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EAN : 9782213709826
256 pages
Fayard (09/01/2019)
3.54/5   12 notes
Résumé :
Si j’étais un homme …, pense-t-elle, comment ferait un homme ?
Si j’étais un homme atteint d’un vague à l’âme inexpliqué, un homme à deux doigts de l’implosion, en butée de sa vie, assiégé par les colites spasmodiques et une terrible envie de baiser malgré son épouse à la maison. À une terrasse de café, une femme me tend un paquet de mouchoirs. Je la rejoins à sa table, je fais mine de m’intéresser alors que je n’ai qu’une seule idée, me pencher sur son visag... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Claude est une femme parmi d'autres, un mari, une fille née d'un précédent mariage, une jolie maison, un boulot agréable, tout irait bien pour elle si elle ne se posait pas des questions sur son identité et le sens de tout cela. Lorsqu'elle s'installe à la terrasse d'un café parisien, elle s'essaie à une scène semi érotique afin d'attiser le regard de l'homme assis en face. C'est que pour Claude, être une femme n'est pas si simple. Lorsqu'il faut préparer les repas, nettoyer la maison, faire les courses, être la mère, l'amie, l'amante de son mari, elle peine à se retrouver et à être pleinement épanouie. D'une scène aux abords de la séduction devant une tasse de thé, Claude va tester un nouveau genre, c'est comment d'être un homme ?
Un fantasme que j'avoue habiter depuis longtemps en moi pour le simple plaisir d'assembler la partition parfaite d'un homme après avoir vécu dans un corps de femme. L'idéal pour être séduit comme on en rêve, compris comme on l'attend. Pas une mince affaire dans ce monde décalé entre les hommes et les femmes.
On a ici affaire à un roman ultra féministe, la femme est en effet à l'honneur, un vrai déballage qui renverse les clichés, qui bouscule les codes et imagine une femme avec un pénis ou un homme portant un enfant, oui, oui, ça décoiffe, ça détonne. Un roman déroutant, plutôt bien écrit, bien pensé, original et plaisant. La seconde partie m'a beaucoup plus attirée, sous la forme d'un road-movie, Claude va faire la route avec une camionneuse, elle verra du pays et surtout redessinera le monde avec Ricky aussi désopilante que sensible.

Un roman bon chic bon genre, rempli de séduction, d'érotisme et qui donne la part belle à toutes les femmes.


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Inès Benaroya nous propose avec «Bon genre» un roman qui casse les codes en mettant en scène une femme qui se comporte comme un homme. Qui s'offre du sexe sans états d'âme, qui jouit de son pouvoir… À la fois cru et jubilatoire!

C'est l'histoire d'une femme qui a réussi. Un gros salaire dans une grande entreprise, des missions d'importance, une voiture de fonction. Elle est même quelquefois invitée par son patron sur son yacht. Une belle maison, un mari conciliant, une fille bien sage. À moins que leur couple soit déjà usé, maintenant qu'elle atteint la quarantaine.
Et c'est là que le bât blesse. La vie de Claude est trop lisse, trop prévisible, trop minutée. En s'accordant le droit de prendre un verre à la terrasse d'un café, elle se laisse aller à aguicher un homme en écartant les jambes pour lui monter ses sous-vêtements rouges. En se levant, ce dernier lui laisse un court message «J'ai aimé ce que vous m'avez offert. À demain».
Commence alors le début d'une double-vie pour Claude qui va profiter de quasiment tout son temps libre pour s'offrir du sexe. du sexe sans sentiment, un peu à l'image du projet Prométhée qu'elle est chargée de suivre, fermer une usine centenaire avec deux cent employés, sans oublier les sous-traitants pour la santé financière du groupe. Côté sexe aussi, elle se trouve un nom de code, Crystal, la femme entreprenante qui va à la chasse aux hommes comme le ferait un homme. Un moyen de se sentir forte, libre. Et faire voler en éclats les règles de bienséance qui l'enserraient dans un carcan bien trop serré à son goût. C'est cru – forcément – mais c'est le reflet de cette boulimie qui va entraîner petit à petit Crystal à prendre davantage d'importance que Claude. Au point aussi de creuser le fossé qui la sépare de son mari, de sa fille, de sa mère ou encore de son amie. Mais peut-être est-ce le prix à payer pour gagner son indépendance?
Avec une parfaite maîtrise de la tension dramatique et une bonne dose d'humour, Inès Beneroya nous offre une réflexion acide et survitaminée sur les codes du genre, sur la place de la femme, sur la notion de pouvoir dans un couple. Quand une équipe de journalistes vient faire le portrait de la businesswoman qui a réussi, Claude se prête volontiers au jeu. Mais après avoir répondu aux questions, elle se met à écrire l'interview alternatif, répondant à des questions telles que «Est-il facile de donner son corps à des inconnus?» ou encore «Pouvez-vous nous faire partager votre état d'esprit? Ce qui vous passe par la tête à ces moments-là?»
Les réponses pourront vous surprendre, mais elles sont dans la droite ligne de cette initiative aussi périlleuse qu'exaltante, aussi risquée que salvatrice. Au point d'oublier Crystal pour faire naître la vraie Claude. Qui vous surprendra sans doute encore davantage!

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Un roman déroutant. La vie de Claude ? Une autoroute, plein gaz et plein phares. Femme d'affaire efficace, épouse modèle et mère méritante. Un jour, elle met le clignotant au hasard, elle prend un chemin audacieux, elle envoie un signal fort et réjouissant (qu'on ne dévoilera pas ici). D'aucuns appelleraient ça un écart de conduite. Pour Claude, c'est le début du renouveau. le livre d'Inès Benaroya est l'odyssée intime d'une femme qui renoue avec sa vie, ses désirs et sa vraie nature. Elle le raconte avec retenue mais sans pudeur. Oui, c'est possible ! En bousculant les codes du genre, en se mettant dans la peau d'un homme, en faisant fi des sexes pour ne retenir que l'urgence du corps. C'est le miracle paradoxal de ce livre, indispensable antidote aux atermoiements misogynes de Houellebecq et à toute cette littérature dite « pour femme » qui s'englue dans la niaiserie. « Bon genre » est chic et choc, un coup de griffe ou plutôt, un coup d'ongle, finement verni. À souligner la deuxième partie de ce roman, road movie moderne qui rejoue Thelma & Louise avec une camionneuse émouvante et irrésistible. J'ai été bluffée par ce roman. Pourtant, le point de départ avait de quoi me faire craindre le pire (du convenu et de la banalité) : une femme dans la force de l'âge qui trompe son mari. Grâce au talent de l'auteur, on s'immisce aisément dans la psyché de cette femme, Claude, naufragée volontaire de son existence parce qu'avide d'une liberté absolue et qui donc, ne tolère pas le compromis. C'est quand on a tout perdu, quand il n'y a plus rien à gagner que la liberté s'impose. le grand consentement du détachement et de l'abandon. « Bon genre » est le pendant romanesque de l'indispensable éloge de la fuite d'Henri Laborit. Un roman fort et féminin donc, une grande et belle surprise.
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"Et si elle lâchait le gouvernail ? Et si elle arrêtait de lutter, ne plus rien donner mais prendre, intercepter le réconfort quand il se présente, à portée de main la chaleur d'un corps anonyme, mettre en pièces ce qu'elle a mis tant d'ardeur à édifier, à quoi bon les privations, les renoncements, plus elle en fait, moins elle en a. Où va la vie quand on la laisse aller ?"

Ça fait longtemps qu'elle assure, Claude. Qu'elle carbure au boulot, gros poste, seule femme du comité de direction, bras droit de confiance, trajectoire ascendante, pas trop regardante sur les méthodes, il faut bien avancer. Qu'elle carbure à la maison, elle a même composé une deuxième famille, qu'elle soutient pendant que monsieur "startupise" et que grande fille regarde plus souvent du côté de ce qu'elle n'a pas... Alors que se passe-t-il soudain ? Ces envies incontrôlées. Sexuelles. Cette double vie débridée qui se met en place presque à son insu, comme un dédoublement de personnalité. Façon d'épuiser la rage qui l'envahit, d'éviter de la retourner contre ses proches ou même contre elle. Oui, elle assure, Claude. Comme un homme pourrait-on dire si les féministes n'étaient pas passés par là. Se pourrait-il qu'à force d'assurer, elle se soit complètement perdue ?

"Le matin, elle se réveille avec la haine chevillée au coeur. Combien coûtent la générosité des uns, l'altruisme des autres ? Elle est prise au piège entre les psychés comptables et la peur, surpuissante, maître absolu du jeu. Peur du regard de chien battu de son père ou de celui de Paul, insupportable monsieur Loyal, peur de dire je t'emmerde, je vous emmerde tous, et toi aussi ma fille, sacrilège ultime. La peur est l'énergie la plus dévastatrice de ce monde. Peur d'être seule, vieille, détestée".

C'est l'histoire d'une femme qui ne sait plus qui elle est, à force de jouer les rôles que la société attend d'elle. Et de trop bien les jouer. C'est une histoire moderne, trop moderne, une histoire d'asphyxie qui aboutit à une forme singulière de burn-out. Inès Benaroya mène la danse d'une écriture rythmée, à la fois directe et précise, cadencée, pleine de violence mais également d'indulgence pour son héroïne. Une écriture, un rythme qui m'ont rappelé Maria Pourchet. C'est aussi une histoire qui invite à lâcher prise, à se reconnecter avec soi-même, à se débarrasser des scories qui brouillent les perceptions et parfois même les valeurs. Surtout les valeurs. Celles qui font de vous un être humain, respectueux des autres.

J'ai beaucoup aimé péter un plomb avec Claude, tout quitter et laisser faire une impulsion, un bout de hasard, une rencontre, partir pour un road-trip improvisé et complètement improbable. Rencontrer Ricky la camionneuse-tatoueuse. Jouer sur les attributs masculin-féminin. Et au bout de la route, se rencontrer soi-même.

Bonne pioche ce Bon genre.
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En bousculant les codes, le roman d'Inès Benaroya chahute et interroge le lecteur. Il y est question de la notion de genre, de quête d'identité, de liberté et d'inégalités entre les sexes. Et à travers eux, les relations avec l'autre, en l'occurence le mari, l'enfant, les parents, le frère, les collègues, des inconnus… des histoires de pouvoir de domination de place de rôle d'influence de responsabilité d'obligation… ainsi qu'une réflexion sur ses propres envies idéaux et désirs, manques peines et défaillances.

Claude, au prénom épicène révélateur, se rend compte soudainement d'un mal-être. La femme qu'elle est devenue l'exècre. Pourtant en apparence, sa vie est dorée : elle a très bon job, une maison arty chic, un mari, une fille de dix-huit ans née d'une première union. Mais elle semble s'être perdue en route. Claude régente son travail sa famille le cancer de sa mère, elle organise et planifie. D'une façon mécanique et avec froideur. Pas le temps de se poser, de réfléchir, d'écouter. Connaît-elle vraiment son mari, sa fille? Est-elle une bonne épouse une mère aimante une gentille fille une soeur bienveillante? Et qu'en est-il de sa féminité, de sa sensualité, de sa sexualité…?

Elle s'éteint, elle étouffe, elle glisse.

Le déclic se fait un jour, à la table d'un café, en terrasse. Elle voit arriver un homme, éprouve une irrésistible envie de le séduire …et se dit « Si j'étais un homme (…) comment ferait un homme? » Alors Claude devient Crystale, son double, son inverse. Elle se grime, change de peau, charme. Elle ose, dispose. Les hommes défilent. Mais la liberté tant recherchée n'est qu'un leurre ici. Elle ne supporte plus ce personnage créé de toute pièce.

Elle ôte la perruque de Crystale. Et quitte aussi sa vie d'avant. À la recherche d'une Claude authentique, elle fuie.

Sur une aire d'autoroute, elle erre. La portière d'un camion est ouverte. Elle se glisse à l'intérieur, se dissimule, se fait toute petite et attend le départ. Rouler vers une destination inconnue. Fuir pour se retrouver. Reprendre son souffle. Apprendre à respirer.

Le camionneur est une femme. Une femme qui envoie valser les genres. Une femme qui deviendra une amie une confidente. Une femme tour à tour forte et fragile, lumineuse et sombre, lucide et rêveuse. Ensemble, elles voyageront sur les routes d'Europe. Un parcours initiatique pour Claude.

Un roman épatant, une écriture sur le fil, des personnages mouvants, des sentiments complexes, une quête identitaire, une soif de liberté.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Tout le monde s’intéresse aux femmes, répond Ricky, c’est ainsi, de tout temps. Les hommes comme les femmes. Les hommes regardent leurs seins, leurs fesses, voudraient toutes les posséder – celles qu’ils trouvent belles, et les autres aussi –, ils voudraient les faire jouir ou pleurer, parce qu’ils en ont besoin pour se sentir puissants. Les femmes aussi regardent les femmes, elles cherchent où se cachent leur beauté, leur jeunesse, comme s’il y avait un secret à dévoiler, comme toi elles les admirent. Faut-il s’en réjouir? Au fond, c’est peut-être une chance d’être du genre qui fascine l’humanité tout entière… Qui voudrait être un homme, à choisir? 
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« Il y a plus de quarante ans, les Françaises obtenaient enfin le droit à disposer de leur corps. » Le droit à disposer. La proposition claque comme un coup de fouet. Disposer de son corps, par-delà les transformations silencieuses, la pression atmosphérique, la lune, les cycles de la nature, les noyades hormonales, etc. Par-delà les régimes ininterrompus, l’alcanisation, l’oxydation, la constipation, l’ovulation, l’armature des balconnets, les onze centimètres de talon, les pantalons cigarette, les canons ornementaux. Par-delà la carapace diurne, de jour être une guerrière intraitable, un fauve prêt à tous les combats, et quand vient le soir et que les femmes sont dociles, la volte-face nocturne du devoir de douceur. Le droit de passage des hommes et des enfants. L’impératif de jouissance comme degré zéro de l’estime de soi. La femme-réceptacle, la femme-matrice, la jeunesse, l’avenir de l’homme. Des femmes intrépides ont bagarré dur pour qu’elle soit en droit de disposer de son corps. Cette femme lasse et courageuse a soulevé des montagnes d’humanité pour elle. Et pourtant, elle se sent en permanence indisposée – ce qualificatif fangeux que sa mère utilisait pour la dispenser des séances de piscine. Son corps est une zone franche dont les autres jouissent, les hommes qui se rincent l’oeil, les femmes qui la jalousent, tous ceux auprès de qui il faut faire bonne figure, c’est-à-dire tout le monde. Son corps exposé en vitrine dit combien elle vaut. Mais elle ne dispose de rien. »
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Une femme célibataire c’est effrayant, se méfier des femmes célibataires, ça cache un loup, nous sommes faites pour vivre en couple, attention encore, ne dépendre d’un homme sous aucun prétexte, ne jamais renoncer à son autonomie, une valise toujours prête sous le lit au cas où. Allez comprendre.
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Ne t’arrête jamais de chercher. C’est ce qui fait la beauté de ce monde. Quand on croit en avoir fait le tour, il nous révèle une porte dérobée. 
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INCIPIT
Elle le voit arriver de loin, par hasard son regard s’est détourné vers la droite et il vient de là, ni grand ni petit, ni jeune ni vieux, rien ne le démarque, lui plutôt qu’un autre, en plus elle ne cherche pas, elle est mariée, ni heureuse ni malheureuse, pas plus de raisons de se plaindre que de se réjouir, on a tous nos problèmes. L’homme n’a rien de notable si ce n’est ce détail, ça l’a toujours fascinée, la ville sème ses obstacles, comment font-ils pour ne pas trébucher, faut-il être passionné… La passion qui possède, voilà qui a de quoi l’intriguer. Elle est si cohérente, ses décisions, ses opinions, tout filtre par le tamis de sa raison, pas trop de place pour la passion, ce n’est pas vraiment par conviction. Donc l’homme avance vers le café où par hasard elle s’est installée. Cela ne lui arrive pas souvent, le hasard, incompatible avec son organisation, et pourtant ce jour-là, entre deux rendez-vous, une heure vacante et une place juste devant pour garer sa voiture, elle s’est dit, pourquoi pas, à l’improviste pour une fois. C’est dire comme sa vie est ennuyeuse. Ras le bol des sandwichs et du quinoa dans des bols plastique. Elle s’est arrêtée pour déjeuner.
Il marche en lisant. Voilà le détail. Ces gens-là, on en croise parfois, ils ont cette présence absente à la ville, ils trimballent leur bulle de mots et d’imaginaire et à les voir on se sent tellement arrimé, plombé par la gravité, alors qu’eux semblent voler. À pas lents, les yeux sur le livre, indifférent aux voitures, aux passants, aux oiseaux, aux femmes installées aux terrasses des cafés pour profiter du joli jour de fin d’été, en aveugle au milieu des dangers, il lit. Le secret, c’est la lenteur, dans le lent défilé de la forêt urbaine, muni d’un radar il voit au-delà des ombres, il évite les pièges et c’est comme un sixième sens. Elle ne se gêne pas pour l’observer, d’ailleurs ce n’est pas tant lui que son parcours, c’est risqué, ces gens-là sont cinglés, va-t-il lever le nez pour traverser ? Elle pense qu’il est comme les autres, qu’il ne la voit pas, parce qu’elle non plus n’a rien de remarquable, du moins c’est ce qu’elle croit, rien qu’une femme qui fait de son mieux, maman, épouse, collègue, fille, sœur, copine, cousine, voisine, douce, forte, féminine, masculine, autonome, ni soumise ni casse-couilles, intello mais pas trop, mince mais pas maigre, grande gueule pas énervée, sous contrôle permanent, elle n’en peut plus mais elle ne le sait pas encore.
Arrivé à sa hauteur, voilà qu’il s’assied, dos à la rue, une table de l’autre côté de l’allée où va et vient le serveur. C’est étrange, pense-t-elle, moi je m’installe toujours face à la scène pour ne rien rater du spectacle. I want to be part of the show. Lui veut sans doute ne pas être dérangé, d’ailleurs sans relever la tête il a posé son livre sur la table et il continue à lire, jambes croisées, une main dans la poche qu’il sort pour tourner la page, l’autre posée, l’index et le pouce en équerre sur le livre, une brise légère pourrait soulever le feuillet et lui faire perdre quelques précieuses nanosecondes. Elle continue à le regarder du coin de l’œil, puis son steak-frites arrive. Elle n’a pas fait les choses à moitié. Marre du chou et des cranberries. L’espace d’une heure, elle redevient carnivore pollueuse inconséquente et un Coca rouge pour couronner le tout.
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Vidéo de Ines Benaroya
Découvrir l'émission : https://www.web-tv-culture.com//emission/ines-benaroya-quadrille-51815.html
J'aimerais bien écrire mais je n'ose pas, je n'y arriverai jamais, je ne sais pas comment faire… Combien de fois entend-on ce genre de commentaires de personnes n'osant pas franchir le cap de l'écriture. Inès Benaroya en a fait partie jusqu'à participer à des ateliers d'écriture. Dès lors, prenant de l'assurance, découvrant des techniques mais surtout laissant libre cours à son imagination, elle met un point final à un premier manuscrit. Ainsi, celle qui jusqu'à présent s'était consacrée à sa vie d'épouse et de mère de famille, avait suivi un beau parcours professionnel dans le marketing, devient romancière. Accueilli positivement chez plusieurs éditeurs, c'est finalement chez Flammarion qu'est publié, avec succès, ce premier titre « Dans la remise ». Suivent « Quelqu'un en vue » et « Bon genre » dans lesquels Inès Benaroya confirme un vrai talent à construire des ambiances, à créer des personnages aux personnalités complexes et aux choix retors, souvent en parallèle à des faits de société. On retrouve tout cela dans « Quadrille » mais bien plus encore. Une gentille famille, les Traven, Pierre, Ariane et les enfants, deux ados Jeanne et Guillaume. Tous les quatre partent en vacances sur une ile grecque baignée de soleil. Là, sous le ciel du Péloponnèse, ils font connaissance avec les Sainte Rose, une famille presque comme eux, les parents et deux ados. Mais ils sont tellement plus charismatiques, tellement plus solaires et tellement accueillants et généreux. On partage une grande ville, on part en mer ensemble, on festoie jusqu'à tard dans la nuit en buvant de l'ouzo et en regardant les étoiles. Les deux familles sympathisent, sans doute trop… Et le drame couve, le bleu azuréen va se couvrir de rouge sang. Cinq ans après, alors que chaque membre de la famille Traven tente de se reconstruire, Ariane, divorcée depuis, raconte. Les souvenirs affleurent par bribes. L'étau se resserre, la plaie est vive. Ariane parviendra-t-elle à sortir la tête de l'eau. L'intrigue est habilement menée, comme un thriller mais « Quadrille » est avant tout un roman psychologique dans lequel se démènent des anti-héros, chacun avec ses zones d'ombre, ses fragilités, ses trahisons. Un roman suavement pervers qui vous fera réfléchir sur vos prochaines rencontres de vacances ! « Quadrille » le nouveau et très réussi roman d'Inès Benaroya est publié chez Fayard.
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