Biographie intéressante d'un prêtre vietnamien dont le christianisme authentique, la vie mystique et le courage attirèrent la haine du régime communiste. L'auteur fait le portrait d'un héros chrétien, ce qui explique qu'il n'attire l'attention de personne dans notre monde, dont les valeurs et les préférences ont été façonnées par l'autre camp, celui des communistes et de la gauche anti-chrétienne. Depuis la guerre du Vietnam, les seules bonnes victimes sont toutes du même côté. Cette lecture est donc une surprise, et l'auteur nous fait découvrir l'histoire d'un pays qui fut le champ de bataille d'intérêts opposés, mais aussi de cultures antagonistes. En particulier, celle de la Chine et du bouddhisme, qui persécuta dès l'origine les premières communautés chrétiennes au prétexte de trahison de la nation. Or Mgr Thuan est issu d'une famille à la fois profondément patriote et profondément chrétienne, et toute sa vie a été un "signe de contradiction" exaspérant les Américains, les communistes et l'Occident. Voilà donc une lecture enrichissante, qui profitera autant au chrétien qu'au non-chrétien. A l'un, parce que c'est une vie de (futur) saint, et la fréquentation du genre hagiographique (ici de bonne qualité) est conseillée aux croyants ; au non-chrétien, parce que l'histoire du Vietnam, depuis la conquête française jusqu'à nos jours, est du domaine exclusif de la propagande des vainqueurs, dont on connaît le goût pour le mensonge.
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C'est une belle et lumineuse personnalité dont Anne Bernet retrace avec soin la vie dans une ample biographie imprégnée de spiritualité mais étayée par une solide documentation historique.
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(Au trou).
Allongé sur son bat-flanc, parmi les moisissures et les crapauds, malade, épuisé, réduit à l'impuissance totale, le coadjuteur de Saïgon, quand il émergeait de ces périodes de vide où toute réflexion cohérente se dérobait, songeait à ce qu'il aurait pu faire dehors, libre, se reprochait son rôle de serviteur inutile. Se rendait-il compte qu'il s'agissait d'un autre genre de tentation, plus subtil ? Oui, raison pour laquelle il redisait "me voilà, Seigneur, pour faire votre volonté". Même incompréhensible. Cette soumission porta enfin ses fruits :
" Une nuit, au plus profond de mon coeur, j'entendis comme une voix ; elle me dit : ' Pourquoi te tourmenter ? Tu dois faire la différence entre Dieu et les oeuvres de Dieu. Tout ce que tu as accompli, tout ce que tu désires accomplir encore (...) tout cela est oeuvre excellente ; ce sont les oeuvres de Dieu, mais elles ne sont pas Dieu. Si Dieu veut que tu abandonnes toutes ces oeuvres en les remettant entre Ses mains, fais-le tout de suite, aie confiance en Lui ! Dieu le fera infiniment mieux que toi ! Quant à Lui, Il confiera ces oeuvres à d'autres qui sont beaucoup plus compétents que toi ! Tu as choisi Dieu seul, non Ses oeuvres ! " (cité du livre "J'ai suivi Jésus", note 36).
pp. 311-312
Anne Bernet. Les apparitions mariales au XIXème siècle.