Le cycle s'approfondit et se raffine...
Cinquième volume du cycle du "Rêve du Démiurge", paru en 2003, "
Nuit de colère" marque l'inscription définitive dans un fantastique moderne, dans lequel d'occasionnels pouvoirs paranormaux sont mis à contribution pour démêler l'écheveau des passions de chacun.
Les personnages ici, qu'ils se rattachent au tout premier tome ("
L'ombre d'un soldat") ou au pivot "
Mélusath", luttent au milieu de terribles difficultés pour qu'amour et amitié triomphent des pulsions de mort et de passé écrasant qu'ils portent en eux.
"
Nuit de colère" est aussi le plus sombre volume de la série, jusqu'ici. La rédemption y est plus tardive et plus incertaine que dans les précédentes histoires...
Francis Berthelot profite aussi de ce volume pour poursuivre, à travers la figure d'un grand écrivain et conférencier, une captivante analyse des ressorts charismatiques du pouvoir et de la domination, en un écho trouble au
Dan Simmons de "L'échiquier du mal"...
Et l'exergue de
René Char (dans "
La parole en archipel") est très à propos, comme toujours : "Échapper à la honteuse contrainte du choix entre l'obéissance et la démence, esquiver l'abat de la hache sans cesse revenante du despote contre laquelle nous sommes sans moyens de protection, quoique étant aux prises sans trêve, voilà notre rôle, notre destination, et notre dandinement justifiés."