Un livre qui ne paie pas de mine mais auquel on s'attache au fil des pages et devient appréciable.
Années 70, une famille, d'abord un couple ouvrier faute d'éducation puis trois enfants, trois filles. La narratrice qui a les yeux d'Isabelle Brochet est la petite dernière, en fin de livre elle aura 12 ans, le père est le personnage principal.
Le père est un tantinet caractériel et lorsque la colère le prend, ça craint dans les chaumières. Il n'hésite pas à traiter sa femme d'imbécile et celle ci sans être battue a pris quelques coups, un c'est déjà de trop et que n'a elle réagit. Il dirige tout son petit monde en vieux dictateur d'antan ainsi sa chimère, un bateau porte le nom de Monplaisir, ce qui veut tout dire.
Suzanne et Vera, la mère et l'aînée sont liées dans l'opposition au père, elles subissent ses desiderata, il faut savoir attendre et prendre le pouvoir.
Fanny, la deuxième est en adoration envers le père. Quitte à s'identifier, point de carpette, la mère, mais le piédestal, le père.
Hélène, proche du père aussi et un peu moins de la mère.
Suzanne a ses points faibles aussi, ne rince que le dessus des assiettes et n'a jamais pu aider son mari qui s'emporte à faire du ski nautique. Simple le volant et l'accélérateur, tu appuies,inutile.
Isabelle Blochet mène sa barque tranquillement voir trivialement. Elles avaient l'air réussies mes escalopes, elles commençaient à sentir bon. Ce n'est pourtant pas mon genre de jeter la nourriture. ( pour cause de grosses vagues en mer ). Commentaire, très intéressant.
Puis le père et le récit s'enfoncent dans le drame. Caractériel, le père années 80 aidant perd ses emplois et vire chômeur au village qui jase. Suzanne pendant ce temps compétente monte en grade et nourrit la famille.
Bref, le père perd sa femme, perd son rôle de père qu'il estime à tort achevé et perd son identité sociale. Il n'est plus grand-chose devient infecte, sale et multiple les lavages de fourchettes ( toc ).
Un brin d'explication. Sa mère est morte à 26 ans de tuberculose. le père se suicide peu après. Des oncles prennent le relais mais cinquième roue du carrosse il est mis dehors dès que possible.
Certains traînent toute une vie un déficit affectif et d'éducation et le peu d'estime de soi peut se déliter au fil du temps et d'erreurs de choix.
Descente vers la mer est donc le récit d'une histoire familiale et de la déchéance du père.
Le méritait il comme pourrait le penser certains surtout au vue de ses excès ou faut il compatir face à quelqu'un qui a voulu s'en sortir mais n'y est pas arrivé trop têtu pour se remettre en cause.
La phrase de la fin ainsi que j'aime à les citer. Il me suffira d'être seule la nuit, pour que la pendue réapparaisse. Ps La petite a des visions dont celle d'une femme pendue.
Qui est cette femme, sa mère d'avant perdue car différente, cette nouvelle mère qu'elle n'accepte pas, elle plus tard ou encore une malédiction familiale qui perdure de génération en génération.
La phrase de la fin ainsi que j'aime à les citer. IL me suffira d'être seule la nuit, pour que la pendue réapparaisse.
Je sais, c'est une redite, mais il faut savoir réécrire son histoire afin de vaincre la fatalité.