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EAN : 9782211238328
208 pages
Globe (01/05/2019)
3.53/5   20 notes
Résumé :
Julie, quarante-six ans, a fait son lit et rangé sa cuisine équipée après le départ de ses enfants pour l'école. Elle est écrivain et musicienne et, aujourd'hui, elle a rendez-vous avec Julie, treize ans, avec sa jeunesse.
Sur les photos d'époque, ses enfants ne la reconnaissent pas. Leur mère, crâne rasé, joint au bec, violon dans la nuit du Berlin d'après le Mur, leur mère enroulée dans un camion qui traverse les nouvelles frontières et mène aux scènes und... >Voir plus
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C'est toi, maman, sur la photo ? est un récit autobiographie de l'autrice Julie Bonnie. le récit revient sur son adolescence. Issue d'une famille plutôt aisée de Tours, Julie Bonnie décidera de vivre sa vie comme elle l'entend et de devenir musicienne. En commençant à jouer dans les petits bars de la Place Plumereau, Julie et son groupe vont entamer des tournées dans leur petite camionnette à bout de souffle et rencontrer un petit succès notamment en France mais également en Allemagne.

Peu encline à lire des autobiographies, je me suis penchée sur ce récit notamment parce l'autrice est tourangelle et que le personnage de Julie Bonnie a marqué beaucoup de tourangeau (et qu'ils en parlent encore !) ce qui m'intrigue grandement. J'ai passé un super moment de lecture avec C'est toi, maman, sur la photo ?. Julie Bonnie a un franc parlé, les chapitres sont courts et l'écriture est pleine de franchise. le roman se lit donc vite et on est rapidement attaché à cette jeune femme. Bien que rebelle dans l'âme et ayant une soif insatiable de vivre, Julie reste fidèle à ses convictions et aux personnes qu'elle aime. Julie vit sa musique et elle veut vivre l'aventure des tournées. Très jeune, à peine majeure, elle fait preuve d'un courage que peu de jeunes ont (courage que j'aurais aimé avoir pour le coup) et part à la totale aventure en Europe avec son groupe.

C'est toi, maman, sur la photo ? nous raconte l'adolescence tumultueuse de Julie Bonnie, une adolescence banale faite de rébellion, de construction de soi et d'erreur mais une adolescence également extraordinaire porté par la musique et l'amour. C'est un récit qui nous permet aussi de faire une introspection également de notre propre adolescence et qui nous remémore cette période de notre vie où l'on vivait les choses à fond. Merci à Julie Bonnie de nous rappeler cela !
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Je n'avais pas sollicité ce roman des éditions Globe, il me semble avoir juste commenté une publication Instagram à son sujet, mais je suis ravie de l'avoir reçu ! Je suis en effet tombée amoureuse du catalogue de cette maison d'édition l'an dernier, quand j'ai découvert La note américaine de David Grann (ma chronique). J'ai eu un coup de coeur pour ce titre, et à la découverte des publications précédentes, j'avais envie de presque tout lire ! J'ai depuis découvert Nomadland de Jessica Bruder (ma chronique), qui a été une claque monumentale. le titre dont on va parler aujourd'hui m'avait intrigué, car il racontait l'adolescence, la musique, la route, les concerts, à une époque qui est aussi celle de mon adolescence. Je me suis d'ailleurs rendu compte, en cherchant à écouter le groupe dont il est question, que je les avais entendus en concert à Rennes, en marge des Transmusicales, dans les années 1990 !!!
Julie Bonnie choisit de raconter son adolescence, chose assez rare. En général, on découvre des récits autobiographiques sur l'enfance, et quand ça concerne une vie entière, les auteurs ont tendance à zapper assez vite cette période de la vie qui est pourtant celle de la construction du futur adulte que l'ado sera. On teste, on fait des erreurs, on choisit le/les chemin(s) qu'on veut emprunter. On en change parfois souvent, de chemin. C'est une période pas évidente, souvent parsemée d'embûches, d'erreurs… C'est un passage de la vie que je trouve passionnant, justement par les errements que l'adolescence engendre parfois.
Ici, l'autrice se rebelle contre ses parents et sa vie de bonne élève rangée. Elle veut partir, aller à l'aventure, découvrir. Elle veut jouer de la musique, du rock, à l'opposé de la musique classique écoutée à la maison par ses parents. J'ai aussi eu une adolescence compliquée, mais je n'ai jamais osé aller au bout des choses. Je n'ai pas quitté mes parents avant ma majorité. Je n'ai pas pris la route avec un groupe de rock alternatif, j'ai simplement fait des concerts à l'étranger avec un orchestre moins underground. Mais, comme Julie, j'ai erré dans ma vie, je me suis cherchée, j'ai laissé, à cette époque là, mes études de côté avant d'y revenir plus tard, une fois adulte. Bref, j'ai été très touchée par le parcours de cette adolescente, avec qui je partage un certain nombre de points communs déjà énumérés, sans compter les cheveux rouges (sans les dreadlocks pour moi^^). En fait, en tout elle a osé quelques pas plus loin que moi… le plus fort a quand même été quand j'ai percuté sur le vrai nom de son groupe et que je me suis souvenu l'avoir vue sur scène !
Julie a vécu des années folles, sur la route, alors qu'elle était très jeune. Elle a fait des erreurs, beaucoup de ses rêves se sont écrasés contre le mur de la réalité, mais au moins, elle a été au bout de ses envies, de ses rêves. Ce livre a énormément résonné en moi. On a été ado à la même période, on a vécu de grands bouleversements historiques, comme la chute du mur de Berlin. Au coeur de l'Histoire. Elle en Yougoslavie, moi en Pologne. Toutes les deux dans l'ex RDA. Mais là où j'étais consciente de ce que je vivais, où j'ai été touchée de mes rencontres et des échanges, notamment avec les jeunes allemands, elle planait, et vivait uniquement pour son groupe, ses amis et son amour. Son amour incroyable pour Nicolas, qui a résisté à toutes ses aventures, tous ses errements. Vingt-cinq ans plus tard, il est toujours à ses côtés ! Mais si ce livre contient des histoires d'amour, elles ne sont jamais mièvres. Comme les amitiés très fortes, fusionnelles entre les membres du groupe et tout particulièrement avec l'autre fille, dont elle ne révélera pas le vrai nom, ni le vrai nom du groupe. Elle a souhaité respecter les volontés de certains de ne pas apparaître, de ne pas être reconnus. Vous pourrez trouver le nom du groupe, et de fait le nom des autres protagonistes si vous le souhaitez et si vous en faites la recherche. Mais je ne les citerai pas ici, par respect pour le choix de l'autrice.
Je suis consciente de ne pas rédiger une chronique conventionnelle, mais ça n'a pas été une lecture conventionnelle. Ça a été une plongée dans l'adolescence tourmentée de Julie tout autant que dans la mienne. Ce livre m'a permis de me retourner vers mes expériences de jeunesse. J'ai très envie de le faire lire à mes parents pour leur montrer que, finalement, mon adolescence a été assez « tranquille » comparée à d'autres^^ Je crois bien n'avoir jamais autant parlé de moi que dans cet article. Ce livre m'a touchée profondément par identification, et parce que ce sont les années de mon adolescence. Mais je pense que cette autobiographie romancée peut toucher au-delà de ma génération, car les affres de l'adolescence sont universelles. On a tous (ou quasiment tous) à un moment ou à un autre fait des erreurs, vécu des expériences plus ou moins heureuses. C'est ce qui fait les adultes que nous sommes devenus.
J'ai souvent dit à ma fille que mon adolescence était un exemple parfait de ce qu'il ne faut pas faire, mais avec le temps je m'aperçois que c'est le cahot de ces années là, les rencontres et les erreurs, qui ont forgés ma vie d'adulte. Et comme Julie, je ne renie en rien cette période, même si comme elle le dit dans une interview, elle ne referait sans doute pas la même chose, car « la vie était dure, trop dure. Maintenant que j'écris, ça va mieux, mais après ces aventures musicales, je me suis retrouvée auxiliaire de puériculture pendant dix ans, je n'étais pas à ma place, je n'étais à ma place nulle part dans la société. Rien de fixe, rien de sérieux. Pas d'études, pas de diplômes, pas de formation. » (dans La gazette des éditions Globe de mai 2019). J'ai eu la chance d'être poussée à passer mon bac, même si sur le coup c'était l'enfer. Ça m'a permis de revenir à des études quelques années plus tard. Mais comme Julie, si c'était à refaire, je changerais bien des choses…
J'ai parlé du fond, mais pas de la forme… C'est Julie la narratrice, on vit son histoire au plus près, et ça renforce l'identification, ou au moins l'empathie pour cette jeune fille paumée. le style est direct, sans fioriture, mais pas vulgaire, à l'exception d'un peu d'argot, toujours en italique. Sur la deuxième partie du livre, l'autrice a ajouté quelques extraits du journal de Ben, un de ses complices de l'époque, qui nous donne un petit bout d'une autre perspective sur son histoire. Ben qui lui a fourni des cartons d'archives du groupe, et l'a aidé à se replonger dans leur vie commune, dans leur vie communautaire, dans leur camion sur les routes de France et d'Europe.
Vous l'aurez compris, cette lecture a une fois de plus été un coup de coeur aux éditions Globe. Pour des raisons particulièrement personnelles, mais je suis persuadée que ce livre est à même de toucher nombre de lecteurs, par ses sujets, l'adolescence, la musique, les voyages, l'apprentissage de la vie, même si on est dans tous les cas loin du conventionnel.
J'ai reçu la version papier de ce livre de la part des éditions Globe. Merci à eux pour la découverte, et à Julie Bonnie pour la gentille dédicace.
Lien : https://leslecturesdesophieb..
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C'est toi, maman, sur la photo? est le dernier ouvrage de Julie Bonnie, auteure que j'avais découverte fin 2014 avec son premier roman Chambre 2 Prix roman Fnac 2013. Je garde encore le souvenir de cette lecture tant elle m'avait marqué et l'écriture de Julie bousculée. J'ai donc logiquement foncé sur l'opportunité de découvrir ce nouvel opus en avant-première quand il me fut proposé.

« Où ai-je trouvé l'énergie pour ces mots qui m'ont sortie de mon trou ? Je crois que c'est la violoniste aux cheveux rouges, qui est venue me chercher. Celle qui se noyait dans l'océan mais qui trouvait une force puissante pour continuer quand même. […] Elle a bravé les profondeurs sombres, la démission, le silence, elle m'a tendu la main. Elle m'a dit : T'es con ou quoi ? Tu vas rester là à te morfondre et te foutre en l'air comme ce con de Kurt Cobain ? Tu crois pas que t'as mieux à foutre. TU crois que tu vas m'effacer comme ça, en claquant des doigts ? Tu te rappelles plus ? Tout ce que j'ai fait pour que tu survives, tout ca pour te trouver à pleurer tous les soirs parce que t'as raté ta vie ? Tu te fous de la gueule de qui ? tu m'as bien regardée ? »

Julie, 46 ans, est musicienne et écrivaine. Sa vie n'a pas été de tout repos... et c'est justement l'objet de ce récit. Entre l'adolescence et le moment présent, le lecteur suit ses aventures dans des chapitres aussi rythmés que percutants.

Elle nous conte sa vie d'adolescente et notamment son expérience musicale avec son groupe rebelle de potes. Myosotis en a fait des kilomètres, en a connu des déboires, des "trous paumés", des salles lugubres en France mais également en Europe.

De Tours à son déménagement à Paris avec Nicolas, en passant par Allemagne de l'Est, la Tchéquie au moment de sa séparation avec la Slovaquie… Elle qui vient d'un milieu relativement aisée, elle qui est douée dans ses études plaque tout, décide de s'assumer, vivre sa vie! Les délires d'ado aux grands projets et rêves sont très bien dépeints ici.

« Somme toute, cet album reproduit assez bien le son du groupe. Sylvestre ne s'en est pas si mal sorti. C'est inaudible, mais comme l'était Myosotis sur scène. Un capharnaüm, un pot-pourri excité et hystérique, un fourre-tout improbable et rigolo. On y entend une jeunesse qui se dépatouille comme elle peut. On y entend une inventivité hors norme, en même temps qu'une lutte incessante entre plusieurs entités artistiques. Artistique est un bien grand mot. [… ] Des enfants sauvages, qui inventent leur parcours persuadés qu'ils sont les premiers et les seuls au monde. Un peu comme si, aujourd'hui, cinq jeunes malins déclaraient avoir découvert l'Amérique.»

Alcool, drogue, bagarres, absence de sommeil, rivalités… l'ambiance dans le groupe se fissure, les disputes éclatent, les jalousies entre filles (Julie et Clarisse) apparaissent au grand jour. Julie Bonnie nous livre ici l'envers du décor sans fard, en toute transparence et sincérité. Non la vie d'un groupe musical n'est pas rose. On ne gagne pas sa vie loin de là. Accepter le moindre concert, calculer, faire des kilomètres, être imaginatif en somme avec l'espoir de percer, d'exploser. Etre reconnu dans un premier temps pour éventuellement davantage par la suite.

Relatant avec le recul de l'âge cette période est un exercice difficile mais il est très instructif, à la fois pour les aventures vécues mais également pour L Histoire. C'est touchant, c'est plein de vie et cela permet à Julie (mais également au lecteur) de s'interroger sur ses choix passés, les valeurs sur lesquelles on s'appuie et celles que l'on veut transmettre à ses enfants.
C'est un bel hymne à la vie, une belle histoire d'amitié (Julie est toujours avec Nicolas depuis, mais elle a aussi retrouvé Ben et eu accès à ses lettres écrites à l'époque), mais aussi des doutes, des pertes de confiance et à l'arrivée une victoire. Savoir analyser avec lucidité pour savoir rebondir. Avoir le déclic. Quand on veut, on peut! Croire en soi, ne jamais baisser les bras et aller au bout de ses rêves. C'est aussi cela ce récit pour moi.

« Lorsque Robert des Inch m'offre son archet, ce qui symboliquement, signifie que j'en vaux la peine, je deviens quelqu'un, je prends confiance, je ne sombre plus dans les gouffres de la mésestime, de la haine de moi, de cet affreux sentiment d'incapacité qui me laisse, à l'époque, si peu de choix. J'étais une personnalité fragile, je le suis toujours. Capable de me saborder, d'abandonner, de détruire, de fuir. Mais parce que j'ai écouté une onde sonore minuscule, au loin-d 'où venait-elle ?-, j'ai croisé des gens sur mon chemin qui m'ont encouragée. Qui m'ont dit : « ne te contente pas de ça, bosse », « arrête de te morfondre, écris », « trop facile, ta haine de toi, arrête de te prendre pour ce connard de Kurt Cobain, qu'a abandonné tout le monde. » Et lorsqu'on m'encourageait, j'étais capable de retourner toute cette méchante énergie en fabrication. de n'importe quoi. de la tarte aux pommes au roman. »

Comme pour Chambre 2, l'écriture est une caractéristique forte de la puissance de ce recueil. C'est brut, c'est hard et trash, c'est sans fard ni faux semblants. Il y a de la vulgarité, il y a de la sensibilité, il y a de l'émotion, il y a de la violence et de la dureté… il est impossible de rester indifférent à ce que l'on lit. On apprécie ou ou pas, mais cela se marie parfaitement aux aventures de saltimbanques du petit groupe. Assurément marquant.

Le style est rapide, soutenu, désordonné comme les chansons Rock'n roll de la bande. Les chapitres courts et percutants s'enchainent, l'intérêt du lecteur est intact page après page.

De plus, l'alternance entre le passé, le présent, les "à coté" avec les extraits du journal de Ben valident l'originalité des choix de l'écrivaine et assurent sa réussite.

« le soleil cogne lorsque nous descendons le sentier qui mène à sa maison troglodyte sur les bords de Loire. Ben apparait, toujours aussi beau, aussi massif, il me serre dans ses bras. Il sent bon. Il sent l'amitié, il sent le mec avec qui j'ai partagé tant de choses. Il sent le « pour toujours ». Nic et lui échangent leurs blagues éculées, déterrent les vieux codes, les private jokes. En moins de cinq minutes, ils ont explosé de rire dix fois, se sont donné l'accolade sans pouvoir se détacher. Leurs mines sont réjouies. »

Lu très rapidement, le sourire aux lèvres par moment, les poings serrés ou le noeud à l'estomac, j'ai apprécié C'est toi, maman, sur la photo? La musique est présente de la première à la dernière page. Elle est parfaite en fond sonore.

Je conseille.

4/5
Lien : http://alombredunoyer.com/20..
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Alors autant vous le dire tout de suite cette lecture ne fut pas une réussite, ni un plaisir. Je pense qu'elle n'était pas faite pour moi tout simplement. C'est le récit autobiographie de Julie Bonnie, âgée de 46 ans qui se penche sur la Julie jeune, tourangelle de naissance et violoniste au sein d'un groupe, les Myosotis, pour lequel elle a tout quitté, famille, études.

Elle feuillette ses souvenirs en utilisant une écriture faite de petites phrases donnant à l'ensemble du rythme mais avec un vocabulaire assez brut et naturel, mais dont je me suis très vite lassée, parlant d'elle à la troisième personne puis de temps à autre s'adressant à la Julie (jeune), comme pour la consoler, la rassurer, la comprendre, alternant passé et présent et en y introduisant les notes de Ben, un autre membre du groupe, un autre regard sur l'aventure vécue.

"L'écriture permet ne distance, un point de vue, un angle, qui donne la possibilité d'un éloignement de vue, un angle, qui donne la possibilité d'un éloignement émotionnel, la création de personnages, même dans un récit, même lorsqu'on parle de « réalité ». Trois pirouettes, un ou deux changements de prénom, une excuse maladroite pour éviter les sujets qui fâchent, et, en un tour de passe-passe, derrière mon écran, je parle d'un monde assez éloigné de moi pour que j'arrive à survivre à sa description. (p50-51)"

Revenant sur l'amitié qui unissait (et parfois plus) les différents membres du groupe et en particulier celle qui la liait à Clarisse, mêlée d'admiration pour la jeune femme, évoquant les tournées en particulier en Allemagne, l'auteure fait un travail de mémoire et tente de refaire la route qui l'a menée à l'âge adulte et à la femme qu'elle est devenue, si loin de la Julie de la scène et des tournées.C'est très imprégné de références générationnelles (qui ne sont pas les miennes) quant aux codes vestimentaires, musiques etc….. et j'ai eu un peu de mal parfois à imaginer ou comprendre le milieu.

En fin de récit, une certaine mélancolie, nostalgie, un petit côté désabusé, transparaît au moment de refermer l'album des souvenirs, car si forts étaient les liens qui les unissaient, ils se sont désagrégés définitivement pour certains pour diverses raisons. Mais n'est-ce pas souvent le cas au passage à l'âge adulte et nombre de récits l'évoque, c'est souvent une rupture douloureuse (mais aussi parfois en douceur) avec ce que nous étions et ce que nous sommes devenus.

Il faut être, je pense, versé dans le monde musical et en particulier ici le rock hard, punk, extrême, parfois border-line, être intéressé par l'envers du décor, par les milliers de kilomètres parcourus, la vie presque communautaire qu'engendre les tournées, les rencontres faites, l'organisation d'une tournée et de ses aléas etc… pour y trouver un intérêt. Pour ma part je le prends comme un témoignage d'une époque, d'une ambiance mais sans y prendre plaisir et intérêt.
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Vous souvenez-vous de l'ado que vous étiez ? Quel regard portez-vous sur lui ou sur elle aujourd'hui ? Fier ? Compatissant ? Attendri ? Honteux ? Dans son récit autobiographique intitulé C'est toi, Maman, sur la photo ?, Julie Bonnie s'attelle à l'exercice difficile du farfouillage de souvenirs pour se connecter à l'adolescente qu'elle a été. Et le moins qu'on puisse dire, c'est ce que ce voyage est original puisque Julie faisait partie d'un groupe de musique underground qui l'a menée sur des sentiers inattendus. Depuis Tours, la ville de son enfance, jusqu'au fin fond de l'Europe, elle partage avec tendresse et nostalgie cette épopée dont il ressort une quête de soi teintée de mélancolie.

Ce décorticage d'une "sortie en furie de l'enfance" est peut-être l'aspect du récit qui m'a le plus plu. Rébellion par la musique, course vers l'indépendance, jeunesse enragée... une foule de sentiments en parfaite adéquation avec les temps forts qui marquent la vie d'un groupe : concert à Berlin en 1991, enregistrement d'un album, représentation incongrue devant une secte... Malheureusement, au-delà de ce mouvement introspectif, il se dégage du style détaché de l'autrice une vague de frustration parfois oppressante, heureusement compensée par le regard affectueux qu'elle porte sur la jeune femme qu'elle a été.

Les références vestimentaires et musicales qui m'ont échappé ne m'auraient pas dérangée si elles n'avaient pas été accompagnées de railleries crues à connotation sexuelles qui émaillent les dialogues. La restitution d'une époque et d'un style de vie, sans doute, mais des filles qui s'appellent entre elles "ma salope", "ma grosse" ou même "poufiasse", dans un élan viscéralement antibourgeois, ce n'est pas trop ma tasse de thé... mais au fond, peut-être l'autrice a-t-elle réussi son coup en choquant la femme classique et conventionnelle que je suis certainement ?

Enfin, je dois avouer que je suis extrêmement sceptique quant au choix de la couverture du livre qui est en grand décalage avec son contenu rock/grunge/punk. J'aurais plaisir à découvrir d'autres livres de Julie Bonnie car son style fluide est agréable à lire, mais je ressors de cette lecture avec la sensation qu'elle n'était pas faite pour moi. Ce sont des choses qui arrivent, n'est-ce pas ?
Lien : https://www.chezlaurette.org..
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« Lorsque Robert des Inch m’offre son archet, ce qui symboliquement, signifie que j’en vaux la peine, je deviens quelqu’un, je prends confiance, je ne sombre plus dans les gouffres de la mésestime, de la haine de moi, de cet affreux sentiment d’incapacité qui me laisse, à l’époque, si peu de choix. J’étais une personnalité fragile, je le suis toujours. Capable de me saborder, d’abandonner, de détruire, de fuir. Mais parce que j’ai écouté une onde sonore minuscule, au loin-d ’où venait-elle ?-, j’ai croisé des gens sur mon chemin qui m’ont encouragée. Qui m’ont dit : « ne te contente pas de ça, bosse », « arrête de te morfondre, écris », « trop facile, ta haine de toi, arrête de te prendre pour ce connard de Kurt Cobain, qu’a abandonné tout le monde. » Et lorsqu’on m’encourageait, j’étais capable de retourner toute cette méchante énergie en fabrication. De n’importe quoi. De la tarte aux pommes au roman. »
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L'écriture permet ne distance, un point de vue, un angle, qui donne la possibilité d'un éloignement de vue, un angle, qui donne la possibilité d'un éloignement émotionnel, la création de personnages, même dans un récit, même lorsqu'on parle de "réalité". Trois pirouettes, un ou deux changements de prénom, une excuse maladroite pour éviter les sujets qui fâchent, et, en un tour de passe-passe, derrière mon écran, je parle d'un monde assez éloigné de moi pour que j'arrive à survivre à sa description. (p50-51)
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Depuis la tournée sur les routes enneigées, j'ai eu plusieurs vies, plusieurs métiers, un amour, des enfants, des années de psy, j'ai maigri, puis regrossi, j'ai fait une dépression, j'ai hurlé, j'ai gigoté, je me suis battue, j'ai toujours fini par payer mon loyer, de justesse, j'ai agi avant de réfléchir, j'ai créé des psychodrames, j'ai été coupée en deux par l'angoisse. Dans l'agitation frénétique, un pas en avant, dix pas de côté, cinq en arrière, trois de travers, deux qui s'enfoncent, je suis arrivée à quarante-six ans.
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« On espère devenir une idole, en n’ayant jamais appris à jouer, en quittant l’école, en vivant en horde comme des enfants sauvages. Monter un groupe, c’est un passe-droit de la vie. On reste adolescent et on gagne une place éminente dans une société qui vous aurait collé au plus bas de l’échelle si vous n’aviez pas joué deux accords sur une guitare désaccordée dans la cave d’un pote. »
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« Où ai-je trouvé l’énergie pour ces mots qui m’ont sortie de mon trou ? Je crois que c’est la violoniste aux cheveux rouges, qui est venue me chercher. Celle qui se noyait dans l’océan mais qui trouvait une force puissante pour continuer quand même. […] Elle a bravé les profondeurs sombres, la démission, le silence, elle m’a tendu la main. Elle m’a dit : T’es con ou quoi ? Tu vas rester là à te morfondre et te foutre en l’air comme ce con de Kurt Cobain ? Tu crois pas que t’as mieux à foutre. TU crois que tu vas m’effacer comme ça, en claquant des doigts ? Tu te rappelles plus ? Tout ce que j’ai fait pour que tu survives, tout ca pour te trouver à pleurer tous les soirs parce que t’as raté ta vie ? Tu te fous de la gueule de qui ? tu m’as bien regardée ? »
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