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Robert Amutio (Traducteur)
EAN : 9782268066332
190 pages
Les Editions du Rocher (18/09/2008)
3.26/5   52 notes
Résumé :
Paris, avril 1938. A la clinique Arago, le poète Vallejo se meurt, possédé d'un hoquet incurable. Marcelle Reynaud demande à son ami Pierre Pain, adepte de Humer et des sciences occultes, de venir voir le malade. Après cette visite, il est poursuivi par deux Espagnols qui essayent de le convaincre de ne pas soigner le poète. Pain est alors mêlé à une inquiétante conspiration sur laquelle plane l'ombre d'un assassinat rituel.
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Monsieur Pain vit depuis un certain temps à Paris où il s'est fait une réputation de guérisseur, d'acupunteur. Un jour d'avril 1938, Madame Reynaud, une connaissance, lui demande de soigner le mari d'une de ses amies, un certain Vallejo, qui souffre d'un hoquet incurable mais surtout d'une maladie inconnue. Original. Au même moment, il surprend une conversation privée entre deux Espagnols circonspects qui, semble-t-il, se mettent à le suivre. Intrigant. Rappelons qu'à cette époque, le fascisme et la guerre civile espagnole sévissaient. de plus, Madame Reynaud quitte de manière imprévue alors que deux Sud-Américains rôdent à l'hôpital de Vallejo où le personnel soignant se montre indisposé à l'égard du guérisseur. Mystérieux. Bref, le petit monde de monsieur Pain glisse progressivement et inoxerablement vers l'étrange.

L'histoire de Vallejo, un poète exilé, s'entremêle avec celles de Pain et des énigmatiques Espagnols et Sud-Américains qui croisent son chemin. Rencontres ratées, menaces à peine voilées, fuites et poursuites, etc. Une ambiance d'intrigue et de suspicion qui accentue le malaise du personnage. Et du lecteur. Moi, en temps normal, j'adore. Mais… Amorcée sous des débuts qui semblaient prometteurs, ma lecture s'est enfoncée dans les méandres labyrinthiques de Monsieur Pain. À l'instar du protagoniste, je m'y suis éventuellement senti perdu. Vit-il réellement les aventures racontées ou est-il victime de son imagination torturée et débordante ? À vous de découvrir. Heureusement que le roman de Roberto Bolano est court (157 pages dans l'édition présente) car, même si l'atmosphère me plait, je m'en serai lassé éventuellement.
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« Sans le quitter des yeux, je me réfugiai dans un porche. Là, dans un espace minuscule, un horloger avait installé son atelier. le tic-tac des horloges et les gouttes suivirent rapidement le même rythme. L'horloger me regarda puis baissa les yeux. C'était un vieil homme, et son visage était couvert de larmes. »

Pierre Pain, un guérisseur adepte du mesmérisme ou magnétisme animal, autant dire un charlatan aux yeux de la plupart des gens, a été appelé par une amie pour venir au secours d'un certain Vallejo, qui se meurt dans une clinique parisienne. Nous sommes en 1938. Mais avant même de pouvoir tenter quoi que ce soit il se rend compte qu'il est suivi par d'étranges individus, qui le surveillent de près. Ils semblent étrangers, hispanophones en tout cas et sont peut-être liés aux luttes de la guerre civile espagnole.

Placé sous les auspices d'une citation d'un texte d'Edgar Allan Poe, « Révélation magnétique », ce roman aux couleurs proche du monde de l'étrange, est l'un des premiers écrits par Roberto Bolaño, au tout début des années 1980. le narrateur principal, Pierre Pain, aux dires de l'auteur, a réellement existé. Et le Vallejo qui est mourant est un poète péruvien reconnu, César Vallejo, qui a été enterré au cimetière du Montparnasse le 15 avril 1938.

Rapidement j'ai été emporté par l'atmosphère fantastique et parfois paranoïaque de ce texte, où les faits restent flous et les motivations des personnages fluctuantes. La narration de Pierre Pain occupe l'essentiel du roman, mais quelques voix annexes, évoquées par Pain, apportent un contrepoint final à l'ensemble.

Après avoir été abasourdi il y a quelques semaines par « Les détectives sauvages », je suis déterminé à lire dans les mois à venir l'essentiel de l'oeuvre de cet auteur. J'ai été impressionné par le caractère déjà très affirmé de son style dans ce livre de (relative) jeunesse.
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Monsieur Pain, grièvement brûlé aux poumons pendant la guerre 14-18, vit depuis lors avec une modeste pension d'Invalide et se consacre aux sciences occultes et à l'acupuncture.
« A partir de ce moment […], j'abandonnai tout ce qu'on aurait pu considérer comme utile à la carrière d'un jeune homme et me consacrai aux sciences occultes, c'est-à-dire que je me consacrai à mon appauvrissement de manière systématique, rigoureuse, et parfois même avec élégance. »

En avril 1938, Mme Reynaud, une jeune et belle veuve vient trouver Monsieur Pain pour qu'il soigne le mari d'une amie, le poète péruvien Vallejo, qui se meurt d'une maladie inconnue et d'un hoquet sans fin dans une clinique parisienne. Dès ce moment, Monsieur Pain se sent suivi, une atmosphère inquiétante se développe, on veut le corrompre pour qu'il renonce à soigner cet homme.

« le premier symptôme de la singularité de l'histoire dans laquelle je venais de m'embarquer se manifesta tout de suite, lorsque je descendais les escaliers et croisais, à la hauteur du troisième étage, deux hommes. Ils parlaient en espagnol, une langue que je ne comprends pas, et portaient des gabardines sombres et des chapeaux à large bords qui, comme ils se trouvaient au-dessous de moi, occultaient leurs visages. »

« Monsieur Pain » démarre comme une intrigue policière, mais l'errance et l'angoisse des exilés politiques est au coeur de ce livre.
Roman de jeunesse de Bolaño écrit en 1981-82 et publié en 1999, c'est un livre assez déconcertant par sa fin ; néanmoins, on y plonge déjà dans ces sensations familières des romans ultérieurs de Bolaño, la mélancolie et l'anxiété de situations où le mal rôde, diffus, l'angoisse née de situations banales qui semblent toujours être à la marge de l'étrange, ici dans ce contexte trouble de la fin des années 30, avec en toile de fond la guerre d'Espagne et le réarmement de l'Allemagne avec le régime nazi.



« Un livre était resté au bord de sa ceinture morte,
Un livre bourgeonnait de son cadavre mort.
On a emporté le héros,
Et sa bouche, corporelle et funeste, est entrée dans notre haleine ;
Notre sueur a coulé sous le poids du nombril ;
En cortège les lunes nous suivaient ;
Le mort, lui aussi, suait de tristesse. »
(César Vallejo ; Bref Chant pour un Héros de la République, 1937)
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Ce premier roman de Bolano n'était pas son préféré. Il contient en germe toutes ses qualités futures pas encore entièrement maîtrisées. En particulier, l'atmosphère poétique qui baigne la vie des héros de Bolano, qu'elle soit vécue ou fantasmée, est ici trop nettement retranchée dans les seuls cauchemars hallucinatoires de monsieur Pain. Le quotidien quant à lui bénéficie d'un beau style classique de roman policier même s'il contient des éléments propres à nourrir ses angoisses nocturnes.
L'inquiétude due à la montée du franquisme et des fascismes baigne toute l'oeuvre (l'action se situe à Paris en 1938). On rencontre en effet deux espagnols espions ou désoeuvrés, quelques sud-américains omniprésents, un français interlope et peut-être bourreau du pouvoir franquiste.
Le corset qui entrave sa respiration ne se desserre même pas dans la vie personnelle du héros : des conventions pleines de charme mais sévères et codifiées régissent les relations des hommes et des femmes dans le Paris d'avant-guerre et l'enchaînent à sa timidité.
Le livre est attachant : j'ai regretté la mort prématurée réservée à monsieur Pain dans la biographie annexée à l'ouvrage, excellente trouvaille. Un regret qui prouve que Bolano a su faire exister son personnage, un brave type dépassé par son destin.
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Vallejo, jeune poète, se meurt d'un hoquet. Mme Reynaud, jeune veuve et amie de Mme Vallejo fait appel à Pierre Pain. Pain est un guérisseur, disciple de Mesmer. Au cours d'une visite à la clinique Arago, le corps médical l'empêche de voir Vallejo. Il sera ensuite poursuivi par deux espagnols. Il ne pourra voir Vallejo ni lui apporter son aide. Il semble qu'on veuille assassiner Vallejo ou du moins l'empêcher de guérir.
Pain va sombrer ensuite dans une dépression, dans une confusion totale. Il finit par mélanger vie onirique et vie réelle.
Le thème de ce court roman est intéressant mais je me suis perdue un peu -comme Pierre Pain- dans toutes ces histoires parallèles, rêveries, digressions, films...
Par contre, j'ai beaucoup aimé l'atmosphère de ce roman.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Parfois elle se souvenait de sa jeunesse et se mettait à pleurer, des larmes de vieille femme perplexe devant le défilé d'images incompréhensibles : le visage de son premier mari, la pluie, le soleil, les cafés du quartier latin, Pierre Pain, un poète dont elle ne lut jamais un seul vers, la tendresse des vieilles amies, les lacunes de n'importe quelle histoire, des lacunes qui avec le temps diminuent, rétrécissent, deviennent moins importantes, moins lacunaires et plus désertiques.
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A partir de ce moment, avec une modeste pension d'invalide, et sans doute pour exprimer mon rejet de la société qui m'avait jeté avec une telle indifférence dans les griffes de la mort, j'abandonnai tout ce qu'on aurait pu considérer comme utile à la carrière d'un jeune homme et me consacrai aux sciences occultes, c'est-à-dire que je me consacrai à mon appauvrissement de manière systématique, rigoureuse, et parfois, même avec élégance.
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Ici, il n'y a pas d'avenir pour deux jeunes gens comme nous. Nous n'aimons ni les surréalistes ni l'uniforme militaire. Et tôt ou tard une de ces puissances nous mettra la main au collet. Et du train où vont les choses, ce sera plus tôt que tard.
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...eh bien, le hoquet de Vallejo, au contraire, semblait jouir d'une totale autonomie, étranger au corps de mon patient, comme si celui-ci ne souffrait pas de hoquet mais que, plutôt, le hoquet souffrait de lui.
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Une tristesse tranquille et inexorable se hissa sur mon dos et s'y installa, comme une bosse ou comme un petit frère infiniment plus sage.
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Video de Roberto Bolaño (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Roberto Bolaño
Roberto Bolano - Entre parenthèses .Ignacio Echevarria vous présente l'ouvrage de Roberto Bolano "Entre parenthèses" aux éditions Bourgois.http://www.mollat.com/livres/roberto-bolano-entre-parentheses-9782267021455.html
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