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EAN : 9782858167296
75 pages
Presses universitaires du Midi (01/03/2004)
5/5   1 notes
Résumé :
Une chambre d’hôtel sordide en Asie. Une mystérieuse machine à manette rouge. De singuliers personnages, un narrateur et trois cancrelats, un homme qui se meurt. Monsieur M., ou la vie et la mort au théâtre, c’est l’esquisse de vies potentielles multiples et au final une dénonciation sans concession, dans un syncrétisme délibéré et provocant, de l’illusion du génie créateur et de l’exégèse.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un huit clos, une chambre humide ; une chaleur, sordide. Un corps désincarné, une vie ratée, raturée. Les actes sont niés, les évènements, les choix, supprimés, les gens, éliminés, les uns après les autres. Cette pièce, c'est « le dernier des paradis », c'est l'enfer, ou c'est le purgatoire, une attente s'installe. On attend la mort de Monsieur M.
Personnages annoncés d'entrée de jeu : 3 cancrelats, le Narrateur et Monsieur M. D'autres personnages seront pourtant convoqués comme le Deus ex machina qu'on ne peut réduire au personnage du narrateur. Sybille Berg, marionnettiste, fait intervenir le marionnettiste suprême. Dieu ? Créateur ? Manipulateur de la Vie ? de la Mort ? Tout est réductible à un seul acte. Plusieurs scènes s'ensuivent - des évènements de la vie de Monsieur M. - décomposés - articulés par une structure narrative complexe. On a un corps textuel préalablement disséqué. Les cancrelats s'intéressent de près aux stades de la décomposition. Monsieur M. se meurt. Monsieur M. est un homme qui a quitté la vie dès ses dix ans. Un monologue intérieur/extérieur se déroule, perturbé, parasité par les cancrelats, ces éléments extérieurs, ces parasites venus d'ailleurs, qui sont là et qui jouent aux cartes, qui s'amusent, pour passer le temps. Ces représentants de la mort sont marrants mais l' humour est glauque, et ces trois cancrelats, absurdes, morbides, rappellent la Métamorphose de Kafka.
Monsieur M. reste extérieur à lui-même. Il s'observe. Il a une mission : il doit choisir le moment heureux qu'il souhaite revivre. Monsieur M. a passé sa vie à sélectionner, à classer les sentiments et les évènements intérieurs qui "sont comme des organes". Il cherche un sens à sa vie. « [N]ous cherchons tous un sens à notre vie auquel nous puissions nous soumettre » (p.51) Comme si on était tous régis par un marionnettiste. La machine de la mort, livrée en kit, qu'il doit réassembler, lui demande de faire un choix. Il cherche, dans ce qui lui reste, dans sa biographie, dans ce qu'elle a de plus biologique mais il ne reste rien, parce qu'il a tout quitté, qu'il a quitté la vie, qu'il est vide, qu'il reste un corps sans organes.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le Narrateur : Si je peux me permettre ici une petite explication : la thématique du contrôle des sentiments est centrale dans la vie de M. Je vous ai réservé, Messieurs, à vous et à moi, un bonus de temps supplémentaire pour ce patient car il a atteint dans ce domaine des résultats assurément fascinants. Ce qu'il a accompli, la plupart des hommes le tentent avec un succès bien moindre.
M. : Le chien était pour moi, mais comme j'avais raté le moment de la joie, je ne suis plus parvenu à avoir de vrai contact avec elle ni avec l'animal. Et puis, je suis allé dans ma chambre, le chien était assis et moi, j'étais assis, et nous nous sommes regardés, j'ai tout essayé pour être heureux. Mais voilà, ce n'était pas le bonheur que j'avais imaginé. Je parlais très sérieusement avec l'animal et j'étais déçu parce qu'il ne semblait pas me comprendre. En ce jour d'anniversaire, une chose était claire - le chien ne deviendrait jamais pour moi un véritable ami.
Le chien : Nous n'étions pas obligés de devenir tout de suite amis. Un peu de respect m'aurait suffi. Ne pas être fourré dans un tonneau d'eau de pluie avec le couvercle fermé par dessus, ne pas avoir du fil de fer enfoncé dans l'anus, cela m'aurait suffi. Le fait aussi de m'infliger à plusieurs reprises des blessures, afin d'observer le processus de guérison ou de me guérir, afin de provoquer ensuite une sorte d'attachement bestial, n'a pas été non plus très profitable, à mon avis, pour nos rapports. Non, je dois dire que je ne me suis jamais très bien entendu avec lui.

Le chien se pend. [en italique]
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Le Narrateur : Messieurs, c'est le moment.
Cancrelat 1 : Bon, nous voilà. Vous êtes content ?
Cancrelat 2 : Il n'est pas content.
Cancrelat 3 : Pouvez-vous nous entendre ?
Cancrelat 2 : Il ne nous entend pas. C'est toujours la même chose. Personne n'est content de nous voir. Bon : nous allons déposer cette machine ici pour vous.
Cancrelat 3 : Assemblez-la en suivant exactement le mode d'emploi. Lorsque vous aurez terminé, montez dans la machine.
Cancrelat 1 : Faites défiler votre vie devant vous pour voir si vous y découvrez un moment vraiment beau. Lorsque vous en aurez trouvé un, tirez la manette rouge.
Cancrelat 2 : Ça vaut le coup d'y réfléchir un peu. Le moment dure très éternellement. Après ça. C'est comme ça, mon vieux. On vous dépose la machine ici.
Le Narrateur : Je vous remercie. Et attendez l'heure convenue, je vous prie.
Cancrelat 1 : Cela va sans dire.
Le Narrateur : Voici donc la machine grâce à laquelle on peut conserver pour l'éternité le plus beau moment d'une vie. D'ailleurs vous aussi, vous pouvez la construire assez facilement. Comme Monsieur M. est en train de le faire.
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M. : Durant les premiers séjours à l'étranger j'ai compris que je n'avais jamais existé. Que je n'existais qu'à la maison, par le biais d'inconnus, d'administrations qui me confirmaient, par le biais de coups de téléphone et de courriers, qu'il devait au moins exister une personne portant un nom qui m'était très familier.
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