Chiffonniers, charretiers, brodeuses, blanchisseuses, terrassiers, repasseuses, boyaudières, équarisseurs, ramasseurs de crottes de chien (que les tanneurs utilisaient pour nettoyer le cuir), écumeurs d'égoûts en quête de flaques de graisse de porc (pour l'industrie du savon), voilà une partie du vaste panorama des petites combines (plus que de véritables métiers tant ils sont précaires) que nous décrit avec une subtile empathie
Léon Bonneff, consciencieux journaliste du tout début du XXème siécle.
Rajoutez la misère, la crasse, la putréfaction, les maladies, les accidents de travail, accompagnés par ce navrant fatalisme de la classe laborieuse, qu'on retrouve aujourd'hui encore.
Rajoutez, pour tenter d'oublier tout ça, l'omniprésence de l'alcool : bière, vin, calva, rhum, vodka, absinthe... j'en oublie.
Des hommes souvent ivrognes, violents, fainéants, infidèles. Leurs femmes qui ont appris, tant bien que mal, à s'en défendre ou à les chasser.
Prenez garde, lectrices, lecteurs : il faut parfois avoir l'intestin bien disposé pour encaisser les minutieuses descriptions des abattoirs d'
Aubervilliers. Les pratiques ne semblent d'ailleurs pas avoir évolué, toujours aussi révulsantes que dans les abattoirs "modernes" (merci à L214 puisque désormais ils se cachent).
Un témoignage vivant et militant de la vie d'
Aubervilliers il y a plus d'un siècle.
Si nos journalistes pouvaient s'inspirer de
Léon Bonneff ... on n'en serait pas là.