Suite à un mouvement social qui paralyse la France, dix jeunes se retrouvent coincés sur une presqu'île en Bretagne.
Sans télévision ni internet, désoeuvrés, ils décident de raconter chacun une histoire à tour de rôle, une par soir.
Cette histoire doit ensuite donner lieu à un débat et doit être vraie, de préférence "insolite".
Forcés de cohabiter, et de s'écouter, les protagonistes parviendront-ils à discuter, à évoluer, et surtout, à changer d'avis les uns sur les autres ?
L'auteur plante le décor dès le début. Il nous décrit chaque personnage avec précision. Il y a d'abord Jason, c'est le trait d'union entre tous, et c'est dans la maison de sa grand-mère que les dix jeunes vivent. Ensuite, il y a Ludivine, une amie d'enfance de Jason. Elle est comme lui née dans une famille aisée mais rêve de faire la révolution avec Hugues, son petit ami. Lui est chômeur, clairement de gauche et peu ravi d'être coincé avec ce qu'il considère être une bande de petits bourgeois.
Vient ensuite la "peste" de la bande nommée Amande. Elle est très belle, le sait, et adore médire des autres avec sa meilleure amie : Karen. Celle-ci, comme beaucoup des meilleurs amies d'une Amande, n'a pas son charme, pas vraiment sa beauté, mais ne la quitte pas d'une semelle.
Le pendant masculin d'Amande s'appelle Yvon. Lui, c'est le tombeur de l'université. Beau, mais bien sûr glandeur. Il a lui aussi un meilleur ami, Cédric, qui fait également office de souffre-douleur officiel, et parfois de larbin à l'occasion.
Puis voici Bathilde, autre amie d'enfance de Jason. Catholique et pratiquante, elle prône l'ordre moral. Dans son esprit, Jason est l'homme idéal et elle aime pense qu'ils finiront ensemble. C'est une très jolie fille, intelligente, mais parfois étroite d'esprit.
Mourad est sans doute celui qui se donne le plus de mal pour réussir dans la vie. Issu d'une banlieue défavorisée, il fait tout pour effacer les clichés qui lui collent à la peau.
Pour finir, il y a Corinne, la petite-fille de la bonne des parents de Jason. Elle est proche de lui, mais fatalement, se sent un peu à part dans cet environnement peu familier.
Lorsque ces 10 jeunes comprennent qu'ils ne pourront pas quitter la presqu'île de suite, ils paniquent et protestent, mais sont bien obligés de se résigner.
Lorsque Jason, sur les conseils de Colette, qui entretient la maison de sa grand-mère en son absence, propose à tous de raconter une histoire à tour de rôle ils ne sont pas réellement enthousiastes.
Pourtant, au fil des jours, des récits, et des discussions qu'ils provoquent, chacun se révèle, s'indigne ou s'émeut.
Parce qu'ils sont forcés de vivre ensemble, avec tout ce que cela implique en communauté (ménage, repas, courses...), les caractères se dévoilent, et s'affirment.
Jason par exemple, tente toujours de garder le contrôle, il aimerait que tout se déroule comme il le souhaite, mais en son for intérieur, c'est une véritable tempête qui se déchaîne.
Le concept de ce livre est inspiré de recueils de nouvelles de la Renaissance, que je ne connais pas du tout. J'ai aimé cela car la dynamique du roman est très bien rythmée par l'histoire du jour.
Les personnages sont réalistes d'un point de vue social et l'auteur souligne bien qu'il s'agit d'un "casting" parfait. On a ici un bel échantillon représentatif, et on pense bien sûr à une télé-réalité.
Sauf qu'ici, les disputes ne concernent pas un problème de salade, ou de maquillage disparu.
Les protagonistes sont intelligents et cultivés. Bien sûr, c'est un très bon point. Mais c'est aussi parfois quelque chose qui m'a gêné. Ils s'expriment dans un langage qui est plutôt soutenu. J'ai du mal à m'imaginer un Yvon ou une Amande s'exprimer de cette façon. Mais, passons, je ne connais pas dans mon entourage de jeunes de ce type, on va dire que c'est pour ça.
Si on excepte quelques passages "intellos", l'ensemble est vraiment agréable à suivre. On se délecte de la méchanceté d'Amande et de Karen. Bathilde est délicieusement agaçante, Corinne toujours un peu à côté de la plaque... Cette galerie de portraits est un joli exercice de sociologie, à savourer sans modération.
Pourquoi lire
L'Hystéricon ?
Ce roman est très original, car il est à la fois une étude sociologique, mais aussi une satire de notre société.
En restant volontairement flou sur les lieux et la période exacte à laquelle se déroule cette histoire,
Christophe Bigot nous invite à faire notre propre analyse.
Nous sommes en immersion avec ce groupe de jeunes coupé du monde. Grâce à l'auteur, nous attendons chaque nouvelle histoire comme si nous vivions avec eux. Alors, qu'attendez-vous ? Prenez une chaise, asseyez-vous et écoutez !
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