jérôme en manque de travail se retrouvent embauchés par une chaine pour assurer le quota de production française. Ils n'ont qu'une contrainte, limiter le cout puisque que la série passera à une heure tardive en fait au milieu de la nuit. Et à la surprise générale, la série "Saga" devient un énorme succès bien au delà des rêves de nos quatre héros.
Tonino Benacquista nous donne une comédie délicieuse et formidablement drôle sur le milieu de la télé et s'en donne à coeur joie,
se moquant allègrement de ce monde qui ne pense que chiffre et audience plutôt que qualité, (on pense bien sur aux chaines privées et leurs programmes dessous de ceinture), c'est un moment de pure détente mais Benacquista sait ajouter ce qu'il faut pour refermer Saga à regrets car les personnages sont touchants et sympathiques. On se joindrait bien à eux pour poursuivre l'aventure.
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