Christian Bobin, lauréat du prix Goncourt de la
poésie pour l'ensemble de son oeuvre, n'est plus là, hélas, pour nous régaler de sa prose poétique, ces fragments si délicats et tellement universels. Alors, en attendant la sortie posthume chez Gallimard en février 2024 de son livre intitulé « le murmure », il nous reste son oeuvre, considérable, à découvrir ou redécouvrir
La grande vie s'ouvre sur une déclaration d'amour à une grande poétesse disparue :
« Chère
Marceline Desbordes-Valmore, vous m'avez pris le coeur à la gare du Nord et je ne sais quand vous me le rendrez. C'est une chose bien dangereuse que de lire. »
Christian Bobin nous parle de ces petits rien qui font la vie, mais la mort aussi habite ses pages.
« Les familles où un enfant a disparu sont comme la galerie des glaces à Versailles, la nuit, quand aucun pas n'y résonne : un incendie de miroirs vides »
La nature n'est jamais loin qui se pare de lumières et de beauté. On croise ainsi les grands sapins « est-ce qu'ils lisent le journal ? » se demande le poète, puis il y a les fleurs du cerisier aux bras maigre ou encore cette rivière qu'on traverse « en sautant sur des pierres ». le poète n'hésite pas à s'adresser à un merle.
Chaque fois, ce sont de petits instantanés de vie que nous offre le poète et ses mots palpitent comme un oiseau blotti dans la paume de la main. C'est tendre, et parfois, traversé de chagrins.
Bobin cite aussi les personnages qui l'ont marqué. Il y a, bien sûr, son ami le peintre Soulage dont les noirs sont d'une profondeur insondable. Et puis on croise
Ronsard, Kierkegaard,
Robert Antelme et même Marilyn qui « affolait les hommes mais aussi bien les femmes ou le soleil. »
Christian Bobin évoque souvent le livre et l'écriture, qui sont au centre de sa vie.
Il aborde des thèmes universels comme l'enfance, la vieillesse et la mort mais toujours la
poésie est là
« La
poésie, c'est
la grande vie »
Christian Bobin est un contemplatif qui sait si bien nous entrainer dans ses méditations, c'est pour cela qu'on l'aime.