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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Toute ressemblance avec des événements existants ou ayant existé serait purement fortuite"

Pourtant, vous le connaissez Didier Martin, c'est un peu votre voisin : ce type sans histoire, comptable chez CompteX dans une ville lambda. Sa femme, son fils, son chien, ses poissons de collection. Une vie tellement banale, un homme tellement normalisé qu'il en est devenu quasiment invisible. Raison de plus pour s'en méfier, non ?

Car depuis que le virus frappe la France, la vie de Didier comme celle de ses concitoyens a changé. Les périodes d'Isolement Généralisé Total (IGT) alternent avec celles d'Isolement Généralisé Partiel (IGP) ou Semi-Partiel (IGSP).

On pointe chaque jour sur EasyHere, on fait ses courses via des commandes sur Ravi ou Mississippi avant d'être livré à la fenêtre par drône et d'aller sur écran faire sa promenade virtuelle, on écrit son journal de bord quotidien sur Rezo, le portail officiel. Ce monde vous effraie ? Je vous le redis : la ressemblance est forcément fortuite…

Mais ce monde n'effraie pas Didier Martin. Viscéralement légitimiste, cette reprise en main par le pouvoir lui va bien. Mais lui, finalement, va-t-il si bien ? Lui qui écrit chaque jour sur les murs de son appartement, sur les portes, les placards et même sur les interlignes de ses livres ? Lui qui fait les télé-devoirs de son fils ? Lui qui fait chambre à part avec sa femme ? Tout cela va mal finir…

Appartement 816 de Olivier Bordaçarre est un roman noir et profond, qui décortique étape après étape le comportement évolutif d'un homme résigné, d'un homme enfermé, d'un homme détraqué. Jusqu'aux limites de la folie. Et du meurtre.

Appartement 816 est l'analyse - pas tant caricaturale - d'une société où la prise en main par quelques-uns de la liberté individuelle de beaucoup d'autres devient la norme, aux limites sans cesse un peu plus repoussées. Et pourquoi s'en priver, puisque - on vous le répète - c'est pour vous protéger ! Et comme le dit Didier, contre la propagation du virus, « nous avons l'exemple de la Chine. Suivons-le ! ».

Appartement 816 est un journal de bord où le style de Bordaçarre, réaliste et quasi-mécanique, donne corps à la pensée déviante de Didier Martin, monte en puissance puis révèle la folie obsessionnelle de celui qui a définitivement quitté le monde réel pour plonger dans ce nouveau monde qu'on lui sert sur un plateau, où tout ce qui n'est pas encore interdit semble devenu possible.

Appartement 816 n'a bien évidemment aucune ressemblance avec des événements ayant existé. Encore que… Ne serait-ce pas « presqu'arrivé » près de chez vous ? Et depuis combien de temps votre voisin n'a t-il pas entrouvert sa porte ?
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Voilà un roman tout à la fois terriblement actuel et horriblement dérangeant ! Nous sommes en 2030 et de multiples virus ont fait leur apparition et entraîné un changement profond dans nos modes de vie, alternant entre confinement, total ou allégé… Tout un programme ! Construit comme un journal de bord, ce roman nous emmène dans les pensées, les réflexions, les sentiments de Didier, marié, père d'un adolescent… et confiné dans son appartement avec sa famille et son chien ! le dit-journal étant de surcroit écrit sur les murs de l'appartement en question !

On découvre donc au travers des écrits quotidiens de Didier (mais l'espace auquel il est limité, autant dans sa vie que dans ses écrits suffira-t-il ?), les restrictions, les privations et les contraintes mises en place et engendrées par cette situation de confinement. Mais également comment l'esprit de Didier, d'un pragmatisme et d'une logique sans failles, s'en accommode, puis les tensions, les conflits, nés de cette promiscuité. Et on suit cette même logique implacable avec laquelle Didier les résout…

Bref, un petit roman rapide et facile à lire, au style et à l'écriture très efficaces (on se croirait vraiment dans la tête de Didier ! Au secours !), qui aborde des thèmes actuels et intéressants, ce qui le rend d'autant plus glaçant et perturbant !
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Inspirez, expirez ! Retour dans une époque anxiogène, enfermés entre quatre murs à admirer le soleil insolent et la chaleur provocante du dehors. Dans cet « Appartement 816 », vit Didier Martin, un homme terne, ennuyeux dont la froideur psychologique et l'insensibilité crasse grossissent au fil du temps qui passe. Si la situation fait penser à notre premier confinement, quelques limites ont été franchies, laissant entrevoir un futur plus ou moins proche pour la temporalité de l'action. le narrateur, Didier Martin 41 ans, prénom et nom lambda le plongeant véritablement dans l'anonymat est marié à Karine, père de famille d'un adolescent de 17 ans. Dans cet appartement où tous sont confinés, le lecteur ne visualise pourtant que lui. C'est lui qui évoque l'Isolement Total auquel ils font face depuis plusieurs mois, lui encore qui en décrit les principes de fonctionnement, lui toujours qui narre la vie quotidienne du lever au coucher. Futur proche, Nouveau Monde, nouvelles règles, nouveau protocole strict à suivre : le pointage sur EasyHere, l'envoi de la Fiche Journalière de Présence, l'ouverture des fenêtres à heures fixes, le contrôle de la population par drones, la livraison des courses à domicile, l'élimination des ordures par incinération immédiate. Si le réseau social agréé Rezo encourage la mise en ligne de journaux d'Isolement, Didier Martin, lui en a décidé autrement : il écrit sur toutes les surfaces disponibles de son appartement avec des feutres à pointe fine. « Je trouve cela beaucoup plus concret d'écrire sur les vrais murs que sur des feuilles de papier. Au moins, je suis dans la vraie vie. » C'est son second acte de véritable rébellion après l'ouverture des fenêtres de 2 cm sur des périodes non autorisées.

Lecture anxiogène, étranges réminiscences d'un passé que l'on croit mort et enterré, Olivier Bordaçarre pousse les curseurs pour laisser entrevoir une autre réalité : celle de la privation totale des libertés élémentaires, choix des repas, possibilité de sortir de chez soi, aller travailler. Il rajoute le renoncement à la liberté d'expression qui, sous le joug de confinements successifs depuis trois ans, semble avoir totalement disparue. le seul encouragement à s'exprimer se fait sur Rezo, mais sous étroite surveillance du gouvernement. Dans cette nouvelle France, tout est contrôlé, vérifié, inspecté. L'isolement est devenu la norme, tout se fait en ligne, de la moindre commande sur Mississippi (on savourera l'humour de l'auteur) vivement encouragée, aux rencontres pour trouver un partenaire de vie. le travail est devenu du télétravail, les appartements se vendent et s'achètent à coup de visites virtuelles, les rendez-vous administratifs se font en Visio. Il n'y a plus aucune raison de sortir de chez soi. Sortir est devenu inutile. Dangereux. Illégal. Peu à peu, la notion même de penser disparaît au profit de l'application des règles. Cela tombe bien puisque Didier Martin ne pense plus. Il applique et exécute. Les 3 années qui viennent de s'écouler l'ont transformé en mouton. Tout est beau. Tout est en ordre. le système fonctionne, le gouvernement fait ce qu'il faut. Ceux qui ne sont pas d'accord n'ont qu'à disparaître de la surface de la Terre.

Pourtant, au fil des pages, à l'angoisse sourde du confinement s'ajoute une autre forme d'appréhension, plus vicieuse, plus latente : quelque chose ne va pas dans cet appartement, comme si son locataire, obnubilé par les règles, les devoirs, la teneur des informations télévisuelles, la langueur des jours sans fin en oubliait des choses fondamentales : l'esprit critique, la liberté d'agir et de penser. le monde s'immobilise, l'homme s'efface. Et plus l'inertie s'intensifie, plus les émotions disparaissent. « Parfois, je me dis que ce virus effectue un ménage nécessaire. La sélection naturelle n'a rien de scandaleux en elle-même. C'est une loi de la nature. » Aux confessions d'un enfant du siècle succèdent celles d'un être atteint par une forme de folie désincarnée. L' « Appartement 816 » devient alors le journal intime d'un être à l'état mental atrophié, aux émotions appauvries, à la capacité de réfléchir décrépite. le récit glisse lentement vers le roman noir aux confins de l'absurde et de la folie.

Olivier Bordaçarre encourage son lecteur à réfléchir sur notre monde. Lorsqu'une situation exceptionnelle (la pandémie) devient un état permanent, et que l'homme acteur de ce monde finit par le contempler sans plus y participer, comment évolue réellement son état mental ? Combien faut-il de couches de règles, d'obligations, et de servitudes pour ensevelir toute forme d'humanité ? Que devient l'Homme dans une société militarisée, régie par la délation, les tests de virologies postés à intervalles réguliers, la toute-puissance de Mississippi ce nouveau magasin géant et d'Internet ? le narrateur de ce roman, « l'écrivain tout-terrain » qui écrit à « livre ouvert » vous en livre un bel aperçu, confessions intimes sur l'oreiller de vos angoisses. « Les cérébraux ont une chance inouïe de pouvoir passer leur temps à contredire, à critiquer, à moquer. Agresser par les mots, ce n'est pas moins grave qu'agresser physiquement. Ils profitent d'une liberté d'expression à des fins personnelles. Pour quel résultat ? À quoi sert la liberté d'expression ? À dire des insanités ? À salir ? À humilier ? Pour quoi faire ? »Toute forme de rapprochement avec des éléments récents est évidemment purement fortuite… ou pas ! S'il nous reste quelques neurones et un brin d'introspection, quelques émotions, un besoin d'exploration de notre humanité, « Appartement 816 » mérite d'être lu afin qu'il ne devienne pas le nôtre, même si, il faut l'avouer, il renvoie à des heures sombres de notre histoire commune. En cas d'aveuglement chronique, vous pouvez toujours acheter un congélateur grande cuve…

Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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IGT (isolement général total), cela signifie confinement strict pour toute la population : télétravail, interdiction de sortir, même sur le palier, ouverture des fenêtres autorisée quelques minutes par jour à heures précises, ravitaillement et surveillance par drones, amendes sévères en cas de non-respect directement prélevées sur le compte du contrevenant, pointage journalier de présence sur le site de l'Etat et obligation d'y faire un briefing de sa journée, ce qui permet aux autorités de produire des statistiques de l'état sanitaire de la population, …

Didier Martin, 41 ans, comptable apparemment sans histoire, se retrouve donc coincé depuis 3 ans dans son appartement n°816 avec son épouse Karine, son fils Jérémy, son chien Bruno et son aquarium de poissons exotiques.

Ce livre constitue le journal personnel de Didier, lequel nous livre des informations sur le déroulement du confinement et ses nombreuses réflexions sur ce qui l'entoure.
Jusque-là, rien de bien particulier si ce n'est que nous apprenons qu'il écrit ce journal sur les murs de son appartement à l'aide d'indélébiles qu'il commande en ligne à tour de bras. Au fur et à mesure de la lecture, nous découvrons le changement de comportement de cet homme qui voue un culte aux décisions drastiques de l'Etat et est complètement déséquilibré.

Il s'agit d'un thriller donc je n'en dirai pas plus sur la suite.

Une écriture simple et directe qui se prête parfaitement à rendre la froideur du narrateur.
Un roman glauque à souhait pour qui apprécie ce genre de lecture et qui se lit rapidement.

Une fin un peu rapide à mon goût. J'aurais apprécié également une explication sur les raisons qui ont modifié le comportement du protagoniste (confinement ? tendances psychopathes ?).

Ce roman nous ouvre malgré tout la réflexion sur les risques psychiques du confinement, la liberté et les possibles dérives de l'Etat.

Faites bien attention à vous et aux autres 😉
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Un homme de 41 ans vit avec sa femme et son fils au neuvième étage d'un appartement. Jusqu'à là rien de bien surprenant. Sauf que la société dans laquelle ils vivent traverse plusieurs vagues de virus et que le confinement chez soi est de mise depuis maintenant trois années. La France confine ses citoyens sur de plus ou moins longues périodes. Des règles précises sont édictées et elles réduisent les libertés de manière significatives en régissant le quotidien. Autant vous le dire tout de suite, cela va plus loin que ce que l'on est train de traverser en termes de restrictions. du drone qui passe devant les fenêtres pour voir si les horaires d'aération sont respectés à la tenue intégrale nécessaire pour récupérer les livraisons de denrées de première nécessité devant chez soi en passant par les peines lourdes en cas de non-respect des règles, la sensation d'enfermement n'est pas loin pour le lecteur. Alors cet homme écrit. Didier Martin écrit sur son quotidien morose comme un exutoire, comme un baume. Ce qu'il pense du confinement qu'il traverse, ce qu'il pense des gens qui ne respectent pas les mesures et qui s'y opposent. Il parle aussi de sa famille, d'une vie qu'il prend le temps d'analyser, car il a ce temps, un temps nouveau.

C'est à partir de là que le lecteur découvre une personnalité singulière, voire plutôt inquiétante. le narrateur n'écrit pas ce quotidien dans des carnets, mais utilise les surfaces qui l'entourent dans l'appartement. Voilà une première découverte étrange et il va y en avoir d'autres. Olivier Bordaçarre décrit ce vase clos qu'est l'appartement 816 et l'auteur injecte le malaise petit à petit dans ce récit pas comme les autres. Il pose sa focale sur la folie des hommes et son narrateur devient antipathique au fil des pages, flippant. D'un pragmatisme à toutes épreuves, on se demande où ses réflexions vont le mener. La suite n'est pas réjouissante et va nous faire réfléchir sur les conséquences inattendues d'un enfermement généralisé, notamment les conséquences psychologiques.

Appartement 816 est un roman très noir, qui montre à sa façon les aberrations d'une société qui lutte et où parfois le non-sens est roi.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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Dans le filet serré de la sécurité sanitaire et sociale, le huis clos ravageur, conté à même les murs, d'une famille presque ordinaire. Un tour de force justement terrifiant.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/01/03/note-de-lecture-appartement-816-olivier-bordacarre/

Depuis « La France tranquille » (et son inoubliable monologue avec gémissements, en ouverture, à écouter – et voir – mis en musique et en voix par Femke Lavrijssen, Gilles Bel Ange, Marco Vittoria et l'auteur lui-même, ici) en 2011, au moins (car bien que de tonalités fort différentes, « Géométrie variable » en 2006 et « Régime sec » en 2008 en laissaient sans doute discerner certains germes précocement mutants) – ce que confirmait de façon particulièrement éclatante en 2014 le soigneusement terrifiant et décalé « Dernier désir » -, Olivier Bordaçarre a développé un talent bien particulier pour explorer, détourner et amplifier les névroses obsessionnelles contemporaines et leurs répercussions mortifères dans des directions souvent terriblement inattendues.

Imaginer désormais un confinement domestique, avec quelques variations sanitaires et sécuritaires, devenu la norme, face à la multiplication des attaques virales au plan mondial : la tentation était immense d'aller tester ce changement de paradigme social et familial dans ses implications quotidiennes, sur une famille on ne peut plus « normale ». de cette possible expérience de pensée pourtant un rien attendue, cet « Appartement 816 », publié en octobre 2021 dans la collection Fusion, récemment créée chez L'Atalante pour accueillir romans noirs et romans policiers, a su faire quelque chose de profondément plus ambitieux, et de nettement plus dérangeant que ce que sa simple prémisse aurait laissé supposer. Une fois de plus, cette rare capacité dont dispose Olivier Bordaçarre de tordre la langue, d'agencer minutieusement chaque mot et chaque phrase pour enfanter le malaise diffus nous dirigeant vers un paroxysme qui peut confiner à l'horreur, intime bien entendu, mais diablement politique, toujours, fait ici merveille. Son si beau « Accidents » de 2016 passait une famille au crible de la conduite forcée d'une reconstruction impossible : cet appartement-ci transforme l'expérience du huis clos obligatoire en une quête forcenée de ce que le conformisme benoît et l'obéissance sociale logique peuvent nous faire – pour peu que quelque chose se mette à déraper, fatalement ou non.

Réinventant l'obsession compulsive de l'authentique Jeannot, si magnifiquement et cruellement rendu à la poésie par « le plancher » de Perrine le Querrec, l'expert-comptable narrateur de cet « Appartement 816 », rationnel s'il en est, en retraite imposée avec sa femme et son fils décidément invisibles, couvre désormais les moindres interstices domestiques de son écriture : journal, confidence peu fiable, logorrhée, réflexion automatisée, enfilement de clichés médiatiques acceptés, invention d'une logique enveloppante pour résister au doute et peut-être à la folie, chaque mot compte ici, et pas uniquement parce qu'in fine la place est limitée…

L'art de la satire sophistiquée est délicat : Olivier Bordaçarre nous avait montré en 2018 avec son « Sexe du ministre » qu'il en maîtrise sauvagement certaines des plus fines mécaniques et des plus secrets codes. Laissant filtrer d'étranges résonances sensibles avec le « Liquide » de Philippe Annocque, « Les échappées » de Lucie Taïeb ou l'« American Psycho » de Brett Easton Ellis, dans leurs modalités variées de test de la résistance (ou de l'abdication) du langage face à la norme sociale, « Appartement 816 » orchestre de main de maître un dérèglement des discours faussement rationnels de réassurance politique, et laisse subtilement sourdre au fil des pages le foisonnement des incohérences férocement habillées de logique qui témoignent d'un cheminement lent mais sûr vers la folie, individuelle ou sociale.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Le journal d'un fou ? Un peu oui ! Un huis clos qui met mal à l'aise. Au fur et à mesure des pages, on prend conscience d'une réalité horrible, du cynisme glaçant du narrateur (ou de sa folie ?) Un bon moment malgré le malaise, mais qui ne me laissera pas un souvenir impérissable.
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C'est l'IGT , entendez par là Isolement général total, ça vous interpelle ? Comme l'écho d'une période que l'on pensait ne jamais vivre ...
Didier Martin 41 ans comptable vit dans l'appartement 816, avec sa femme Karine et son fils de 17 ans Jeremy, son quotidien s'articule autour d'une routine bien huilée. le ravitaillement est effectué par livraison, l'élimination des déchets par incinération. Chaque citoyen est tenu de remplir une fiche journalière de présence et encouragé par l'état à tenir un journal de bord d'isolement sur le réseau social agrée.

Didier nous raconte sa vie au jour le jour et franchement il donne l'impression de bien vivre cette situation qui a remis de l'ordre dans sa vie et redonné un sens à ses priorités.
Jusque là on serait tenté de dire que tout va bien pour lui, ou presque, car on s'immisce dans cette petite brèche qui s'ouvre et nous laisse entrevoir ces murs recouverts d'écriture, la sienne, sur les sols, les portes, la vaisselle tout y passe, et les mots deviennent plus durs, dérangés et dérangeants, obsessionnels, compulsifs. La violence larvée de cet homme presque insignifiant prend toute son ampleur.

La folie qui dormait jusque là s'éveille et notre héro livre sa démence comme ci il ne pouvait en être autrement dans un monde où la normalité n'a plus sa place.

Ce livre est parfait, terrible mais parfait, l'auteur nous offre un personnage effrayant sous l'aspect de monsieur tout le monde , ainsi qu'une vision totalitaire d'un gouvernement tout puissant.
Coup de coeur qui j'espère trouvera un large lectorat malgré le thème assez anxiogène, c'est une belle réussite !
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C'est sa vie du moment que Didier Martin , 41 ans nous raconte ; sa vie de confiné avec sa femme , son fils et son chien .. En effet l'Isolement Général Total est établi depuis plusieurs mois ; pas question de mettre le nez dehors , tout est livré , ramassé , contrôlé ....
Mais il se passe des choses étranges dans cet appartement dans lequel vit cette famille ...

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Presque un thriller d'actualité dans cette histoire de virus et de confinement total ... Un homme nous raconte sa vie du moment , l'ennui , la ritournelle des choses qu'il fait tous les jours , les moments de sa vie de couple ...
Mais il y a quelque chose d'inhabituelle dans cette vie morne et triste , mais impossible de raconter plus et de tout dévoiler ...
Un journal de bord qui va vite virer au glauque , même si c'est parfois un peu répétitif , c'est noir , sombre et efficace .
Vraiment une très bonne lecture .
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Quelle imagination ! On en revient pas, comment l'idée de cet univers carcéral consenti pour raisons sanitaires a-t-elle pu germer dans l'esprit de l'auteur ? Où va-t-il chercher tout ça, ces histoires de confinement, de distance de sécurité, de vaccins... C'est confondant, on nage en plein délire science-fictionnesque !

L'autre aspect de l'intrigue est plus banal, un homme qui ne supporte plus sa famille et la trucide, on voit ça tous les jours.

Sans rire : c'est bien écrit, bien troussé, on est dans la tête du dingue, très malaisante scène du cadavre congelé pleine d'érotisme, y a plus que de l'idée !

Après, la matière proposée – somme toute limitée, sans rebondissements, qui relève plus du portrait que du conte – aurait tout aussi bien pu s'épanouir dans une nouvelle plutôt que dans ce court roman.

Merci à Masse Critique pour cette découverte !
Lien : https://www.tristan-pichard...
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