Le premier janvier, après avoir échangé des souhaits de bonne année et de bonne santé, nous constatons avec joie que ce n’est plus un ouragan qui souffle de l’ouest, mais un simple vent. Le vent que nous trouvions insupportable quatre ou cinq jours auparavant nous paraît aujourd’hui une brise, nous ne dirons pas agréable, mais une simple brise, un petit vent enfin.
Le ciel est relativement clair, et ce premier jour de l’année nous semble bien la commencer.
Nous voyons enfin où nous sommes. Au nord-nord-ouest, le volcan Ruysbroek se détache avec une netteté admirable : on dirait qu’il nous a suivis et qu’il s’est rapproché de nous. Des pics blancs se montrent de tous côtés et nous n’avons pas quitté le désert. Quant aux traces des pèlerins, nous n’en voyons plus l’ombre, et, en attendant qu’elles soient retrouvées, nous piquons au sud.
Au bout du plateau, après une montée, nous apercevons au sud, par-dessus des chaînons noirâtres mais peu élevés, une bande de pics de glace alignés. Ils font partie d’une chaîne très grande, déchiquetée et toute blanche où de longues nappes de neige se déploient d’une cime à l’autre. Cela inquiète quelques-uns d’entre nous.
« Comment franchir ces neiges et ces glaces ? se demandent-ils. Où sommes-nous ? Plus nous avançons, plus le froid est intense et plus les montagnes sont hautes. Une chaîne après une autre chaîne nous barre la route. C’est à désespérer d’en sortir ! »