Pardon Pauline

Sébastien Delaunay, un modeste magasinier se retrouve étendu dans un cachot. Il ne sait pas vraiment ce qu'il fait là. Tout est confus dans son esprit .
Passé et présent se mélangent, tout comme Alixe, la petite voisine, qui a brusquement disparu et sa jeune soeur, qu'il aimait beaucoup. Quel rôle Sébastien a-t-il joué dans le destin tragique des deux fillettes ?
J'ai découvert Monique Bernier avec « Le bruit assourdissant des étoiles », un roman que j'avais adoré. L'auteur parviendrait-elle à me séduire avec ses autres oeuvres ?
En lisant « Pardon Pauline », j'ai l'impression que Monique Bernier ne nous offrira que des histoires sombres, sans espoir, qui font frémir. Ici, elle plonge le lecteur dans la tête de Sébastien et, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il y fait noir et qu'y règne le désordre. Vu de l'extérieur, ce jeune homme semble banal et sans histoire, mais à l'intérieur bouillonne un vrai tsunami. Perturbé par d'étranges amnésies, Sébastien se retrouve, sans savoir ni comment ni pourquoi, étendu « sur la banquette. Elle est bien froide, il ne lui ont pas laissé de couverture. » Donc, il est enfermé dans un cachot et "a la certitude qu'il ne sortira pas de ces murs avant longtemps." Qu'a-t-il fait pour en arriver là ? Les lecteurs ne le savent pas. C'est normal. Mais Sébastien ne le sait pas non plus. La migraine lui martèle les tempes et il songe qu'à présent « il aura (…) tout son temps pour réfléchir. Tout son temps pour se souvenir. Mettre de l'ordre dans son esprit. » En tournant la page, le lecteur est projeté dans un véritable chaos qui le fait rebondir entre hier et aujourd'hui. Qui est cette Pauline à laquelle il demande pardon ? Et pourquoi ? Qu'a-t-il fait pour se retrouver derrière les barreaux ? Il n'a pourtant pas l'air bien dangereux. C'est un garçon solitaire et taciturne. Il prend très à coeur son métier de magasinier et, à longueur de journée, range des produits en rayons avec une méticulosité qui confine à la maniaquerie. Karim, son collègue, tente de nouer des liens, lui parle, lui offre un café. En vain. Si Sébastien est poli, il n'en paraît pas moins à des années lumière. Sam semble le connaître depuis longtemps. Il sortent parfois ensemble, mais c'est toujours Sam qui vient le chercher et Sébastien reste toujours réticent. La vieille voisine lui demande parfois de sortir son chien. Sébastien accepte toujours, c'est vrai, mais c'est bien parce qu'il ne peut pas faire autrement. La seule qu'il semble fréquenter avec plaisir, c'est Alixe, la fillette du dessus. Elle a dix ans, solitaire comme lui. Elle vit avec une mère divorcée, accaparée par son travail et, depuis peu, par Kevin, son nouveau compagnon. Alixe sent bien qu'elle dérange. Elle aime se réfugier chez Sébastien, car il a une bibliothèque pleine de livres pour enfants et ne refuse jamais de jouer avec elle d'interminables parties de petits chevaux.
Monique Bernier va distiller des indices au fil des pages et ce n'est qu'une fois arrivé à la fin que le lecteur pourra reconstituer toute l'histoire. Avec effroi.
Ma question : les maisons d'édition prennent-elles un plaisir sadique à engager, pour rédiger les quatrièmes de couverture, des gens qui s'entendent à gâcher le plaisir de la découverte. Ici, comme souvent, la totalité de l'histoire y est révélée. Pour ma part, je ne les lis presque jamais. Si ce roman vous tente, ne le faites pas non plus. Lancez-vous en confiance. J'ai beaucoup aimé.